Les nombrils – tome 8 – Delaf et Dubuc

Si je vous dis « capsules de beauté Youtube » animées par Jenny et Vicky, avec Karine derrière la caméra, j’imagine que tous les fans vont sauter de joie hein?  Et que tous ceux qui n’ont pas lu la série ne comprendront pas l’enthousiasme de ce futur projet – ni de quoi je parle d’ailleurs (parce que non, ce n’est pas un fantasme, ça va arriver un jour). Il va donc falloir remédier à ça et vous y mettre parce que ça promet une folle rigolade… et des conseils complètement déjantés!

 

Je vous ai parlé il y a quelques mois des premiers tomes des Nombrils, cette série très second (voire même troisième) degré, qui raconte l’histoire des deux « plus belles filles de l’école » et de leur faire valoir Karine, avec qui elle se permettent tout.  Mais VRAIMENT tout.  Ce sont des chipies en puissance, qui poussent l’insulte et la méchanceté à l’extrême… ce qui est ma foi assez hilarant.  Le tout est porté pas un dessin dynamique et expressif… auquel il faut porter attention pour bien en discerner tous les petits détails!

 

Mais ce n’est pas que ça. Plus les tomes avancent, plus les personnages évoluent et plus on découvre leurs passés, leurs tracas personnels.  Les auteurs ont réussi à leur donner des « circonstances atténuantes » sans pour autant rendre leurs comportements acceptables.  Toute cette intimidation, toute cette méchanceté, ça permet au lecteur de réfléchir, parfois de se reconnaître… et d’apprendre, à travers l’humour, à penser par lui-même.

 

Ce 8e tome aborde le thème de la célébrité, de la jalousie et les intrigues amorcées dans les tomes précédents se poursuivent, notamment pour Karine et son groupe, ainsi que pour Jenny et Vicky, maintenant meilleures ennemies.  Ces deux dernières ont aussi bien du mal à gérer leurs amours.   Cet album, c’est l’album des choix, des décisions.  Seront-elles bonnes?  Et même si elles sont bonnes, même si elles font tout bien, est-ce que ça va bien aller eux?  Parce que ne nous leurrons pas, des fois, même quand on fait exactement ce qu’il faut, la vie ne vire pas nécessairement comme on le voudrait.

 

Ça a été un plaisir de pouvoir rencontrer les auteurs au salon du livre à Montréal.  Nous avons eu droit à une discussion ouverte et animée au sujet des personnages, de leur évolution, de leur processus créatif et des tours et détours que peut peut emprunter une série en évolution.  Les auteurs sont passionnés, passionnants et on sent qu’ils ont vraiment leurs personnages à coeur.  Ça a été un plaisir d’apprendre ce qui a « failli » arriver!

 

Des auteurs qui font confiance à leurs lecteurs et à leur intelligence, ça fait toujours plaisir… et une série que je recommande chaudement!

C’était ma BD de la semaine, et c’est Stephie qui nous accueille cette semaine!

 

 

 

Laure Clouet – Adrienne Choquette

Quand on va faire une promenade des écrivains avec Marie-Eve Sevigny, on ressort toujours avec une liste des oeuvres obligatoires. Et cette année, je n’ai fait qu’une promenade alors j’ai le temps d’être bonne élève.  J’ai donc lu, à sa suggestion, Laure Clouet, oeuvre québécoise datant de 1961. Et comme elle est bonne prof, elle a su bien choisir, et me donner les clés nécessaires pour l’apprécier davantage.  Ne vous méprenez pas, c’est très très accessible sauf qu’une fois replacé dans l’époque, le propos est encore plus révélateur.

 

Ce court roman nous présente donc Laure Clouet, vieille fille héritière d’une riche famille de la Grande Allée. Elle a des sous, du standing mais aussi toute une réputation familiale qui tient maintenant sur ses seules épaules depuis la mort de sa mère qui maintennait la maisonnée dans une époque révolue, sans évolution possible.  Laure a bien des envie de voir le monde autrement, mais les traditions et l’éducation qu’elle a reçue ne rendent pas les choses faciles.  Elle vit donc seule, sans avoir absolument rien changé, jusqu’à ce qu’une lettre d’une jeune nièce vienne bouleverser ses certitudes.

