Toutes les histoires d’amour du monde – Baptiste Beaulieu

Le comment du pourquoi

On m’avait dit que c’était LE roman à lire, que c’était fantabuleux. J’ai le goût de fantabuleux, vu que je suis assez difficile à intéresser à quoi que ce soit ces temps-ci.

De quoi ça parle

Jean est médecin dans un cabinet. Un jour, son père, à qui il n’a pas parlé depuis un moment, se présente à son travail pour lui parler de lettres qu’il a trouvées dans les affaires de son père (le grand-père de Jean… faut suivre), adressées à une certaine Anne-Lise Schmitd, dont il n’avait jamais entendu parler. Son père étant souffrant, Jean va se lancer sur les traces de son grand-père pour mieux comprendre celui-ci et sa propre relation avec son père.

Mon avis

J’ai passé un bon moment avec ce roman, même si je suis moins complètement enthousiaste que ma copine Mylène, par exemple. Moi et ma manie de me mettre des attentes au plafond! Toutefois, ce roman est très touchant, très sensible (surtout quand on arrive à la fin et que ce dont nous nous doutions est confirmé) et parsemé de photos. Nous nous baladons de passé à présent alors que nous dévouvrons avec Jean les lettres écrites à la fameuse Anne-Lise, tous les 3 avril… et en les lisans, nous découvrons petit à petit ce grand-père peu connu, toujours perdu dans sa musique.

C’est que dans ses missives, il va raconter son enfance dans une petite ville pendant la première guerre mondiale, ses premières amours, sa vie de soldat… et l’après. Ça parle d’amours, certes, mais ça parle de secrets de famille, de traumatismes et des façons qu’ont les gens d’y réagir. C’est par dessus tout une histoire de filiation, de relations père-fils, de non-dits et de tentatives de se rapprocher. Que ne ferait-on pas par amour?

Pour tenter de réparer sa relation avec son père, Jean va lui parler de ses recherches, se passionner pour elles, et, surtout, lui raconter des histoires. Des histoires d’amour. Plein d’histoires d’amour.

Si vous aimez ce genre de roman, vous pouvez vous lancer sans souci. C’est une montagne russe d’émotions, surtout quand il est question de filiation et de réaliser que le grand-père a déjà été jeune, qu’il a eu une vie, qu’il a souffert. Qu’il a été autre chose que la façade de vieil homme bourru qu’il veut bien montrer au monde. Toutefois, je ne suis pas totalement vendue à la plume de l’auteur, que j’ai préférée dans les lettres, écrites de façon plus simple, que dans les parties « au présent ». J’ai aussi été un peu agacée par moments par plusieurs « messages » que l’auteur veut faire passer, et qui ne sont, selon moi, pas amenés très subtilement… mais ça, c’est moi. C’est le genre de chose qui me fatigue assez vite.

Et, ah oui! À la place du personnage principal, j’aurais passé une nuit blanche à lire les lettres! COMMENT IL A FAIT POUR ATTENDRE TOUS CES MOIS? Je me fatigue moi-même à gosser sur des niaiseries!

Un roman qui va plaire à une grande quantité de gens, surtout si vous êtes fan des balades passé-présent et des secrets de famille. La fin m’a vraiment plu. Pour une fois!

La brigade des cauchemars – tomes 1-2-3 – Thilliez/Dumont/DRAC

Le comment du pourquoi

Frank Thilliez, je n’ai jamais essayé. Oui, je sais, c’est mal. Mais en BD, je me suis dit que ça pourrait être pas mal. De plus, on en a parlé pendant ce rendez-vous, et j’ai pu récupérer ces trois tomes avant la fermeture des bibliothèques. Et bon, anyway, je ne suis capable de lire que de la jeunesse ou presque ces temps-ci. C’était tout indiqué!

De quoi ça parle

Tristan et Esteban sont deux ados membres de la brigade des cauchemars. Pour faire simple, ils sont chargés de pénétrer dans les cauchemars des jeunes pour comprendre les causes de ceux-ci et les en libérer. Leur père est chercheur en troubles du sommeil et a une clinique très secrète qui leur permet d’interagir avec le rêveur. Pour vrai. Avec tous les risques que ça comporte.

