Les ananas de la colère – Cathon

Le comment du pourquoi

C’est Pow Pow. Juste ça, c’est une bonne raison. Mais sérieux, ce titre! On ne résiste pas à Steinbeck version ananas!

De quoi ça parle

L’histoire se déroule dans le quartier hawaïen de Trois-Rivières. Rien que ça. L’héroïne est serveuse de cocktails exotiques et elle adore les romans policiers mettant en vedette McSnuffles et son chien hyper intelligent. Du coup, quand sa voisine, ex-championne de limbo, est trouvée assassinée, elle décide de mener l’enquête.

Mon avis

Voici donc tout à fait le genre d’humour absurde qui est tout à fait dans mes cordes. Le genre qui me fait sourire ou pouffer à chaque page en raison d’un petit détail de rien du tout. On n’est pas dans le grand n’importe quoi… mais ça flirte un peu et c’est top.

Nous avons donc droit aux aventures de Marie-Pomme Plourde (pauvre fille), qui va mener une enquête complètement jubilatoire dans un Trois-Rivières version pina coladas sur l’acide. Il y a un côté parodique complètement assumé et des références disséminées un peu partout. C’est absurde, mais absurde intelligent, voyez-vous! J’en prendrais davantages et tiens, ce ne serait pas mal si notre Marie-Pomme déménageait dans un autre quartier de ce Trois-Rivières-qui-a-dû-en-fumer-de-la-bonne. Je me demande bien ce qu’on pourrait y trouver!

Une autrice à découvrir, une BD courte mais qui vaut vraiment la peine d’être découverte. Sérieux, je ne veux pas trop voler de petits punchs (genre.. dans l’intrigue… pas des p’tits punchs version rhum-sucre-citron) alors je ne peux pas vraiment justifier tout mon enthousiasme, mais il n’en est pas moins présent!

Allez, n’hésitez pas, go for it!

Ce sera donc ma BD de la semaine

Tous les billets chez Stephie!

Vlog lecture – Québec en novembre – Semaine 1

Je me suis amusée à vloguer pendant la première semaine de Québec en novembre. Bon, on est en zone rouge, on est semi-confinés, et cette semaine-là, j’étais complètement DEAD! Du coup, comme j’étais certaine qu’il n’y aurait rien pantoute dans le vlog, je me suis forcée un peu pour prendre des images. Résultat? Ça dure une heure. Et j’ai coupé AU MOINS une heure. Bravo Karine!

Là dedans, je lis québécois (dans la barre sous la vidéo, vous pouvez voir de quels livres je parle. Ouais, je fais dans la paresse), je reçois deux énooormes colis géniaux (voir lundi et mardi) de la boîte de diffusion et de Interforum, j’ai parfois l’air d’avoir fait la guerre et je prends des marches. Passionnant, je sais!

Donc, pour m’entendre parler de tout et de rien, vous pouvez tenter le coup. Et mettre un petit pouce si vous n’êtes pas complètement découragés de moi. Ou même un commentaire. Sérieux, ça fait plaisir. 

Et comme je suis en isolement présentement en attendant le résultat de « the test », le vlog de la semaine prochaine va être encore plus passionnant. Smell irony here!

Bon chien – Sarah Desrosiers

Le comment du pourquoi

J’aime beaucoup la ligne éditoriale des éditions Hamac. Du coup, un roman de chez Hamac qui parle de la danse, c’était un incontournable. Allez savoir pourquoi, ça m’a pris deux ans à le sortir, mais c’est une autre histoire!

De quoi ça parle

La narratrice s’adresse à celle qu’elle était plusieurs années avant, alors qu’elle était élève de danse classique à l’École. Elle n’est pas très douée. A beaucoup de problème rédhibitoires. Mais elle est persévérante, travaillante. Elle veut être a good girl. Elle est prête à tout pour ça. Nous la suivrons pendant son parcours de plusieurs années dans cette École, alors qu’elle tente par tous les moyens d’en faire vraiment partie.

Mon avis

Ce que j’ai pu aimer ce roman. Je ne sais pas parce que ça traite de la danse, ou encore parce que j’ai associé ce besoin de reconnaissance au syndrome de l’imposteur (que j’ai de façon « sélective ») mais j’ai été tout de suite happée par cette histoire qui m’a moins semblé une critique du milieu de la danse qu’une réflexion sur cette soumission presque maladive, cette volonté de recevoir la petite caresse, de souffir pour prouver qu’on mérite d’être là, pour tenter de se faire une place. N’importe laquelle, mais une place.

