Je vois des antennes partout – Julie Delporte

Bon, ça va être un cas de billet « ne vous fiez pas à mon seul avis » parce que je n’ai lu que du positif sur ce roman graphique, et que moi, je suis mitigée.   Pourtant, j’ai eu un coup de coeur pour l’autre album de l’auteur « Moi aussi je voulais l’emporter ».  Mais est-ce parce que j’étais déjà familière avec le style très original, l’aspect collage, un peu brouillon (qui m’a fait tripper dans « Moi aussi »), je dois avouer que cette fois, la construction du récit m’a un peu perdue…  et que j’ai du mal à saisir toute la portée de ce qui nous est racontée.

 

L’héroïne a tout le temps mal à la tête.  Elle est stressée, dort mal.  Son médecin lui prescrit des antidépresseurs, auxquels elle ne croit pas et après une nuit sur internet, elle comprend : elle est électrosensible.  Elle décide donc de s’isoler dans un chalet au nord du Québec, loin des ondes… à Baie-St-Paul.  Heu… ok.  On n’a plus le nord qu’on avait (Baie-st-Paul est sur les bords du St-Laurent, bien au sud du Québec)… mais c’est un détail.   Mais vous me connaissez, moi pis les détails hein… on dirait qu’après, je ne fais plus confiance.

 

J’ai vu dans cet un ouvrage un album sur une jeune adulte qui se cherche, qui ne trouve pas sa place en ce monde qui ne lui convient pas.  Il y a de belles images de la nature, un réel mal-être.  Ce qui est associé à de l’électrosensibilité (je n’y connais absolument rien hein) pourrait tout aussi bien être dû à la dépression ou au stress mais là n’est pas la question.   J’y ai davantage vu une incompatibilité entre le monde moderne et cette jeune femme.

 

Les phrases sont toujours aussi belles, mine de rien, mais j’avoue avoir eu du mal avec les transitions, les ellipses, les conclusions hâtives.  Oui, je sais, ce qui me déplaît était peut-être prévu pour mieux me faire entrer dans la tête d’une personne qui ne va pas bien, peu importe la cause, mais ça m’a donné une impression de brouillon, d’inachevé.

 

J’en attendais sans doute trop alors je suis déçue… mais garrochez-vous sur « Moi aussi je voulais l’emporter », aussi chez Pow pow!

 

C’Était ma BD de la semaine!

Le séducteur – Jan Kjaerstad

Comment parler de ce roman?  Comment expliquer des sentiments qui relèvent à la fois de la fascination et parfois de l’agacement? Si le thème semble simple (la vie d’une célébrité norvégienne), la construction du roman et les idées qui le parsèment en font une réelle curiosité littéraire.

 

D’emblée, je vous dirais que j’ai mis presque 10 jours à lire ces 608 pages. Pour moi, c’est hyper, HYPER lent.  Ça ne m’arrive pratiquement jamais.  J’ai lu Guerre et Paix plus vite. C’est que ce roman demande de l’implication et de l’attention. De plus, 600 pages écrites petit, c’est long, malgré le côté foisonnant du roman. Et vous savez le pire du pire? Il y a deux autres tomes. Et après avoir fait connaissance de ces personnages, j’ai envie de connaître le fin mot de l’histoire. Mais j’ai limite peur de les lire. Bref, je me sens terriblement cohérente ce soir.

 

Le roman s’ouvre donc sur Jonas Wergeland qui rentre chez lui et qui retrouve son épouse morte assassinée sur le plancher. Nous le voyons pendant quelque pages, puis, flashbacks sur le passé de Jonas, passé raconté par une mystérieux narrateur omniscient. Tout au long du roman, plusieurs questions.  Qu’est-ce qui relie entre eux les différents éléments de la vie d’une personne? Qu’est-ce qui fait l’essence d’une personne? Y a-t-il une seule réalité ou plusieurs, dépendant de la perspective? Plusieurs images récurrentes au cours du roman.  La fameuse tortue (vous savez, celle sur laquelle le monde était supposé reposer? quoique bon… pour le Discworld, c’est peut-être autre chose) qui représente les fausses croyances, l’orgue, avec ses miliers de tuyaux qui forment un tout, et le fameux moyeu, qui tourne mais qui peut éjecter les gens complètement ailleurs, avec juste un peu d’imagination.On va ajouter à ça des références récurrentes et une construction, une construction… complètement capotée.