 

On se retrouve ici à l’aube des grands changements des années 60.  L’aristocratie québécoise s’effrite et avec le changement vient le clash des générations. Imaginez, les habitants des quartiers qui se mélangent! Et une nièce qui osent demander de l’héberger, comme ça!  Ça ne se fait pas. Et avec le vieux monde qui se meurt, Laure perd peu à peu ses guides et se sent ballotée par ceux qui la poussent en avant et ceux qui la tirent en arrière. Et c’est ce portrait d’une société en bouleversement, d’une femme prise au milieu de tout ça qui nous est ici offert. Parce que malgré l’âge de la protagoniste, il s’agit ici de prendre ses premières vraies décisions d’adulte et j’ai trouvé ses déchirements passionnants.   De la demande, nous en savons somme toute peu… que va-t-il arriver? Sont-ils bienveillants? Mais qu’importe car il ne s’agit que du déclencheur vers une transformation tout autre.

 

L’écriture est fine et ciselée sans pour autant être alambiquée.  Elle dresse le portrait de Québec (et d’une partie du Québec) avec adresse et se balader dans les endroits où se déroule le roman était ma foi fort agréable.   Une belle découverte pour moi qui ai toujours eu un peu en grippe les classiques québécois!

Mystères à l’école – Collectif dirigé par Richard Migneault

Les collectifs, ça permet à la fois de découvrir de nouvelles plumes et de retrouver nos favoris dans un autre genre. J’aime beaucoup cette série de recueils dirigée par Richard Migneaut, blogueur et auteur dans ce cas précis.  Rappelez-vous qu’ils nous avait offert des crimes à la librairie, à la bibliothèque et au musée il y a quelques années.

 

Ici, le recueil s’adresse plutôt à des jeunes de 9-11 ans et nous ramène à l’école (primaire et secondaire) où se passent de bien drôles de choses. Un mystérieux élève que personne ne voit, un ordinateur piraté, un élève qui passe la moitié de sa vie chez le directeur, des énigmes pour un passionné de Sherlock… bref, un peu de tout.  En arrière-plan, ça parle d’amour, d’intimidation et de plusieurs sujets qui touchent les jeunes.

 

On va s’entendre, je ne suis pas le public cible et j’ai vraiment dû me mettre dans la position d’un adulte qui lit pour les jeunes pour apprécier ce recueil à sa juste valeur. C’est un peu le groupe d’âge avec lequel j’ai le plus de mal à vraiment aimer ce que je lis car j’ai l’impression d’être à cheval entre la magie de l’enfance et la réelle complexité des lectures pour les plus grands. Je sens que je ne suis pas claire hein! Bref, je vois la qualité derrière (la preuve, the nine-years-old a aimé) mais je trouve ça trop simple pour vraiment adorer.

 

J’ai un gros faible pour les textes de Karine Lambert, vraiment différente, qui nous amène dans un univers SF qui m’a énormément plu (j’en aurais voulu plus), de Simon Boulerice (il y a toujours un je ne sais quoi dans ses textes), qui nous fait rencontrer un jeune qui veut être l’ami d’un nouvel élève qui le fascine et de Sonia Sarfati, qui nous offre une romance super mignonne. J’ai aussi aimé le texte de Richard Migneault (sauf le titre), un peu différent, et qui montre que parfois, les choses changent.

 

Je serais curieuse d’avoir davantage d’avis de jeunes lecteurs parce que je sens que mon avis d’adulte est biaisé et que j’ai trouvé certains propos un peu appuyés. L’avez-vous lu?

Les histoires de Shushanna Bikini London – Lucile de Pesloüan

Je me suis longtemps demandé où allait intervenir Shushanna Bikini London dans l’histoire. Voyez-vous, c’est que je croyais que c’était un personnage de l’histoire jusqu’à ce que j’apprenne que c’était le pseudonyme sous lequel s’était fait connaître l’auteure quand elle avait publié ces histoires sous forme de zine.  Cet ouvrage comprend donc dix histoires écrites, avec, en parallèle, des photos et des citations intercalées. Comme les images font écho aux textes, elles ajoutent une dimension un peu mystérieuse, qui ouvre l’esprit sur autre chose.

