Voltaire amoureux /Voltaire très amoureux – Clément Oubrerie

Le comment du pourquoi

Ben… Voltaire. Quoi, ça suffit pas, Voltaire? On dirait qu’à moi, ça a suffi pour emprunter ces deux bandes dessinées.

De quoi ça parle

Voltaire est connu comme un grand dramaturge et philosophe mais ici, nous rencontrons d’abord le jeune homme de 20 ans plein d’esprit mais qui manque parfois de discernement quant aux us et coutumes de son époque. Nous le suivrons donc dans ses succès littéraires mais aussi dans ses aventures et dans ses histoires d’amour.

Mon avis

Entendons-nous tout de suite, j’ai eu peur au début. L’arbre généalogique des Bourbons, qui semble indiquer que Louis XIV était le frère du Régent de Louis XV. Comment dire… J’ai donc eu hyper peur que ce ne soit pas juste historiquement.

Finalement, savez-vous quoi? Si ce n’est pas juste, je n’en connais pas assez pour m’en rendre compte. Et j’ai choisi de me laisser porter par l’histoire, par le côté « nous introspectons les pensées possibles de Voltaire ». Du coup, j’ai passé un très bon bon moment avec ces deux bandes dessinées, certes un peu bavardes et romancées, mais très agréables à lire.

Le premier tome nous présente un Voltaire jeune, embastillé pour un – mauvais – poème qu’il n’a supposément pas écrit. À sa sortie, nous le retrouvons à ses débuts dans la dramaturgie, avec le brillant succès de son Oedipe, sûr de lui, vantard et peu soucieux des usages. En effet, il ne se gêne pas pour piquer joliment le pouvoir, le clergé et autres puissants de ce monde. Extérieur à sa famille qui n’approuve pas ses choix de vie, il se laisse aussi séduire par marquises et galantes amies, ce qui aura des répercussions sur sa carrière.

Quel plaisir de rencontrer ce personnage impertinent et souvent hilarant. Il est brillant mais aussi humain, à la merci de ses passions diverses et variées. Le dessin nous offre à des vues fantastiques de Paris et de la foule mais je suis moins impressionnée par les dessins des visages (notamment celui de Voltaire), que j’ai parfois du mal à distinguer. Ceci dit, je suis NULLE pour reconnaître les gens. Ça doit paraître en BD! Il m’a aussi parfois semblé que tout était dit clairement et que l’image apportait peu d’information nouvelle à l’histoire. Ceci dit, j’ai passé un très bon moment.

Il en est de même pour le deuxième tome de la série (qui va compter je ne sais combien de tomes… j’étais persuadée que c’était un dyptique mais visiblement, ce n’est pas le cas). J’ai beaucoup aimé retrouver Voltaire, étrangement beaucoup plus vulnérable, âgé de 40 ans, et tombé éperdument amoureux d’Émilie du Châtelet, jeune femme intelligente, libre et versée dans la science. Il a l’impression d’avoir rencontré son égale et choisira de se laisser transporter par cette folle passion. Bien entendu, il va encore réussir à choquer tout le monde… et ça ne va pas nécessairement bien aller pour lui.

C’est plein d’humour (l’épisode en prison… j’ai failli recracher mon pepsi par le nez), piquant et ça nous donne une autre vision de ce dramaturge et philosophe. L’époque est bien recréée, avec ses perruques, ses ruelles crasseuses et ses odeurs. Je lirai la suite car finalement, ma crainte initiale n’a pas eu de répercussion sur ma lecture. Si je veux connaître la vraie de vraie vie de Voltaire, je lirai une biographie, tiens!

C’était ma BD de la semaine!

Tous les billets chez Moka cette semaine.

Étoiles vagabondes – Sholem Aleykhem

Le comment du pourquoi

La couverture. Oui, parfois, je suis faible, j’ai été attirée par cette couverture réalisée par Brecht Evens. Et ensuite, j’ai vu « classique ». Vous savez, les classiques sont mes doudous à moi. « Weird » is my middle name.

De quoi ça parle

Nous avons donc affaire ici à un classique juif du début du 20e. Quant à l’auteur, il a écrit en Yiddish et il est, entre autres, l’auteur du célèbre « Violon sur le toit ». Si vous aussi vous avez la chanson dans la tête, ne me remerciez pas, c’est cadeau. Ah, si on était riche!

