Ce roman faisait partie de ma liste ultime de 2024. Bon, c’est d’ailleurs le seul que j’ai lu à date. Je sais, c’est fort mal parti. Et c’était aussi mon premier Balzac. Il n’est jamais trop tard pour bien faire!
De quoi ça parle
Lucien Chardon, jeune homme de province, a de grandes ambitions : il souhaite devenir un grand écrivain. Un homme d’influence. Parrainé par Madame de Bargerton, dame en vue d’Angoulême, il va aller à Paris pour tenter sa chance. Et vu le titre, vous pouvez deviner que ça ne se passera pas nécessairement bien.
Mon avis
Les Illusions perdues, ce sont d’abord celles de Lucien face au monde littéraire et à l’univers de l’édition. Mais ce sont aussi celles de sa famille face au dit Lucien et à son caractère. Car disons que le jeune homme n’est pas facile à aimer.
Quel défi pour un auteur de nous faire suivre un personnage à ce point antipathique, à ce point inconséquent et de nous garder captivés! C’est que ce Lucien prend systématiquement toutes les mauvaises décisions, il considère que tout lui est dû et il est impossible de ne pas soupirer à le voir tomber systématiquement dans tous les pièges qui sont tendus par la bonne société parisienne. Entendons-nous, je n’ai pu lire le tout d’unt traite. J’étais tellement, tellement fâchée à plusieurs reprises que je devais refermer le volume pour me déchoquer! Presque tout le monde est détestable dans ce roman, à l’exception d’Eve et David Séchard ainsi que des membres du Cénacle, cercle d’écrivains rencontrés à Paris. Lucien était jeune, naïf, certain que tout lui souriait mais jamais il ne va apprendre de ses erreurs et il va entraîner à sa suite tous ceux qui l’aiment.
Nous avons ici une dénonciation du mercantilisme du monde littéraire et de l’univers de l’imprimerie de l’époque. On y explore aussi les méandres administratifs des clercs et avocats qui ruinent leurs clients à coups de frais et procédures coûteuses et souvent inutiles. Les déboires de David Séchard avec son père (le vieux cr…) ainsi que de son entourage fait peine à lire. Non mais comment peut-on en arriver là! Balzac a le don pour créer de nombreux personnages, tous crédibles, tous définis, et à les rendre étonnament vivants. Il nous plonge dans les faux semblants, dans les codes et les hypocrisies quotidiennes et on manque d’air parfois.
Bref, une très bonne lecture pour moi. Pas toujours facile à lire car les chapitres sont longs, la prose est typique de l’époque et nous avons besoin de toute notre concentration pour bien profiter de la plume et du propos, tout en profitant de la complexité des personnages. Avec la fin (et surtout la rencontre de la fin), j’ai bien envie de lire Splendeur et Misère des Courtisanes maintenant!