L’élégance du hérisson – Muriel Barbery

J’étais persuadée de détester ce roman.  Mon amie Angéla Morelli me l’avait décrit comme étant prétentieux et condescendant et normalement, on partage les mêmes goûts littéraires.  Toutefois, peut-être en raison de ces attentes, j’ai trouvé ça tellement moins pire que ce à quoi je m’attendais que j’ai fini par beaucoup aimer, voire même adorer. Des fois, je ne suis que contradictions.

 

C’est donc l’histoire de Renée, concierge au 7 rue de Grenelle,  un chic immeuble parisien du 6e arrondissement. Elle n’est pas belle, n’a pas fait de grandes écoles, mais, derrière la parfaite image de la concierge parisienne, elle cache avec beaucoup de soin un grand amour de la littérature, de la philosophie et de l’art.  Renée n’est pas aimable.  Elle a des épines et elle se croit supérieure à tous ces bourgeois nantis qui ont étudié longtemps et qui ne cherchent pas à voir derrière les clichés et leurs attentes par rapport aux gens.

 

Dans l’immeuble, il y a aussi Paloma, 12 ans. Paloma se targue d’être très intelligente, peut-être trop.  Elle a décidé de ne pas terminer comme ses parents, dans un bocal à poissons, et de se suicider le jour de ses 13 ans, après avoir mis le feu à l’appartement. Puis, un jour, un nouvel habitant va arriver dans l’immeuble, Kakuro Ozu… et les façades vont se fissurer. Un peu.

 

Je l’ai déjà dit, j’ai beaucoup aimé, malgré les clichés bourgeois (c’est drôle, certes… mais c’est quand même un peu too much), malgré le fait que les personnages principaux soient parfois (ok, souvent) précisément ce qu’ils dénoncent. J’ai aimé la naïveté et l’inexpérience cachées derrière les propos pompeux et pleins de jugement de Paloma, j’ai aimé les côtés bourrus de Renée et je l’ai aimée, elle, même si je ne l’ai pas toujours comprise.

 

Le langage est soutenu mais étant donné les narratrices, ça colle parfaitement. J’ai surtout aimé le cri d’amour à l’art et à la beauté en général, aux petits moments d’éternités, ces camélias sur mousse. Et c’est pour moi ce qui m’a fait savourer cette lecture, cette recherche d’absolu, d’une raison de vivre, et l’endroit où les personnages la trouvent. Un roman qui fait réfléchir et qui donne envie de s’attarder davantage aux gens, à ce qu’ils cachent derrière la façade, derrière ce qu’on attend d’eux en raison de leur passé ou de leur milieu. Et un roman qui m’a donné envie de chercher la beauté malgré l’absurdité des choses. De la chercher partout.

BD de la semaine, BDs de l’année 2018

Participer à la BD de la semaine, c’est faire des découvertes, lire des bulles, jaser bulles… et, dans mon cas, faire acheter des BDs à la bibliothèque de Saguenay! C’est presque devenu un running gag.   Bref, en cette année 2018 où j’ai été vraiment dispersée et peu présente sur la blogo, ce rendez-vous m’a permis de continuer à visiter les blogs, d’échanger (un peu, pas autant que je voudrais) et de prendre – beaucoup – de notes. Merci encore à tous ceux qui organisent le rendez-vous, c’est vraiment génial. 

Donc, mes bulles de 2018… je vous fais ça de mémoire, pour être certaine de ne garder que les plus marquantes, et même comme ça, je sens que ça va être long!

Des BD avec du Québec dedans

Moi aussi je voulais l’emporter de Julie Delporte. Très belle BD féministe que je vous conseille. 
Betty Boob, de Véro Cazot et illustrée par Julie Rocheleau. La couverture dit tout!
Vogue la valise de Siris. Certes, la tête de canard est étrange mais c’est une histoire hyper touchante sur la vie des « enfants des centres jeunesse ».
La femme aux cartes postales de Eid et Paiement. Une histoire touchante, du jazz, une femme. 