Mais je m’égare…

L’histoire commence ici dans un petit village de Bessarabie (aujourd’hui la Moldavie… pour les vieux blogueurs, vous comprendrez la private joke, et non, ça ne s’invente pas) alors qu’une troupe de théâtre Yiddish traverse le petit village de Holonechti. Deux jeunes ados, Reyzl la fille du chantre et Leybl, fils de riche, vont se croiser à ces représentations, tomber follement amoureux (en 8 secondes et quelques pressions de mains) et disparaître en même temps que la troupe.

Là, on pense tout de suite à une petite romance dans le monde du théâtre… mais non, en fait, car ces deux-là vont se perdre et se chercher longtemps, longtemps, à travers toute l’Europe et au-delà.

Mon avis

Ok. Comment j’explique ça. Vous savez, des fois, pour certains romans, on SAIT qu’on va s’en souvenir longtemps parce que l’atmosphère est super particulière, mais qui ne nous fait pas non plus faire une petite danse de la joie en sous-vêtements? Ben c’est ce qui est arrivé avec ce roman. Je vais m’en rappeler (il faut dire que je l’ai traîné sur 2 semaines et demi… ceci explique peut-être cela… mais bon), j’ai toujours passé un bon moment avec lui, mais je n’avais pas pour autant une envie folle de m’y replonger pour connaître la suite. C’est-tu juste moi ou je suis en train de raconter des banalités? Passons…

Ça commençait bien, pourtant. Les personnages sont des caricatures, il y a beaucoup d’humour, le genre d’humour de répétition que j’aime malgré moi. Il y a de nombreux personnages, souvent over manipulateurs et j’ai trouvé quelque chose de Dickensien à la mise en place. Vous savez, cette impression de gros village avec des petits personnages qui s’agitent en tout sens, chacun en train de faire sa petite affaire et de gérer ses petites manigances? C’est tout à fait ce que j’ai trouvé dans ce roman, avec les directeurs de théâtre prêts à tout pour réussir, les fameux « parents juifs » fiers de leur progéniture et la vie disséquée de ces gens de rien, peu considérés, qui, pour certains, vont faire leur petit bout de chemin. La question est : Reyzl et Leybl vont-ils se retrouver et devenir célèbres?

Même si je trouve que l’auteur est un vrai conteur et que le récit a un certain souffle, il y a quand même des longueurs. Ok, pas mal de longueurs. Autant ça ne me dérange pas dans Dickens, autant là, des fois, j’aurais aimé que ça accélère. Surtout que la fin est, quant à elle, très précipitée. Mais VRAIMENT précipitée. Du coup, j’ai eu du mal à comprendre le comment du pourquoi du pacing de cette histoire. Peut-être a-t-il été publié en feuilletons et la date limite approchait-elle? Sérieux, ça avait l’air de ça tellement je me suis dit « tout ça pour finir ça raide de même? »

Ceci dit, malgré mes bémols, c’est une littérature et un univers qui vaut la peine d’être découverte, ne serait-ce que pour avoir une autre vision de l’époque. L’auteur réussit à nous faire rire, surtout avec les personnages secondaires hauts en couleurs, tout en dénonçant certaines pratiques et situation de l’époque.

Avez-vous lu? Avez-vous envie de tenter le coup?

Personne n’a peur des gens qui sourient – Véronique Ovaldé

Le comment du pourquoi

Sérieusement, je ne sais pas du tout pourquoi j’en suis venue à lire ce roman. J’avais déjà lu un roman de l’autrice mais je l’avais surtout noté il y a plus de 10 ans, alors qu’un de ses romans avaient beaucoup plu aux copines. La couverture était verte. Ouais, je suis digne des pires clients des libraires!

De quoi ça parle

Un jour de juin, Gloria prend quelques affaires, attrape ses filles à l’école, jette son portable et quitte la côte sans un regard en arrière. Elle fuit quelqu’un, elle a peur et est bien décidée à rester introuvable. Que cache ce départ précipité?

