Piranesi – Susanna Clarke

Le comment du pourquoi

Susanna Clarke est celle qui a écrit « Jonathan Strange & Mr. Norrell », roman dont je garde un souvenir fort même près de 15 ans plus tard. Du coup, l’idée de lire autre chose de l’autrice m’a tout de suite plu… et en plus, cette fois, ça ne faisait pas 1000 page. Lucky me, avec mon état cérébral actuel!

De quoi ça parle

Le narrateur de cette histoire vit dans un entre-deux. Un univers onirique où architecture et marées s’entremêlent, un entrelacs de grandes pièces ornées de statues. Dans ce monde, l’Autre l’appelle Piranesi, alors que lui-même se considère comme la créature de la Maison, où il vit au jour le jour. L’Autre fait des recherches, des rituels pour obtenir la Connaissance et des pouvoir fabuleux qu’il ne saurait trop définir…

Mon avis

Disons-le d’emblée, ce n’est pas un roman que je conseillerais à tout le monde. Il faut aimer les récits contemplatifs, oniriques, où l’on ne comprend pas tout et où le sens des choses n’est pas clair tout de suite… voire même pas clair du tout. La première partie est centrée sur le quotidien de notre personnage principal, au fil de l’eau, des jours, se nourrissant de moules, en haillons. Il connaît chaque statue, chaque pièce de ce monde, cette Maison qui est tout son univers, presque une divinité. C’est, vous pouvez vous en douter, ma partie préférée. Aurait-elle pu être un peu moins longue? Certes, oui. Mais moi, j’adore. Ces pièces, je les imaginais, rythmées par ces marées.

La seconde partie nous emmène ailleurs, vers quelques réponses, mais je préfère vous laisser entrer dans le roman sans savoir où il mène. C’est un univers que nous découvrons petit à petit, à travers le regard de quelqu’un qui ne nous donne pas toutes les clés et qui tente d’ailleurs de les retrouver lui-même, en relisant les journaux qu’il tient quotidiennement… et qui réalise que certains éléments ne collent pas.

L’écriture est souvent hypnotique, lyrique. Ça dure à peine 250 pages… et j’ai été transportée ailleurs. Les références mythologiques abondent, le monde est envoûtant. Ce n’est certes pas pour les fans d’action, mais pour ma part, j’en ressors charmée.

Hurlevents – Fanny Britt

Le comment du pourquoi

J’avais très envie d’aller voir cette pièce l’an dernier… mais bon, il y a eu un truc, là, un virus… Donc, j’ai vu la diffusion télé. Et suite à cette écoute, parce que je n’étais pas certaine de tout saisir, j’ai lu la pièce. Je ne suis toujours pas certaine de tout bien saisir… mais le moins que l’on puisse dire, c’est que ça me fait réfléchir.

De quoi ça parle

Montréal, de nos jours. Emilie, une étudiante en littérature, part pour l’Écosse le lendemain. Un souper est organisé chez elle par ses colocs, Isa et Édouard. Sont invités Marie-Hélène, leur prof de littérature victorienne dont Édouard est secrètement amoureux et Jeanne Burns, jeune poétesse dont le premier recueil a été un grand succès. Puis arriveront Catherine, la soeur d’Émilie et son amoureux de peu de mots, Sam Falaise. Dehors, le vent souffle… et à l’intérieur aussi.

Mon avis

Ce n’est pas simple pour moi que de parler de cet ouvrage, qui n’est pas simple à appréhender. Librement inspiré de l’oeuvre d’Emily Brontë, il ne s’agit pas de dire ici « tel personnage, c’est tel autre »… mais plusieurs d’entre eux incarnent certains (ou plusieurs aspects) des Hauts de Hurlevent. On le comprend par les citations ou encore par la mise en contexte de la professeure au début de la pièce. Ceci dit, plusieurs des thèmes abordés concordent : l’amour passion, la vengeance, les relations de pouvoir et l’autodétermination. En effet, dans le roman de Brontë, les personnages sont souvent détestables, suivent leurs pulsions sans toujours se soucier des conséquences. Mais d’un autre côté, à l’époque, les choix étaient limités…