La narration, au « tu », interpelle immédiatement. Pour ma part, ça me plait beaucoup et ce choix permet à la narratrice de prendre une certaine distance, de porter un certain jugement – quoique sans violence – sur la personne qu’elle était, la danseuse qu’elle était. Parce que dès le départ, elle sait qu’elle n’a pas le talent, qu’elle a du retard, un corps qui à la fois « trop » et « pas assez ». Il est clair qu’elle ne fera jamais partie des meilleures, qu’elle n’aura jamais de premier rôle. Elle le sait et on le lui fait sentir. Tous les jours. Même pas méchamment. Les professeurs sont exigeants et considèrent son corps comme un objet. Certaines scènes, le master class, par exemple, est terrible à lire. L’âme de l’adolescente n’est pas prise en considération, seulement son corps, qu’on tente de modeler pour qu’il soit « assez ».

Nous sommes dans le domaine de la danse classique, celui que l’autrice connaît. Mais ça pourrait être n’importe où. L’intérêt a été pour moi cette relation à la soumission alors que la seule opinion importante est celle des autres car l’identité n’est bâtie qu’autour de celle-ci. Que reste-t-il après la danseuse? Qui est-on sans cet horaire, ce constant regard qui définit, qui donne ou enlève sa valeur?

C’est à la fois ça et une réflexion sur les univers élitistes, où il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Un roman percutant et qui fait réfléchir. Du moins, qui m’a fait réfléchir. Ouais, un jour j’arrêterai de rêver que je suis dans un spectacle où je n’ai absolument rien à faire et où personne ne le réalise. Syndrome de qui, on disait?

Catégorie J’aurais voulu être un artiste

Ceci n’est pas une histoire de dragons – Mathieu Handfield

Le comment du pourquoi

Ce roman a été l’un de mes achats du 12 août. C’est la couverture qui m’a attirée. Les petits dragons sur la couverture précisiément. Et bon, ce titre, quand même, avouez que ça en jette.

De quoi ça parle

Ce roman est une réédition du livre qui avait été publié dans la même maison d’édition en 2010. C’est l’histoire de Napoléon qui, contrairement à son célèbre homonyme, est grand. Trop grand. Depuis qu’il est tout petit (enfin, pas si petit que ça), il se sent inadéquat et son rêve ultime serait d’avoir une chaise à sa grandeur. Un jour, il va tomber sur un nain (j’utilise ses mots… avis à tous, nous ne sommes pas dans le politically correct) irascible, millionnaire et mégalomane qui va embarquer dans un projet fou : transformer la taille de la ville pour qu’elle soit à sa taille. Rien de moins.

Mon avis

Si vous me connaissez, vous savez que j’aime particulièrement les histoires loufoques, juste un peu (voire même beaucoup) impossibles, plus grandes que nature et qui tendent vers le grand n’importe quoi sans toutefois l’atteindre. Voilà exactement ce à quoi nous avons droit dans ce roman. Bien entendu, j’ai beaucoup aimé. Quel bon moment de lecture! Vous savez, le genre de lecture où on lève parfois les yeux du livre en lançant – bien fort, si possible – WHAT?!?! C’était tout à fait ça.

Napoléon n’est pas un personnage « gentil ». Il ne se sent pas à sa place dans ce monde trop petit pour lui, est une éternelle victime, mais il déteste tout le monde et passe sa vie à se plaindre à lui-même. Il va tomber sur – ok, non, il va se faire attaquer par – un nain en smoking dans un bar huppé… parce qu’il l’a confondu avec un enfant. On le comprend un peu d’être enragé. Mais on se rend rapidement compte que lui aussi est perpétuellement en crisse, qu’il est particulièrement ordurier, et qu’il est prêt à tout pour se venger de ce monde qu’il hait particulièrement. Et ça va déraper.

