Pot-Bouille – Émile Zola

Me voici donc à la moitié de la saga des Rougon-Maquart.  Pot-Bouille, c’est un titre qui symbolise l’arrière du décor.  La bouillie derrière le clinquant.  Nous sommes donc transportés dans un immeuble parisien bourgeois, fort chic.  Monsieur Gourd, le concierge, se vante de la respectabilité de son immeuble, quitte à fermer les yeux sur ce que font les gens « bien ».   Arrive dans cet immeuble Octave Mouret, le fils de François et Marthe, que nous avons rencontrés dans « La conquête de Plassans ».   Il a en lui l’héritage des Rougon-Macquart: leur ambition, leurs faiblesses.   Et il a l’intention de grimper l’échelle sociale, à travers les femmes.   Rien de moins.

 

Et étonnamment, ce n’est pas le personnage le moins sympathique. Pour apprécier ce roman, il faut le replacer dans son contexte.   Disons que les avances des hommes ne sont vraiment pas subtiles, ni toujours consenties.  Genre que « non veut dire non » n’était carrément pas intégré.   Et cette vilaine habitude de « pincer » les femmes.   Une fois qu’on a intégré ça, une fois qu’on accepte que la femme soit souvent considérée comme un objet… ça va.    Mais bon, ça hérisse à plusieurs moments.  Et il faut se parler.  De plus, le personnage de Madame Josserand, la mère qui veut marier ses filles à tout prix, et qui est persuadée que les hommes ne sont bons qu’à les faire vivre est tellement, tellement détestable… Quand j’ai écouté certaines parties en livre audio, je lui ai carrément crié après!   Je ne lui ai trouvé aucun bon côté, en fait.  Limite que la leçon « les bourgeois sont tous hypocrites » est un peu martelée.   Mais ce bémol passé, j’ai quand même beaucoup ri dans le roman, jusqu’à ce que Zola nous ramène, avec la finale, dans toute l’horreur du truc.

 

Dans ce portrait au vitriol de la société bourgeoise, nous retrouvons toute une galerie de personnages que nous allons voir évoluer pendant quelques années.   La plupart d’entre eux sont carrément désagréables.  Il n’y en a peut-être qu’un ou deux qui ne sont pas complètement superficiels et qui pensent à autre chose que l’apparence.  Le concierge snob, la femme qui ne pense qu’à faire salon et qui est bien contente que son mari soit occupé ailleurs avec sa maitresse, le jeune homme qui couche avec toutes les bonnes, la femme qui tyrannise ton mari et ses filles ou l’oncle qui feint d’être saoul pour pouvoir prétendre ne pas comprendre ce qu’on lui demande… pas un ou pour rattraper l’autre ou presque.  Le tout bien entendu, en préservant le côté « propre » de l’immeuble.  Et parfois, c’en est drôle.  Zola réussit même à rendre une scène de décès drôle, d’une certaine façon, sans jamais nous faire oublier le côté pathétique du truc.  La façade versus la cour, où sont déversés la fange de la maison.

 

Bien entendu, on retrouve encore le côté critique sociale.  Ce qui est accepté chez les bourgeois ne l’est pas du tout chez les ouvriers.  Le sort des femmes « déshonorées » est terriblement terrible (ouais, je sais, mon vocabulaire est ex-tra-or-di-naire), le sort des femmes tout court, en fait, qui sont carrément vendues, n’est pas mieux et on voit apparaître ce qui sera plus tard « Au bonheur des dames », le prochain tomes des Rougon Macquart.

 

J’espère juste que Zola va un peu plus « aimer » ses personnages.  Parce qu’ici, aucun ne semble trouver grâce à ses yeux!

 

 

2 Commentaires

  1. Oui, terrible. Tu retrouves Octave dans Au bonheur des dames.

    1. Ouiii je sais :)) J’en suis à l’Oeuvre. Je suis en retard dans la publication de billets, pour ne pas vous inonder de Zola!

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