La pièce est toutefois très contemporaine. Ça traite de la jeunesse éveillée aux inégalités sociales, de la jeunesse engagée, sûre d’elle quand vient le temps de débattre d’idées, mais pas toujours quand vient le temps de vivre les sentiments et les émotions. Pas tous, bien entendu. Deux générations sont réunies autour d’une situation impliquant un professeur et une ancienne élève, situation dénoncée par l’enseignante, persuadée que c’est son devoir de le faire. Mais l’homme accusé est aussi l’amant d’Isa, la coloc d’Émilie et celle-ci n’est absolument pas d’accord avec cette action, revendiquant son droit à aimer comme elle veut, à coucher avec qui elle veut.

Après avoir vu la pièce, j’avais du mal à comprendre où l’autrice se situait dans tout ça. Quelle position est défendue. Après l’avoir lue, je réalise qu’en fait, la force de la pièce est là. Tous les personnages sont convaincants dans leur argumentaire et la confrontation intergénérationnelle est représentative de conversations que j’ai déjà vécues. Avec moi dans le rôle de la vieille, of course. Ce qui était considéré comme provocateur à l’époque où j’étais jeune est maintenant terriblement dépassé pour la jeune génération, malgré toute la bonne volonté du monde de part et d’autre.

Bref, ça fait réfléchir… et réagir. Les personnages ne se donnent pas vraiment de lousse, pas vraiment de droit à « l’erreur » quand vient le temps de leur engagement. On sent que chacun cherche sa place, on a parfois le goût de les secouer, d’autre fois le goût de les consoles et on les admire souvent. La finale permet de comprendre qui est le grand architecte de la situation et c’est franchement bien fait. La langue est aussi très actuelle (j’avoue avoir souri quand le jeune homme se force à ne pas conjuguer pour « bien » utiliser les anglicismes… je n’y arriverai jamais), il faut un moment pour s’y habituer… mais après de longues réflexions, mon avis est positif!

Filles de Lilith – Sarah Blau

Le comment du pourquoi

Imaginez. Un roman qui explore le thème de la non-maternité, en Israël où la procréation est presque un devoir national (selon ce que j’en ai lu), sur fond de mythes bibliques. Comment on résiste à ça? Ben c’est ça. Je ne résiste pas!

De quoi ça parle

À l’université, Sheila et ses trois grandes amies s’étaient dit que la maternité, ce n’était pas pour elles. Elles le revendiquaient haut et fort, et ce dans un pays où pour une femme, devenir mère devrait être une évidence. À près de 40 ans, Sheila, la narratrice, les a perdues de vue mais quand l’une d’entre elles, célèbre bibliste ayant basé sa carrière sur les femmes sans enfant de la Bible, est retrouvée morte avec une poupée collée sur elle et le mot « maman » inscrit sur le front, toute cette période de sa vie va revenir à l’avant-plan.

Mon avis

Ce roman m’a en-ra-gée. Rien de moins. Vous savez, quand on nous promet une vraie exploration d’un thème, d’une thèse et que finalement, ce n’est pas tant ça qui t’est offert, c’est frustrant. Je n’ai pas d’enfants. Par choix. Je n’en suis pas malheureuse, ça ne me manque pas du tout et j’en ai mon maudit voyage qu’on de me faire dire que « je vais le regretter », que j’aurais été certainement plus heureuse avec, même si je ne le sais pas, que je ne suis pas une vraie femme, que je vais finir abandonnée, que j’ai sans doute eu des traumatismes dans ma jeunesse et que je n’ose certainement pas m’avouer que, au fond, j’en veux des enfants, mais que c’est un mécanisme de défense parce que je n’en ai pas eu. Ça et de me faire demander « pourquoi »? Non mais qu’on fiche la paix à mon utérus!

Donc ce thème c’est ma sensibilité à moi. Et vous savez, des trigger warnings pour les « femmes qui réalisent qu’elles avaient raté leur vie parce qu’elles n’avaient pas d’enfants », ça n’existe pas. Et ça arrive TOUT LE TEMPS. La représentation des femmes sans enfants, c’est n’importe quoi. Je vous jure. Bref, ici ça fait dur. Vraiment.