Entendons-nous, c’est pour les adultes. Ce n’est pas politically correct, parfois même carrément ordurier. Ça se traite de pas mal de noms pas mignons du tout, les personnages sont loin d’être de héros et leurs pensées nous font grincer des dents. Et c’est voulu comme ça. Je ne pourrais même pas nommer tout ce qui pourrait être qualifié de « problématique » si ce roman était dirigé à la jeunesse. Mais comme techniquement, les adultes savent penser par eux-mêmes et peuvent comprendre l’ironie derrière tout ça, moi, j’ai sauté à pieds joints dans cette histoire et je me suis laissée porter. Et sérieux, j’ai trouvé ça drôle. Mais vraiment.

Je vais vous laisser découvrir les événements complètement WTF qui vont arriver à ce grand dadais de Napoléon. C’est une métaphore intéressante sur l’individualisme, c’est déjanté, c’est imaginatif et farfelu. Tout ce que j’aime.

Une réussite pour moi!

Polars et Thrillers québécois avec Richard Migneault

Comme je ne suis pas très connaissante pour tout ce qui concerne polars et thrillers, j’ai demandé à Richard de Polar noir et blanc, de nous en présenter quelques uns. Et imaginez-vous qu’il est aussi placoteux que moi!  Pour choisir un livre en particulier, vous pouvez voir les marqueurs de temps juste sous la vidéo!

À 43:47, on vous fait aussi des suggestions pour les thèmes de « The black november » de Séverine. Au cas où vous voudriez mettre du québécois sur votre PAL! Vu que je n’ai rien lu de tout ça, je n’ai pas de liens à mettre… mais allez écouter Richard!

Et si vous avez des suggestions, hop dans les commentaires!  Elles sont et seront toujours les bienvenues!

Ouvrages mentionnés

Pour The Black November

Titres composés d’un seul mot

Polars/thrillers historiques

  • Dans le quartier des agités – Jacques Côté
  • Série Joseph Laflamme (la même qu’en haut) – Hervé Gagnon
  • Série Vérité – Hervé Gagnon
  • Série Stan Coveleski – Maxime Houde
  • L’homme de l’ombre – tomes 1-2- Laurent Turcot

Polar avec une forêt sur la couverture

  • Bondrée – Andrée A. Michaud (again)
  • Ghetto X – Martin Michaud

Polar autour de la disparition de l’enfant

  • Bondrée – Andrée A. Michaud (lol… je sais…)
  • L’enfant promis – Maureen Martineau

 

Automne rouge – André-Philippe Côté / Richard Villerand

Le comment du pourquoi

Parce que j’avais besoin d’un roman sur le thème de l’automne et que Daphné, de Signé Daphné, m’avait proposé en lecture commune. Et j’ai cru comprendre qu’elle n’avait pas beaucoup aimé alors que, pour ma part, ça m’a plu.

De quoi ça parle

Québec, 1970. À l’école secondaire, Laurent Lessard et Jason Picard ne sont pas des amis. En fait, Laurent est fils d’une syndicaliste engagée, séparatiste mais pacifique et Jason fils d’employé d’usine, d’origine « indienne », comme il le dit lui-même. Parce qu’en 1970, c’est comme ça qu’on disait. Nous sommes à la fois sur fond de grève et de montée du FLQ et quand un enseignant demande à ses élèves de créer un héros québécois, des questionnements vont s’amorcer chez plusieurs personnages.

Mon avis

Disons-le tout de suite, j’ai beaucoup aimé. Certes, ça va un peu vite, mais comme ce qui m’a happée est la quête d’identité des deux jeunes (un en tant que blanc, l’autre en tant qu’autochtone), vue à travers cette lentille. La recherche de héros est très parlante et très révélatrice du « cul entre deux chaises » de plusieurs québécois qui ne trouvent pas leur place nulle part. Comme je suis présentement en plein questionnement personnel à ce sujet, ça m’a parlé, of course.

J’ai beaucoup aimé les différents points de vue et les différentes réactions des personnages face aux injustices et à la situation du Québec dans le Canada. Pour moi, l’auteur a mis le doigt dessus. C’est ça. Totalement ça. Je réentends les discussions de plusieurs personnes de la génération juste avant la mienne (je suis née en 1976), qui ont vécu la crise d’octobre et les arrestations parfois arbitraires qui ont suivi. Avec les conséquences qu’on sait. Et le tout sans mettre les felquistes sur un piedestal, loin de là.

