L’avenir – Catherine Leroux

Le comment du pourquoi

Parce que c’est Catherine Leroux. Et je suis hyper fan de ce que fait Catherine Leroux. TOUT ce que fait Catherine Leroux. On en parle, de La marche en forêt, de Madame Victoria et de Le mur mitoyen ?

De quoi ça parle

Nous sommes dans un Détroit imaginé, dans une uchronie où le français est toujours présent dans la région. La ville est abandonnée, la nature reprend graduellement ses droits et les gens sont abandonnés à eux-mêmes. Gloria arrive dans cet endroit, pour habiter la maison de sa fille décédée et surtout retrouver ses deux petites filles qui ont disparu.

Mon avis

Dès le début, j’ai été happée pas la plume. Catherine Leroux a une écriture riche, foisonnante et tellement évocatrice qu’après quelques lignes, je savais que ça allait le faire et que j’étais déjà transportée dans cette ville que la nature est en train de se réapproprier. Et en effet, ça a été un coup de coeur. Un gros coup de coeur.

C’est dans une atmosphère de fin du monde que Gloria débarque à Fort Détroit. Elle est en deuil de sa fille qu’elle avait perdue de vue mais elle veut surtout retrouver ses petits enfants, qui sont introuvables. Elle ne les connaît pas vraiment mais elle ne croit pas à leur mort. Elle va peu à peu rencontrer Eunice, sa voisine, Salomon, érudit et cultivateur ainsi que plusieurs autres habitants que je vais vous laisser découvrir. Entre les maisons qui flambent et les arbres qui transpercent les voitures abandonnées pointent parfois de petits visages crottés et au verbe fleuri, dont le passage est souvent synonyme de disparition de nourriture ou d’objets utiles.

Ce roman met en avant les problématiques environnementales et sociétaires actuelles. La nature reprend ses droits, les adultes sont peu nombreux et le danger rôde à Fort Détroit. Cette atmosphère est parfaitement réussie et contrairement aux romans précédents de l’auteur où nous avions des voix éclatées, ici, elles se rassemblent petit à petit, pour former une bulle d’entraide et de support dans un monde devenu hostile. Le roman est inquiétant mais il y a aussi de l’espoir à l’intérieur, et ça fait du bien. Les enfants des bois, organisés, font aussi plaisir à voir, ayant gardé à la fois l’émerveillement de l’enfance mais aussi cet instinct de survie et d’aventure. Leur vie est rude, violente,on se croirait parfois avec les enfants perdus de Peter Pan, mais des étincelles d’insouciance ressortent à l’occasion. Et ça fait du bien. Vraiment.

Impossible pour moi de ne pas parler de la langue. Oui, orthophoniste un jour. J’ai adoré le langage qu’utilisent les enfants, un mélange hyper habile de langage et de structures enfantines avec des propos plus mature. Ici, nous avons un français uchronique, riche et succulent. Le roman tout entier est magnifiquement écrit mais ces dialogues, ces dialogues!

Bref, un roman magnifique, plein de bienveillance dans un monde qui semble être en fin de parcours, mais où de nouvelles pousses germent ici et là! Réussite!

Québec en novembre – Récapitulatif des billets 2020

La blague de l’année… vais-je réussir à tenir jusqu’à la fin du mois avec les récaps? Je voulais classe le tout par catégorie mais ensuite, j’ai réalisé que certains n’utiliseraient PAS les catégories et que je ne saurais absolument pas où les placer et comme je me connais, ça va me perturber!  On va donc tenter de combiner le tout. 

