Le comment du pourquoi
Vous voulez savoir combien j’ai de paire de bas dépareillées? Genre, que ça devient surprenant quand j’ai des bas qui fittent. Du coup, le titre m’a parlé. Et j’avais bien aimé le roman de Marie Vareille que j’ai lu, du coup, quand j’ai eu la surprise de le voir arriver chez moi, j’ai décidé de le lire. Ce qui n’est pas toujours le cas, croyez-moi!
De quoi ça parle
Alice Smith va mal. Pas « pas bien », mal. Américaine d’origine, elle a fui sa vie pour débarquer à Paris toute seule, sans savoir où elle va travailler ou encore où elle va habiter. Elle ne connaît personne et ça fait son affaire. Le seul job qu’elle trouve est dans une start up qui a pour projet fou de réunir les chaussettes orphelines, celles qui se retrouvent toutes seule dans la sécheuse.
Mon avis
Entendons-nous tout de suite, j’ai aimé. Je l’ai dévoré en un après-midi et j’ai passé un très bon moment. J’avais besoin de ce ton particulier, enlevé et parsemé d’humour et de ces personnages hauts en couleurs. Pourtant, il ne faut pas s’attendre à un feel good sirupeux. L’histoire, qui alterne le journal d’Alice en 2011-2012, alors qu’elle cherche à tout prix à avoir un enfant, et la vie actuelle d’Alice à Paris, est plutôt sombre, il y a beaucoup de tristesse, de secrets et de détresse.
Alice en 2018 est pleine de barrières. De barbelés. Elle ne veut plus parler de son passé, fait de l’anxiété et des crises de panique. Certaines chansons, certaines conversations les déclenchent et elle a découvert qu’il était beaucoup plus facile de garder ses secrets quand elle érigeait de solides barrières autour d’elle. Elle dort mal, a besoin que tout soit rangé, classé, idéalement de façon parallèle et symétrique.
Bien entendu, notre Alice un peu cynique voit d’un oeil assez critique l’idée complètement barrée de Chris, jeune PDG fantasque, amateur de pensée positive… mais qui semble maîtriser l’art de faire planter ses start up à répétition à la perfetion. Pourtant, petit à petit, elle va les laisser s’approcher, ses barrières vont tomber peu à peu, jusqu’à ce que les secrets commencent à pointer le bout de leur nez, bien malgré elle.
J’ai beaucoup aimé la construction de ce roman, habile sans être lourde. On s’attache aux personnages, on a de la peine pour eux, la mère est juste… (arghhh… ça existe, des gens comme ça?) et on réalise rapidement que chacun a une façade et qu’il vaut souvent la peine d’aller voir derrière. Le tout sans dégouliner de bons sentiments, ce qui est quand même assez rare pour être noté.
Seul bémol notable (à l’exception de la « conversation en VO »… mais ça, c’est mon pet peeve personnel. VO n’est pas synonyme d’anglais!), pour le traitement de l’anxiété et de la médication à cet effet. Non, l’amour ne guérit pas l’anxiété et le fait de ne pas avoir « besoin de ses antidépresseurs » quand on est avec quelqu’un n’est pas THE top. Avoir une médication, ce n’est pas « mal » et pour plusieurs, l’abandonner n’est pas une option. Ceci dit, c’est la vision de plusieurs personnes alors qu’on le retrouve chez des personnages d’un roman, en non-dit, est assez normal. De plus, nous sommes dans un roman adulte, donc nous nous sommes pas dans une perspective d’éducation. Du coup, ça a tout de même passé car le personnage a un vrai cheminement à travers tout ça, mais je suis consciente que ce point en particulier a tendance à m’énerver!
Un roman divertissant mais sombre, qui va plaire à un large public, même si je sens que les choix finaux vont diviser. Je sens que je vais le conseiller à pas mal de copines, celui-là!