
Attention, je vous préviens, ce billet n’aura ni queue ni tête. En fait, je l’ai refermé il y a quelques jours et je ne sais toujours pas ce que j’en pense. Ce n’est pas un roman que j’ai dévoré, j’ai trouvé ça long par moments, mais il m’a clairement dérangée et fait réfléchir a posteriori. Ça doit vouloir dire quelque chose, non?
C’est donc l’histoire d’une utopie. Farah, l’héroïne, est arrivée à Liberty House à six ans et elle y habite, libre comme l’air, en compagnie d’éclopés de la vie de tous âges. La communauté a comme chef spirituel Arcady, un cinquantenaire à la sexualité libérée. La mère de Farah, Bichette, est électrosensible et elle devait vivre en zone blanche, ce qui a poussé la famille à s’installer à Liberty House, avec sa grand-mère LGBT (sic… sérieux, ça veut dire quelque chose ça?) et sa copine. Arcady prône l’amour universel, l’acceptation de soi et la liberté d’être soi-même. Ils vivent en autarcie, en appliquant les grands principes tels l’amour libre et l’antispécisme, ce qui implique que les enfants sont un peu laissés à eux-mêmes, sont exposés à nombre d’adultes nus ainsi qu’à des relations sexuelles de tous genres. Puis, un jour, Farah va être confrontée aux limites de la bienveillance de leur petite société et son regard entier d’adolescente ne va pas pouvoir l’accepter.
Ah oui! Farah a aussi un passage à l’adolescence particulier. Elle est extérieurement une fille mais après un début de puberté féminine, son corps tend à se masculiniser. Ce thème sous-tend tout le roman. Qu’est-ce qu’être une femme, un homme. Est-ce si important de se définir par un seul mot?
J’ai aimé la plume poétique, la façon qu’a l’auteure d’amener son lecteur à réfléchir, à teinter son regard de zone de gris et de laisser de côté ses propres croyances pour tenter de voir les choses autrement. Farah un regard très critique sur la micro-société, tout en croyant profondément aux valeurs véhiculées. Elle relève les incohérences, les excès, a une vision de la vie et des choses complètement différente, tout en se permettant aussi des jugements parfois plein de préjugés, à sa manière propre. Le passage à l’âge adulte, avec ce que ça implique de remise en question sans repères sociaux, est aussi très bien exploré.
Et j’ai parlé des références littéraires? Elles sont partout et j’ai adoré les retrouver ici et là. J’adore repérer ces clins d’oeil. Ça me donne l’impression que l’auteure nous fait un petit cadeau à chaque fois quand on sait les reconnaître.
Après tant de louanges, pourquoi pas plus d’enthousiasme? Je ne sais même pas, en fait. Ce n’est pas preachy, les opinions ne sont pas martelées, je n’ai pas eu l’impression qu’on essayait de me convaincre. J’ai aimé le côté ambigu. Certains éléments sont fort dérangeants, certes, notamment les relations parent-enfant et la relation au sexe, mais je ne crois pas que ce soit ce qui m’a dérangée, même si le consentement est plutôt… particulier. Des longueurs, peut-être. Des répétitions. Toujours est-il que j’aimais ma lecture quand j’étais dedans, mais que je devais à chaque fois me botter le derrière pour m’y remettre après une pause.
Je vous l’avais dit que mon billet ne voudrait absolument rien dire hein? C’est dans ce temps-là, quand je me relis, que je me demande pourquoi je m’obstine à tenter de parler de livres sur ce blog. Bref… à vous de voir!