Mon avis

Savez-vous quoi? Quand on n’est pas devin, il doit être plus facile de vraiment apprécier ce roman. J’aime bien la plume, avec ses remarques en aparté et les petites allusions qui sont glissées ici et là. Le personnage de Gloria est intéressant et j’ai bien aimé la découvrir petit à petit, à travers les allers-retours passé/présent. Nous la rencontrons en effet ado, à la mort de son père. Elle sera supportée par Gio, l’ancien partenaire d’affaire de son père ainsi qu’un avocat qui l’aide à gérer ses finances et un jour, elle va rencontrer Samuel, son grand amour.

Dès le départ, nous savons que Samuel n’est plus là et nous découvrirons petit à petit ce qui s’est passé et ce qui a mené Gloria à attrapé ses « petites » (dont l’une est une ado en pleine crise). L’autrice réussit à créer une atmosphère angoissante et on veut savoir comment ça va finir.

Sauf que moi, je savais. C’est une MA-LÉ-DIC-TION. Du coup, l’intérêt s’est émoussé. J’aurais aimé des relations plus développées entre les personnages, une psychologie plus fouillée car j’ai eu l’impression que tout l’intérêt du roman se trouvait dans la résolution qui, finalement, a été trop rapide à mon goût.

Un personnage intéressant, une plume qui me plait, mais au final, il m’a manqué de la profondeur pour vraiment adhéré. Vu que je suis devin.

Québec en novembre – 9e édition

J’avais dit que je le ferais 10 ans avec ma twinette Yueyin… et nous sommes à la 9e! Donc, oui, voilà… WE’RE BACK!

Québec en novembre, c’est quoi?

C’est assez simple, en fait. Pour Québec en novembre, il faut parler de littérature québécoise, pendant le mois de novembre. Sur les blogues, sur booktube, sur Insta, Facebook ou Twitter… on veut voir fleurir la littérature québécoise. Que l’auteur habite mainteant au Québec, y ait déjà habité ou y soit né, peu importe. Il se fait du bon ici, et on veut que ça se partage!

Comment participer

C’est simple… il faut parler d’au moins UN titre québécois pendant le mois de novembre. Bon, Yueyin et moi, on est crinquées et on va lire québécois tout le mois de novembre (je ne sais pas si ma pile québécoise est assez imposante… visite en librairie s’imposera peut-être), mais un seul suffit pour réussir le « challenge ». C’est hyper facile à combiner avec tous les autres challenges existants (et NON on changera pas de mois parce qu’il y a beaucoup de challenges… on y est, on y reste!)

Et cette année?

Depuis longtemps, le rendez-vous est actif sur le groupe facebook et on organise des lectures communes on the side, autour d’un thème, d’un titre ou d’un auteur. Cette année, ces initiatives personnelles sont encore bienvenues, et en plus, on va s’amuser à proposer les thèmes différemment. 

Voici donc 15 chansons québécoises qui seront associées à un thème sur lequel vous pourrez broder. Des fois, c’est juste le titre qui a rapport, des fois les paroles… J’avais commencé à monter le tout l’an dernier mais on se rappelle qu’en novembre dernier, j’étais de retour de 5 mois de voyage et j’avais un peu moins d’énergie. Donc j’ai tout reporté ça (en changeant quelques tounes)… et je vous jure que c’est pas du copitage!

Vous êtes libres de faire une pile ou pas. De choisir une catégorie ou pas. De faire entrer un livre dans 15 catégories ou 2. On s’en fiche… c’est pour le fun. Et je prévois quelques discussions en octobre, question de vous donner des idées. 

1. On jase de toi – Noir silence

Un livre sorti en 2020. Ici ou en France. Un p’tit nouveau, l’un de ceux dont on parle partout. Entendons-nous, la toune n’a c…ment par rapport. Mais le titre fittait!

2. L’amérique pleure – Les cowboys fringants

Un roman engagé. Peu importe la cause. Ça peut être un essai ou un roman avec un personnage qui dénonce quelque chose ou qui vit quelque chose de difficile… On s’en fiche! (Et bon, un clip avec une danse en ligne country, quand même, fallait trouver quelque chose qui fitte avec!)