Mon avis

J’ai lu trois BDs de suite, sans m’arrêter, à partir de 10h le soir. Alors que je suis à moitié morte. C’est donc dire que je ne me suis pas ennuyée dans cette BD jeunesse pleine d’action, dont les pages se tournent toutes seules.

On est ici dans une série jeunesse, qui plaira aux jeunes et aux moins jeunes. Il y a un côté clairement fantastique (ils entrent dans les rêves, quand même) mais on côtoie aussi les jeunes dans leur vie quotidienne. Et dans cette vie, Esteban est amnésique et a tout oublié sa vie d’avant et Tristan est en fauteuil roulant. Dans les rêves, ils ont chacun un pouvoir spécial et ils doivent combattre les monstres et les craintes des jeunes, tout en tentant de comprendre « pourquoi » ils font ces cauchemars à répétition. J’ai bien aimé le côté plein d’action, un peu effrayant et inventif des histoires, qui se suivent. On découvre petit à petit l’histoire de la clinique ainsi que celle des jeunes. Ça nous garde en alerte, disons!

Le premier tome nous présente Sarah, une mystérieuse jeune fille qui a elle aussi oublié une partie de son passé, et qui rêve toutes les nuits d’un monde terrifiant. Le deuxième tome est dans le même genre et le troisième est complètement déjanté… et c’est normal si on est un peu mélangé!

Une série enlevée et enlevante, qui garde son intérêt, du moins pendant ces trois premiers tomes. Je vais sans doute continuer… et peut-être me décider à lire Frank Thilliez!

C’était donc ma BD de la semaine! Tous les liens chez Moka cette semaine!

The Hand on the Wall (Truly Devious – 3)- Maureen Johnson

Le comment du pourquoi

Parce que j’avais besoin de quelque chose de léger et parce qu’en YA, j’aime beaucoup Maureen Johnson. En plus, il y a toujours un petit « je ne sais quoi » dans le fait de finir une série! Et vous savez quoi? Je vais écrire ce billet même si ça n’intéresse strictement personne!

De quoi ça parle

Je vous ai déjà parlé du tome 1 et du tome 2, lus il y a déjà un an. Pour rappel, cette série est un whodunit un peu à l’ancienne, qui rappelle les bons vieux « mysteries » que je lisais enfant. L’intrigue se déroule dans le Vermont, dans une école hyper particulière pour jeunes passionnés, ayant des intérêts divers et variés. Stevie, le personnage principal, est une jeune fille peu à l’aise socialement, sujette à des crises de panique, ayant une passion pour les enquêtes, anciennes ou nouvelles. Son projet final? Résoudre le « crime du siècle » s’étant déroulé à Ellingham Academy, l’école en question, en 1936. Sauf que cette année, « Truly Devious » semble frapper de nouveau.

Mon avis

J’aime bien cette série. Un vrai petit plaisir de lecture. Si ce tome n’est pas mon préféré, il est toutefois une bonne conclusion à cette histoire et certains éléments de la finale m’ont bien plu.

J’ai encore une fois beaucoup aimé retourner dans cette académie particulière, pleine de tunnels, de passages secrets et de gens hors-norme. Cette fois, nous sommes en plein hiver, la tempête guette, et Stephie est bien décidée à comprendre ce qui se passe ici, dans le présent. Nous sommes d’ailleurs davantage dans le présent que dans l’énigme de 1936 et, en fait, je préfère la « vielle » intrigue, dans laquelle je me sens un peu comme dans un roman d’Agatha Christie. C’est peut-être pour ça que j’ai été un peu moins emballée par ce tome que les deux premiers. Pour ça et parce que je pense que certains éléments traînaient un peu en longueur.

