Royaume de vent et de colères – Jean-Laurent del Socorro

Le pourquoi du comment

Vous savez, il y a des livres qu’on attrape comme ça, sans trop savoir pourquoi. Et qu’on lit aussi comme ça, sur un coup de tête, sans y avoir réfléchi une minute avant. C’est ce qui m’est arrivé avec ce roman. Un coup de tête. Mais quel joli coup de tête!

De quoi ça parle

Entre histoire et fantasy, ce roman nous emmène à la fin du 16e siècle, en pleine époque des guerres de religions. Nous sommes à Marseille et nos personnages se croiseront dans une auberge. Un chevalier, la chef d’une guilde d’assassins, des anciens mercenaires et des magiciens en fuite. Avec des aller-retours dans un passé plus ou moins récent, nous allons comprendre ce qui les a tous menés là, à ce moment fatidique, alors que les armées du roi sont aux portes de la ville.

Mon avis

Quel plaisir de lire un tel roman, à la croisée des genres. Nous sommes dans un contexte historique hyper intéressant, pendant les guerres de religion. Nous allons croiser Henri IV de loin, nous promener entre passé et présent, à différentes époques en fonction des personnages. J’ai adoré la narration et la construction, avec un début au présent (bon, le présent est en 1596 je crois), jour fatidique, des retours en arrière, pour finalement revenir à ce fameux présent. J’ai réussi à m’attacher à tous les personnages, avec leurs failles et leurs faiblesses. Ils sonnent vrai, leurs histoires sont toutes différentes et crédibles. La fantasy est légère, on est balloté d’un endroit à l’autre et la fin est inéluctable… bref j’ai adoré.

Ici, nous avons des trahisons, des secrets, de lourds passés, des amoureux et des familles qui se sont choisies, le tout en 300 quelques pages. C’est dense, c’est original et on ne tombe pas dans la description d’actions non-stop. Ouais, j’aime ma fantasy avec un surplus d’atmosphère. Il se passe beaucoup de choses mais on est imprégné des lieux, de l’ambiance et surtout des sentiments des personnages. C’est fou comme en peu de pages on a l’impression de les connaître et je me souviendrai longtemps de Gabin, Axelle, Gabrielle, Victoire et tous les autres.

Ma lecture fantasy préférée depuis mon coup de coeur de la mort qui tue pour Gagner la guerre de Jaworski l’an dernier. Un auteur que je vais suivre… j’ai déjà un autre livre de lui dans ma liseuse!

La théorie du drap contour – Valérie Chevalier

Le comment du pourquoi

Je ne pense pas que j’aurais un jour sorti ce roman de ma pile si ce n’était du défi Serpents-Échelles littéraires de Québec Livresque. Il fallait lire un roman à couverture jaune. Donc j’ai sorti celui-là. CQFD

De quoi ça parle

Florence est fleur bleue et romantique. Elle a toujours cru que son premier amour durerait toujours. Malheureusement, dès le premier chapitre, le fameux « premier » l’a trompée et elle est de nouveau célibataire, à son grand désarroi. Elle qui aurait tant voulu faire comme ses parents. Nous serons donc témoins de sa quête du grand amour à travers ses histoires successives… et ses théories!

Mon avis

Parfois, je crois que j’ai besoin de légèreté. J’avais vu tout plein d’avis hyper positifs sur ce roman alors du coup, j’entrais dedans avec confiance, du moins, la confiance de passer un bon moment. Peut-être que j’aurais dû mieux lire la quatrième… ou m’avouer enfin que les livres centrés sur l’amour, ce n’est pas mon truc, en fait (dit celle qui a bingewatché Bridgerton en une journée, et qui avait lu toute la série avant). Bref, c’est un rendez-vous manqué, et un total cas de « c’est pas lui, c’est moi ».

Mon problème, c’est qu’à la fin de ce roman, même si le message est positif et constructif, je n’avais pas l’impression de connaître Florence, le « je » de l’histoire. Nous la voyons à travers ses différentes relations et certes, il y a une évolution, mais uniquement à cet effet. Le reste de sa vie, nous la voyons assez peu, seulement à la fin et j’ai eu l’impression qu’elle n’était définie que par son rapport à l’amour et aux hommes. Chaque relation est différente, très réaliste, mais nous passons de l’une à l’autre, comme si c’étaient les seuls événements marquants de sa vie. Et bon, j’avoue que ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus dans la vie. J’aimerais ça que qu’il en soit autrement, mais bon, la quête de l’amour est ma priorité numéro 97 dans la vie.