3. Grand champion – Les trois accords

Un livre ayant gagné un prix littéraire. Que ce soit prestigieux ou pas, que ça ait été dans tous les journaux ou que ce soit sur le top de la liste des meilleures lectures de votre meilleure amie, on va considérer ça comme un prix!

4. Arnaq – Elisapie

Un ouvrage d’un auteur autochtone. Bon, ok, en inuktitut, ça veut dire « femme » et n’a aucun rapport avec le fait qu’on les a arnaqués solide. Mais je trouvais l’occasion trop belle. 

5. Tu m’aimes-tu – Richard Desjardins

Un roman où il y a de l’amour. Romance, comédie romantique, ou un roman où l’amour a une certaine place. Amour romantique ou pas… on s’en fiche. J’aurais pu choisir une chanson de Desjardins pour toutes les catégories mais je me suis retenue… lucky you!

6. Martin d’la chasse galerie – La bottine souriante

Un roman SFFF. Science-Fiction, Fantastique, Fantasy. Tous les sous-genres. Et tout capillotractage accepté. 

7. Fracture du crâne – Ariane Moffat

Un roman issu de la diversité ou dans lequel on parle de la diversité. Comme dans « L’ouverture d’esprit… » Oui, j’ai ressorti cette vieille chanson d’Ariane Moffat des boulamites, je sais. Mais ça me tentait. Donc diversité diverse et variée. Culturelle, de genre, de capacités, d’orientation sexuelle… ce qui vous intéresse. 

8. Plus tôt – Alexandra Stréliski

Un classique québécois ou un futur classique selon vous. Et il FALLAIT une pièce d’Alexandra Stréliski pour la maniaque de musique de piano que je suis. Et comme les classiques québécois et moi on a une relation compliquée, on va dire qu’on starte le classique à la fin du siècle dernier! Genre, tout ce qui a été écrit avant les années 2000 compte. Ça vous va?

9. Place de la République – Coeur de pirate

Un roman qui a traversé l’océan. Genre, qui est publié par un éditeur européen pour y avoir une 2e vie et qui se trouve facilement en Europe. Question de rendre la vie plus facile aux copains hors-Québec. Et non, encore une fois, les paroles de la chanson n’ont aucun espèce de rapport avec le thème!

10 . Nos joies répétitives – Pierre Lapointe

Un roman qui fait partie d’une série. Ou encore, tiens, pourquoi pas, une série télé québécoise.  Série, romans compagnons, romans dans le même univers, peu importe. Tout ce qui fait qu’on y revient. 

11. J’aurais voulu être un artiste

Un roman dans lequel il y a de l’art. Et je sais, c’est pas ça le titre! Mais je n’ai rien trouvé d’autre et j’y tenais, à ma catégorie. En fait, je voulais mettre « livre avec des livres dedans » mais finalement, j’ai élargi le tout à l’art sous toutes ses formes. C’est l’un de mes thèmes préférés en littérature alors bon, c’est notre challenge, je me fais plaisir. 

12. Dans la nuit qui tombe – Karim Ouellet

Un polar/thriller/roman d’horreur/roman noir. J’avoue, la toune n’est pas très sombre, mais le titre fittait!

13. Tit-Cul – Les cowboys fringants

Un roman ou un album ou une BD jeunesse. Genre, n’importe quoi pour la jeunesse. Et si quelqu’un me met la chanson thème de Caillou dans la tête dans cette catégorie, il aura droit à mon ire éternelle! On m’a fait le coup la semaine passée!

14. Balade à Toronto – Jean Leloup

Un livre d’un auteur canadien, mais pas québécois. Qu’il soit francophone ou anglophonie. Un classique du challenge qui revient encore cette année!

15. N’importe quoi – Éric Lapointe

Le titre dit tout. Ce que vous voulez. Donc vous ne pouvez pas dire qu’aucune catégorie ne vous convient! Et oui, je sais, Éric Lapointe a fait des choses pas top, mais cette toune-là a accompagné ma première peine d’amour, pis ça marchait avec l’idée… et là, vous allez l’avoir dans la tête. Ne me remerciez pas.

En conclusion…

Vous avez le choix. Vous donner à fond ou parler d’un seul ouvrage. Vous êtes invités à venir jaser de vos lectures sur le groupe ou à utiliser le mot clic #quebecennovembre un peu partout. 