Et c’est dommage parce que l’exploration du thème au départ me tentait beaucoup. Même si je ne suis pas croyante, je connais assez bien la Bible et l’idée de cette mythologie derrière l’histoire, la possibilité de réécriture, m’intéressait particulièrement. Entre Lilith, sorcière qui porte malheur aux femmes enceintes et qui mange les bébés, la prophétesse Myriam et la sorcière d’Endor, il y avait de quoi faire. De plus, j’aimais l’idée de parcours de femmes qui avaient pris une décision très jeune et de voir leur évolution. L’écriture est bien sans plus, l’histoire bien menée, même si un peu convenue et j’avais vu venir la plupart des événements. Mais ce n’est pas ce qui m’énerve.

À PARTIR DE MAINTENANT, JE SPOILE… DONC ARRÊTEZ DE LIRE SI LE ROMAN VOUS TENTE!

Savez-vous quoi? En fait, tout le monde en voulait, en fait des enfants. La plus agressive dans ses propos s’était en fait fait inséminer et voulait maintenant faire la paix avec son passé (de façon plus ou moins adéquate, certes). Et ah oui, une autre aussi. Sans le dire à personne. Et la narratrice? En fait, elle avait peur et devient la « mère de substitution » d’un autre personnage. Ceci dit, ce cheminement est assez logique, étant donné les questions qu’elle se posait tout le long du roman. Mais TOUTES?? Ah oui, j’oubliais. Celle qui n’était pas bien dans la maternité s’est suicidée après avoir tenté de tuer ses deux filles. Donc no redemption possible for her. Ce n’est probablement pas l’intention de l’autrice, mais ça donne l’impression que les seules personnes qui sont dignes de rédemption sont celles qui, finalement, voulaient des enfants. Genre, vraiment. Tout le monde a changé d’idée, finalement.

Et ça aurait pu être tellement intéressant si ça avait été exploité autrement, avec plus de finesse. Qu’une idée prise « en gang » à 20 ans puisse changer, c’est totalement normal. On en fait des conneries à 20 ans. Qu’on se laisse finalement influencer par la pression sociale, ok. Mais il aurait fallu que ce soit mieux traité que ça. Là, c’était juste enrageant car j’aurais espéré UNE représentation. Une genre de « sorcière » pas damnée.

Sauf que non. Et je suis insultée.

Voilà, vous avez eu droit à mon rant complet! Et vous savez ce qui me gosse dans un roman!

Ô Verlaine – Teulé / Thirault / Deloye

Le comment du pourquoi

Je ne résiste jamais à une adaptation BD, surtout quand il est question d’écrivains et de poètes. J’ai lu le roman de Teulé il y a longtemps et donc, of course, j’ai voulu lire cette adaptation, surtout que la couverture me plaisait bien.

De quoi ça parle

Quand le jeune Cornuty, employé d’abattoirs, monte à Paris pour rencontrer le poète Verlaine, il va rencontrer un homme en fin de vie, qui vend des poèmes à la ligne pour payer son absinthe et ses prostituées. Esclave des femmes et de ses addictions, il est malade, adulé par une nouvelle génération de jeune poètes mais contesté par plusieurs pairs. Puis, autour de lui, des accidents commencent à arriver…

Mon avis

Cette BD n’est pas une biographie de Verlaine mais une adaptation du roman du même nom de Teulé. Ici, la vision du Paris des artistes ou du poète est loin d’être idyllique. Nous sommes dans un univers assez glauque et sale, plusieurs personnages sont fort retors et Verlaine n’est, disons… pas à son meilleur. C’est un homme dans un piètre état, parfois violent, mysogine et profiteur, mais tout de même génial par sa poésie, dans ses moments de lucidité. Il se balade entre deux prostituées qui se jalousent et leurs relations ne sont pas toujours au beau fixe. Bref, un génie pas commode.