Ceci dit, j’ai lu le roman en 2 jours. Et ces temps-ci, je ne lis pas. Du coup, c’est dire que c’était hautement divertissant et les pages se tournaient toutes seules. L’intrigue se tient, j’aime bien les personnages (surtout Nate. Nate me fait rire), parce que ce sont des ados, et qu’ils agissent comme des ados. C’est à dire, souvent de façon impulsive, pas toujours cohérente, qu’ils prennent des risques souvent inconsidérés et qu’il est parfois difficile de comprendre. Mais c’est probablement pour ça qu’ils sonnent vrai, pour la plupart. Bon, je n’adhère pas à la romance, que je ne comprends pas vraiment et à laquelle je ne donne que très peu de chances, mais comme c’est souvent le cas, je ne vais pas chipoter!

Une série que j’ai somme toute beaucoup aimée, avec un petit côté vintage, une atmosphère d’école et des personnages différents, imparfaits, mais qui réussissent à tirer leur épingle du jeu. Un petit mystère à l’ancienne et une autrice que je vais continuer à suivre!

Né d’aucune femme – Franck Bouysse

Le comment du pourquoi

Une copine m’avait dit qu’il fallait que je lise ce roman… et il était en audio à la bibliothèque. Il ne m’en fallait pas plus!

De quoi ça parle

Gabriel est prêtre dans un petit village. Un jour, une femme en confession. « Vous allez être appelé pour bénir une femme morte à l’asile. Entre ses jambes, il y aura les cahiers. Les cahiers de Rose. »

Et dans ces cahiers, il y a Rose et son histoire, l’histoire d’une adolescente qui a été vendue par son père au maître de forge, dans un espoir fou (et malsain) de sauver sa famille de la misère. Et à partir de là, l’existence de Rose va glisser dans l’horreur.

Mon avis

Comment dire… ce roman est terrible. Je l’ai écouté en audio et j’ai mis un grand moment avant de le terminer car parfois, c’était juste trop. Trop d’horreur, trop de méchanceté, de cruauté. C’est un roman très fort, très dur, qui m’a mise dans tous mes états. Ai-je aimé? Je ne sais pas trop si on peut dire qu’on a « aimé ». Ceci dit, j’ai été marquée par ce récit et je sens que la voix de Rose résonnera longtemps dans ma tête.

Rose a quatorze ans quand elle est vendue comme servante dans ce grand domaine un peu en ruine. Quand elle arrive, toute perspective de vie normale s’effondre alors que le maître de forge l’accueille avec sa mère, « la vieille », qui trouve à redire sur tout et qui exige une parfaite obéissance. Son rôle semble clair : faire le ménage, préparer les repas, surtout ne pas aller dans la chambre de madame, la femme du maître, qui est malade. Elle croit qu’elle est capable de s’en sortir, elle a l’habitude de l’avoir dure. Mais pourquoi Edmond, l’homme à tout faire, lui dit-il de fuir?

Elle va vite comprendre pourquoi.

Nous avons affaire à un roman polyphonique. Plusieurs personnages vont nous raconter cette histoire, Gabriel, le prêtre. Edmond, l’homme à tout faire. Onésime, le père de Rose. Mais il y a surtout Rose elle-même, qui est encore une enfant et qui a, somme toute, une voix d’enfant. Et c’est cette voix de presque enfant, touchante, un peu naïve, qui découvre les mots en lisant le journal et qui se les approprie, qui fait toute la force de ce roman. Nous sommes il y a un p’tit bout de temps, dans un mode rural où les différences de classe sociale, c’est pour la vie, où les riches ont droit de vie et de mort et où personne ne fait rien. Parce que c’est normal. Parce qu’une « folle », ça n’a pas de droit. Parce que qui va croire une femme, de toute façon? Une servante? Impossible de ne pas réagir à la situation,. à se sentir totalement impuissants.

Certes, il y a un peu de surenchère question méchanceté et cruauté. Les méchants n’ont aucun point positif. Aucun. Ce qui se passe est terrible, et ça semble leur faire plaisir en plus. Certaines scènes sont insoutenables. Du moins, pour moi, qui suis une petite nature. Bien entendu, on voit quand même venir, si on est le moindrement attentif. Je n’ai pas eu de surprise et il y a des trucs qui sont un peu limite. Mais malgré tout, pour la voix de Rose, très orale, très simple, m’a gardée dans le récit. Son amour des mots, à un moment, est extrêmement touchant.