Ma section « littérature québécoise » et celle de Yueyin vous sont ouvertes, et on va revenir dans les prochaines semaines avec d’autres idées!

Vous pourrez partager vos billets ou vidéos sur le groupe ou encore en commentaire du billet récap qui sortira le 1e novembre.  En attendant, si ça vous tente, dites-nous tout!

Je ne veux pas être maman – Irene Olmo

Le comment du pourquoi

Me connaissez-vous dans la vraie vie? Si oui, vous comprendrez facilement pourquoi je voulais lire cette BD. Non seulement le graphisme est cool, mais disons que c’est un thème qui me touche personnellement!

De quoi ça parle

Pour Irene enfant, avoir des enfants était une évidence. Pour Irene adulte… beaucoup moins. Comment passer à travers la vingtaine et la trentaine quand on va, clairement, dans un autre chemin que la majorité des femmes?

Mon avis

Savez-vous quoi? En Espagne ou au Québec, c’est pareil. Si tu es une femme et que tu ne veux pas d’enfants, tu es considérée comme « anormale ». Égoïste. Pas une vraie femme. Et peu importe ce que toi, tu en dis, c’est complètement non-crédible parce que, anyway, « tu peux pas comprendre ». Bref, total dialogue de sourds. Et comme c’est quotidien, oui, tu viens tannée… pis pas toujours agréable quand on aborde ce sujet!

Je ne suis pas certaine que les mamans seront aussi touchées que moi par cette BD mais c’est TELLEMENT ça. Et si mon parcours est un peu différent du sien (admettre que je ne voulais pas d’enfant a été un peu plus… complexe), mais le vécu en général, ce qu’elle a entendu, vécu… pareil, pareil, pareil! Parce que si je ne nie pas que ce n’est pas évident d’être parent, quand TOUT LE MONDE est là-dedans, pis pas toi, les conversations t’intéressent juste moyen. Pendant plusieurs années. Je me suis donc reconnue, en partie, dans le vécu d’Irene, même si je suis moins revendicatrice.

Je conseillerais donc à toutes celles qui ne veulent pas d’enfant, juste pour constater qu’il y en a d’autres comme toi et que NON, tu n’es pas la seule à trouver que tous les personnages ou presque de femmes sans enfant par choix sont soit des méchantes, des irresponsables ou encore des femmes qui ont raté leur vie et qui réalisent, trop tard, qu’elles auraient donc dû. Ou qui changent d’idée et qui s’étaient DONT trompées avant. Ça m’énerve! Juste à écrire ça, je m’énerve!

Et je pourrais aussi conseiller au reste de la population, juste pour avoir une petite idée. Sérieux, quand tu es un mec ou alors que tu as choisi d’avoir des enfants, personne ne te demande « pourquoi ». À chaque maudite fois.

Bon, maintenant, je suis vieille et on me fiche la paix (avec parfois un peu de pitié dans le regard) et les enfants de mes amis sont plus vieux. Du coup, ils parlent aussi d’autre chose! Mais cette BD traite d’un sujet duquel on ne parle pas tant, avec l’accent sur la liberté de choisir et du droit de rejeter ce que la société nous met dans le crâne depuis qu’on a 2 ans!

Bref, c’était dret pour moi!

Chez Noukette cette semaine

La vie est un songe – Calderon

Le comment du pourquoi

J’ai cette pièce dans ma pile depuis 10 ans. Ouais, 10 ans. Deux fois. Une édition en français et une bilingue. Call me crazy. Du coup, je l’ai sélectionné pour le challenge livresque estival, catégorie théâtre ET classique. Trichons tous en choeur!

De quoi ça parle

Le roi Basilio de Pologne, ayant eu vent d’une prophétie concernant son fils Sigismond, l’a élevé en sauvage, enfermé dans une tour. Un jour, Sigismond se réveille à la cour de Pologne sans comprendre… rêve ou réalité? La prophétie se réalisera-t-elle?