 

J’ai pour ma part vraiment apprécié cette lecture, qui me tentait depuis un bon moment. C’est toujours difficile de parler de nouvelles, d’histoires car il nous en reste surtout une ambiance, avec quelques fulgurances. Ici, l’auteure nous ouvre des parenthèses, des petites bulles qui éclatent avant qu’on ait le temps de tout savoir, ou qui ne nous livrent que quelques courts moments d’aventures que l’on sait plus grandes. C’est risqué mais avec moi, ça a fonctionné. J’ai aimé ces regards fragmentés, très pudiques, qui nous obligent à imaginer ce qu’il y a dans les interstices.

 

Ça parle de deuil, de filiation mais aussi d’obsessions, avec une touche de féminisme (on parle quand même de Lucile de Pesloüan ici) et beaucoup de sensibilité. Bref, un format original et vraiment, je pense que j’aiime de plus en plus les nouvelles!

Ma Martinique

Mes amis Facebook le savent, j’ai passé une semaine et demie en Martinique avec Mylène la semaine dernière.   Je ne connaissais pas du tout la destination, j’avais zéro attente, et j’ai passé de très belles vacances sous les tropiques, en chantant tout un tas de chansons tout aussi quétaines les unes que les autres.  On était basées à Ste-Luce et  presque toute l’île est accessible dans la journée. C’était beaucoup de chaleur, beaucoup d’humidités, plein de palmiers, de fleurs, de fruits (les bananes… les bananes), de la baignade, des vagues, des randos… et du rhum!

 

J’ai écrit mon journal de voyage… mais je n’ai pas décidé si mes anecdotes étaient suffisamment intéressantes pour les publier ici… en attendant, un petit aperçu (avec mes photos instagram) de la Martinique, vue par moi!

 

La Martinique en randonnées…

  • Le tour de la presqu’ïle de la Caravelle – une randonnée assez facile de 8 km (une bonne montée, mais au début), avec des panoramas incroyables et variés (côte, mangrove, sous-bois) et une vue magnifique.  Le parcours long dure presque 4h… alors prévoir de l’eau!
  • Le Morne Larcher – Une vue magnifique sur le rocher du Diamant… mais il faut la mériter!  Début dans les herbes et ensuite, montée sur des gros rochers.  La descente est… acrobatique!  Deux chemins pour le faire, l’un avec 400m de dénivellé et l’autre avec 200m… en en faisant une partie en voiture!
  • Le tour de la pointe du Vauclin – Une boucle assez facile de 4 km dans les herbes hautes, sur les rochers, la mangrove et qui traverse un village de pêcheurs.   Super beau… mais très boueux quand il a plu pendant la nuit.  Mes chaussures s’en souviendront!
  • Le canal de Beauregard – Mon Wow du voyage question panoramas.  2 km sur un ancien muret construit pas des esclaves pour amener l’eau aux champs en contrebas.  Un peu vertigineux par endroits.  Nous n’avons pas tout fait en raison d’éboulements mais ça a été toute une expérience pour moi.  On peut le prendre en haut  (parking de la maison rousse) ou en bas (Le Carbet) mais je crois qu’en partant du haut, on peut en faire plus longtemps!
  • L’ilet Chevalier – On s’y fait reconduire en bateau, il y a une toute petite plage de sable blanc et un sentier dans les herbes hautes et les cactus qui fait le tour de l’îlet.  Facile, court, agréable, mais pas non plus wow quand on a vu les paysages des autres randos.  Chouette pour voir le côté océan versus le côté Baie!
  • Le Morne Champagne – Petite randonnée de la petite anse d’Arlet à la grande anse d’Arlet.  Ca monte assez rapidement, c’est court mais c’est beaucoup plus carossable comme randonnée que celle du Morne Larcher.
  • Savane des pétrifications – Un paysage désertique et lunaire… après une traversée de gué un peu hasardeuse pour nous.  C’est un ancien marais asséché, assez particulier pour l’endroit.