Ceci dit, c’est drôle, la plume est enlevée et pétillante. Ça se lit tout seul et ça fait parfois sourire, malgré les lieux communs. Si vous avez envie d’une lecture qui parle d’amour, de peines d’amour et d’amants (sérieux, ce n’est pas une éternelle célibataire. Un regard et ça y est), ça peut vous plaire et vous faire passer un bon moment. Certaines situations sentent le vécu. Dommage que ça n’ait pas fonctionné pour moi.

Basilico – Guilio Macaione

Le comment du pourquoi

J’ai une genre de fascination pour le basilic. J’en mets partout. Je m’en fais des bouquets pour me mettre le nez dedans en le brassant un peu. Ouais, il m’en faut peu pour décider de lire un ouvrage, surtout graphique!

De quoi ça parle

Maria Morreale aimerait voir ses enfants plus souvent et aujourd’hui, ils sont tous là. Autour de son cercueil. Elle a terrorisé ses enfants en les aimant trop et mal, en les ayant élevés toute seule après que son mari soit parti avec la nounou. Les secrets de famille et les relations difficiles sont au coeur de ce récit.. avec le basilic, of course!

Mon avis

J’aime beaucoup les histoires de famille et celle-ci n’a pas fait exception. Cette histoire est un mélange réussi entre la tradition sicilienne et la modernité, avec des personnages variés bien qu’écorchés par cette mère qui a sincèrement l’impression d’avoir fait tout son possible pour les élever. Selon ses valeurs à elle, of course, mais dans sa tête, c’était THE bonne façon. La sienne!

L’histoire est racontée au présent par chacun des enfants: l’aîné bonasse, marié à une jolie égocentrique, l’artiste qui aurait tant voulu l’approbation de sa mère, le frère gay volage et drama queen, la sainte parfaite et le petit dernier vagabond. Chaque point de vue est interrompu par les souvenirs de Maria, en sépia, qui va raconter sa version de l’histoire. Chaque personnage est bien caractérisé, même si j’aurais aimé une histoire un peu plus longue pour qu’ils soient un peu plus creusés. Ceci dit, j’ai passé un très bon moment avec cette histoire et en plus, elle m’a donné faim!

Il faut dire que la matriarche est une cuisinière de folie et que nous avons droit à plusieurs recettes tout au long du livre. On est réellement en Sicile, nous avons la confrontation entre deux générations et l’impact des commentaires de cette mère est frappant. Chaque enfant est profondément marqué, chacun à sa manière et les relations familiales m’ont rappelé certaines familles de ma connaissance. J’avais pas mal deviné les fameux secrets mais peu importe, ce sont les conséquences qui sont intéressantes.

Le seul reproche que je ferais, c’est que c’est écrit tout mini! Pour ma part, ça allait mais ma mère a refusé de le lire en raison de ça. Je dis ça, je dis rien!

À découvrir donc!

Tous les billets chez…

Notorious Nineteen – Janet Evanovich

Le comment du pourquoi

Je suis fan de la série Stephanie Plum depuis des années. Il fut une époque où j’attendais l’Evanovich nouveau avec empressement chaque année. Je me suis lassée lors des derniers, j’ai laissé passer quelques années… et j’ai eu une envie folle et soudaine de rire un bon coup. Genre, craving de femme enceinte, mais pas enceinte, pis avec des livres!

De quoi ça parle

Cette série n’a plus besoin de présentation. Je pense que j’ai parlé des 18 premiers déjà alors si vous me lisez depuis un moment, vous savez de quoi il s’agit. Ici, Stephanie Plum, ancienne vendeuse de sous-vêtements reconvertie en chasseuse de primes, doit attraper Geoffrey Cubbin, qui s’est mystérieusement échappé de l’hôpital pour éviter d’aller en cour après avoir volé quelques millions à une maison de retraite. Et vous ne devinerez jamais qui est le nouveau responsable de la sécurité de l’hôpital. Du coup, je ne vous le dirai pas!

Comme si ce n’était pas assez, Ranger (THE Ranger) lui offre une job on the side car quelqu’un menace le mariage de l’un de ses anciens collègues des forces spéciales. Son rôle? Se faire passer pour sa date afin de garder un oeil sur la future mariée. Bien entendu, comme toujours avec Stéphanie, ça ne va pas se passer comme prévu.