Mon avis

La vie est un songe est une pièce du théâtre classique espagnol. Vous connaissez l’âge d’or espagnol? Non? Moi non plus. Du coup, j’ai dû me renseigner pas mal à côté pour bien comprendre de quoi il s’agit. Et sérieusement, ça vaut la peine d’avoir cette mise en contexte, pour mieux comprendre les limites de l’auteur, tant au plan politique, religieux que technique. Le roi BasiLIO de Pologne? Entendons-nous, on est loin de la vraie Pologne. Le récit est un peu hors du temps, découpé en trois actes aux limites floues, mais un flou voulu, qui sert de toile de fond qui est une réflexion philosophique : rêve-ton sa vie? Vit-on un rêve? Qu’est-ce qui est réel?

Entendons-nous, je me trouve toujours très « petite » quand vient le temps de parler classiques, surtout théâtre classique. J’ai beaucoup amé et avec ma version bilingue, je me suis fait de déclamer les vers à voix haute, comme souvent quand je peux déchiffrer des textes en version originale. Mettons que j’avais bien besoin de la traduction.. mais c’était beau. J’ai beaucoup aimé les sonorités espagnoles et la traduction française, avec ses longs monologues nous faisant réfléchir sur la réalité ainsi que sur l’influence de nos vies sur nos comportements et nos réactions. C’est instrospectif, il y a de claires références à Platon et à sa caverne et les personnages évoluent de façon assez impressionnante.

Mais attendez… je n’en ai pas parlé, en fait, des personnages! Le prince Sigismond est enfermé dans une tour, élevé comme une bête, les astres ayant prédit la chute de son père par sa main. Un jour arrive Rosaura dans le royaume de Pologne, avide de vengence et armée d’une épée qui ne laissera pas indifférent Clotaldo, le gardien de la tour de Sigismond. Ensuite, déménagement à la cour du roi où débarque tout ce beau monde… avec certaines conséquences assez dramatiques.

Ça parle de relation à la réalité, de morale, de responsabilité et de relation avec les autres. Ça parle aussi de liberté, d’autorité et d’abus de pouvoir. Ca semble stéréotypé mais c’est tellement bien dit!

Bref, j’ai beaucoup aimé. Et j’ai envie de découvrir davantage de théâtre espagnol. Des suggestions?

Un monde à portée de main – Maylis de Kerangal

Le comment du pourquoi

Je ne sais pas pourquoi j’ai pris ce livre. Probablement parce qu’ils l’avaient en audio à la bibliothèque et que je gardais un très bon souvenir de « Réparer les vivants« . Bref, j’ai fini par le lire.

De quoi ça parle

Paula, Kate et Jonas ont été ensemble à l’école des faussaires. Ils ont appris à imiter des marbres, des bois. Quelques années plus tard, ils sont toujours en contact. C’est le parcours de Paula que nous allons suivre, celle qui est arrivée là un peu par hasard. Et là, il manque une phrase pour conclure ce paragraphe, mais je ne sais absolument pas quoi dire d’autre. Alors on va arrêter ça là!

Mon avis

La rencontre entre ce roman et moi a été… étrange. Il faut savoir que je suis très sensible à la plume et à la sensibilité de Maylis de Kérangal. Ses phrases longues, parfois hachées me touchent à chaque fois. Elle pourrait me parler d’à peu près n’importe quoi et j’aimerais. J’ai écouté celui-ci en audio et avec moi, ça passe à chaque fois. J’ai toujours l’impression de surfer sur une vague. C’est ce qui était arrivé avec « Réparer les vivants ».

Ici pourtant, mon appréciation a été en dents de scie. Si j’ai aimé l’écriture tout au long de l’histoire, j’ai eu du mal à bien saisir le fil du récit. Nous suivons Kate, son parcours à Bruxelles sur la rue du Métal où elle apprend le trompe l’oeil, ses chantiers, pour terminer à Lascaux 4. Et… c’est ça. Quand le roman a fini, j’ai cru qu’il en manquait un bout. J’aurais eu besoin d’une intrigue un peu plus resserrée, plus claire, pour accrocher totalement.