Cornuty est un jeune homme qui admire le grand poète dont la réputation est toujours vivante chez la jeune génération d’artistes. Il le vénère et va l’accompagner dans ses derniers mois, entre beuveries et fulgurances. Il y a certes du glauque mais aussi de belles histoires d’amitié entre hommes. Le mystère autour de Verlaine n’est pas difficile à percer, certes, mais c’est surtout l’atmosphère parisienne que je retiendrai. J’aime beaucoup le découpage sans cases fixes, qui donne à l’oeuvre un côté onirique, déconnecté. On a presque l’impression d’être nous-mêmes sous influence de la fée verte.

Je ne sais pas si la lecture me marquera, mais si vous avez aimé le roman, je conseille l’adaptation. Il ne faut pas avoir peur de voir l’image de Verlaine écorchée au passage mais ça vaut selon moi le coup d’être tenté.

Jade City – The Green Bone Saga #1 – Fonda Lee

Le comment du pourquoi

Ok, la vérité vraie? J’avais vu qu’il sortait une magnifique édition de la trilogie sur le site de l’une des box que je reçois ou que j’ai déjà reçue. Et je ne l’avais pas lu. Et je n’achète pas de livres que je n’ai pas lus, surtout pas des livres à ce prix-là! Bref, je l’ai lu pour ça. Oups!

De quoi ça parle

Nous sommes dans une contrée asiatique imaginaire appelée Kekon. Imaginez un genre de « Godfather » dans une totale autre culture, avec un peu de magie qui provient du jade. Plusieurs clans s’affrontent pour le pouvoir et les territoires et nous sommes avec les héritiers du clan No Peak, qui tentent de garder le contrôle alors que le patriarche perd un peu la boule et que le puissant clan des montagnes essaie de prendre le pouvoir.

Mon avis

J’ai mis un mois à lire ce roman. TOUT UN EFFING MOIS. Et vous savez quoi? Je n’ai absolument rien à reprocher à ce roman, vu que cette histoire, c’est tout ce que j’aime: une mythologie intéressante, basée sur le jade qui donne des pouvoirs à ceux qui sont capables de le supporter, des personnages somme toute complexes, qui sont confrontés à des problèmes auxquels ils n’ont pas été préparés, des revirements de situation, un contexte politique intéressant. C’est plein d’action sans pour autant être dénué de contexte, je n’ai rien à bougonner. Rien. Je n’arrivais juste pas à avoir envie de m’y remettre. Il y a probablement le fait que j’étais à moitié morte de fatigue. Mais bon. Je sens que mon avis sera assez succint!

Ceci dit, thumbs up pour les personnages. Chacun d’entre eux est bourré de failles, d’incertitudes, le tout souvent bien caché derrière une façade d’assurance assez impitoyable. Chacun a ses enjeux, ses insécurités et l’auteur ne se gêne pas pour nous balader d’un côté et de l’autre. C’est que nous sommes en guerre! Petit à petit, l’univers prend de l’ampleur, on passe de la famille, au pays et finalement, on sent l’ouverture sur le monde qui ressemble davantage au monde occidental, qui veut le pouvoir du jade, quitte à passer par des chemins de traverse pour l’obtenir.

Bref, la suite promet. Vais-je la lire rapidement? Je ne sais pas. Disons que je vais attendre d’avoir un cerveau COMPLET pour le faire. Sinon ça va me prendre encore un mois!

This is how you lose the Time War – Amal El-Mohtar / Max Gladstone

Le comment du pourquoi

Ce roman a été le coup de coeur total d’une bonne amie qui a pas mal les mêmes goûts que moi l’an dernier. Et ça me suffit amplement. C’est comme ça avec certaines personnes. Ils aiment, je lis. C’est tout!

De quoi ça parle

Dans cette novella, deux partis s’affrontent dans une guerre sans merci. À travers les mondes parallèles et le temps, ils tressent des fils afin de s’assurer du meilleur futur possible pour leur clan, quitte à faire des victimes collatérales. Deux agentes. Les meilleures. Un jour apparaît une lettre. Brûler avant de lire. Une correspondance va s’établir en secret et celle-ci va évoluer à travers le temps jusqu’à prendre énormément de place dans la vie des deux femmes.

