Reading Lolita in Tehran (Lire Lolita à Téhéran) – Azar Nafisi

Reading-lolita.jpegPrésentation de l’éditeur (celle de 10-18)

« Après avoir dû démissionner de l’Université de Téhéran sous la pression des autorités iraniennes, Azar Nafisi a réuni chez elle clandestinement pendant près de deux ans sept de ses étudiantes pour découvrir de grandes œuvres de la littérature occidentale. Certaines de ces jeunes filles étaient issues de familles conservatrices et religieuses, d’autres venaient de milieux progressistes et laïcs ; plusieurs avaient même fait de la prison. Cette expérience unique leur a permis à toutes, grâce à la lecture de Lolita de Nabokov ou de Gatsby le Magnifique de Scott Fitzgerald, de remettre en question la situation  » révolutionnaire  » de leur pays et de mesurer la primauté de l’imagination sur la privation de liberté. Ce livre magnifique, souvent poignant, est le portrait brut et déchirant de la révolution islamique en Iran. »

 

Commentaire

Je l’avoue d’emblée, je ne connais pas grand chose à la situation de l’Iran.  La première référence qui me vient à l’esprit, c’est Shérazade.  Et s’il en est question dans ces mémoires, j’en retiendrai surtout l’impression d’une rencontre.  Celle d’une poignée d’homme et de femmes ayant vécu une révolution suite à la prise de pouvoir de l’état par le parti islamique.   Voyez-vous, quand j’étais jeune, je pensais que le Shah d’Iran était un homme avec de drôles de moustaches – et bien des poils – qui ressemblait à un chat.  Vous pouvez donc vous imaginer à quel point j’étais au courant des conditions de vie en Iran.

 

Malgré tout, je suis consciente que ce témoignage est un point de vue.  Celui d’une femme qui a connu une vie plus libre et qui a peu à peu perdu cette liberté.  Pour la femme québécoise que je suis, c’est impensable.  Le discours rapporté de certains intégristes révolutionnaire a fait se hérisser tous les poils de mon corps.  Je me suis tout de suite sentie solidaire.  Ces femmes, toutes différentes, autant sur le plan de la personnalité que des croyances religieuses, elles vont évoluer, défier le système à leur façon.  En lisant des livres et en en parlant.  

 

C’est par le biais des romans que Azar Nafisi décide de nous raconter son histoire et celle de « ses filles ».  Plutôt que d’opter pour un ordre chronologique, c’est par l’intermédiaire des relations entre la fiction et sa propre histoire qu’elle raconte sa vie en Iran dans les années 80 et 90.  « Lolita », « Gatsby », « Daisy Miller », « Orgueil et préjugés ».  À travers les diverses lectures des romans, on voit se dessiner les contours de ces silhouettes voilées qui sont là, bien vivantes, sous leur tchador ou leur foulard.   Peut-être pas les oeuvres auxquelles je me serais attendue pour dénoncer un système tel système mais n’empêche qu’en étudiant ces livres, Azar Nafisi se met en danger.  Car même à l’université, la censure règne et on risque la dénonciation pour un bout de peau qui dépasse ou des ongles trop longs.  Imaginez parler de littérature.  Non iranienne.  Dans laquelle tout n’est pas blanc ni noir. 

 

À travers des épisodes tantôt poignants, tantôt presque drôles (le procès de Gatsby en est un bon exemple), nous découvrons l’évolution de ces femmes dans un monde où elles sont la propriété de leur époux, où elles ne peuvent parler à un homme qui n’est pas leur frère, père ou mari, ou l’on ne sait trop pourquoi les prisonniers sont emprisonnés et parfois exécutés.  Et là, on se dit « ça ne fait pas si longtemps ».   Et j’ai été vraiment touchée par leur histoire, celle de la désillusion, celle du combat pour garder leur foi, pour certaine, dans un système qu’elles ont du mal à appuyer. 

 

Bien entendu, j’ai lu ces mémoires avec mes yeux d’occidentale pas vraiment féministe mais pour qui ce qui est décrit sur la situation des femmes et des intellectuels est presque impensable.  Alors bien entendu que ça m’a bouleversée.  En plus, j’ai beaucoup aimé l’écriture et les liens qui sont fait avec les romans.  J’ai une envie folle de lire Henry James, maintenant.  

 

Une lecture qui va donc compter à la fois pour le challenge Gilmore Girls et le défi non-fiction de Flo!

 

Logo challenge gilmore girls Karine 

28 Commentaires

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  1. Je ne voudrais pas te plomber le moral, mais la situation n’est toujours pas bien gaie là bas pour les femmes… (et les hommes aussi). Un pays fabuleux et des habitants inoubliables, cependant. (oui, j’y suis allée, dix jours avec un foulard, manches longues et pantalon, ça suffit largement, mais quel pays!)