Certains ont reproché l’abondance de détails techniques sur la peinture, la géologie ou Lascaux. Pour ma part, ces parties m’ont plu, le rythme de la narration m’emportant avec lui. J’ai visité Lascaux 4 et j’ai bien aimé y retourner, même si c’est la partie qui est, selon moi, la plus étrangement construite. Lors de ma visite, je me suis imaginé les artistes du temps, dans le noir, en train de peindre et j’ai pu retrouver cette impression par moments. Je ne sais pas si j’aurais par contre autant apprécié.

Les personnages m’ont beaucoup plu et m’ont semblé très réels, même s’ils sont vus par les yeux de Paula, avec la sensibilité de Paula, et restent donc mystérieux. Un récit inégal (par exemple, la partie sur la Cinecitta m’a moins intéressée), étrangement construit… mais que c’est bien écrit!

Delacroix – Alexandre Dumas / Catherine Meurisse

Le comment du pourquoi

Non mais cette couverture! Et c’est Delacroix. Donc c’est officiel que j’allais le lire!

De quoi ça parle

Alexandre Dumas a bien connu Eugène Delacroix. Du coup, il a écrit ce texte pour parler de lui et de son oeuvre, très controversée à l’époque. Catherine Meurisse en profite pour réinterpréter ses tableaux, illustrer le propos et ainsi nous permettre de découvrir le peintre.

Mon avis

Delacroix n’est pas le peintre que je connais le plus. Je connais la liberté guidant le peuple (of course), les femmes d’Alger, l’orpheline (il manque un bout de titre, je pense)et La mort de Sardanapale mais j’ai beaucoup aimé lire à son sujet, surtout de la plume de Dumas. Bon, on est loin de sa verve habituelle, mais quand même, c’est Dumas. C’est intéressant de voir l’époque se recréer, avec ses salons, ses controverses et ses grands pontes artistiques.

J’ai beaucoup aimé les tableaux réinterprétés pas Catherine Meurisse. C’est hyper différent en terme de style, mais on réussit à ressentir l’esprit de Delacroix, avec son usage de la couleur qui nous fait vibrer malgré nous. Les illustrations ont parfois un petit côté humoristique et nous amènent au 19e, avec l’atmosphère du milieu artistique de l’époque. Et ça c’est cool.

C’est aussi une histoire d’amitié, il y a de l’admiration malgré un regard lucide sur l’oeuvre de Delacroix. Un beau mélange entre la critique et l’admiration et une façon de découvrir à la fois l’homme et le peintre.

Beau et instructif. À tenter donc!

C’était ma BD de la semaine. Tous les liens chez Stephie!

Le silence de la mer – Vercors

Le comment du pourquoi

On m’a offert la version audio de ce recueil de nouvelles (en fait, pas tout à fait celui-là… ma version contient 6 nouvelles) et en plus, il fait partie d’une liste de « livres à avoir lus ». J’ai déjà dit que j’aimais les listes hein? TOUTES les listes! Bref, je l’ai audio-lu… et il m’a virée de bord.

De quoi ça parle

D’abord, mise en contexte. Le silence de la mer a été écrit pas Jean Bruller, sous le pseudonyme de Vercors, aux éditions de Minuit. C’était la guerre, il était résistant. Toutes les nouvelles traitent certes de la guerre, mais surtout de la perte des illusions par rapport à celle-ci.

Mon avis

Je m’attendais à rien en écoutant Vercors. Je ne savais pas qui il était, je ne savait pas dans quel contexte j’allais me plonger. J’ai déjà beaucoup lu sur la 2e guerre mondiale mais bizarrement, c’est l’une des première fois que je lis une oeuvre qui a été écrite PENDANT la guerre, alors que les gens comprenaient petit à petit ce qui se passait. Je crois que c’est ce qui m’a tant touchée. Vercors a su toucher LE moment où le regard change, où la désillusion frappe de plein fouet. C’est d’ailleurs le point commun de toutes les nouvelles.

Chacun des textes du recueil est différent, tant par le style que par la longueur et la construction. La nouvelle titre, la plus connue, nous fait entrer dans une maison où doit loger un lieutenant allemand idéaliste et cultivé et qui doit faire face au silence obstiné du propriétaire et de sa nièce. C’est incroyablement fort et on y étudie la relation avec l’occupant, quand on a pas le choix et qu’on choisit de résister comme on peut : par le silence. « L’imprimerie de Verdun » nous fait rencontrer un personnage qui admire Pétain mais qui aime bien son employé juif tandis que « Ce jour-là » raconte une journée dans la vie d’un jeune enfant dont les parents sont résistants, alors qu’ils sentent que ça va mal tourner.