Mon avis

Ce que j’ai pu aimer cette novella! Je m’attendais à aimer l’histoire et les voyages dans le temps (parce que bon, je suis HYPER fan d’un bon paradoxe temporel) mais je ne m’attendais pas à cette écriture lyrique, à cette découverte petit à petit d’un univers qui semble en fin de course, à ces RÉFÉRENCES! Si vous me connaissez, vous savez que je ne résiste pas à une jolie petite référence qui n’est pas expliquée (oui, « pas expliquée » est hyper important dans ce cas!). Ici j’ai été gâtée. C’est bourré de références, on alterne entre de courts passages poétiques et narratifs et la correspondance secrète des deux agentes qui sont en fait profondément seules. Elles proviennent d’univers très différents mais vont se retrouver dans leurs rôles d’espionnes, de manipulatrices du temps et de tueuses aussi. Certaines scènes sont terribles mais l’horreur des événements est sublimée par la prose. C’était TELLEMENT pour moi!

Au départ, les missives sont clairement celles d’ennemies. Elles se narguent, se testent, tentent de s’intimider. Puis, petit à petit, le ton change et elles découvrent que malgré toutes leurs différences, sans jamais se voir, elles ont quelque chose à s’apporter. Les parcelles d’univers que nous voyons sont fascinantes, mystérieuses, l’utilisation des voyages dans le temps et des paradoxes temporels est top… Bref, une réussite!

Les chroniques de l’érable et du cerisier – Le sabre des Sanada – Camille Monceaux

Le comment du pourquoi

Avez-vous le livre en vrai? La tranche rouge, avec des imprimés? Comment on résiste à ça? En plus, un roman historique au Japon médiéval, je ne dis jamais non. Ajoutons à ça que j’ai beaucoup aimé le premier tome (dont je ne vous ai pas parlé… shame on me), malgré un rythme inégal… c’était écrit dans le ciel que j’allais lire la suite.

De quoi ça parle?

Nous somme donc au Japon, au 17e siècle et ce deuxième tome nous reprend là où on nous avait laissés à la fin du premier. Ici, nous nous éloigons du théâtre kabuki où notre jeune orphelin avait trouvé un chez lui après sa fuite. Rappelons qu’au départ, ce jeune homme avait vu son maître, celui qui lui avait appris La voie du Sabre, se faire tuer suite à l’arrivée chez lui d’un mystérieux sabre.

Bref, ici, il doit fuir et quitter son petit monde, accompagné de son meilleur ami Shin, pour tenter de retrouver le fameux sabre et le remettre à son propriétaire, qui résiste encore au Shogun.

Mon avis

Ce type de roman jeunesse est tout ce que j’aime. Le mélange de passages contemplatifs et de moments d’action me plait particulièrement. Et que dire de la plume! C’est à la fois recherché, poétique, ciselé et hautement lisible. J’adore ce type d’écriture, surtout en jeunesse. Cette histoire est dépaysante car ancrée dans une époque que je connais somme toute peu, avec la guerre entre le shogun et les armées de l’Ouest. D’ailleurs, un petit résumé de l’époque aurait été fort apprécié étant donné que plusieurs ados doivent être aussi dans la brume que moi. C’est que ces noms polysyllabiques ne sont pas toujours si faciles à se rappeler! J’ai dû lire pas mal pour mieux comprendre le contexte historique ainsi que les tenants et aboutissants de ce récit. On sent que l’autrice aime sincèrement le pays et qu’elle s’est réellement documentée avant d’écrire son histoire. Ne serait-ce que pour ça, pour apprendre tout en se divertissant, ça vaut le coup.

Dans ce tome, nous faisons à la fois des voyages intérieurs et des voyages sur la route. En effet, notre jeune Ichirô a quitté Edo, il est de nouveau sur la route et ne sait plus à qui il peut se fier. Il va apprendre à se battre « pour vrai » et mieux comprendre le portrait global de la situation. Ses loyautés seront mises à l’épreuve et il a du mal à se pardonner pour certains événements qui se sont passés dans le tome 1. Bref, un vrai passage à l’âge adulte, dans un contexte pas facile.