Des adaptations réussies

Le joueur d’échecs, de Sala, adapté de la nouvelle de Stefan Zweig. J’ai adhéré à tout et la BD recrée parfaitement l’ambiance. 
En attendant Bojangles, de Chabbert et Maurel, adapté du roman du même nom. Mlle Superfétatoire est aussi sympa que dans le roman… et c’est le plus important. 

Des coups de coeur de partout

Moi, ce que j’aime, c’est les monstres de Emil Ferris.  THE coup de coeur BD de l’année. 
Alexandrin ou l’art de faire des vers à pied de Kokor et Rabaté. Un texte en alexandrins, une histoire de tranmission, j’ai adoré. 
Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes? Zidrou / Roger. La superbe histoire d’une mère et de son fils vivant avec une déficience intellectuelle. 
La saga de Grimr de Jeremie Moreau.  Une BD au souffle épique qui donne envie d’aller en Islande. 
Le singe de Hartlepool de Lupano et Moreau. Un fait divers cruel rapporté en BD… très réussi. 

En relisant mes billets, je réalise que j’aurais aussi pu vous parles des Nombrils, de l’Esprit du camp, de l’Anniversaire de Kim-Jong Il, de Paroles d’honneur et de Le dernier mot... mais bon, je vais m’en tenir là!

Et vous, vos coups de coeur de l’année?

Est-ce que je vous ai tentés d’une quelconque façon?  Karine veut savoir!

Le jour d’avant – Sorj Chalandon

Sorj Chalandon et moi, ça passe toujours.  Et encore une fois, j’ai été bouleversée par cette histoire. Le thème ne me touche pas directement, le monde des mines est loin du mien. Je ne le connais que par Germinal. Et pourtant, pourtant…

 

Michel Flavent a la cinquantaine et sa vie a été façonnée par un drame, celui de Liévin-Lens, lorsqu’un coup de grisou a tué 42 mineurs le 27 décembre 1974.  Il est né dans le Nord, dans une ville noircie par le charbon, où la vie est rythmée par l’appel des mineurs, avec le bruit de chevalements en arrière-plan. Son père vit de la terre mais Jojo, son frère aîné et tant admiré, ne prendra pas sa suite.  Il va devenir mineur.  Et la mine va le tuer.

 

Ce roman nous fait rencontrer une série de personnages complexes, tout en demi-teintes.  On y explore le deuil, la culpabilité, la colère et le remord. Le narrateur est torturé et n’a jamais réussi à dépasser ce jour fatidique. Il a construit sa vie à sur cet événement et n’aspire qu’à venger ce frère qu’il a fait plus grand que nature.  Et pour ça, il est prêt à tout.  C’est un personnage plein de contradictions, qu’il est parfois difficile de comprendre. Pourtant, qu’est-ce que j’ai pu souffrir avec lui.

 

Chalandon ne raconte pas une histoire vraie, mais est parti d’une véritable catastrophe pour donner la parole à des gens qui se sont longtemps tus. Il a réussi à plonger prondément dans la psychologie des personnages, qui sont de ceux qui sortent des sentiers battus et qui sont remplis de zones d’ombre. J’ai adoré cette lecture, qui m’a souvent émue au larme.  De la pudeur dans la douleur, des discours qui blessent profondément, et une histoire dont je me souviendrai.

 

 

 

 

Les petites crottes magiques – Sofie Kenens

Ce n’est un secret pour personne, si on veut faire rire les enfants (et certains adultes), on parle de caca.  Ça marche à tous les coups, ils trouvent ça hilarant. De plus, comme l’apprentissage de la propreté est une étape charnière (et parfois… épique) dans le développement des petits, utiliser ce thème prend tout son sens. 

Ici, non seulement on parle de caca, mais aussi de créatures féériques et fantastiques.  On cherche des cacas de licorne, de fées ou de sirènes… et on les trouve, en tirait des petits rabats. C’est un album tout carton, à coins arrondis, suffisamment solide pour résister aux petites mains (avec un miminum de surpervision, of course). Les illustrations sont colorées, super mignonnes et les cocos ont beaucoup aimé parler « caca » arc-en-ciel! Il y a de super bonnes idées, en plus (le caca de la sirène m’a beaucoup fait rire)!