 

La Martinique en plantations, habitations et musées

  • Habitation Clément – Rhumerie encore en activité mais ayant conservé la maison coloniale en l’état ainsi que plusieurs des anciennes machines à vapeur. Les jardins sont magnifiques et une expo d’art contemporain est présente à l’intérieur et à l’extérieur. Visite intéressante, dans une atmosphère un peu steampunk, avec dégustation à volonté pour la clore!
  • Habitation Céron – Ancienne distillerie en ruines… mais très très beau jardin tout autour, rempli de matoutous, ces mygales poilues (trop choupi selon moi).  Le paysage est à la fois sauvage et domestiqué… c’est magnifique.
  • Rhumerie Trois-Rivières – Moins de bâtiments visitables hors-visite guidée que les autres endroits visités… mais beaucoup de boutiques d’artisans, de bonnes glaces et une dégustation qui en vaut le coup.  Ben quoi… j’aime le rhum.
  • Rhumerie St-James – Une autre rhumerie ancienne avec historique, anciennes machines… et dégustations.  Il faut bien comparer!  Il y a aussi un petit train dans les plantations.
  • Musée de la Banane – Tout près de Sainte-Marie, le musée de la banane qui parle… de bananes.  On peut goûter en plus.  Une première section intérieure qui parle de l’histoire de la culture et une partie extérieure avec 60 espèces de bananiers différentes.  C’est jooooli!
  • Écomusée de la Martinique – Musée archéologique et historique, qui retrade l’histoire de l’île des permiers amérindiens Arawak (ne me chicanez pas sur le terme, c’est celui qu’ils utilisent) jusqu’aux années 50, en passant par l’époque des Caraïbes et des habitations.  On y retrouve  beaucoup d’informations et de maquettes sur les modes de vie, ainsi que des objets datant du début de notre ère.   Ah oui, des infos sur les productions de café, cacao, canne à sucre, banane et tout et tout…
  • Château Dubuc – Court parcours sur les hauteurs avec une vue magnifique, parmi les ruines d’une ancienne sucrerie.  Audioguide avec des explications courtes mais intéressantes sur la vie de l’époque. C’est à la fin du sentier de la pointe de la Caravelle… il y a de super bonnes glaces à l’arrivée quand on a tout réussi!

 

La Martinique en plages… (que je mélange toutes…)

  • Anse Couleuvre – Plage de sable noir, avec des grosses, grosses, grosses vagues.  J’ai dû apprendre à les affronter à mes dépens!
  • Anse des Salines – longue, longue, longue plage de sable blanc… sans sargasses!
  • Petite Anse d’Arlet – Jolie plage avec un long quai et une vue sur l’église.
  • Anse Figuier – Tout près de l’écomusée, avec un grand parking.  Très animé.
  • Ilet Chevelier – En sable blanc et de l’eau turquoise.  Dommage qu’il y ait un peu d’algues.
  • Ilets du François  et baignoire de Joséphine – Les fameux sables blancs!  Super beau dans les parties blanches… mais si c’est foncé, c’est qu’il y a de la flore!

 

La Martinique en visites et activités…

  • Les jardins de Balata – Jardins magnifiques et apaisants, où on peut voir de magnifiques roses de porcelaines, des oiseaux de paradis et plusieurs plantes tropicales.  Il y a même un petit chemin dans les arbres!
  • Saint-Pierre en Petit Train – Visite passionnante avec un guide fanatique de l’histoire de sa ville.  Une partie en train, une partie à pieds, on visite les ruines du St-Pierre d’avant 1902 et on fait le plein d’histoires et de légendes.
  • Le mémorial de l’Anse Cafard – Un petit arrêt sur la route pour penser à ces hommes et femmes qui ont payé cher afin que les habitations puissent fonctionner…
  • La maison du bagnard – superbe vue… et curiosité locale!
  • Kayak dans la mangrove – Avec Kayak Nature Évasion, on a eu droit à une super balade dans la mangrove, avec un guide qui connaît super bien l’environnement, la faune et la flore.  De plus, il n’a pas son pareil pour apercevoir crabes, poissons et autres bestioles.  Un peu sportif par moment, quand on traverse la baie et qu’on fait le tour de l’îlet.  Une excursion que je conseille.
  • Plongée au rocher du Diamant – Un baptême de plongée idéal, dans un lieu enchanteur, avec Antilles SDR.  De l’eau claire, du corail, des poissons, une tortue, des couleurs… et un guide par personne qui plonge pour la première fois.  Très rassurant et bien encadré. 
  • La Savane des Esclaves – Lieu fondé à la mémoire des esclaves qui ont fait la prospérité des riches colons.  Visite guidée super intéressante à travers les différentes habitations recrées.  Cases, villages d’anciens exclaves et village Caraïbe.  Mieux sous le soleil que sous a pluie toutefois!