Pour partager vos liens : sous ce billet, celui de Yueyin ou encore dans le groupe FB. Pour les publications Insta, le hashtag #quebecennovembre me permettra de vous retrouver et de partager en story. Je n’ai pas trouvé le moyen de linker les posts insta de façon adéquate ici.  Si vous postez une story par contre, c’est mieux de m’identifier pour que je vous repère tout de suite!  @moncoinlecture

Avant…

1. On jase de toi – Noir silence :Un livre sorti en 2020.

Karine – L’avenir – Catherine Leroux

Karine – École pour filles – Ariane Lessard

Malice – Traverser l’autoroute – Julie Rocheleau et Sophie Bienvenu

Cuné – Faire les sucres – Fanny Britt

Yueyin – Faire les sucres – Fanny Britt

Kathel – Le lièvre d’amérique – Mireille Gagné

Hélène – Le lièvre d’Amérique – Mireille Gagné

Karine – Le lièvre d’Amérique – Mireille gagné

Hélène – La route du Lilas – Eric Dupont

 

2. L’amérique pleure – Les cowboys fringants Un roman engagé.

Hélène lecturissime – Niirlit – Juliana Léveillé-Trudel

Mark & Marcel – Nirliit – Juliana Léveillé-Trudel

Pativore – Lac Mégantic, la dernière nuit – Marie-hélène rousseau, Marie-Eve Lacas et Myriam Roy (BD)

Isally – Ukraine à fragmentation – Fredérick Lavoie

Blue – Querelle de Roberval – Kevin Lambert

Yueyin – Querelle de Roberval – Kevin Lambert

Karine – Automne rouge – André-Philippe Côté et Richard Villerand (BD)

Ingamnic – Royal – Jean Philippe Baril-Guérard

Karine – Le Mamouth – Pierre Samson

Pativore – Rêver de liberté – Raif Badawi

 

3. Grand champion – Les trois accords Un livre ayant gagné un prix littéraire.

Argali – Le plongeur – Stéphane Larue

Karine – Ténèbre – Paul Kawczak

Claire – Les fous de Bassan – Anne Hébert

Inganmic – Le poids de la neige – Christian Guay-Poliquin

Anne – La femme qui fuit – Anais Barbeau Lavalette

 

4. Arnaq – Elisapie Un roman d’un auteur autochtone.

Karine – Jasette littérature autochtone avec Michel Jean

Yueyin – Je me suis faite belle – Joséphine Bacon (bâtons à message – Tshissinuatshitakana) (poème)

Isally – Manikanetish – Naomi Fontaine

Argali – Kuessipan – Naomi Fontaine

Inganmic – Shuni – Naomi Fontaine

Yueyin – Kukum – Michel Jean

 

5. Tu m’aimes-tu – Richard Desjardins Un roman où il y a de l’amour.

Chloé – Coeur vintage – Emilie Bibeau

Argali – Le dernier mot – Carolyne Roy-Element et Mathilde Cinq-Mars (BD)

Hélène – Les chars meurent aussi – Marie-Renée Lavoie

yueyin – les chars meurent aussi – Marie-Renée Lavoie

Mark & Marcel – Le Survenant – Germaine Guèvremont

Ennalit – La délivrance – Jennifer Tremblay

Sylire – La Délivrance – Jennifer Tremblay

Nadège – Habiller le coeur – Michèle PLomer

 

6. Martin d’la chasse galerie – La bottine souriante Un roman SFFF.

7. Fracture du crâne – Ariane Moffat Un roman issu de la diversité ou dans lequel on parle de la diversité.

Karine – Ceci n’est pas une histoire de dragon – Mathieu Handfield

 

8. Plus tôt – Alexandra Strélisk Un classique québécois ou un futur classique selon vous.

Mark&Marcel – Un objet de beauté (chronique du plateau Mont Royal 6) – Michel Tremblay

Hélène – L’homme de la Saskatchewan – Jacques Poulin

 

9. Place de la République – Coeur de pirate  Un roman qui a traversé l’océan.

Anne – Abattre la bête – David Goudreault

yueyin – La bête à sa mère – David Goudreault

Karine – Comment je en suis pas devenu moine – Jean-Sébastien Bérubé

Bluegrey – Tarmac – Nicolas Dickner

 

10 . Nos joies répétitives – Pierre Lapointe  Une oeuvre qui fait partie d’une série.