Et en orthophonie?

Le seul problème, ce sont les fous rires… et garder le contrôle.  Pour le reste, ça a été un total succès. Pour garder l’intérêt, c’est top. 

J’ai pu l’utiliser pour travailler les questions « où », « qui » et « comment » et ainsi stimuler l’utilisation des prépositions spatiales (dans, sur).  J’ai aussi pu faire décrire les dits cacas (oui, je sais, quand on est orthophoniste, des fois, on semble descendre bien bas) et prédire aux enfants de quoi ils pourraient bien avoir l’air! Bien entendu, ça a donné lieu à des conversations hallucinantes. Mon coup de coeur va au petit minou qui m’a mentionné qu’il croyait que le caca de la licorne aurait une corne… et qu’il allait devoir prendre des pilules de « caca-pas-bobo »! 

Bien entendu, il y a tout le vocabulaire des créatures fantastiques dont on peut discuter.  Bref, cet album m’a énormément plu. 

Oui, je sais, j’ai 3 ans dans ma tête!

Jefferson – Jean-Claude Mourlevat

J’hésitais à lire ce livre car j’avais peur qu’on nous martèle du même message pendant presque 300 pages. C’est quelque chose qui m’énerve au cube, quelle que soit la cause.  Ceci dit, j’ai bien fait de tenter le coup suite à la présentation de l’auteur à Québec. Certes, c’est un livre engagé. Ça traite d’antispécisme et d’exploitation animale. L’auteur est contre le fait de manger de la viande, il l’assume, mais s’il réussit à faire passer son idée, ce n’est pas lourd pour autant. Et je suis pas mal certaine que ça peut influencer pas mal d’enfants par rapport à la consommation de viande.

 

Toutefois, le roman n’est pas que ça.  C’est avant tout une histoire d’enquête dans un monde où existent, dans un pays voisin, des animaux dotés de parole, qui envoient des sms et se font rafraîchir la houpette par… un Blaireau!  Sauf que quand Jefferson Bouchard de la Poterie, un hérisson de 70 cm arrive chez le coiffeur, celui-ci a une paire de ciseaux plantée dans le corps. Il va être accusé, fuir… et décider, avec son ami Gilbert le Cochon, de mener l’enquête.  Et quel meilleur moyen que de partir…en voyage organisé! Envie de ballade… Ballardeau!

 

Quel plaisir de retrouver la plume de Mourlevat. C’est enlevé, jamais lourd, bien écrit et l’auteur ne prend jamais ses jeunes lecteurs pour des imbéciles. Surtout, c’est drôle. Il y a une légèreté, malgré le thème, qui permet de faire passer certaines scènes plus difficiles, comme celle de l’abattoir. Heureusement que cette scène est rapportée et non pas « en direct ». Ouf! Mais je me souviendrai surtout des jeux de mots et de la personnalité un peu compulsive de Jefferson. Ça parle d’amitié, d’engagement et l’auteur en profite pour glisser quelques petites phrases sur des sujets d’actualité, comme ça, juste en passant.  Et ça, c’est bien!

 

Pas mon thème préféré, pas mon combat non plus, même si j’essaie de diminuer ma consommation de viande (je n’en cuisine déjà jamais). On parle quand même de la fille qui est incapable de manger les légumes qu’elle fait pousser elle-même car elle a l’impression de commettre un meurtre et qu’elle a trop de bons souvenirs à propos d’un bébé piment ou d’une toute pitite choupinette de tomate… faut pas chercher à comprendre.

 

Mais le roman, je conseille!  Comme tout Mourlevat, en fait.