Encore une fois, le rythme varie énormément d’une partie à l’autre. Certains ont reproché au roman ces passages très contemplatifs mais pour ma part, c’est exactement ce que j’aime lire… alors je ne me plaindrai pas! Un parfait mélange d’action et de recherche de soi, ça m’a définitivement beaucoup plu!

La soeur de l’ombre – Les sept soeurs #3 – Lucinda Riley

Le comment du pourquoi

Je vous entends penser. « Tu as passé toute ta lecture du tome 2 à chialer, veux-tu bien me dire pourquoi tu continues à te torturer avec cette série? » La réponse est simple : ils sont tous disponibles en audio et je fais beaucoup de route. En plus, c’est simple à écouter et je peux le faire en plein traffic, sans aucun problème. De plus, avouons-le, c’est un peu addictif.

De quoi ça parle

Je ne vais pas refaire encore une fois le résumé global, mais vous pourrez en voir davantage dans mon billet où je bougonne sur le tome 1. Ce tome est celui de Star (Asterope, de son vrai nom), celle dont en n’entend la voix que rarement. Elle a une relation fusionnelle avec sa soeur CeCe, qui semble la dominer totalement et ce n’est qu’après avoir attendu un bon moment qu’elle se décide à ouvrir l’enveloppe laissée par Pa Salt afin de découvrir ses origines. Et les coordonnées géographiques indiquent une librairie de livres rares à Kensington.

Mon avis

Vous savez quoi? Je vais beaucoup moins bougonner sur ce tome que sur les précédents. J’ai certes fait une drôle de face quand dès le départ : Star ne parle pas étant petite et une orthophoniste la voit une fois pour dire « elle connaît tous les mots, c’est juste qu’elle ne veut pas (ou n’aime pas… je ne sais plus) parler, ne vous inquiétez pas ». Heu… comment dire. Faut être devin pour déclarer ça quand un enfant n’a jamais dit un mot de sa vie, pas orthophoniste. Mais c’est un total cas de déformation professionnelle… surtout que l’orthophoniste en question a laissé la famille se débrouiller toute seule avec le langage des signes! Bref, c’était mon chialage. Parce que si je suis sincère, même si on voit tout venir, même si le style reste basique, j’ai plutôt passé un bon moment avec ce roman. L’histoire d’amour est loin de prendre toute la place, on se balade parmi les livres et en Angleterre… et il y a Beatrix Potter!

La partie dans la passé m’a beaucoup plus intéressée que la partie dans le présent, même si j’ai bien aimé me retrouver dans cette maison de famille qui tombe en ruines, où habite entres autres le petit Rory, vivant avec une déficience auditive. Orlando, avec sa personnalité flamboyante me plait bien et ses obsessions m’ont beaucoup plu. J’ai moins aimé Mouse… mais qui est surpris, hein? Star est assez effacée et certes elle se libère de sa relation de codépendance avec sa soeur, mais ce n’est pas non plus une évolution de folie. On a l’impression qu’elle se laisse porter par les événements. Ceci dit, j’ai aimé une héroïne qui n’ait pas une ambition de folie et qui soit bien au quotidien. Ça valide toutes les personnes qui n’ont pas une folle envie d’aventure au quotidien et qui sont souvent représentées comme ayant besoin d’être « sauvées de leur vie plate ». Ça reste divertissant à lire, même si ce n’est pas rebondissement sur rebondissement. C’est que cette propriété en ruines semble fantabuleuse.