Ceci dit, c’est le questionnement des jeunes et sur le fameux « héros québécois » qui prend tout le devant de la scène. J’aurais préféré une plus longue série qui aurait permis de développer davantage les familles et les années qui séparent l’histoire de l’épilogue. C’est d’ailleurs le principal reproche de Daphné, qui s’est quant à elle davantage intéressée à la vie au quotidien des deux jeunes. Et j’avoue, après discussion, je réalise qu’il y a quelques trous. Toutefois, moi, quand je l’ai lu, ça ne m’a pas dérangée, à part une sensation de rapidité à la fin. Et j’ai beaucoup, beaucoup aimé, autant le sujet que le dessin aux couleurs passées.

Une bonne lecture.

J’ai appris ça au cirque – Baron Marc-André Lévesque

Je parle rarement de poésie ici. Ok, je n’en parle jamais. En fait, je ne sais absolument pas comment en parler. Attendez-vous donc à un billet incohérent… enfin, plus incohérent que d’habitude. 

Cet ouvrage est un recueil de poésie jeunesse, qui parlera aux jeunes en fin de primaire ou au début du secondaire. Cette poésie a tout ce qu’il faut pour éveiller les jeunes à la beauté des mots, du rythme, tout en restant accessible et en traitant de sujets qui les touchent de près.  École, amitié, famille… On explore ce qu’il y a de fascinant dans les petites choses, les détails du quotidien et ça ne peut que toucher et amener à porter un autre regard sur les choses.  Le vocabulaire est intéressant mais la structure de phrase reste dans un ordre relativement régulier, ce qui peut faciliter la compréhension pour les jeunes.  Non mais, comment ne pas tripper sur un poème traitant de la solitude et de la connexion des éléments du tableau périodique? Comment?

Bref, un recueil très agréable à lire, avec quelques flamboyances. J’aimerais tellement que Neveux inc. prennent goût à la poésie. Me semble qu’il y aurait des discussions chouettes à avoir après cette lecture!

École pour filles – Ariane Lessard

Le comment du pourquoi

J’ai envie de découvrir la plume d’Ariane Lessard depuis un petit moment. En fait, j’avais fort envie de lire Feue, son premier roman, mais je ne sais pas pourquoi ça ne s’est jamais fait. Alors quand j’ai vu cette couverture de folie, qui fait très mystère, très gloomy, il me le fallait.

De quoi ça parle

Un pensionnat, des filles, des presque-femmes, une année complète dans leurs pensées, le tout en 144 pages.

Mon avis

Cette plume, mais cette plume! Entendons-nous tout de suite, j’ai dû relire le roman deux fois de suite (et avec autant de plaisir chaque fois) car à la fin de ma première lecture, j’ai ressenti le besoin de reprendre du début, question d’être certaine de ne pas en avoir manqué un bout. C’est un roman par regards fragmentés, par flashes. Chaque adolescente nous parle, ou se parle à elle-même, et ce roman choral m’a fait l’effet de flashes photographiques en noir et blancs, plus ou moins flous, parfois fugaces. Le tout nous plonge dans une atmosphère gothique, enneigée et inquiétante.

Dans cette histoire de femmes et de femmes en devenir, beaucoup de violence, beaucoup de questionnements aussi. Elles se jugent elles-mêmes, jugent les autres, sont témoins de la transformation des corps et des âmes. Autour, les arbres et la forêt qui chuchotent et qui remplissent les couloirs de cette école hors du temps, que l’on sent humide, hantée de ces anciennes et de tout ce qu’il y a sous les dalles.

L’écriture est poétique, sensible, douloureuse, lancinante. Les voix restent en tête, tournent en boucle, l’adolescence n’est pas lisse ni choupi et les questionnements sont universels. Qui suis-je, suis-je assez, est-ce que je vaux la peine, suis-je méchante. Les filles se blessent, s’envient, s’espionnent et on en ressort le souffle court, en doutant de ce qu’on vient de lire.

Ça ne plaira pas à tout le monde car ici, pas d’histoire claire, pas de fil facile à suivre. C’est une suite d’impressions, de regards blessés ou cruels, tous très humains… assaisonnés parfois d’une touche de sorcellerie.

J’ai dit que la plume était superbe?

Ah oui… sorry, je me répète! À tenter!