Les Âmes grises – Philippe Claudel

Ce roman traînait dans ma pile depuis quelque chose comme 11 ans. Sérieusement. Je l’ai acheté quand il est sorti en poche.  Ça peut vous donner une idée. J’ai beaucoup aimé Le rapport de Brodeck, et j’ai tout autant (sinon plus) aimé l’adaptation BD. J’ai donc eu envie de retrouver une atmosphère à la Claudel.  Une atmosphère qui enveloppe et qui glace à la fois. C’est tout à fait ce que j’ai trouvé dans ce court roman, qui nous ramène dans un petit village, tout près du front, qui est juste de l’autre côté de la colline.  Nous sommes en 1917 quand se déroule le drame, mais le narrateur nous le raconte 20 ans plus tard.  Ou plutôt il le raconte à Clémence, son épouse décédée.

 

Dans ce roman, il y a la mort d’une fillette 10 ans, la fille de l’aubergiste, qu’on appelait Belle de Jour. Elle a été découverte comme ça, égorgée. Le narrateur était policier à l’époque et cet événement aura marqué sa vie, pour plusieurs raisons Toutefois, nous sommes loin du simple récit d’enquête. Autour des personnages principaux se construit tout un petit monde, avec ses hiérarchies, ses petites guerres internes , rempli d’êtres aux âmes ni noires, ni blanches, mais ô combien grises.  Certaines scènes sont difficilement soutenables et il semble que toutes les lueurs d’espoir s’éteignent les unes après les autres. Impossible de ne pas détester le juge, impossible de ne pas soupçonner tout le monde.

 

Et tout près, il y a la guerre, celle qui autorise tous les meurtres, qui permet tout.  Elle est prégnante et semble prendre tout le monde dans sa toile, même ceux qui tentent de l’ignorer.  D’un côté, une fillette innocente et solaire et de l’autre, des milliers de jeunes gens qui ne seront plus, ou du moins plus jamais les mêmes.  Elle est omniprésente dans le roman et Claudel est un peintre d’atmosphère génial.

 

Un roman qui ne nous épargne pas, qui fait mal. Mais un auteur que je relirai encore et encore.

Serum – Cyril Pedrosa / Nicolas Gaignard

J’avais lu beaucoup de bien à propos de cet album (et en plus, c’est Pedrosa).  Un de mes copains criait au génie. Est-ce pour cette raison que mes attentes étaient dans le plafond? Bref, c’est un album qui m’a déçue au premier abord, me laissant sur une impression un peu frustrante d’inachevé.  Puis, j’ai réfléchi un peu. Puis, je l’ai relu avec le nouvel éclairage, pour constater qu’il y avait quand même un propos qui méritait qu’on s’y attarde. Bref, je suis quand même plus positive quelques jours après ma lecture qu’immédiatement après.  Une BD qui mérite un peu de réflexion, quoi.

Nous sommes donc en 2050, dans une France très contrôlée, très militarisée. Kader travaille pour une compagnie d’État (dont j’ai oublié le nom… oups) et a été condamné quelques années auparavant.  Depuis, il a reçu une injection de sérum qui l’empêche de mentir. Imaginez, devoir dire toute la vérité, rien que la vérité.  Même à ceux qui ne veulent pas l’entendre.  Pas de mensonges blancs, pas question d’épargner l’interlocuteur pour les choses qui n’ont finalement pas d’importance. Kader est donc replié sur lui-même, souvent antipathique et peu porté vers les autres. Puis, un jour, un rapport..

Ce futur par si éloigné est glaçant et trop réaliste pour ne pas faire mal.  Les journées sont toutes pareilles, toujours sous surveillance, rien n’est privé et tout semble pouvoir être contrevérifié. Plus de bon temps, plus de retraite, énergie limité, denrées de première nécessité au marché noir, police partout.  Il y a un réel propos politique, une critique sociale, une réflexion sur le mensonge et la vérité dans le quotidien mais aussi dans les gouvernements.

Le dessin est limite angoissants, les personnages font peur à voir.  Un album très ambitieux, plein de qualités, mais pour lequel mon appréciation reste beaucoup plus cérébrale qu’émotionnelle.  Et bon, oui, je sais, je ne suis pas claire. Mais comme ce ne l’est pas dans ma tête, c’est un peu normal, non?