 

Repect à l’auteur. J’admire cette capacité à partir d’une histoire à l’autre sans jamais perdre le fil du récit principal. Et l’auteur réussit le tout de façon magistrale. On sent que le roman est construit comme l’un des fameux reportages de Jonas Wergeland, ces Thinking big, qui ont ému et passioné la Norvège tout entière.  D’un plan à l’autre, d’un lien à l’autre, le tout tenu ensemble par ces figures et ce personnage magnétique qu’est Jonas. Le problème avec ce genre de construction, c’est que le lecteur reste parfois un peu sur le carreau. Je ne me suis pas ennuyée mais je devais un peu me botter le derrière pour y retourner, si vous voyez ce que je veux dire.

 

Ah oui, j’ai oublié. Jonas a un pénis magique. Sans blague. Une bite caméléon. Le côté sexe a un certain aspect se rapprochant du réaliste magique (vous verrez pourquoi, et ce n’est pas la transformation pénissale). Ah oui. L’un des personnages féminins a une passion pour les phallus et passe sa vie à les dessiner. J’ai eu envie de dire « aucun doute, ce roman a été écrit par un homme » et ce malgré certaines conversations avec Angéla Morelli.

 

Bizarrement, je sens que je ne suis pas au top de la clarté! Mais ce roman reste pour moi un hymne à l’imagination, avec une construction virtuose. En le lisant, je me disais qu’un tome suffirait. Mais à la fin, imaginez-vous que je me surprends à espérer que la suite sortira bientôt.

 

Je ne suis pas à une contradiction près.

Jérôme n’est pas conquis, mais Lily et Martine ont aimé.

Les soeurs Carmines – 1 – Le complot des corbeaux – Ariel Holzl

Quel plaisir de lecture que ce court roman jeunesse.  Une lecture jubilatoire, rien de moins. Un monde fantasy génial, des personnages succulents, une histoire pleine de rebondissements… un bonheur autant pour les jeunes que pour les adultes.

 

À Grisailles, la vie n’est pas simple pour les soeurs Carmines. Le monde est recouvert de brume, des créatures hantent les rues, la basse-ville grouille de malfrats tandis que la haute ville est dangereuse pour tous ceux qui ne sont pas de la haute ou membres des 8 familles dirigeantes. Les soeurs sont orphelines et doivent se débrouiller pour survivre avec pas grand chose. Merry, notre héroïne, est une Monte-en-l’air. Une voleuse, en fait.  Une voleuse qui tente de faire vivre sa famille en exécutant de petits et grands larcins en passant par les toits de la ville. Sauf que les dernières semaines n’ont pas été faciles et que Merry s’est un peu plantée lors d’un cambriolage. Au lieu du butin espéré, une simple petite boîte… et bien des problèmes.

 

Et c’est juste super bien. Le monde est très intéressant, le peuple qui y vit ne recule devant rien pour arriver à ses fins, quitte à semer quelques cadavres au passage. C’est ironique, plein de doubles sens et je me suis surprise à pouffer de rire à plusieurs occasions. Ce truc est hilarant. Déjanté et hilarant.  Merry doit gérer sa soeur aînée Tristabelle qui mène tout le monde à la baguette avec son joli minois et ses caprices ainsi que la petite Dolorine, 8 ans, adorable petite poulette qui comprend souvent tout de travers mais qui ne manque pas d’initiative. J’adore Dolorine. Elle est géniale, naïve et ses échanges avec son journal et son toutou psychopathe m’ont fait mourir de rire.