Eimelle – Le magasin général 6 ; Ernest Latulippe – Loisel et Tripp (BD)

Malice – Paul – Michel Rabagliati (BD)

Caroline – Paul à Québec – Michel Rabagliati

Argali – J’irai danser si je veux (Autopsie d’une femme plate) – Marie-Renée Lavoie

Eimelle – En plein coeur – Gamache 1 – Louise Penny

Eimelle – Sous la glace – Gamache 2 – Louise Penny

Ennalit – Défense de tuer – Gamache 4 – Louise Penny

Aifelle – La nature de la bête – Gamache 11 – Louise Penny

Hélène – Le beau mystère – Gamache 8 – Louise Penny

Isally – En 1837, j’avais 17 ans – Le Feu Tome 4 – Francine Ouellette

 

11. J’aurais voulu être un artiste  Un roman dans lequel il y a de l’art.

yueyin – L’Annexe – Catherine Mavrikakis

Karine – Bon chien – Sarah Desrosiers

Karine – Et j’ai crié sur les murs de ta ville – Maé Sénécal

 

12. Dans la nuit qui tombe – Karim Ouellet  Un polar/thriller/roman d’horreur/roman noir.

Hélène – Rivière tremblante – Andrée A. Michaud

Ingamic – Rivière tremblante – Andrée A. Michaud

Ennalit – Rivière tremblante – Andrée A. Michaud

Karine – Jasette et papotage sur les polars québécois avec Robert Migneault

Karine – les ananas de la colère – Cathon

Madame lit – Bondrée – Andrée A. Michaud

Isally – Dans son ombre – Chrystine Brouillet

Argali – De ton fils charmant et clarinettiste – Richard Sainte-Marie

 

13. Tit-Cul – Les cowboys fringants  Un roman ou un album ou une BD jeunesse.

Malice – les mannequins maléfiques – Du bruit dans les murs

Enalit – Graines de bandits – Yvon Roy

Isally – 21 jours en octobre – Magali Favre

Karine – J’ai appris ça au cirque – Baron Marc-André Levesque

Anne – La curieuse histoire d’un chat moribond – Marie-Renée Lavoie

Argali – Jimmy et le big foot – Pascal Girard

Karine – Fanny Cloutier 2 – Le jour où mon père m’a forcée à le suivre au bout du monde – Stéphanie Lapointe

 

14. Balade à Toronto – Jean Leloup  Un livre d’un auteur canadien, mais pas québécois.

Anne – Graine de sorcière – Margaret Atwood

Isally – les testaments – Margaret Atwood

Sylire – L’Obomsawin – Daniel Poliquin

Enna – L’Obomsawin – Daniel Poliquin

Kathel – Washington black – Esi Edugyan

Isally – Louis Riel, l’insurgé – Chester Brown (BD)

 

15. N’importe quoi – Éric Lapointe  Le titre dit tout.

Aifelle – La héronnière – Lise Tremblay

karine – la pitoune et la poutine – Alexandre Fontaine-Rousseau et Xavier Cadieux

Eimelle – Pancakes moelleux au sirop d’érable

Litterama – Le faucon – Marie Laberge (théatre)

Eimelle – Pouding chômeur au sirop d’érable

Claire – Comment ne rien faire – Guy Delisle (BD)

Isally – Les charmes de l’impossible – Karine Glorieux

Pativore – J’étais là (série documentaire animée)

Karine – Vlog semaine 1

Karine – Vlog semaine 2

La vidéo PAL de MH la lectrice 

La vidéo PAL de Cindy 

La vidéo PAL de Maps 

La vidéo PAL de Encore1page

La vidéo PAL de 4e de couverture

 

Bilan du Pumpkin Autumn Challenge 2020

J’ai réussi. J’ai lu un livre par catégorie alors j’ai décidé que ça voulait dire que j’ai réussi. Je n’ai pas touuuut lu ce que j’avais prévu de lire, et j’ai encore moins tout chroniqué (c’est d’ailleurs mon programme de la journée)!

Et vous, ça va comment, votre programme lecture? 