C’était ma BD de la semaine et tous nos choix sont chez Stephie (je suis INCAPABLE DE FOUTRE LE LIEN, merci WordPress… http://milleetunefrasques.fr .

Le Docteur Pascal – Emile Zola

Je n’aurais pas cru dire ça un jour, mais j’ai terminé les 20 volumes des Rougon-Macquart de Zola, et dans l’ordre à part de ça. C’est fait et je quitte avec un peu de peine cette famille à la génétique peu glorieuse et aux destins divers et variés.  Ce dernier tome se veut la clôture de l’histoire de famille, tout comme le précédent concluait l’épisode napoléonien.  En effet, le docteur Pascal, scientifique et chercheur, s’est donné comme mission de dresser un arbre généalogique de la famille et de ses tares, ce qui ne plaît absolument pas à sa mère, Félicité Rougon, qui souhaite plus que tout préserver l’honneur de la famille et de la glorifier. À la fin du roman, la boucle est bouclée, et il y a même une petite lueur d’espoir.  On n’en demandait pas tant.

 

Cette histoire, c’est celle de Pascal Rougon (le fils de Félicité et de Pierre), le bon docteur, qui semble somme toute fort différent de sa famille, qu’il observe avec une rigueur clinique.  Pascal a recueilli sa nièce Clotilde (la fille d’Aristide, celui de l’Argent) alors qu’elle avait 7 ans, voyant dans la situation non seulement une occasion de l’aider mais aussi de la soustraire à son milieu naturel et de pouvoir l’étudier.  Avec eux habite Martine, servante toute dévouée à son maître.  J’ai eu souvent l’impression qu’en Pascal se retrouvent plusieurs des croyances de Zola, même si celles-ci sont ma foi assez farfelues, et que la réflexion de ce personnages se confondent parfois avec celles de l’auteur.

 

Ce roman, c’est celui de la science, opposée à la religion et aux croyances diverses et variées. Celui de la méthode scientifique, de l’observation.  C’est aussi un roman qui porte à réfléchir sur la médecine et sur son rôle. Pascal se questionne en effet à savoir jusqu’à quel point l’homme doit s’ingérer dans le cours des choses. Il y a une réelle dualité entre science et religion.  De plus, Pascal se retrouve soudainement, sans l’avoir vu venir, face à lui-même et à ses propres failles.  Est-il, lui aussi, touché par les tares de la famille? Va-t-il résister à l’attirance qu’il ressent envers sa nièce?

 

Si l’ordre de lecture a peu d’importance, celui-ci est selon moi à garder pour la fin. En effet, elle résume plusieurs des histoires et le lecteur qui ne connaît pas les protagonistes pourrait se retrouver à la fois un peu perdu et peu intéressé. J’ai pour ma part beaucoup aimé et je suis toute tristounette à l’idée de dire adieu à tout ce petit monde, à toutes les branches de cet arbre généalogique foisonnant et fabuleux. Quelle oeuvre!

Voici Colin – Gérard DuBois

Vous connaissez « The House that Jack built », célèbre comptine anglaise impliquant une loooongue phrase rempli de subordonnées relatives construite petit à petit?  Elle est bien connue et a été illustrée pour la première fois par Ralph Caldercott en 1878. Même le 4e Docteur la connaît, c’est dire à quel point elle est intergalatique! Moi, j’adore. Ok, j’avoue, je la sais par coeur. Du coup, j’ai été ravie d’apprendre que Le Lièvre de Mars, nouvelle maison d’édition qui fait revivre des anciens textes, allait nous permettre de faire découvrir la comptine aux jeunes d’aujourd’hui. 

La maison que Colin a bâtie ne parle pas de la maison en soi. C’est seulement le départ d’une série d’événements qui sont interreliés et qui s’interinfluencent. Entre le rat, la vache et le cor, quel est le lien, d’après vous? Pour l’orthophoniste que je suis, c’est un plaisir de s’amuser avec un tel album. En effet, quel casse-tête pour les jeunes que de nous expliquer ces liens, justement. Impossible de ne pas utiliser ces relatives introduites par « qui » et « que »…  Bref, ça m’amuse juste d’y penser. 