 

L’intrigue est certes une intrigue jeunesse mais pour ma part, ça ne m’a pas dérangée une demi-seconde, trop prise que j’étais par le style et l’univers. L’auteur donne juste assez de détails pour que les jeunes lecteurs restent bien accrochés mais aussi créer une atmosphère qui fonctionne.  Et avec cette fin, c’est officiel que je lirai le 2e. Genre, ce soir!

 

Michèle, je pense que tu devrais le lire!

Phobos – 3 – Victor Dixen

Je sens que ce billet sera assez court…

En effet, je vous ai déjà parlé du tome1 (lien à insérer… un jour)… puis du tome 2…  Je me demande bien ce que je vais pouvoir rajouter ici.  Bon, en fait quand même oui, j’ai des trucs à dire.  J’ai toujours des trucs à dire!

 

Ce tome est un peu différent des deux premiers, un peu frustrant  aussi.   L’action se déplace un peu, le rythme est plus variable (ce procès…) avec une mise en place assez lente et pleine de contradiction et une deuxième partie pleine de rebondissements sociopolitiques.  Encore une fois, il est question de la télé-réalité, de la désinformation et des réseaux sociaux, avec leurs dérapes les plus folles.   Beaucoup de révélations, de cliffhangers, quelques répétitions aussi.  Si mon avis est un peu moins positif, ce n’est pas que le tome 3 soit moins addictif… seulement moins crédible.  Les ficelles m’ont semblé trop grosses (je suis devin, je l’ai déjà dit) et il y a tout de même pas mal de facilités qui sentent la recette.   La finale, entre autres, ne m’a que  moyennement convaincue… et je reste persuadée qu’il y a un truc.

 

Ceci dit, on ne s’ennuie pas une minute.  J’ai lu les 600 pages en moins de 24 heures, les pages se tournent toutes seules et on a hâte de voir comment les personnages vont s’en sortir.  Il est assez étrange que les personnages principaux deviennent de plus en plus complexes alors que plusieurs autres soient tellement, tellement manichéens.

À l’heure où j’écris ce billet, j’en suis à la moitié du tome 3… et je suis tout de même un peu nostalgique de cet univers-là, martien et rude, qui fait selon moi la force du roman.  Malgré mes bémols, ça reste selon moi un excellent divertissement, avec des schémas très « à l’américaine », mais qui fait toutefois réfléchir sur certains faits qui sont ma foi omniprésents dans notre société: l’opinion publique qui s’érige en juge, la difficulté à se révolter et à tenir bon et la volonté que nous avons souvent à « vouloir y croire ».

Whitehorse – tome 2 – Samuel Cantin

J’ai lu Whitehorse pendant le temps des fêtes.  J’étais un peu so-so par rapport aux dessins et je m’attendais à un truc tellement BIG que j’avais été un poilounet déçue.  Par contre, je voulais connaître la fin de l’histoire et cette fois, je savais un peu ce que j’allais retrouver dans ces pages.  Et savez-vous quoi?  Selon moi, ce tome 2 est beaucoup meilleur que le premier!

 

Bon, si vous n’avez pas lu le premier, je vous le dis, je vais vous révéler quelques trucs.   On retrouve donc le personnage d’Henri Castagnette, en pleine dépression.  Il est toujours – presque – aussi égocentré et s’écoute – presque – autant parler que dans le premier tome.  Mais cette fois, il va décider d’aller retrouver Laura qui est à Whitehorse pour aller tourner un film du réalisateur chouchou du  moment, celui que tout le monde considère comme un génie et de qui l’humanité entière boit les paroles, Sylvain Pastrami.

 

Et cette fois, j’ai adoré.  Ça part dans le grand n’importe quoi, l’ironie est plus accessible (du moins, pour mon petit cerveau à moi), et les caricatures m’ont fait rire, mais surtout, surtout, j’ai aimé que les aventures improbables, les retournements de situation sont délirants et le tournage du faux docufiction sur les caribous c’est, c’est… je reste sans mots!