Par contre, la partie dans le passé m’a beaucoup plu. Nous partons donc sur les traces de Flora McNichol, au début du 20e siècle. Cette jeune fille a comme idole la célèbre Beatrix Potter et comme elle, elle aime les animaux et dessiner. Elle ne cherche pas le mariage à tout prix et d’ailleurs, ses parents désargentés ne la présentent même pas à la cour, contrairement à sa soeur cadette. Ceci dit, ça ne va pas l’empêcher de tomber sous le charme d’un beau jeune homme et c’est à sa grande surprise qu’elle sera amenée à Londres chez une bienfaitrice… nulle autre qu’Alice Keppel. Vous ne savez pas qui elle est? Allez lire sur Wiki… c’est un personnage réel et ça vaut le coup de bien comprendre à qui on a affaire!

Bref, un très bon moment de divertissement. Le tome 4 me tente moins vu que CeCe me tape un peu sur le système (la relation entre les deux soeurs me tape, en fait) mais sait-on jamais… j’ai encore pas mal de voiture (et de ménage) à faire ces prochaine jours!

You – Chantal Neveu

Le comment du pourquoi

Je ne lis pas souvent de poésie contemporaine mais quand j’ai vu ce titre dans la sélection de Babelio, alors que je trippais sur la couverture, je me suis dit que c’était un signe… et encore plus un signe quand j’ai été sélectionnée pour ce titre. Je l’ai donc lu. Deux fois.

Mon avis

Parler de poésie, ce n’est pas simple pour moi. Vous savez, cette petite sensation d’illégétimité? Ben c’est ça. Ici, difficile de discuter structure narrative ou personnages… c’est tellement personnel comme expérience de lecture. Ce long poème d’une soixantaine de pages parle d’un amour, des premiers regards jusqu’au salut final. Et moi qui n’est pas une grande amoureuse romantique, j’ai apprécié ces mots jetés sur la page et qui m’ont fait voir des flashes, ressentir des fulgurances par moments.

Ce poème au rythme haché, souvent un mot par ligne, parfois une phrase, m’a donné une impression de kaléidoscope d’instants volés à une relation complexe, qui ne semble pas exclusive. Les mots précis et évocateurs font ressurgir images et sensations, on a l’impression de voyager dans l’espace et le temps, les pronoms valsent et les perspectives changent, ce qui laisse une grande place au lecteur dans l’interprération. En effet, rien ne nous est servi sur un plateau.

Pas toujours simple, accessible par sa forme mais pas toujours si facile à comprendre. Je ne suis d’ailleurs pas certaine que j’ai appréhendé le récit de la façon dont l’autrice l’envisageait… mais est-ce si grave, au fond? Bref, une agréable surprise!

Le journal d’un fou – Gogol

Le comment du pourquoi

De temps en temps, il me pogne un trip « littérature russe ». Une nouvelle de Gogol, ça fait parfaitement l’affaire.

De quoi ça parle

Poprichtchine est fonctionnaire. Il taille des crayons pour le Directeur. Dans son journal, nous suivrons sa descente graduelle vers la folie.

Mon avis

J’aime la littérature russe. J’aime l’ambiance qui s’en dégage, ce mélange de passion et de distance, dans un monde dont les codes m’échappent souvent. Il y a un côté « romantique » qui me plait. Oui, je sais, dans ma bouche (ou plutôt sous mes doigts), ce mot sonne weird!

Ce court récit nous est présenté sous forme de journal. D’ailleurs, je ne me souviens pas d’un autre récit de Gogol écrit au « je ». Pas que j’aie tout lu, loin de là! Il est difficile de parler d’un texte si bref sans tout dire et sans vous priver de découvrir comment la santé mentale de cet homme s’échappe graduellement. Bien entendu, c’est un récit qui date, mais il demeure que les signes d’abord plutôt drôles deviennent de plus en plus envahissants. La perte de contact avec la réalité devient petit à petit totale.

Bien entendu, il s’agit d’une façon de mettre en évidence l’aliénation du quotidien et la position dans laquelle cet homme est intenable. Travail inutile, constamment descendu par ses supérieurs et ambition d’améliorer son sort ne font pas nécessairement bon ménage. Le monde des fonctionnaires russes semble être tout un poème, sans parler du traitement des problèmes de santé mentale à l’époque. Ça m’a donc bien plu… et ça se lit en un clin d’oeil! Pas épeurant du tout comme littérature russe!