    1. Keisha: Oui, je sais… ce n’est pas encore la joie.  C’est un pays que j’aimerais visiter, par contre.  Un jour.  Quand les temps seront moins tendus, disons.

  2. Bbbbbbbbbbrrrrrrrr c’est terrible, tu as lu Persepolis (ou vu d’ailleurs puisqu’elle en a fait un film) la bd de Marjane Satrapi ? C’est excellent… et ça fait froid dans le dos !

    1. Yueyin: Yep, j’ai lu Persépolis aussi… je ne sais pas si j’en ai parlé déjà ou encore si le billet est programmé.  Oui c’est terrible, en effet. 

    • enna sur 05/10/2012 à 07:17

    Depuis que je suis allée en Iran en 2007, je suis intéressé par ce pays. J’avais noté ce titre depuis un moement, je croyais que c’était un roman. Ton billet est une piqure de rappel.

    1. Enna: Nope, c’est vraiment des mémoires.  Et avec la littérature en arrière-plan (même parfois à l’avant-plan), ça donne une dimension toute particulière à cette lecture.

  3. Voilà des thèmes qui me touchent : l’oppression/l’ignorance des femmes combattues avec la littérature. Je vais voir de ce pas si je peux le télécharger !!

    1. GeishaNellie: Si tu peux, tente le coup!  Ça m’a bien plu, en tout cas!

  4. C’est un peu compliqué dans le coin, mais y at’il un moment où ce n’est pas compliqué ? (soupirs)

    1. Keisha: Oui, pour ça, tu as tout à fait raison…

  5. Est-il préférable d’avoir lu auparavant les différents livres dont il est question? J’ai lu Gatsby et Lolita quand j’étais ado, je ne me souviens de rien…

    1. Grominou: Pas pour comprendre ce roman-ci.  Toutefois, tu risques de te faire spoiler certains trucs si tu veux les lire.

    • Manu sur 06/10/2012 à 09:07

    Il est dans ma PAL et je l’ai acheté tout naturellement après avoir adoré Persépolis que je te conseille vraiment pour avoir un autre point de vue sur la révolution en Iran.

    1. Manu: Je l’ai aussi lu il y a peu… il est planifié pour bientôt sur le blog, je pense!

    • Flora sur 06/10/2012 à 06:59

    Je ne suis pas très au courant de la situation iranienne non plus, mais je note car le titre m’interpelle : Lolita est l’un de mes livres préférés.

    1. Flora: Il y a une section sur Lolita ;))  J’ai trouvé cette façon de connaître une partie de la réalité intéressante.

  6. C’est un livre dans lequel je n’ai pas réussi à entrer, je l’ai abandonné assez vite, avec l’intention de le reprendre un jour.

    1. Aifelle: En fait, comme ce sont des mémoires et que c’est assez sérieux, il faut du temps… et le bon état d’esprit, je dirais.

    • Flo sur 08/10/2012 à 03:25

    Comme Enna, j’ai toujours cru qu’il s’agissait d’un roman ! Le fait que ce soit un témoignage me motive nettement plus, d’autant plus que le sujet m’intéresse hautement (pas spécialement la situation en Iran d’ailleurs, mais les régimes politiques pas nets en général et leurs relations avec l’art et la littérature en particulier). Merci pour ce billet ! (j’ai copié le lien pour la récap’. Pas la peine de te fatiguer à me le mailer).

    1. Flo: Ok, super!  J’espère que ça te plaira.  J’ai beaucoup aimé cette approche, pour ma part.

  7. Voilà une lecture qui m’a l’air forte, sur un sujet peu traité.

    1. Alex: Oui, c’est fort, parce que c’est vrai et pas mélo.

  8. Ce que j’ai aimé dans ce témoignage, c’est le pouvoir de la littérature : comme tu dis, ces romans ne sont pas des livres révolutionnaires, mais la littérature est suffisament subversive pour que de simples histoires d’amour portent un message qui révulse les autocrates de tout poil.

    1. Céline: Voilà!  Words power!

    • Minou sur 24/10/2012 à 02:43

    Tu viens de me remettre en mémoire ce que je croyais aussi être un roman et de confirmer mon envie de le lire. L’aspect littéraire m’intéresse avant tout, mais certains passages de ton avis m’ont aussi rappelé Les hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra, un roman qui décrit la situation des femmes avec l’arrivée au pouvoir de certains régimes politiques et qui m’avait beaucoup touchée, voire révoltée.

    1. Minou: J’avais été tellement révoltée par le roman de Khadra… c’est fou… limite que j’avais eu du mal à vraiment l’apprécier.  Mais je conseille vivement celui-ci!

  9. Je le note aussi. Pour l’Iran, si tu as l’occasion de jeter un oeil sur les miniatures persanes, c’est magnifique ! C’est vraiment dommage de voir toute une culture confisquée par des intégristes.

    1. Kroustik: Oui, je trouve ça dommage aussi.  C’est un pays que j’aurais adoré visiter.

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