 

Bref, une fin qui m’a vraiment réconciliée avec la série et qui me donne davantage envie de découvrir l’univers de Samuel Cantin.  Il faut aimer les albums avec beaucoup de texte mais celui-là a parfaitement fonctionné avec moi.

 

C’était ma BD du mercredi

Reflex – Maud Mayeras

Oh my god ce roman.  Je l’ai refermé, un peu abasourdie, C’est un roman noir, un véritable thriller psychologique, avec des personnages bien développés, très imparfaits.  L’ambiance est poisseuse, lourde, collante et on a presque autant de mal à respirer que les protagonistes dans cet endroit un peu anonyme, sans repères.

 

C’est l’histoire d’Iris Baudry, photographe pour la police. C’est celle qui mitraille les scènes de crime, sous tous les angles.  Chaque plaie, chaque visage, chaque horreur.  Elle a peu d’attaches et est toujours prête à partir avec son reflex. Un jour, elle est appelée sur un meurtre dans sa ville natale, l’endroit où elle avait juré de ne jamais retourner. Celui où elle a grandi, où l’attend sa mère qui a gâché sa vie et surtout le souvenir de son fils, mort assassiné il y a une dizaine d’années.  Sur la scène du crime, elle croit reconnaître la signature du meurtrier de son fils qui, pourtant, est en prison.  Et elle va replonger dans cette histoire pendant les quelques jours où elle restera sur son lieu de naissance.

 

En parallèle, retour dans le temps.  On rencontre aussi Julie Carville, 13 ans.  Nous sommes à la fin de la première guerre mondiale et son chemin va croiser des soldats, pour son grand malheur. Elle va vivre l’opprobre de sa famille et graduellement, nous allons connaître sa descendance.  On se doute que les deux histoires vont se croiser… reste à savoir comment.

 

Ce n’est pas une histoire simple.  Il y a des tiroirs, et des tiroirs dans des tiroirs.  On apprend des choses jusqu’à la toute fin, la construction est intelligente, tout se tient et si l’histoire met un petit moment à se mettre en place, une fois dedans, il est difficile de le lâcher. J’aime énormément cette construction qui nous balade d’un point de vue à l’autre, d’une époque à l’autre, comme des instantannés.  Les personnages sont ambigüs, complexes, on entre profondément dans leur psychologie et rien n’est gratuit dans le récit. Bref, une réussite pour moi, qui aime les histoires où il y a un peu (un petit peu) de psychogénéalogie et où les relations familiales laissent des traces indélébiles sur les personnages.

 

De plus, j’ai adoré la plume, avec ces chapitres qui commencent pas « je n’aime pas », qui nous permettent de cerner le personnage d’Iris et qui semblent annonciateurs de malheur et de noirceur.  Malgré le côté sombre (voire même très sombre) du roman, il y a souvent une réelle poésie dans l’écriture et ça m’a beaucoup plu.

 

Ah oui… j’ai tenté l’audio… et je ne recommande pas. Le ton adopté par la narratrice m’a insupportée et en plus, comme le personnage bégaie, l’orthophoniste en moi n’a pas pu s’empêcher de compter le pourcentage de syllabes bégayées… bref, un vrai calvaire d’écoute pour mes oreilles bizarrement habituées.  Et je vous entends penser… est-ce que mon côté devin avait tout vu venir?  Une partie… et il y a une petite incohérence dont je ne peux pas parler qui m’a fait douter.  Bref, c’est bien fait, et pour une fois, je n’avais pas tout bien emboîté.  Ce qui vaut la peine d’être mentionné!

 

À lire si vous n’avez pas peur d’être brassés.

Les petites reines – Clémentine Beauvais

Je ne vois pas ce que je pourrais ajouter qui n’a pas déjà été dit sur ce roman jeunesse.  On l’a vu partout partout.  Et comme je suis souvent à contre-courant sur ces romans que tout le monde aime, je n’en attendais pas grand chose.  Ouais, je suis comme ça.  Et quelle surprise, j’ai adoré!  Un des très bons romans jeunesse lus ces dernières années.