 

La Martinique dans les villes…

  • Ste-Luce – Tout plein de restos… et une atmosphère de village de pêcheurs!
  • Le Diamant – Joli village, avec une rue commerciale et un accès à la plage. et une jolie église.  J’ai beaucoup aimé.
  • Le Marin – Très jolie église et cimetière impressionnant. 
  • Ste-Anne – Très joli village, avec une église… et un chemin de croix où il y a une magnifique vue.
  • Ste-Marie – Village moins riche, moins bien entretenu, mais avec un beau front de mer, un marché chouette et le fameux tombolo sur le front de mer.
  • St-Pierre – Autrefois la capitale de la Martinique, le village a été rayé de la surface en 1902 suite à une éruption de la montagne Pelée. Reconstruit sur les ruines bien entretenues, un endroit historique incontournable selon moi. 
  • Trois Ilets – Particulier de par sa couleur, très joli village, lieu de naissance de Joséphine.  Tout près de la fameuse pointe du bout et son fameux village créole, mais aussi du village de la poterie, où on trouve artisanat de toute sorte.  Tois lieux très différents.
  • Tartane – Un super joli front de mer et une jolie plage… on est passés vite.

 

Alors, vous voulez le récit de mes aventures – et d’autres photos –  ou ça vous suffit?

La Scouine – Gabriel Marcoux-Chabot

Ok, je vais commencer – comme d’habitude – par raconter ma vie.  J’ai dû lire « La Scouine » de Albert Laberge à l’école.  C’est l’un de nos classiques québécois, et on nous l’avait présenté comme le Zola québécois.  Résultat : ça m’a pris 25 ans à me décider à lire Zola.   Oh boy que j’avais détesté ce roman.  Je me souvenais d’un truc avec des personnages bêtes et méchants qui puaient le pipi.  Juste le mot « scouine » me levait le coeur.  Ça donne une idée.

 

Là, je vous entends penser.  Mais pourquoi tu as lu cette réécriture, alors?  Tu aimes la souffrance?  Ben non en fait.  Je me suis souvenue de d’autres lectures qui m’avaient ennuyée à l’adolescence et que j’ai adorés par la suite.  Une réécriture, c’était l’occasion de faire la paix, non?

 

Oui et non, en fait.  Bon, parce que je suis moi, j’ai aussi relu l’original.  Et bon, oui, il y a un côté naturaliste, avec les descriptions sombres et souvent glauques des milieux campagnards de la fin du 19e siècle, mais au Qébec.   Mais on est loin, loin, loin des études de caractère de Zola.  Mettons qu’entre Albert et Émile, il y a un monde côté psychologie des personnages.  Dans l’original, nous avos droit à des scènes de vie de la famille Deschamps sur quelques décennies, avec en vedette Paulima, la Souine, bébé laid qui est devenu une femme laide et méchante.  C’est plutôt décousu, certaines anecdotes racontées sont un peu en dehors de la trame principale et je comprends tout à fait pourquoi je n’avais pas aimé à l’époque.  Je suis encore mitigée… et, sérieux… c’est pas Zola. Zola, je l’aime.

 

Parlons maintenant de la réécriture.  J’avoue l’avoir préférée à l’original car plus resserré et l’auteur a ajouté un peu de profondeur aux personnages (qui auraient pu en prendre bien davantage, j’avoue) mais il y a quand même plusieurs passages qui sont tels quels par rapport au roman original.  Gabriel Marcoux-Chabot s’est permis de s’immicer dans les blancs, notamment au sujet du comportement de la Scouine et de son frère Charlot.   Même si la Scouine est toujours aussi méchante, hypocrite et prête à tout (quoique beaucoup moins mangeuse de ballustres), elle a un côté assoiffé d’amoir que je n’ai pas ressenti dans le roman original.  Attention, elle n’est pas mieux hein… à la fin de chaque chapitre, ou presque, je refermais le livre en disant (à haute voix) : c… de salo…  Sans joke.  Un mot que je n’utilise jamais.  Mais elle le méritait.  Genre, vraiment.