Juste pense que ça ne fait pas si longtemps, que les femmes pouvaient être traitées ainsi, devenir la propriété de gens, et que dans certains pays, c’est encore le cas, ça donne drôlement envie de rester, encore et toujours, profondément féministe. Tant qu’il le faudra.

Le grand désordre – Alzheimer, ma mère et moi – Sarah Leavitt

Le comment du pourquoi

Parce que je l’ai vu à la bibliothèque et qu’il m’a tentée. Rien de plus, rien de moins. C’est la raison plate du jour!

De quoi ça parle

Sarah a grandi dans une famille unie. Deux parents aimants et qui s’aiment, une soeur avec qui elle réussit à s’entendre malgré des caractères très différents. Mais, à 52 ans, sa mère commence à être plus agressive et à avoir d’étranges oublis. Sarah, pour survivre, va dessiner sa mère et raconter ses dernières années, tant pour faire son deuil que pour lui rendre honneur.

Mon avis

Des fois, il y a des thèmes qui, je le SAIS, vont me toucher et qui vont me faire brailler ma vie. Un parent en fin de vie, en perte d’autonomie, qui perd ses repères et qui souffre, c’est un sujet qui ne peut que venir me chercher. Et laissez-moi vous dire que ça a été le cas! En plus, dans la situation actuelle, alors que je venais justement de sauter les plombs après mes parents (sérieux, les fils se sont touchés… le résultat de semaines de vie sous pression), disons que je me suis liquéfiée!

Cette BD autobiographique nous fait voir la maladie de la mère à travers le regard de Sarah, jeune fille libre, indépendante, féministe et engagée, qui habite loin de chez ses parents, mais qui reste quand même très attachée à sa famille. Nous passons avec elle à travers les étapes du deuil, du déni initial à la colère, en passant par la grande tristesse dans laquelle la plonge le déclin de sa maman. Ça semble terriblement déprimant, dit comme ça, mais il y a aussi beaucoup d’amour et parfois d’humour dans ces pages, ce qui nous fait sourire. C’est que parfois, c’est drôle, ces citations. On parle d’une mère qui s’adresse à ses brocolos, quand même. C’est parfois tragique mais aussi très beau.

Le dessin est très simple, parfois crayonné, d’autres minimaliste, hors du temps. Avec des mots simples, des scènes du quotidien, l’autrice réussit à faire ressentir le grand bouleversement des vies en raison de l’Alzheimer précoce.

Ceci dit, après ma lecture, je trouvais que bon, justement, ma mémoire diminuait, hein, et que ma concentration était moins bonne et que peut-être… ouais, hypocondrie, le retour. Bref, comme je vous disais, pas le bon moment pour lire ce genre de BD, ce qui ne m’a pas empêchée de beaucoup apprécier!

C’était ma BD de la semaine et c’est Stephie qui rassemble les liens cette semaine.

Les livres de Jakob – Olga Tokarczuk

Le comment du pourquoi

En fait, il y a plusieurs comment et plusieurs pourquoi. Il y a un peu plus d’un mois, j’ai eu une envie folle de gros pavés et celui-ci me tentait de folie. De plus, il était en nomination pour le prix des libraires du Québec. En plus de plus, il était parfait pour le mois de l’Europe de l’Est de Patrice, Goran et Eva ET pour le Défi littéraire de Madame Lit, lire un prix Nobel de littérature. Voyez-vous, ce livre était destiné à être lu maintenant. Rien de moins. Pourtant, ouuuuuuf que ce ne fut pas facile. Plus d’un mois à lire un roman, je ne pense pas que ça me soit déjà arrivé avant!