Mon avis

Oh, que ce fut un plaisir de retrouver toute la tribu de cette série qui me suit depuis des années. Ici, ils sont pratiquement tous là : Stephanie, Ranger, Morelli, Lula, Connie et Grandma Mazur… que de plaisir!

On reproche la recette, les répétitions des blagues… vous savez quoi? Je suis d’accord mais quand ça fait un moment qu’on n’a pas été dans l’univers, sérieusement, on s’en fiche. On est juste heureux de retrouver Lula et ses accoutrements farfelus, Mamie Mazur et son sans-gêne, Morelli et Ranger et leur sexytude, sans oublier Stephanie qui ne semble pas du tout apprendre le métier après ces années. C’est un aimant à catastrophes, c’est du grand n’importe quoi, et ce pour mon plus grand plaisir. Genre, il lui arrive plus de choses en une semaine qu’en trois vies entières. Mais c’est hi-la-rant! Le fait que plus personne ne semble surpris de la voir aller est ce qu’il y a de plus drôle à mon avis. Bref, j’adore.

Certains ont dénoncé certains propos, totalement non-politically correct. Pris isolément, ce n’est pas très 2020, j’avoue et il y a de nombreux stéréotypes, mais pour TOUT. Le flic italien sexy, le Special op mystérieux, la sidekick noire overweight qui aime le spandex, les gangstas et les gangs de rue, la mama catholique, la grand-mère sicilienne… tout est exagéré. Ça n’a d’ailleurs pas été écrit en 2020. Toutefois, derrière toutes ces visions parfois limitées, il y a selon moi beaucoup d’inclusion sous-jacente. Stephanie prend tout le monde comme ils sont (et ils sont tous assez particuliers, d’une façon ou d’une autre), sans en faire de cas. Mais bon, certains commentaires peuvent faire sursauter. Il faut dire que plusieurs personnages ne sont pas nécessairement recommandables!

Bref, c’est mon total plaisir coupable, j’adore, je ris comme une baleine et j’apprécie pour ce que c’est. Des histoires de crimes avec une enquêtrice inapte, des scènes improbables et des personnages qui se permettent de dire tout et n’importe quoi. Clairement pas pour les enfants, on a besoin de garder un cerveau d’adulte pour bien pouvoir réfléchir à tout ce qui est dit, malgré le côté « funny »!

J’ai dit que j’avais ri toute seule hein?

Du domaine des Murmures – Carole Martinez

Le comment du pourquoi

Je ne sais pas si j’aurais choisi ce roman à ce moment précis si je n’avais pas pigé la catégorie « Roman dont le titre commence par la lettre D » dans le défi Serpent et Échelles 2021. J’avais ce roman depuis près de 10 ans dans ma pile et il y traînait encore, c’était l’occasion, n’est-ce pas?

De quoi ça parle

France, 12e siècle. À 15 ans, Esclarmonde, fille du châtelain des Murmures est la plus belle de toutes. Toutefois, malgré ses demandes pour entrer dans les ordres, son père veut des descendants et tient à la marier à Lothaire, fils de son ami et voisin, seigneur de Montfaucon. Toutefois, la jeune fille dit « non » et décide de s’emmurer vivante pour échapper à cette union et se donner tout entière à sa foi et à Dieu.

Mon avis

J’avais un peu peur avant d’entrer dans ce roman. Les excès religieux et moi, on est généralement pas vraiment amis. Mais étrangement, dans ce cas précis, la plume de Carole Martinez m’a cueillie dès le départ et m’a portée tout au long du roman. Le récit s’ouvre sur les Murmures, de nos jours, sur ses échos et ses brumes qui se souviennent de l’histoire d’Esclarmonde, jeune femme qui a choisi son destin, celui d’être « morte au monde » à 15 ans, seule façon pour elle de contrecarrer son destin de femme. Pourtant, les choses ne vont pas de dérouler comme elle l’avait cru.

Le ton est résolument onirique, plein de ferveur et le récit permet de mettre en lumière les superstitions et les croyances du Moyen-Âge. Recluse, emmurée, Esclarmonde est écoutée pour la première fois, elle découvre son pouvoir et n’étant pas une sainte personne, malgré son souhait, elle en profite à sa manière. En effet, à travers sa fenestrelle, elle peut rencontrer les pèlerins, limite les entendre en confession… et les punir comme elle le croit bon. Cependant, les données vont rapidement changer.

On suit la vie du château à travers les yeux d’Esclarmonde, mais aussi à travers le lien mystique qu’elle entretient avec son père et les croisés partis libérer Jérusalem. La place de la religion et des légendes est prépondérante, la finale m’a conquise mais surtout, surtout, ce roman a un réel souffle, une vraie voix.