Menu 1 – Automne Frissonnant

Je suis Médée, vieux crocodile – polar, thriller, trahison

Les chimères de la Sylve rouge – gothique, vampire, créature de la nuit

Les supplices de la Belladone – livre à la couverture noire

  • École pour filles – Ariane Lessard
  • A Deadly Education – Naomi Novik

Esprit, es-tu là – fantômes, classique, historique, histoire et secrets de famille

Automne douceur de vivre

Il fait un temps épouvantail – automne, Halloween, Samhain

  • Lucy in the sky – Pete From

Siroter un chocolat chaud à la cannelle sous les saules – enfance, feel good, cooconing

  • Le goût de l’élégance – Johanne Seymour
  • BL Métamorphose – tomes 1-3
  • Les roses fauves – Carole Martinez 

Fafnir ton assiette, sinon pas de piécette – créatures fantastiques, féérie, mythe, petit peuple

A window to the past – sorcellerie, SFFF, nostalgie

Automne des enchanteresses

Les rêves d’Aurore – militantisme, LGBTQIA+

  • Le Mammouth – Pierre Samson
  • Le mari de mon frère – tomes 1-4

Sarah Bernhard, monstre sacré – dramaturgie, théâtre, arts

  • Ténèbres – Paul Kawczak

Les écailles de mélusine – féminisme, transformation, métamorphose

  • Le lièvre d’Amérique – Mireille Gagné

Nausicaa, vallée du vent – nature writing, écologie, post-apocalyptique, nature

  • L’avenir – Catherine Leroux

 

Hollowpox – The Hunt for Morrigan Crow (Nevermoor #3) – Jessica Townsend

Le comment du pourquoi

J’ai un faible pour cette série. Je suis fan de cet univers magique et fantasque, de cette école magique et de cette héroïne « maudite » qui a fini par atterrir à Nevermoor, où on voyage en parapluie et où un hôtel peut avoir une personnalité.

De quoi ça parle

Pauvre Morrigan! Aussitôt qu’elle croit avoir vraiment trouvé sa place, une autre tuile lui tombe sur la tête. Cette fois-ci, ça prend un moment avant de tomber directement sur sa tête à elle, mais elle n’y échappe pas.

Le roman s’ouvre alors que Morrigan commence à apprendre les Wundrous Arts. Sauf que rapidement, Nevermoor devient en proie à un terrible virus, qui s’attaque uniquement aux Wunimals, ces êtres qui ont les traits des animaux mais la conscience des humains. Soudainement, ceux-ci sont pris de folie et se mettent à attaquer hommes et autres Wunimals. Comment la communauté va-t-elle réagir?

Mon avis

J’aime cette série. Je veux lire la suite (genre, maintenant… je déteste attendre les suites de séries) mais je dois avouer que c’est tout de même le tome que j’ai le moins aimé, du moins au départ. En effet, j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire en raison du rythme qui traine un peu au départ. Ou alors c’est moi qui suis dans un mauvais mood, mais j’ai mis 4 jours à lire les 150 premières pages. Ouais, je sais, pas normal. Disons que l’idée d’un virus, de mesures à prendre, de peur de la contagion… c’était un peu too much pour moi. 

Bon, ceci dit, une fois dedans, j’ai vraiment aimé et je me suis laissée embarquer dans cette histoire avec des personnages fantasques. Je suis toujours aussi fan de Fenestra la Manificat, de Jupiter et des copains de Morrigan. Et l’hôtel, l’hôtel… je RÊVE de visiter cet endroit. Ses sautes d’humeur me font mourir de rire.  Les thèmes abordés ici, ceux de la peur de la différence, de ce « nous » et ce « eux », sont plus graves que dans les premiers tome et il fait curieusement écho à ce qui se passe dans le monde réel. C’est une excellente façon d’ouvrir la discussion avec les jeunes au sujet des mesures coercitives, de la xénophobie et du pouvoir de la foule à qui il manque des informations et qui a peur. 

À partir de la moitié, le récit s’emballe, les événements se précipitent, les magouilles s’épaississent et on sent que tout le monde perd le contrôle. J’ai beacoup aimé la façon dont les personnages évoluent, comment ils interagissent entre eux. Morrigan grandit et réalise petit à petit que parfois, les adultes n’ont pas toutes les réponses. Elle commence à développer sa propre identité, avec des passions qui lui sont propres et c’est hyper intéressant à voir. 