De quoi ça parle

Ce roman, c’est l’histoire de la vie d’une communauté, celle de Jakob Frank, né Lejbowicz, pendant une grande partie du 18e siècle et au début du 19e. Peut-être que, comme moi, vous n’avez jamais entendu parler du fameux Jakob, né juif mais « vrai-croyant », ayant reçu le souffle et ayant été déclaré messie, par la communauté… et par lui-même. Entrer dans ce roman, c’est embarquer dans une épopée dans laquelle nous n’avons pas tous les repères, toutes les références. C’est se balader de Smyrne à Varsovie, en passant par Vienne ou Brümm ou Iwanie, être exposé à plusieurs langues et à trois grandes religions… déclinées dans plusieurs versions!

Mon avis

Vous serez d’accord avec moi, pour plusieurs d’entre nous, la concentration n’est pas facile ces temps-ci. Du coup, ce roman et moi… ça a été… compliqué! Vous savez, quand vous lisez un roman et que vous sentez que vous lisez quelque chose de grand? Ben voilà. Je lisais ça et je me disais que c’était roman un peu plus grand que moi, en fait. Qui me dépassait.

Bon, et qui m’endormait aussi, des fois. Sérieux, des soirs, je m’endormais après 3 pages. TROIS. PETITES. PAGES. Bref, ce ne fut pas simple. C’est un très exigeant, riche, dense, érudit, très recherché, qui nous offre des passages fascinants mais d’autres… moins fascinants. Je pense entre autres aux discussions religieuses et théologiques, qui sont certes entrecoupées de réflexions qui ne font sourire, mais qui m’ont sérieusement perdue par moments, et qui m’ont demandé par mal de recherches pour y comprendre quelque chose. Genre, Sabbataï Tsevi? le Zohar? C’est ça. Pour moi, qui ne suis pas du tout de cette culture, je n’avais jamais entendu parler de tout ça. J’ai donc énormément appris, certes. Mais ça n’était pas pour moi un page turner non plus.

Le personnage de Jakob Frank est assez incroyable et sa vie est un roman. De sa campagne natale, il va évoluer dans plusieurs cercles, créer sa communauté, être reçu par l’impératrice Marie-Thérèse, être emprisonné à Jasna Gora (quel plaisir d’entendre parler de cet endroit que j’ai visité!) et sa personnalité charismatique va faire réagir et provoquer des réactions incroyables, d’un sens comme dans l’autre. Nous avons droit à des débats théologiques, à des scènes de vie criantes de vérité, le tout dans l’ombre de la grande histoire.

Ah oui! Parce que je ne l’ai pas précisé mais cet homme ainsi que sa suite ont réellement existé. Et que le livre est parsemé d’images et de documents historiques. Et ceux qui me connaissent savent que j’ai besoin de « faire des liens »!

Bon, vous me lisez et vous vous dites que ce roman a tout pour me plaire! Contexte historique, recherches fouillée, occasion d’apprentissage, roman fleuve, etc… Mais voilà. Si certains personnages passionnent, j’avoue qu’il y en a tellement d’autres, que je ne savais plus du tout qui était qui. Je m’en sortais encore dans le mariage initial de Rohatyn, un moment donné, tout le monde change de nom, et j’ai été complètement larguée. Difficile de s’intéresser à tout ce beau monde quand je ne savais plus du tout qui était qui. Et heureusement, la traductrice (sérieux, quel boulot!) nous a épargnés les surnoms et diminutifs qui devaient se trouver dans le manuscrit original!

Keisha s’est régalée du début à la fin mais j’y ai quand même trouvé des longueurs et j’ai eu le sentiment de ne pas avoir l’attention nécessaire pour apprécier le roman à sa juste valeur. Ceci dit, je relirai l’autrice car sa plume est magnifique et imagée, en plus d’inciter à la réflexion. Mais j’irai peut-être vers un texte moins long!

Chez Brize

Ordinary People – Diana Evans

Le comment du pourquoi

Ce roman a fait l’unanimité sur les blogs et comme j’aime les listes, je l’avais mis sur la liste du Women’s prize for fiction. Les listes auront ma peau! Et bon, ils parlaient de Dickens ET de Tolstoï sur le vilain bandeau rouge. Comment voulez-vous que je résiste à ça? Impossible de résister à ça!