Bref, une vraie réussite pour moi, à mon grand étonnement. Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs puisque Le coeur cousu avait été une fabuleuse lecture!

Le plaisir – Maria Hesse

Le comment du pourquoi

J’aime beaucoup les dessins de Maria Hesse. C’est donc l’illustration qui m’a en premier attirée vers ce titre. Ensuite, je me suis dit que le texte pouvait être sympa aussi. Bref, le monde à l’envers.

De quoi ça parle

Dans ce livre, l’autrice nous explique son cheminement vers la découverte du plaisir, une route qui ne fut pas si simple en raison des tabous, des non-dits et de la culpabilité souvent induite aux femmes. C’est à travers la vie et l’oeuvre de femmes libres et intense qu’elle va finalement explorer sa sensualité.

Mon avis

J’ai eu la chance de grandir dans une famille où il n’y avait pas de tabou, pas de honte ou de culpabilité liée au sexe. Du coup, on m’a parlé très tôt de sexualité, de puberté et j’ai eu accès à des livres qui expliquaient bien à la fois l’anatomie et la physiologie du sexe féminin. Du coup, ça me surprend toujours de voir à quel point certaines personnes n’ont pas eu la même chance et ont dû comprendre les choses seules. Et pour ça, cet ouvrage est important. Ceci dit, j’ai trouvé le tout un peu « basic » au point du contenu, probablement en raison de mon histoire de départ ainsi que de mes lectures subséquentes.

Les illustrations sont magnifiques, comme d’habitude avec cette autrice/illustratrice. Ils mettent en valeur la beauté des femmes, de plusieurs femmes différentes. J’ai aussi beaucoup aimé les présentations de femmes de diverses époques, de leurs actions ainsi que de leur perception par leurs contemporains. Le regard porté est intéressant et donne envie d’en savoir davantage sur ces personnes. Et ça, c’est top!

Je regrette un peu le manque de diversité, mais l’idée est bonne et je sens que c’est encore fort utile, même aujourd’hui, pour plusieurs personnes.

Et bon… c’est beau!

Tous les billets chez Stephie cette semaine. Who else, avec ce sujet!

Fantômes – Ivan Tourgueniev

Le comment du pourquoi

J’aime beaucoup Tourgueniev. En fait, j’aime les classiques russes. Pratiquement TOUS les classiques russes. J’ai donc emprunté avec plaisir ce livre audio qui m’a permis de découvrir une nouvelle fantastique de Tourgueniev. En allant marcher dehors. Toute seule. Parce que confinement!

De quoi ça parle

En Russie, un homme voit apparaître une forme blanche dans ses rêves, une forme qui l’invite à le rejoindre dans la forêt. Vont s’en suivre des nuits fantasmagoriques dans les ciels d’Europe.

Mon avis

Tout d’abord, remettons cette nouvelle dans son contexte. 1864. À cette époque, le fantastique n’était pas ce qu’il est aujourd’hui et ce récit peut sembler assez classique avec nos critères d’aujourd’hui. Et certes, classique, il l’est, mais cette plume, cette plume! On y retrouve toute cette poésie, cette imagerie et de côté onirique qui sublime l’histoire somme toute simple. Les descriptions, les craintes du personnage principal, ses interrogations par rapport à lui-même et à sa santé mentale, tout contribue à faire de cette courte nouvelle une histoire enivrante. Ouais j’ai beaucoup aimé. Même s’il n’y a ni suspense, ni grande susprise. Je me suis juste laissée transporter. Pendant 59 pages!

Encore une fois, moins de vie « à la russe » que dans plusieurs autres classiques du genre. Il y a certes des références à l’histoire de la Russie dans le choix des figures rencontrées, mais le récit n’est pas non plus ancré dans la culture russe. Ceci dit, j’ai passé un très bon moment d’écoute.

Je l’ai dit que j’aimais Tourgueniev hein?

Le jour où – Amélie Antoine

Le comment du pourquoi

J’ai lu plusieurs Amélie Antoine déjà (je ne vous en ai pas toujours parlé par contre… 2019 et 2020 ont été chaotiques en terme de blogging) et j’aime son côté sombre, torturé. Du coup, je n’ai pas hésité à lire son dernier roman, espérant justement y trouver cette noirceur. J’aurais dû me douter, avec cette couverture, que ce ne serait pas nécessairement le cas.