Nous sommes donc moins dans la découverte de l’univers mais dans l’approfondissement de celui-ci. On voit les dessous de la Wundrous Society, on rencontre davantage d’autres membres de l’unité 919 et bref, j’ai hâte de voir comment Morrigan va évoluer. Cette fin!

Je reste fan, comme vous le devinez!

Vita Nostra – Marina et Sergey Dyachenko

Le comment du pourquoi

Parce que j’en avais entendu beaucoup de bien et que c’est classé dans la « Dark academia » dans plusieurs listes. Ceci explique cela.

De quoi ça parle

Oh boy. Comment expliquer de quoi parle ce roman. L’histoire s’ouvre sur Sacha Samokhina, jeune fille ordinaire qui visite une station balnéaire avec sa mère. Un jour, elle va rencontrer un homme mystérieux qui va lui demander d’exécuter certaines tâches qui ne semblent pas avoir de sens. Disons que « demander » n’est pas le mot approprié… Menacer serait plus adéquat. Bref, elle va se retrouver coupée du monde dans un petit village au fin fond de la Russie, dans une école mystérieuse où elle va apprendre… quelque chose. Le problème est qu’elle ne sait pas vraiment quoi, que ses enseignants refusent de le lui dire et que les étudiants de 2e année semblent tous avoir de sérieux problèmes.

Mon avis

Ce roman m’a envoûtée. J’ai passé quelques jours immergée dans cet univers fascinant, sans comprendre vraiment ce qui se passait. Je me suis sentie ballotée aux côtés de Sasha, j’ai perdu pied avec elle, sans réellement savoir où ça s’en allait. La prose est riche mais aussi très particulière, évocatrice, et a réussi à me faire embarquer dans une histoire où on ne me donnait pas assez de clés, où tout semblait impossible et où notre héroïne choisit de plonger tête première dans ces études auxquelles ne comprend rien, en espérant qu’un jour, ça aura un sens.

Ce roman est le premier d’une série romans compagnons ayant pour thème de base Les Métamorphoses d’Ovide. J’ai choisi de voir le récit comme un passage – difficile – à l’âge adulte où la protagoniste n’a pas les règles et où les figures d’autorité ne sont subitement plus toujours fiables et leurs demandes semblent parfois insensées. Toutefois, une reconstruction passe par une déconstruction… et dans cet étrange roman, nous aurons droit au parcours de Sasha dans cette école partiulière qu’elle ne comprend pas et dont les règles semblent changer en fonction de l’étudiant.

C’est un voyage intrigant que nous faisons avec Sasha dans cette histoire. J’ai choisi de me laisser porter sans chercher à tout comprendre et j’ai beaucoup apprécié la balade. J’aurais pris quelques indices supplémentaires à la fin pour interpréter le tout. Il semble avoir un côté biblique, c’est complètement fantasmagorique et j’ai vraiment apprécié d’être perdue à ce point. Ça n’arrive pas souvent alors j’en profite. L’écriture est spéciale, imagée mais parfois aussi hachée, mais on est rapidement plongé dans une brume un peu effrayante, qui ne se dissipe jamais totalement.

Un roman que je ne conseillerais pas à tout le monde car sa structure est, comme le reste, assez flottante, qu’il y a peu d’action et que le tout est hyper lent, mais pour ma part, j’ai vraiment aimé cette expérience de lecture.

La grosse laide – Marie-Noëlle Hébert

Le comment du pourquoi

Je crois que ce sont les images qui m’ont attirée de prime abord. Et ensuite le thème. Je ne recommencerai pas ici toute l’histoire de Karine-et-son-poids (qui, objectivement, est ben correct) mais disons que le sujet m’intéresse.

De quoi ça parle

Marie-Noëlle a toujours été « forte » et elle a très tôt appris à détester son corps. Dans cette bande dessinée, elle utilise ses souvenirs pour nous parler de sa relation à la nourriture et pour exorciser certains « mots » qui ont marqué son enfance et son adolescence.

Mon avis

On parle de plus en plus de l’image que nous renvoie la société actuelle, de ce qu’on « devrait » être ou ne pas être (William, sors de ce corps), et de la grossophobie intégrée dans la plupart d’entre nous. Chacun de nous a une histoire personnelle avec son corps et c’est la sienne que l’autrice et dessinatrice nous raconte ici. Comme si elle voulait, en la racontant, s’en libérer.