J’ai un peu moins accroché avec le début de « La marche à l’étoile », nouvelle préférée de l’auteur car inspirée d’une personne connue de lui. La fin est poignante mais ça prend un moment avant d’en arriver là.

Quand on lit ces nouvelles et qu’on sait à quel moment elles ont été écrites, on réalise que certaines personnes savaient très tôt ce qui se passait vraiment. On sent que l’auteur ne connaît pas vraiment la fin de l’histoire et il y a clairement une volonté de dénoncer, de faire comprendre ce qui était en train d’arriver au monde. Si Vercors se considérait d’abord comme un illustrateur, sa plume directe et belle à la fois m’a beaucoup touchée. Les personnages m’ont émue et certains moments clé, lorsque tout bascule, sont particulièrement poignants.

À découvrir!

La voie des roses (Les pierres et les roses #2) – Elisabeth Vonarburg

Le comment du pourquoi

Comment ne pas vouloir enchaîner sur la suite après avoir fini le premier tome? Les personnages sont VIVANTS dans ma tête, je ne pouvais pas les abandonner!

De quoi ça parle

Je vous invite à aller lire mon billet sur le tome 1 pour bien comprendre (ou pas… on connaît ma précision légendaire) de quoi il s’agit. Mais je vous dirai simplement que nous nous trouvons dans un univers fantasy, au 12e siècle, dans un monde qui ressemble au nôtre… mais pas vraiment, en fait. Dans ce deuxième tome, plusieurs personnages sont sur la voie. La voie des roses ou une autre voie. Je ne vous dirai pas lesquels pour ne pas vous spoiler mais il le récit s’éclate et nous suivons trois trames principales, dont celle d’Arwen, toujours assez mystérieuse. Ouais, je suis d’une précision extraordinaire, je sais!

Mon avis

Allez, c’est parti pour un avis floutissime, pour ne pas gâcher la lecture de qui que ce soit. J’avoue avoir une petite préférence pour le tome 1 car certains personnages me manquent un peu et que leurs interactions me plaisaient beaucoup. Toutefois, on apprend à connaître davantage certains personnages, à mieux les comprendre et à nouer quelques fils ici et là. L’un de ces noeuds m’a vraiment surprise (fait rarissime) mais ça se tient super bien et plus le roman avance, plus ça devient intéressant.

ATTENTION SPOILERS SUR LE PREMIER TOME

En fait, juste de dire de qui ça parle spoile sur le premier tome, étant donné la fin de celui-ci. Nous avons donc trois récits parallèles : Briann et Guillem, Rébecca et Arwen, la fameuse dame du premier siècle. Briann est parti sur les routes, tentant d’oublier son passé et de se pardonner à lui-même. Rébecca poursuit son rêve et Arwen essaie de comprendre qui elle est et qu’est-ce que ce fameux pouvoir… ces fameux pouvoirs, devrais-je dire. Nous sommes sur les routes, on y croise des personnages hyper intéressants (que j’espère bien revoir d’ailleurs) et cette ambiance à la Vonarburg est toujours omniprésente. Il faut aimer les récits lents, introspectifs, mais pour ma part, c’est tout ce qui me plait en fantasy. Ces personnages existent vraiment pour moi, je suis hyper attachée, étrangement. J’aime découvrir leurs mystères, leurs secrets, leurs fêlures et leurs dilemnes. J’aime qu’ils se trahissent eux-mêmes, qu’ils croient vouloir quelque chose et finalement, font totalement le contraire. C’est profondément humain et c’est un aspect qui me rejoint toujours dans les romans.

On retrouve encore un côté féministe, la discussion sur les religions et les guerres (« justes » ou non) est pertinente. L’écriture de Vonarburg est évocatrice et je suis fan, comme toujours. La trame d’Arwen me passionne un peu moins, mais je comprends pourquoi elle y est… à voir pour la suite où ça va nous mener!

Pour bientôt, j’imagine!