De quoi ça parle

Le roman s’ouvre sur une scène tragique, qui va marquer Benjamin, qui assiste à celle-ci avec son neveu. Quand il va par hasard croiser Rébecca, il va rapidement se sentir attiré par elle et vouloir la connaître. Mais la jeune femme a un lourd passif et ne se laissera pas approcher aussi facilement.

Mon avis

Si j’avais su au départ dans quoi je m’embarquais, peut-être que j’aurais davantage apprécié ce roman. Toutefois, j’y cherchais quelque chose de précis, que je n’ai pas trouvé, de là ma déception. Et mon statut de devin n’a clairement pas aidé. Pourtant, il y a plein de bonnes choses dans le roman, n’allez pas croire le contraire. C’est juste que je ne m’attendais pas à ça et que je ne peux pas tout vous expliquer par crainte de spoiler.

Ce roman est un curieux mélange de guimauve et d’histoires de vie horribles. Les thèmes abordés sont sérieux, tragiques et le personnage principal féminin, Rébecca, en a lourd sur le coeur. Ses sentiments lui font peur, elle ne sait comment réagir et semble difficile à comprendre à certaines occasions. Son passé va influencer sa relation naissante avec Benjamin et celui-ci va tout tenter pour continuer cette relation malgré tout car il sent qu’avec Rébecca, il y a quelque chose.

Bien entendu, il y a un suspense psychologique, on doute de plusieurs éléments et on se questionne sur le comment du pourquoi. Dans mon cas, j’avais TOUT vu. TOUT. Du coup, je n’ai pas été retournée et chamboulée par tout ça. J’ai certes été touchée, mais pas assez pour compenser ce qui m’a moins plu.

Les pages se tournent toutes seules, j’aime beaucoup le jeu passé-présent et l’alternance des temporalités. Ce type de construction me plait toujours et c’est bien fait. Par contre, par contre…

Quel manichéisme pour deux des personnages masculins, surtout pour l’un d’entre eux. Et il m’a clairement manqué d’explications. Certes, dans la vie, on n’en a pas toujours, mais tout de même, c’est tellement gros comme truc, tellement machiavélique… j’aurais aimé comprendre davantage. Avoir ne serait-ce qu’un début d’explication à certains retournements de situation.

Attention – SPOILERS AHEAD

En fait, si on m’avait dit « ça va un peu vers le « feel good », j’aurais pu modérer les attentes. Certes, je n’ai rien contre ce côté un peu plus lumineux, mais s’il y a une chose que je déteste, c’est le « sauvetage par l’amour ». Certes, il n’y a pas que ça, mais ça tire vers ça et je crois fermement qu’on ne se sauve que seul. D’accord, il y a un suivi psy – qui m’a d’ailleurs plu… ce sont mes scènes préférées, je crois – mais tout de même. La finale est beaucoup trop guimauve. Beaucoup, et ce même si j’aime voir un peu d’espoir vers la fin. Là, c’était… trop. Ça m’a fait penser à ces romances new adult avec les personnages aux passés sombrissimes… vous savez, ce que je n’ai dit que j’aimais pas dans ce billet?

FIN DES SPOILERS

C’est donc un avis en demi-teinte pour moi au sujet de ce roman qui fait pratiquement l’unanimité. Considérez-moi par la vilaine petite bête! Et non, ce n’est pas parce qu’un personnage trouve l’accent canadien turn off!

Blue Flag – tomes 1-2-3 – Kaito

Le comment du pourquoi

C’est totalement la faute à Instagram. Je voyais ce manga partout et il faut avouer que ces couvertures sont assez photogéniques. J’ai donc craqué. Je suis faible, je sais. On va pas me changer maintenant.

De quoi ça parle

Ce manga est l’histoire de trois adolescents du secondaire : Taichi, Toma et Futaba. Les deux garçons se sont connus au primaire mais se sont éloignés car l’un est geek et l’autre sportif populaire. Quand Futaba avoue à Taichi son amour pour Toma, celui-ci va décider, contre toute attente, de lui donner un coup de main.

Mon avis

Quand je choisis ce type de manga, je sais à quoi m’attendre. Tout de suite, nous sommes dans une école secondaire japonaise, avec ses codes, ses coutumes et ses exagérations. Il faut s’attendre à des grandes émotions, des histoires d’amour et d’amitié, un peu de drame, un petit côté kawai… et nous avons exactement ça dans ce manga.

