Jun Sang, 8 ans, est le chef des jeunesses patriotiques de son quartier. Sa plus grande fierté? Être né la même date que Kim Jong-Il, l’étoile brillante du mont Paektu, le Père bien aimé. Pour lui, les méchants, ce sont les Sud-Coréens et ces chiens d’Américains. Dans sa tête, la Corée du Nord est LE pays, le meilleur pays, le paradis sur terre, et ses habitants ont une chance folle d’avoir Kim Jong-Il pour veiller sur eux. La propagande et le culte de la personnalité sont omniprésentes, ils font partie de leur vie et personne n’ose (ou ne pense) à les remettre en question. C’est profondément ancré et limite que ça les définit. Et de voir ça à travers les yeux d’un enfant, ça frappe. Du moins, moi, ça m’a secouée.
Le récit se déroule dans les années 90, quand le pays sombre dans une grande famine. Le rêve en couleurs va alors basculer et Jun va poser, petit à petit, un regard différent sur ce grand mensonge que semble être la Corée du Nord, pays fermé et mystérieux. où les droits de l’homme sont presque inexistants et où la répression est omniprésente. Il va sans dire que l’éveil sera brutal.
J’ai beaucoup aimé le décalage entre le propos dur et le dessin très « cartoon », souvent enfantin. Ça rend l’horrible un peu plus supportable. L’utilisation de la couleur m’a également beaucoup plu et est très révélatrice de l’atmosphère. Comme lectrice, la redécouverte de l’ampleur de ce culte de la personnalité m’impressionne toujours autant. Ça va loin, c’est incroyable. On apprend peu de choses nouvelles, mais c’est le regard qui change ici, et qui m’a plu. Ce n’est selon moi pas un documentaire ou un témoignage, comme dans Pyongyang de Guy Delisle… mais j’ai beaucoup aimé. À noter que maman (qui n’a jamais la même opinion que moi) a moins adhéré, dérangée par le style de dessin et le fait qu’elle trouvait le propos un peu gros et caricatural. Comme quoi, on ne s’entendra jamais!
C’était ma BD de la semaine! Tous les billets chez Moka.