De quoi ça parle

Ce roman s’ouvre avec l’élection de Barack Obama et se termine avec la mort de Michael Jackson. Nous sommes à Londres, avec deux familles noires de la classe moyenne. L’une habite une maison biscornue au sud de Londres et l’autre a choisi la banlieue, à une quarantaine de kilomètre de la ville. Nous sommes surtout avec Michael et Mélissa sont aux yeux de tous le couple idéal. M&M. Ils ont un bon boulot, deux beaux enfants et Mélissa croit avoir trouvé la solution idéale en travaillant de la maison comme journaliste indépendante. Damian et Stephanie sont de bons amis du couple et gravitent autour d’eux, tout en vivant leurs propres remises en question. Mais après 13 ans de couple, tout s’effrite, tous sont en remise en question et tentent de retrouver le « je » au milieu du « nous », des enfants, de la routine et des rêves mis de côté.

Mon avis

Commençons par le début. Je pense que le fameux bandeau m’a induite en erreur. Dickens? Tolstoï? Ok, nous sommes à Londres et la ville est presque un personnage mais ça s’arrête là. Nous sommes loin de cette agitation, de cette animation et de ce fourmillement qui caractérise les livres de Dickens. Je comprends mieux le rapport à Tolstoï, avec l’étude de la psychologie des personnages et cette femme qui s’est perdue, mais tout de même… Bref, je n’avais pas les bonnes attentes en ouvrant ce roman, qui aurait peut-être mieux pu être comparé à Revolutionary Road de Yates. J’ai donc dû m’adapter à cette lecture, que j’ai quand même mis plusieurs jours à terminer mais auquel je vois énormément de qualités.

Ne vous attendez pas à un roman plein d’action, avec une trame narrative resserrée. Ce n’est pas ce que nous allons retrouver ici. Diana Evans décrit avec une grande finesse les sentiments des quatre personnages (bon… surtout trois des quatre personnages), qui ont la fin de la trentaine et qui sont confrontés à la réalité, celle qu’ils n’avaient pas vu venir, celle qui n’arrive qu’aux autres, mais pas à eux, qui s’aimaient tellement. Ce sont des gens ordinaires, avec une vie ordinaire et des sentiments qui semblent universels.

Les personnages sont réalistes et l’autrice décortique leurs sentiments, leurs réactions et leurs souffrances face aux difficultés du quotidien, face à la banalité et le poids de l’habitude. Leurs efforts, ensemble et séparément, pour rester deux, pour garder le cap et pour tenter de ramasser les morceaux qui s’effritent sans qu’ils ne s’en rendent compte. L’autrice nous fait voir la vision de chacun des personnages, hommes et femmes, avec une écriture très belle, avec une poésie sous-jacente omniprésente. C’est fort et à la fois profondément déprimant, parce qu’on sent que les protagonistes se sentent dépassés par ce qui leur arrive et sont profondément bouleversés. Leur détresse s’exprime différemment, entre tristesse, angoisse et colère. Dans le couple, les mots se font plus rares, ou ne sont plus reçus quand ils sont lancés. Les maisons ne referment alors que deux solitudes.

Derrière ce portrait, Londres, un Londres multiculturel, souvent violent, rempli de solitudes. Les lieux sont réels et j’ai aimé retrouver ces pavés que j’ai aussi arpentés, entre Oxford Street et les quartiers sud, rapidement traversés. En arrière plan, on y aborde, presque sans y toucher, le racisme, la violence, la solitude, mais nous sommes surtout sur la fameuse crise de la presque-quarantaine et les remises en question qui se pointent le bout du nez, quand la réalité crashent face aux rêves qu’on a abandonnés par la force des choses.

J’aurais aimé un peu plus de Stéphanie, plus réaliste, dont le point de vue est moins développé et un peu moins de surnaturel, même s’il semble très symbolique.

J’ai donc aimé la finesse de l’analyse, et après coup, je réalise que ce roman m’a marquée. Toutefois, pendant ma lecture, j’ai dû remettre mes attentes à leur place et ce n’est pas un roman que je conseillerais à tout le monde. Mais si vous aimez les analyse psychologiques et les couples décortiqués, ce roman est pour vous, sans aucun doute!