Le début prend son temps, surtout le premier tome. On connaît peu à peu les personanges et l’histoire commence à s’étoffer davantage à partir de la moitié du 2e tome. Nous somme toujours certes sur les amourettes des jeunes mais on commence à découvrir davantages leurs failles et leurs craintes. Les finales des tomes 2 et 3 nous laissent en haleine et maintenant, j’avoue être un peu accro : il me faut la suite.

Je suis pas mal certaine que la série va trouver son public chez les jeunes car ils pourront s’indentifier aux situations que vivent les jeunes: amours cachées, timidité, dépassement des limites, rêves contrariés. On sent que les problématiques vont prendre de l’ampleur et on se doute bien de ce qui se passe dans leurs petites têtes et de leurs petits coeurs.

Je n’ai pas les tomes 4-5 à portée de main actuellement… mais je sens que ça ne va pas tarder! Une série à découvrir et, en plus, imaginez-vous que je n’ai PAS de mal à reconnaître les personnages. Et ça, ça vaut la peine d’être mentionné!

Tous les billets chez Noukette!

L’homme qui savait la langue des serpents – Andrus Kivirähk

Le comment du pourquoi

J’avais entendu beaucoup de bien sur ce roman et j’ai profité de ma bibliothèque pour le lire. Et bon, je suis fort intriguée par l’Estonie depuis ma visite à Tallinn il y a quelques années. Ma guide m’avait parlé des coutumes et d’une idéalisation de l’Estonie rurale d’antan assez fréquente dans certains cercles. Ce roman, c’était tout à fait dans cette lignée.

De quoi ça parle

Ce roman est assez simple, mais difficile à résumer. Leemet est né en Estonie, au village, car son père rêvait de modernité. Après sa mort, sa mère est retournée vivre dans la forêt, selon l’ancien mode de vie, dans une communauté mourante et qui oublie peu à peu la langue des serpents, qui permet de se faire obéir des animaux. C’est le roman de la fin d’un monde car dès le début, nous savons que Leemet est le dernier.

Mon avis

Même s’il me tentait, ce titre me faisait un peu peur. J’avais peur que ce soit lourd ou « difficile ». Je n’ai tellement pas de cerveau ces temps-ci! Mais c’était compter sans le talent de conteur de l’auteur (et du traducteur), qui réussit à faire de cette histoire à la fois triste et violente un conte passionnant, empeint de réalisme magique mais aussi d’une résignation calme et sereine. Du moins à la fin. Même si nous savons dès le début comment ça va finir, on se surprend à espérer un coup de théâtre, un petit rayon d’espoir pour ce mode de vie certes primitif, mais qui leur correspond.

Certes, il faut accepter au départ qu’une humaine puisse avoir une histoire d’amour avec un ours, et qu’on puisse avoir un serpent comme meilleur ami. Il faut accepter que la salamandre existe et qu’elle attend, endormie. Mais une fois bien immergé dans cet univers, dans cet ancien monde, il n’y a plus qu’à se laisser porter par ces aventures, ces remises en questions et ces réalisations sans pitié.

C’est que nous sommes à la croisée des chemins, le moment où tout bascule, où le peuple de la forêt souhaite aller vers la modernité, illustrée par le village, où on laboure, où on fait le pain et où, surtout, on prie Dieu et on vénère les Hommes de Fer et les moines. Les gens de la forêt, qui souhaitent protéger les anciennes croyances et les anciens modes de vie, ne sont guère dépeints comme des modèles de vertu. Entre fanatisme et peur de la différence, ce n’est pas la panacée non plus. Leemet va se positionner, fouiner, aller voir… et finalement faire un choix pour lui-même. Un roman d’apprentissage, quoi, mais dans un monde au point de bascule.

J’ai beaucoup aimé les divers points de vue, notamment ceux des anthropopithèques, derniers de leur race et d’un monde encore plus ancien, qui nous illustre qu’on est tous la « modernité » de quelqu’un et que le monde évolue, laissant des gens derrière. Ce thème difficile est compensé par un ton ironique et beaucoup d’humour, notamment dans la première partie, la seconde étant plus chargée en hémoglobine.

Un roman que j’ai adoré et qui m’a tenue en haleine. La postface est intéressante et nous en apprend plus sur le côté pamphlétaire de l’ouvrage, que je n’avais qu’entraperçue à ma lecture. Et encore, merci à ma guide sans ça je n’aurais pas connu le côté « nostalgie des villages anciens » qui fait partie du mode de pensée de plusieurs en Estonie. Bref, à tenter!