Impossible de ne pas être touchée par l’histoire de la jeune Marie-Noëlle qui réalise peu à peu qu’elle ne « fitte » pas dans le moule. Nous souffrons avec elle de certains commentaires reçus et de tout ce mépris « ordinaire » qui l’amènent à se mépriser elle-même et à se faire du mal. C’est poignant, touchant et ça sonne vrai. Ne serait-ce que pour ça, et pour se sensibiliser à la portée qu’ont mots et regards, je le conseillerais à tout le monde.

Les dessins, très réalistes et faits au crayon à papier (ou au crayon de bois… moi ne pas savoir) sont juste splendides. Si vous voyez la couverture et que ça vous plait, go for it. Chaque planche est aussi détaillée que ce que vous y voyez.

Une très belle bande dessinée, autant par le trait que par le sujet. N’hésitez pas!

Chez … cette semaine
En octobre. Donc, en avance… mais bon, je manquais de mercredis!

Mexican Gothic – Silvia Moreno-Garcia

Le comment du pourquoi

J’avais besoin d’un roman gothique pour le Pumpkin Autumn Challenge. Bon, ok, j’avoue, je ne savais pas si celui-ci aurait davantage rapport avec un roman spooky ou avec le tableau de Grant Wood, mais je me disais qu’au pire, j’aurais encore trouvé le moyen de tricher. Mais finalement, je suis full legit. Mais je m’explique.

De quoi ça parle

Noemi est un joli petit papillon social dans le Mexique des années 50. Elle se balade de fiesta en fiesta et quand son père lui demande d’aller voir ce qui arrive à sa cousine Catalina, exilée dans un manoir étrange depuis son mariage avec un anglais charismatique, elle voit l’occasion de se négocier des études supérieures. Sauf qu’une fois là-bas, elle se retrouve pratiquement prise au piège dans une famille vieux jeux, suprémaciste, et qui semble prête à tout pour l’empêcher de savoir ce qui se passe avec sa cousine.

Mon avis

Allez, on brise le suspense. C’est gothique dans le sens de maison spooky et creepy, avec un soupçon de feeling lovecraftien. C’est une parfaite lecture d’automne ou d’Halloween, avec une ambiance qui nous fait frissonner et douter de tous et chacun. Et ça m’a terriblement plu. Oui, je suis complètement fan de ce type d’atmosphère où on est amené à nous questionner sur la santé mentale de tous les personnages, ya rien à faire. Ajoutez à ça une histoire qui se situe dans le Mexique des années 50 et on a le setting parfait. Ce que j’ai aimé m’imaginer les looks de Noemi à travers l’histoire.

J’ai beaucoup aimé notre personnage principal, un peu princesse, qui croit qu’elle n’aura qu’à lever le petit doigt pour obtenir ce qu’elle veut. Elle ne réalise pas l’ampleur du danger et va finalement frapper un mur: la famille Doyle se fiche complètement qu’elle soit riche et mignonne. Pour eux, ce qui compte, c’est la tradition. Anglaise, de préférence. High Place domine une ville minière dirigée par cette famille suprémaciste dont le patriarche tient des propos effarants et pour une raison étrange personne ne semble prêt à lui permettre d’approcher vraiment sa cousine Catalina, soignée étrangement et atteinte d’un mal indéfinissable.

La famille Doyle est moins bien personnifiée que Noemi mais ils ont parfaitement tenu leur rôle: ils donnent froid dans le dos, tous autant qu’ils sont. Ce Howard, cette horrible femme… brrrr…. Le début est lent mais il sert à mettre en place le côté froid et à nous faire réaliser petit à petit à quel point quelque cloche, ça déboule ensuite et la finale aurait pu être plus complexe mais ce roman a été juste ce qu’il me fallait au moment où je l’ai lu : une petite bulle gothique qui rappelle un peu Daphné du Maurier avec un twist (qu’on voit certes venir de très, très loin), qui ne fait pas trop peur et avec laquelle j’ai passé un très bon moment.