 

Même si tout le monde connaît l’histoire, je pitche quand même.  La narratrice s’appelle Mireille Laplanche.  Elle a été élue « Boudin de bronze » sur la page facebook de Milo, son ancien meilleur ami d’enfance (qui, visiblement, ne l’est plus).  Surprise!  C’est que les deux dernières années, elle était « Boudin d’or ».   Elle a été remplacée par Astrid Blomval, nouvelle à l’école et le boudin d’argent est Hakima Idriss, 12 ans.  Pour plusieurs raisons (que je ne révélerai pas), elle se retrouvent et décident d’aller à Paris, à vélo, pour gatecrasher la garden party du 14 juillet à l’Élysée.  Le financement?  Vendre des… boudins!

 

Que dire… d’abord, pour une fois, ici, pas de langue de bois.  Mireille dit les choses comme elles sont, avec un ton hyper ironique, souvent cynique.  C’est pour se protéger, certes, mais disons qu’elle est à la fois hilarante et qu’elle dépote.  Elle n’est pas toujours sympa et semble se ficher éperdument de ce qu’on dit d’elle.  Disons qu’elle n’a pas eu le choix d’apprendre à réagir.  Et qu’elle sait bien cacher ses insécurités.  Mireilles vit avec sa mère et son beau-père, qu’elle tient à distance le plus possible… avec un sens de la répartie à tomber.

 

Un roman sur le harcèlement scolaire, certes, mais qui parle de girl power, de prise en mains, de projets fous et d’amitiés improbables.  Il y a également une réflexions sur les médias, les réseaux sociaux et ses hashtags, et l’absence de réaction de plusieurs personnes.   J’ai trouvé le propos intelligent, drôle, plein des contradictions des gens qui souffrent et de cheminements personnels réalistes.  J’ai beaucoup aimé suivre les aventures des #troisboudins, j’ai ri par moments et été émue à d’autres, notamment par le personnage du Soleil, vétéran de guerre.  Ici, pas de petite morale niaise ou guimauve, pas de transformation extrême mais des jeunes filles qui se croisent… et qui en profitent pour grandir.

 

Bref, très rafraîchissant et très rythmé.

J’avais commencé en livre audio mais bon, il y avait une petite déformation sur les « s » et des tons de voix exagérés pour certains personnages… et ça me gossait!  J’ai donc alterné les deux formats!

Le dernier mot – Caroline Roy-Élément / Mathilde Cinq-Mars

Pendant une réunion de famille, la bombe est lâchée.  Le grand-père, qui a travaillé en lettrage toute sa vie, ne sait ni lire ni écrire.  Tout le monde est soufflé.  Dans cette famille où les gens ont fait des études, personne n’a même douté du fait que le grand-père savait lire.  Pour eux, ça allait de soi.

 

Le malaise s’invite donc au souper.  Trahison.  Mensonge, Colère. Pitié.  Certains tente de savoir pourquoi, d’autres s’intéressent plutôt aux cachotteries.  Bref, chacun se met au centre de la situation sauf l’une des petites filles, qui est certes déconcertée, mais qui regarde réellement son grand-père.

 

On traite ici de secrets de familles et d’analphabétisme.  C’est surtout un bel exemple d’amour, de confiance et de courage.  C’est intime, il y a beaucoup de silences et d’affection démontrée autrement que par des mots.

 

Cette belle histoire est servie par de magnifiques illustrations.  Nous avons droit à un mélange de dessins et de mots découpés où rien n’est anodin.  De la calligraphie aux mots découpés jusqu’aux choix de métaphores visuelles, tout est parfaitement assumé et magnifique.  J’ai aimé le côté onirique, l’atmosphère créée… bref, une réussite.  J’ai emprunté la bande dessinée mais je vais certainement l’acheter, ne serait-ce que pour le thème et les images.

 

En relisant le billet de Fanny, qui m’a tentée, je réalise que je ne dis rien de plus qu’elle… et que je recommande aussi!