 

C’est un roman hyper court mais je pense que cette fois-ci je vais mieux m’en souvenir, vu que les personnages sont devenus plus tangibles.  Un peu.   Bref, même si ce n’est pas un coup de coeur, c’est quand même un coup de poing… et je suis quand même contente de l’avoir redécouvert.

Quatre Mélanie et demie – Justin Laramée

On me l’avait vendu comme un hybride entre roman, théâtre et poésie en prose. Vous pouvez imaginer que je n’ai pas hésité. Et vous savez quoi?  Je pense que c’est un texte que j’aurais préféré voir sur scène, même si j’ai passé un agréable moment de lecture, qui m’a fait sourire (un peu jaune… ça se dit, sourire jaune?) et grincer des dents.

 

Le texte prend la forme de quatre monologues, quatre Mélanie qui nous offrent un regard cru et souvent désabusé sur leur vie.  Ce sont des épisodes, parfois marquants, parfois cocasses, qui nous font entrer dans leur quotidien ou dans leurs passés respectifs.  On nous offre ici une langue profondément ancrée dans l’oralité, dans le parlé québécois et ses références.  Il y a certes un fil rouge… dont vous saisirez toute l’ampleur à la fin des récits.

 

Si les histoires sont fort différentes (on nous balade d’une cabane de chasse à l’heure JMP, en passant par une date digne d’une sitcom), j’ai eu un peu de mal à distinguer trois des quatre voix.  C’est pour ça que je disais que j’aurais aimé voir le texte joué au théâtre, pour mieux distinguer les fameuses Mélanie. Quoiqu’il y a peut-être une raison pour ça… mais bon! De plus, la façon de traiter la sexualité féminine et le désir féminin, pour plusieurs des personnages en plus, m’est également apparue particulière et ne m’a pas parlé.

 

C’est toutefois un texte qui mérite d’être découvert, qui fait réfléchir sur un certain sujet que je ne révélerai pas ici, et dont la langue vaut le détour. Entre comédie et tragédie… pourquoi pas! Et s’il passe au théâtre près de chez moi, j’irai certainement!

Quelques lieux de Constance – Catherine Lavarenne

Ce court roman, je l’ai lu deux fois. Une première il y a quelques jours et une seconde tout à l’heure quand j’ai eu envie de le chroniquer. En fait, cette Constance évanescente, j’avais envie de la rencontrer à nouveau et peut-être mieux la comprendre. Et il faut avouer, j’avais beaucoup aimé.  C’est tout à fait le genre de court roman qui me plait souvent beaucoup.

 

Constance, contrairement à ce que son nom peut laisser croire, est une femme en fuite. Musicienne, elle a quitté Montréal il y a 20 ans et n’y a jamais remis les pieds. Cette fois-ci, elle prévoit un aller-retour. Elle doit aller signer le papier,celui qui mettra fin à la vie de sa mère maintenue en vie artificiellement. Au départ difficile à saisir, fermée, lointaine, même pour ceux qui la connaissent bien, nous allons la découvrir par instantanés, un peu comme ces cartes postales qui illustrent la couverture.  Ce n’est qu’à partir de la seconde partie qu’elle commence, doucement, à lever le voile pour nous et c’est à partir de ce moment que j’ai finalement plongé dans l’histoire.

 

Constance est tellement insaisissable qu’elle prend graduellement, au yeux de diverses personnes, les traits de figures de leur passé, souvent fascinantes. C’est au chevet d’une vieille dame dont la mémoire s’égare, rencontrée par hasard, qu’elle va se raconter par bribes et c’est dans ce format que j’ai vraiment eu l’impression de faire sa rencontre.

 

Ça parle de liens, d’au-revoirs et d’errance. Ça parle d’attachement, de famille, celle qui nous a choisi et surtout, on referme le roman avec l’impression que l’amour des gens allège nos bagages quand on l’emporte avec nous.

 

À découvrir.

Thelma, Louise et moi – Martine Delvaux

-Qu’est-ce que tu lis? m’a demandé Mylène quand je suis allée la chercher à l’aéroport.

-Un essai féministe à partir de la trame du film « Thelma et Louise ».

