Le comment du pourquoi
Parce que je l’avais vu partout. C’est rare que je choisis mes livres de cette façon, mais j’étais tellement « out of it » question lecture que j’ai pris le livre en avant sur le présentoir de la bibliothèque!
De quoi ça parle
Ce court roman nous raconte l’histoire de femmes qui vont se croiser à la Pitié-Salpêtrière, ou Charcot, le grand Charcot, soigne les folles et les hystériques à la fin du 20e siècle. Eugénie, jeune fille de bonne famille internée par son père car elle parle aux esprits, va croiser la route de Geneviève, l’infirmière, de Louise et de Thérèse, deux autres pensionnaires. Un regard sur le monde de la psychiatrie de l’époque, où les « folles » étaient paradées, des classes ouvertes au fameux « bal des folles ».
Mon avis
J’ai aimé ce roman. J’ai passé un bon moment de lecture. Pourtant, je n’arrivais pas à écrire un billet cohérent, qui mettait en lumière adéquatement mon malaise par rapport à ce livre, en lisant un billet sur le blog de Krol. Je n’ai pas compris le choix d’Eugénie, jeune spirite, comme personnage principal. Je m’attendais à lire un moment fouillé et tout en teintes de gris sur le traitement des femmes à l’époque, avec un côté féministe. Et j’ai eu un roman sur fond de surnaturel, qui n’était selon moi, pas du tout nécessaire et qui met en avant certains aspects (Eugénie qui prouve aux gens qu’elle parle VRAIMENT aux esprit) au détriment de ce qui m’aurait, moi, davantage intéressée. Le fameux bal, entre autres, qu’on parle du ballet quotidien à l’intérieur des murs de la Salpêtrière ou encore celui où les pensionnaires sont « montrées » aux bourgeois. Bref, même si j’ai passé un bon moment, même si j’ai conseillé ce livre à quelques amis, il y a eu un aspect « survolé » qui m’a dit que c’était « Bien ». Bien, mais pas excellent.
Ceci dit, l’autrice permet de lever le voile sur le traitement des femmes à l’époque. Des femmes réellement atteintes de maladies mentales, il y en avait à la Pitié. Mais il y avais aussi des femmes trop libres, trop fortes ou encore trop blessées par la vie pour leurs familles ou leurs maris. C’était ma foi fort simple d’accuser sa femme ou sa fille d’hystérie pour s’en débarrasser. De plus, les « traitements », ma foi fort particuliers, font vraiment peur mais on évite de tomber dans la dichotomie « les bons » et « les méchants ». La science était ce qu’elle était, bien dictée par les croyances et les moeurs de l’époque et on nous montre plusieurs personnes persuadées de faire la « bonne » chose dans le traitement des patientes. Même si ça nous semble, à nous, complètement aberrant.
Malgré mes bémols, l’histoire demeure percutante et je m’en souviens plusieurs mois après, ce qui me permet de terminer mon billet. La situation reste en mémoire et le sort de ces femmes est parfois bouleversant. Certaines scènes d’amphithéâtre, d’hypnose ou de convulsions sont marquantes. De plus, on évite le manichéisme car pour plusieurs de ces femmes, la Salpêtrière est un refuge, presque une chance. Ceci dit, le thème reste d’actualité car les femmes qui refusent d’entrer dans le moule doivent, encore aujourd’hui, se justifier et faire leur place. Ne serait-ce que pour ça, ce roman vaut la peine d’être lu. En plus, il se lit tout seul!