Portugal – Cyril Pedrosa

Le comment du pourquoi

Parce que c’est Pedrosa. C’est tout. Et c’est assez.

De quoi ça parle

Simon Muchat est un auteur de bande dessinée en pleine crise existentielle. Sa vie semble avoir perdu son sens, il ne réussit plus à écrire ou dessiner, il s’isole et parle de moins en moins à sa conjointe, qui tente de le supporter du mieux qu’elle peut, mais qui est complètement désemparée. Puis, il est invité à passer quelques jours au Portugal, dans un petit festival de BD, et il va y retrouver des odeurs et des souvenirs qu’il croyait avoir oubliés…

Mon avis

J’ai a-do-ré cette BD. C’est pour moi une petite merveille qui parle de mal être, de recherche de soi, de ses origines et de son histoire. Cette quête afin de dénouer les noeuds relationnels et les mystères familiaux m’a touchée droit au coeur et tant le dessin que le mode de narration y ont contribué. Il ne faut pas s’attendre à une BD remplie d’action. C’est une histoire très introspective, un peu autobiographique, avec un dessin très évocateur question émotions. Comment traduire le vide intérieur, puis l’éveil aux souvenirs, petit à petit, sinon par les couleurs et le côté un peu flou, pas fini des illustrations? C’est magistralement réussi, on se croirait sous le soleil du Portugal et ça fait du bien. Comme le personnage principal, on comprend un mot de temps en temps, vu qu’on a fait le choix de ne pas traduire le portuguais, et pour ma part, ça a encore ajouté à la sensation d’immersion, au sentiment de soulever un coin du passé pour découvrir tout un pan de vie.

Vous le savez, moi, les histoires de famille, les non-dits, ça me parle. J’ai aimé les différents points de vue, les petites incursions dans le passé, les souvenirs qui remontent. À travers ceux-ci, on apprend à connaître la famille de Simon, son père, son oncle, sa tante, qui traînent aussi le poids de ce passé dont on ne parle pas et que l’on ne connaît pas vraiment en fait. Les scènes en famille sont super parlantes mais aussi parfois très malaisantes, alors qu’on sent le mal être, mais qu’on peine à mettre le doigt dessus. Pourquoi le grand-père a-t-il quitté le Portugal? Et surtout, pourquoi n’y est-il jamais retourné?

C’est à la fois tendre et doux-amer, on suit Simon qui, de rencontre en rencontre, réalise le choc profond qu’il ressent face à ce pays qu’il ne connaît pas mais dans lequel il se reconnaît. Ça parle de famille, d’immigration, de solitude, de relations et de l’importance d’aller au bout des choses, de se connaître. Un album avec lequel il faut accepter de se laisser emporter, sans trop se poser de question. Avec moi, ça a parfaitement réussi… et je conseille de tout coeur!

Cétait ma BD de la semaine! Et cette semaine, c’est Noukette qui nous accueille!

Suzanne Travolta – Elisabeth Benoit

Le comment du pourquoi

Parce que dans la liste du prix littéraire des collégiens. J’aime les listes, c’est plus fort que moi.

De quoi ça parle

Heu… comment dire… c’est compliqué.

Marie-Josée, une scénographe, s’est suicidée. Marie-Josée était une soeur. La soeur de Laurent, vedette de télévision québécoise, qui occupait une grande partie de l’esprit de Marie-Josée. Dans ce quartier du Mile End, Suzanne la croisait fréquemment, mais n’était pas son amie. Elle ira quand même aux funérailles et rencontrera des gens reliés à Marie-Josée, qui feront peu à peu partie de sa vie.

D’un autre côté, un récit très factuel, celui de deux détectives qui doivent l’espionner, mais on ne sait pas pourquoi et eux non plus. Ils l’observent à travers des caméras, des fouilles, et remarquent des choses étranges. Un revolver. Un fantôme dans la salle de bain.