 

À voir son regard, je ne la tentais pas du tout! Et pourtant, c’était bien, voire même très bien. Surtout quand on a comme moi été marquée par Thelma et Louise (cette images de la fin… cette image) à l’adolescence, sans toutefois comprendre tous les tenants et les aboutissants. Du coup, ce regard mature, critique et manifestement féministe m’a beaucoup parlé.

 

Entendons-nous, c’est Martine Delvaux. Si les interprétations féministes vous déplaisent, passez votre chemin car c’est de ça qu’il s’agit.  Ceci dit, étant donné le film et son contenu, ce n’est pas non plus surprenant.  Ici, nous avons une réflexion sur la place des femmes dans la société, sur leurs destins, leurs choix et leurs non-choix.   Martine Delvaux a vu Thelma et Louise 50 fois et à chaque fois, à la fin, elle éclate en sanglots.  Dans son essai, elle nous emmène avec elle dans sa tête et dans le road trip de Thelma et Louise, sans oublier Callie Khoury, la scénariste et les actrices qui interprètent Thelma et Louise.  Elle revisite les mêmes scènes et on sent l’émotion, le sentiment d’impuissance face à la violence qui pointent.  Vivre « moindrement » parce que femme, ou faire le grand saut? Quel avenir est possible dans notre monde où la société est beaucoup plus souple envers les hommes qu’envers les femmes?

 

Nous sommes invités à nous balader entre les expériences de l’auteure et le film et Martine Delvaux passe la réalité dans le filtre de la violence faite aux femmes, la violence physique, certes, mais aussi psychologique et quotidienne.  Ce sexisme ordinaire. L’écriture est hyper visuelle, on a l’impression de revoir les scènes défiler, autant celles du film que celles, plus personnelles, que l’auteur décrit.

 

Un moment de réflexion pour moi… et pour répondre à la question : oui, j’ai re-regardé Thelma et Louise. Oui, j’ai eu peur qu’elles dérapent. Et oui, j’ai pleuré à la fin. Pour la fin mais aussi pour le Texas et pour ce qui ne sera jamais dit.

La femme aux cartes postales – Jean-Paul Eid / Claude Paiement

J’avais cette BD depuis une demi-éternité (bon, ok, n’exagérons rien… depuis un salon du livre ou deux) et il m’aura fallu Québec en novembre pour la sortir de la pile vu que j’avais lu pratiquement tout les reste de ma pile-de-bd québécoise. Et quelle belle surprise.  C’est tout à fait le genre de graphisme dont je suis fan. Ce fut donc un plaisir pour moi de retrouver le Montréal des année 50-60 et la campagne québécoise du début des années 2000.

 

La femme aux cartes postales, c’est Rose. Elle a un jour quitté son village au bout du monde en Gaspésie pour aller à Montréal, dans la grande ville, pour devenir chanteuse de jazz.  Avec Lefty, qui vient de son coin et Art, trompettiste prodige, ils vont vivre à plein cette époque, la fin a belles heures du jazz à Montréal et le début du Rock’n’Roll.  C’est aussi le début d’une aventure humaine, qui nous amènera bien des années plus tard, quand un professeur d’université est intercepté à Paris, en lien avec les attentats du World Trade Center.

 

C’est dans une atmosphère soooo vintage que les auteurs nous font vivre les aventures des trois personnages auxquels on s’attache malgré leurs défauts et leurs failles. Rose est partie sans laisser d’adresse, Lefty est un peu mou et Art est… Art.  L’ambiance mystérieuse de l’époque est parfaitement rendue et les illustrations en noir et blanc sont magnifiques.  Mais alors là, vraiment.  Classiques, elles collent parfaitement au récit. On a l’impression d’y être. Les cartes postales, souvenirs d’un autre temps, donnent un petit côté nostalgique au récit, qui m’a énormément plu.

 

Il y a certes quelques raccourcis dans le scénario mais la beauté du graphisme et l’atmosphère enveloppante me rendent le pardon facile.  Une réflexion sur les origines, le hasard et les secrets de famille.  Une BD que je suis ravie d’avoir chez moi pour la feuilleter à l’envi!

C’était ma BD de la semaine et c’est chez … cette semaine!