Pas mal du tout.

Même si le mot « champignon » revient ma foi beaucoup, BEAUCOUP trop souvent!

Patients zéro – Histoires inversées de la médecine – Luc Perino

Le comment du pourquoi

Je suis une grande curieuse et l’histoire de la médecine est remplie de gens qui, à leur façon, ont contribué à faire avancer les connaissances. De fois sans nécessairement avoir donné leur avis, mais à une certaine époque (une longue certaine époque), c’était un détaillounet. Du coup, lire leurs histoires m’a tout de suite tentée. Et je l’ai fait.

Mon avis

Entendons-nous tout de suite, j’ai un background dans la santé. Du coup, je connaissais plusieurs de ces histoires, certaines pas mal plus en profondeur que ce qui est exposé ici. J’espérais par contre vraiment que la « parole » serait donné aux gens, aux patients, à leur histoire personnelle. C’est le cas pour certains et j’étais quand même bien partie. L’auteur nuance certaines légendes et les histoires sont parfois étonnantes. Ici, on parle de rage, d’aphasie, de dyspraxie verbale développementale, d’un homme pratiquement « sans » cerveau, d’étranges mutations ou d’amnésie antérograde. C’est varié, les chapitres sont courts et très accessibles et, avouons-le, ça se lit tout seul. C’est que ces histoires folles sont « intéressantes ». Oui, curiosité morbide. Je sais.

Premiers doutes quand on tombe sur les explications scientifiques de sujets que je connais bien. C’est souvent très près de la réalité (exemple: distinction entre parole et langage), mais pas tout à fait. Du coup, ça me permet de douter un peu sur le reste, sur ce que je ne connais pas vraiment. Même si l’auteur est médecin. Et de fait, les sources bibliographiques sont assez minces… mais bon, ne pinaillons pas. Ce n’est pas un article scientifique.

Là où je bug réellement, par contre, c’est que l’auteur a tendance à profiter de ces histoires pour faire passer ses propres messages et ses propres opinions sur certaines questions. Certes, il y a des dérives médicales à dénoncer (on pourrait en parler longtemps… mais ce n’est pas le sujet) mais ici, c’est généralisé et souvent sensationnaliste. Et quand tu n’es pas dans le domaine, tu peux le croire. Comme si TOUS les neurologues passaient directement à l’IRM sans faire un examen neurologique. Voyons donc. Il tend aussi à exposer des théories (sur lesquelles je n’ai pas d’opinion faute de connaissances nécessaires) comme des faits avérés. Et d’autre fois, c’est très capillotracté. Comment un enfant né avec un os pénien peut mener à la conclusion que nous devrions « considérer l’assistance médicale à la procréation après 40 ans avec plus de prudence »? Belle finale pour un essai sur les « patients ».

Bref, je ne truste pas.

Malgré l’aspect distrayant de l’essai et la bonne volonté de départ. Il y a encore beaucoup trop de « médecin » là-dedans.

Cette maison – David Mitchell

Le comment du pourquoi

J’avais envie de découvrir David Mitchell depuis un moment. C’est cette ma-gni-fi-que couverture de chez Alto qui m’a donné envie de choisir celui-ci. Ça et le fait qu’il était assez court et que ça me donnait une idée de l’univers de l’auteur sans me plonger dans une énorme brique de 600 pages. Des fois, c’est pratique.

De quoi ça parle

Slade House est une magnifique maison avec jardin, située dans une ruelle en plein milieu d’un quartier ouvrier. Au coin de la rue, un pub, le Renart et Mâtins. L’histoire commence en 1979, alors que Rita Bishop y arrive avec son fils Nathan pour y faire un concert. Nathan est un enfant précoce, probablement pas neurotypique, qui a du mal avec les gens qui se sent extraterrestre. Lorsqu’il fait la connaissance de Jonah, le fils de la maison et qu’ils semblent s’entendre à merveille, c’est presque trop beau pour être vrai. Sauf qu’il semble être encore plus difficile de quitter la demeure que d’en trouver la porte…

Mon avis

En premier lieu : lire ce roman en fin de soirée, à la lueur des chandelles alors qu’il y a une pluie torrentielle qui frappe à la fenêtre, ce n’était pas l’idée du siècle. Ce n’est pas hyyyper épeurant, mais par définition, je suis vraiment peureuse. Du coup, ma nuit a été… agitée. Et relativement peu efficace. Bref, bienvenue dans ma vie!