Mon avis

Je pense que je ne suis pas assez intelligente pour ce roman. Je l’ai refermé en me disant que j’avais forcément manqué quelque chose parce que trop d’éléments m’échappaient. Et même en en parlant avec d’autres lecteurs, je ne suis pas certaine de bien comprendre l’intention de l’auteur. Je croyais au départ qu’on parlerait de cette « soeur de », de l’influence d’un frère très connu sur la vie d’une personne qui l’est beaucoup moins. Mais finalement, ça s’en va ailleurs. Le problème, c’est que je ne sais pas vraiment où. Les personnages nous surprennent parfois, sont finalement plus complexes qu’il n’y paraît au premier abord. Qui est Suzanne? Pourquoi est-elle surveillée? Ya quoi, dans la salle de bain? De quoi ça parle, finalement?

Et vous savez quoi? Je n’aime pas me sentir idiote face à un roman. Du coup, malgré une écriture qui m’a énormément plu, des procédés narratifs originaux, volontairement flous, une dualité de points de vue hyper intéressante, je reste un peu sur ma faim.

Comme je le disais, l’écriture est très particulière, fort différente selon les parties. Mike et Bob jettent un regard plus froid sur la vie de Suzanne, qui se révèle beaucoup plus mystérieuse que dans les parties où elle est la narratrice, quoique effacée, de sa propre vie. Elle est à la fois bougonne, drôle, parfois totalement extérieure, et devient un parfait réceptacle pour les digressions et les histoires de tous les autres personnages. Quel plaisir aussi de retrouver le Mile End, le plus vieux, celui où habitaient plusieurs copains quand j’étais étudiantes, et qui n’avait pas grand chose à voir avec le quartier glamour d’aujourd’hui. Et oui, je suis déjà allée à l’Olimpico!

J’aime aussi le procédé des différentes scènes, qui nous donne un peu l’impression d’être au théâtre, d’assister à des moments précis, les « a dit qu’il a dit » et les paroles rapportées. La prose mérite d’être découverte. J’aime toujours les regards portés sur une personnes par les autres, ça me donne une impression de kaléidoscope qui me plaît à chaque fois. J’ai aussi apprécié être baladée par cette construction étrange sans savoir jusqu’à la toute fin… jusqu’à ce que je réalise que je ne comprenais visiblement pas.

Donc, appel au secours… expliquez-moi, vous, lecteurs dithyrambiques, qui portez ce roman aux nues!

Kididoc du corps humain – Éditions Nathan

Le comment du pourquoi

Parce qu’il est arrivé par surprise dans ma boîte, et qu’avec ma formation de secouriste, veux veux pas, le corps humain, ça m’intéresse. Et bon, NON, je ne compte pas redevenir patrouilleuse de ski. Never.

De quoi ça parle

Ben… du corps humain. Avec plein de petites portes et de petites animations. Je crois rêver.

Mon avis

Je vous ai déjà dit le bien que je pensais de ces Kididoc. Un peu fragiles pour les touts petits (ben quoi, le carton, ça peut se déchirer quand l’enthousiasme déborde), mais super bien faits, avec peu de texte et tout plein d’images, accessibles aux jeunes.

Chaque double page est dédié à un thème et chacune d’entre elles a des rabats, parfois juxtaposés entre eux. C’est toujours sous forme de questions et de réponses et les questions sont souvent celles que les enfants posent d’eux-mêmes. Je sens qu’ils ont dû demander à plusieurs enfants ce qu’ils voulaient savoir sur le corps humain! Les explications sont faciles à comprendre et, certes, ils ouvrent la porte à beaucoup d’autres questions. Vous allez parfois devoir chercher d’autres réponses!

Bref, ça parle de la digestion, du cerveau, des sens, des « bruits drôles » (le « pourquoi on pète » et « pourquoi on fait caca » ont été les préférés… bizarre hein!), de la peau, des, os, du coeur, des poumons…il y a des exemples concrets, ça parle aux jeunes et même adulte, j’ai passé un bon moment à jouer avec les rabats et les petites animations. On a même pu faire des quizz ensuite!

Encore un très bon Kididoc!