L’enfant perdue – L’amie prodigieuse #4 – Elena Ferrante

C’est fini.

Il est temps pour moi de quitter Elena, Lila ainsi que tous les personnages auxquels je me suis attachée.  Dans ce tome, nous retrouvons nos héroïnes mi-trentaine, alors qu’elles vivent toutes les deux des bouleversements.   À la fin, elles ont la soixantaine et nous leur disons au revoir, alors que nous les avons connues enfants, adolescentes et adultes.  Mêmes pour les personnages secondaires, j’étais toute émotionnée par ce qui leur arrive.  C’est toujours comme ça quand je suis des personnages sur une vie entière.  Je deviens nostalgique à la fin, alors que je me sens comme si je les avais connus enfants… bref, je m’égare.

 

Ici, on boucle la boucle.  Comme dans la vie, qui tend à aller dans tous les sens, comme le dit Lila, tout n’est pas clair et net, chaque fil n’est pas noué.   Nous découvrons sans cesse de nouvelles facettes aux personnages, qui sont pleins de contradictions, de défauts et d’introspection.   À travers leurs yeux, nous voyons aussi défiler un demi-siècle, avec ses révoltes, ses compromis et ses enjeux.  De plus, petit à petit, on prend conscience du regard biaisé qui était porté sur les petits mafieux du quartier, les protagonistes les ayant connus enfants. Dans ce tome, des choses terribles, des chocs et des deuils énormes, des décisions regrettables et des personnages qu’on a souvent le goût de secouer.

 

Je ne peux que saluer la plume de Ferrante (et de sa traductrice) ainsi que son habileté à choisir les bons détails pour que l’univers soit foisonnant et bouillonnant sans que nous nous ennuyions une seule seconde.  Du moins, c’est ce qui est arrivé avec moi.  Et bon, ils existent, ces personnages.  Dans ma tête.  Inutile de me contredire, je refuse de croire que ce ne sont que des gens de papier!  Et j’ai la tête dure.

 

Je conseille, pour ceux qui n’ont pas peur des romans fleuve!

Poste restante : Alger – Boualem Sansal

Je voulais découvrir cet auteur pour le défi de Madame lit, alors qu’elle souhaitait en juin découvrir un auteur algérien. C’était tout petit et en plus, il y avait « Alger » dans le titre. Parfait, non?

 

En fait, la réponse c’est non. Je suis absolument incapable de parler adéquatement de ce livre parce que je ne suis clairement pas le public cible, et qu’il me manque les bases, les connaissances, pouravoir une opinion qui soit le moindrement valable. Mais peut-être n’est-ce pas votre cas alors j’explique.

 

Dans cette oeuvre, Boualem Sansal s’adresse à ses compatriotes algériens et les incite à se soulever contre le pouvoir actuel qui semble être une dictature et qui – selon ce qui est mentionné dans l’essai – a décidé pour le peuple et qui leur dicte qui ils sont.  Ça parle de langue, d’identité, d’histoire, de religion et de pouvoir. On nous rappelle – avec un biais, of course – l’histoire de l’Algérie, de ses origines en passant par la colonisation et la guerre, les événements de 1988 et la guerre civile, jusqu’à l’époque actuelle.

 

Il y a une prise de position certaine, un appel à la diversité et à l’intégration de toutes les populations dans l’histoire du pays. Un cri qui incite à regarder devant et à se libérer. À se battre différemment. C’était intéressant, certes,. mais tel que mentionné au début du billet, je me vois bien mal placée pour avoir quelque opinion que ce soit. Ça semble logique, sain, et j’aurais tendance à adhérer au propos. Mais bon. À part ce que j’ai lu ensuite sur Wikipedia, que sais-je de tout ça, pour avoir une opinion face à la réalité et la souffrance des habitants d’un endroit du monde où je n’ai jamais mis les pieds?  On pourrait me raconter n’importe quoi!

 

Une lecture que j’ai appréciée et qui m’a donné envie d’en savoir plus. C’est toujours ça de gagné!