Si j’ai adoré les illustrations un peu vintage, qui conviennent parfaitement au contexte et qui permettent d’inférer l’action plutôt que de simplement l’illustrer, j’ai eu un peu plus de mal avec l’adaptation du texte, dans laquelle je n’ai pas retrouvé tout le rythme et les rimes de la comptine originale (tous ces mots en « orn »… j’adore).  Mais comme c’est un classique et qu’il peut être exploité de plusieurs façons, il mérite d’être feuilleté. 

Que dire de l’objet livre, très beau et très chic, comme plusieurs autres albums de la collection.  Ceux lus à date (Le petit Ivan, entre autres) sont tous de qualité. La preuve que parfois, les classiques pour enfants valent encore le coup!

Le soleil des rebelles – Luca du Fulvio

Je serai la voix discordante dans le concert d’éloges face à ce roman. En effet, si j’admets volontiers le talent de conteur de l’auteur et sa capacité de créer des personnages vivants, l’écriture, elle… ouf!  Il y avait longtemps que je n’avais pas autant sacré en lisant un roman.  Et comme j’en écoutais des parties en audio, je ne pouvais même pas passer certains passages vite… bref, ce livre et moi, on a une histoire compliquée.

 

L’histoire commence alors que le prince Marcus II de Saxe, encore enfant, voit toute sa famille sauvagement assassinée par Agomar sous les ordre du prince d’Ojsternig, qui veut le pouvoir à tout prix.  Il sera recueuilli par Agnete, la sage femme, ainsi que sa fille Eloisa, qui va le sauveret le faire passé de l’autre côté, celui des serfs. Nous sommes donc au Moyen-Âge (au début du 15e siècle), les paysans appartenaient corps et âme au seigneur, comme des animaux et la violence et la famine sont omniprésentes.

 

Il y a certes des points positifs à ce gros roman de plus de 600 pages.  Je ne suis pas maso, quand même. C’est très romanesque, on suit les personnages pendant une décennie, on les voit grandir et du coup, on s’attache. Les péripéties s’enchaînent, ça parle de dignité, de courage, de résistance et de passage à l’âge adulte.  De plus, les paysages semblent grandiose et j’ai bien aimé me retrouver dans ce Moyen-Âge.  Ça faisait longtemps.  Toutefois, je doute qu’à cette époque, on parlait déjà de « centre de gravité »…  mais ça, c’est moi qui chipote hein!

 

Là où je vais bougonner, c’est au sujet des personnages qui manquent, selon moi, totalement de nuances. Les bons sont bons et les méchants sont vraiment, VRAIMENT méchants.  Et comme si le fait de tuer pour le fun, de violer les femmes, de trahir à tous vents et à faire souffrir par pur plaisir n’était pas suffisant, l’auteur ressent le besoin de nous inonder d’adverbes et d’adjectifs pour que nous ne croyions surtout pas qu’il a une once de bonté en lui.  Cruel, cruellement, méchant, méchamment, les rires sont cruels, les regards sont cruels…  Pour trois personnages, ça devient redondant et terriblement agaçant.  Ajoutons à ça le personnage qui appel Marcus-devenu-Mikael « Crottin sec » à CHAQUE FOIS qu’il lui adresse la parole et l’autre qui le nomme quant à lui, tout aussi souvent « Ramasse-merde » (on sent le champ sémantique), j’ai passé vite la plupart des passages qui les concernaient.  Pour moi, c’était de la surenchère.  Dans l’écriture, la violence, les malheurs… dans tout.  Et en plus, la finale m’a déçue, trop convenue et trop Hollywoodienne. On aurait pu la prévoir page 2.

 

Un roman au sujet duquel je n’ai vu QUE des avis dythirambiques. Je me sens donc pas mal seule de ma gang et il m’a fait penser aux Piliers de la terre de Follett, que j’avais par ailleurs bien aimé. C’est juste que cette fois, le contexte historique étant moins creusé, ça n’a pas passé.

 

Et vous, votre avis?