« Cette maison » nous offre une atmosphère sombre et glaçante. Nous rencontrons tour à tour plusieurs personnages en plus de Nathan. Un policier sûr de lui, une jeune fille ronde qui ne s’aime pas, ainsi que quelques autres. Chaque personnage a une voix qui lui est propre et en quelques pages, l’auteur réussit à les rendre réels et humains. Pas toujours aimables, mais leur personnalité transparait et nous donne l’impression de les connaître. C’est bien écrit, l’abiance est angoissante et hyper bien maîtrisée et je n’ai pas réussi à le lâcher. Cet auteur, il FAUT que j’en lise davantage de lui.

Mon bémol : j’ai trouvé les révélations trop complètes, trop précises, ce qui rend les choses moins mystérieuses. J’aurais préféré qu’on me fasse davantage confiance en tant que lectrice et qu’on laisse quelques zones d’ombre. Je dois avouer par contre que ce genre de révélation très complète n’est vraiment pas mon procédé préféré.

Une bonne lecture, juste assez stressante, une maison qui fascine… et je ne remercie pas David Mitchell pour la nuit blanche!

Tom Thomson – Esquisses d’un printemps – Sandrine Revel

Le comment du pourquoi

Tom Thomson est un peintre que j’aime beaucoup. Précurseur du groupe des sept, j’aime beaucoup sa façon de représenter la nature et les grands espaces de l’Ontario.

Pourquoi maintenant? Réponse assez simple. Je devais le ramener à la bibliothèque… hier. Donc, fallait. Ah oui, je précise : je l’ai emprunté AVANT la pandémie. Quand je dis que je suis miss dernière minute !

De quoi ça parle

Tom Thomson est une figure assez énigmatique de la peinture canadienne. Mort à 39 ans, retrouvé dans un lac du parc Algonquin, amoureux de la nature et garde forestier, les circonstances de son décès sont nébuleuses. Que s’est-il vraiment passé en 1917?

Mon avis

J’aime beaucoup l’oeuvre de Tom Thomson. Ses natures me touchent toujours. Ici, Sandrine Revel choisit un récit en plusieurs temps : moments de vie du peintre, derniers mois et flash forward dans les années 50 où des gens tentent de résoudre le mystère de sa mort. Cette construction me plait toujours et ça a encore une fois fonctionné ici. Nous rencontrons un homme dont la famille n’approuve pas toujours ses choix, amoureux des bois et qui peut passer des semaines dans la forêt pour observer la lumière sur les arbres dans différentes conditions. Et il peint, envers et contre tous.

J’aime beaucoup cette BD, dans les tons neutres, avec parfois quelques touches de couleurs vives. On est quand même assez loin de la vibrance de Thomson et j’ai bien aimé la réinterprétation de certaines de ses toiles, dans un style un peu différent. Le choix graphique ajoute au mystère et il m’a beaucoup plu. C’est que c’est beau!

Ok, j’admets que la partie en 1950, avec ceux qui cherchent dans le parc à résoudre le mystère de la mort du peintre. J’ai eu du mal à comprendre POURQUOI cette histoire de déplacement fictif de corps… mais bref. Cette partie m’a moins passionnée. Ceci dit, ça ne m’a pas empêchée de beaucoup aimer la BD, surtout pour le graphisme et la découverte. Bon, la totale non-physionomiste que je suis a parfois eu du mal à distinguer les personnages, mais c’est un détail.

Un peintre à découvrir, une atmosphère très réussie, un peu gloomy et une autrice que je suivrai. J’avais d’ailleurs beaucoup (ok, un peu plus) aimé Glenn Gould, de la même autrice, que je conseille également!

C’était ma BD de la semaine!

Cette semaine chez Moka