La pitoune et la poutine – Alexandre Fontaine Rousseau / Xavier Cadieux

Le comment du pourquoi

Non mais une BD avec une métathèse de la mort qui tue dans le titre, on ne résiste pas à ça! Du moins, pas moi! En plus, c’est Pow Pow!

De quoi ça parle

Jos Montferrant, draveur émérite mondialement connu, est aussi un grand saoulon. Un jour, il entend parler d’un plat incroyable qui guérit miraculeusement les pires lendemains de veille. Il va donc embarquer sur sa pitoune de voyage et partir à la recherche de ce plat mythique.

Mon avis

Cet album m’a fait recracher mon pepsi par le nez tellement j’ai ri. C’est complètement absurde, c’est du grand n’importe quoi, mais du BON grand n’importe quoi. C’est plein de références québécoises (je sens que certains lecteurs français vont avoir besoin d’interprétation simultanée) et de détails qui tuent. Qu’attendre d’autre d’une BD dont le narrateur est… un castor?

On se balade donc à travers un Québec d’antan réinterprété à la mode « drave », avec des clins d’oeil aux hipsters, aux sacro-saintes institutions religieuses et aux sempiternelles chicanes français-anglais.

Jos Montferrant, légende québécoise sur le déclin, alcoolique et ratoureux, est hilarant et va faire face à de nombreux défis, allant d’îles traîtresses à une gang de Buches Babes, pour arriver à Saint-Shack-à-patates-du-Lac. C’est drôle, très québécois, c’est totalement barré et j’ai adoré.

Jubilatoire!

C’était ma BD de la semaine, et ça fitte dans Québec en novembre!

Tous les billets chez Moka cette semaine.

Ténèbre – Paul Kawczak

Le comment du pourquoi

C’est un cas typique de roman acheté parce que tout le monde disait que c’était extraordinaire. Dans ce temps-là, la plupart du temps, je suis déçue. Et du coup, je n’en attends rien. Ouais, je sais, faut pas chercher à comprendre.

De quoi ça parle

Nous sommes à la fin du 19e siècle, au Congo. L’Afrique a été divisée entre les pays dominants et le Congo Belge est devenu la propriété privée du roi Léopold II. Pierre Claes, géomètre de son état, est donc envoyé par le dit toi pour bien établir les cartes de l’Afrique, telle que charcutée par l’Europe. À bord du Fleur de Bruges, glissant sur le fleuve Congo, l’accompagnent À bord du bateau, des travailleurs bandous et Xi Xiao, bourreau chinois spécialisé dans la découpe humaine et le tatouage. Ce sera donc un voyage au coeur de l’Afrique, mais ce sera aussi le naufrage d’un homme qui perd ses illusions et se perdra lui-même.

Mon avis

Soyons clair, j’ai adoré. Ce roman est fascinant, rien de moins. Quand on s’y plonge, il faut savoir se laisser porter au fil de l’eau et du roman, sans trop chercher à comprendre. Ça commence par une Afrique envahie et charcutée, où les populations sont traitées comme du bétail et où notre Pierre Claes réalise soudain l’étendue du massacre. Il sera accompagné par le fameux tatoueur chinois, un peu devin, qui en tombe amoureux et qui sait qu’il l’accompagnera jusqu’à la fin.

De l’histoire du Congo, je ne savais presque rien. J’ai été complètement ébahie par ce qui s’est passé il n’y a pas si longtemps. Comme Claes, j’ai été bouleversée par l’horreur coloniale, par cette séparation chirurgicale qui fait écho à l’art de Xi Xiao, qui tatoue avant de découper. La plume est riche et vénéneuse, teintée de magie, de rêves et d’érotisme. On est baladés entre l’Afrique et l’Europe, avec plusieurs personnages qui nous ramèneront toujours à Claes ou à Vanderdorpe. Ou Van der Boor. Ah ces noms flamands. On ne sait jamais comment les prononcer n’est-ce pas?

L’écriture est exigeante, vertigieuse,et elle nous entraîne dans cette ténèbre dont il est question dans le titre. C’est sombre, sanglant, touffu, dense et étouffant à la fois. Je suis ressortie du roman à bout de souffle et un peu hallucinée. Un roman qui ne plaira pas à tout le monde mais pour moi ça a été une aventure en apnée, qui m’a retourné l’esprit. Fantabuleux.

Un gros 5 étoiles. Genre un 5 étoiles facile.