Mégantic – Un train dans la nuit – Saint-Cerny/Quesnel

Pour cette BD, j’ai d’abord flashé sur la couverture, qui m’a tout de suite rappelé un tableau de Colville. Et oui, en effet, c’était l’inspiration de l’illustrateur. Toutefois, je ne l’aurais probablement pas lu sans sa sélection pour le prix des libraires du Québec. Je n’avais pas vraiment envie de revivre ça.

De quoi ça parle

Cette BD nous ramène en 2013 à Mégantic, lors de la tragédie ferroviaire. Un peu avant et un peu après. Les auteurs (l’autrice a aussi écrit un essai sur le sujet) tentent donc de mieux comprendre comment cette horreur a pu arriver… et comment tout a été géré.  

Pour les européens, en 2013, un train mal entretenu de pétrole a dévalé une pente en pleine nuit et a fini sa course en plein centre ville de Mégantic, tuant 47 personnes dans leur maisons ou au Musi-Café, un bar où les gens fêtaient. Et bien entendu, c’était la faute de personne. 

Mon avis

Je suis TELLEMENT sortie fâchée de cette BD… TELLEMENT. La première partie était intéressante et situait bien les bases de ce qui s’est passé. Toutefois, ce sont des choses que je savais (vu que j’ai écouté les nouvelles en boucle à l’époque où j’avais encore une télé) et je me disais que bon, ce serait pas mal, mais sans plus. Mais l’après, l’après… bizarrement, ça a été pas mal moins publicisé, le dit après. Je ne sais ben pas pourquoi. 

C’est une grand-mère qui raconte l’histoire à sa petite fille, ce qui donne une vision plus humaine à l’histoire. J’aurais peut-être apprécié davantage si cet aspect de l’histoire avait été plus développé mais je conçois que ce n’est certes pas le propos. C’est l’après qui m’est rentré dedans. Ce qu’on a fait des sous. L’indécence de tous les dirigeants à remettre la faute sur les plus petits. Les expropriations. Je suis devenue enragée. Comment peut-on profiter ainsi du choc des gens.. comment?

Une BD qui donne le goût de jeter le capitalisme aux poubelles et qui nous fait nous questionner à savoir POURQUOI les gros riches gagnent toujours. Bref, je suis encore fâchée!

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L’héritage Davenall – Robert Goddall

Le comment du pourquoi

J’avais bien aimé le seul roman que j’ai lu de Goddard alors quand j’ai vu celui-ci en audio à la biblio, je n’ai pas hésité. J’avais besoin d’être distraite, d’Angleterre victorienne et d’une histoire bien mystérieuse. Donc, j’ai écouté.

De quoi ça parle

L’Angleterre, le 19e. Onze ans après sa mort présumée, James Davenall revient. Malheureusement, ni sa mère, Lady Davenall, ni son petit frère, maintenant sir Hugo, ne le reconnaît comme tel. Qu’en sera-t-il de Constance, son ancienne fiancée? Jusqu’où sera-t-il prêt à aller pour prouver son identité?

Mon avis

J’aime toujours les histoires de secrets de famille. C’est l’un des thèmes qui m’attirent inexorablement vers un titre. Mettez ces secrets dans le passé, où les tabous étaient quand même plus présents, c’est encore mieux. Vous comprenez, de nos jours où la société est – généralement – plus ouverte, on se demande souvent POURQUOI les choses ne sont pas dites. Genre, ça ferait QUOI? Mais dans l’Angleterre victorienne, je trouve que ça passe encore mieux. Bref, j’étais full preneuse.

Ce qu’il y a de bien dans ce roman, c’est qu’on change d’idée 22 fois sur le comment et sur le pourquoi. On peut avoir des doutes, mais à mesure que les éléments sont révélés et éclairés, on modifie notre perception et on part ailleurs. Bref, on se questionne et je n’avais pas vu venir une partie de l’intrigue, ce qui n’est pas mal du tout. Je n’ai donc rien à dire contre l’histoire. Par contre, si vous faites partie des gens qui s’accrochent aux personnages et qui doivent les aimer pour aimer le roman, je pense que vous allez sacrer! C’est qu’ils ne sont pas hyper agréables… enfin, la plupart sont carrément détestables, en commençant par Sir Hugo qui est, qui est… vide! Lady Davenall est froide et désagréable, James Norton/Davenall est souvent irritant, Constance semble terriblement nounoune, Richard (le cousin/notaire) est sans doute le moins pénible… et c’est tout dire sur le degré d’amabilité de tous et chacun. J’aime bien les personnages « morally grey » donc, pour certains, ça peut aller… mais quand même. J’aime m’y attacher un peu aussi!

Est-ce que c’est distrayant? Oui. Est-ce que je voulais écouter pour savoir la fin? Encore une fois, oui. L’atmosphère est-elle bien? Of course. Est-ce qu’il y aurait pu être un peu moins long? Hell yes! Et bon, c’est un auteur que je vais relire parce que j’aime son genre d’histoire. Par contre, goût très personnel, je ne suis pas très « procès » et celui-ci s’étire un peu. De plus, ce n’est pas mon type de « révélations » préférée, mais étant donné le contexte, ça passe.

Bref, un avis en demi-teinte, un genre de « pas mal »! Et vous, l’avez-vous lu?

Dragons et serpents – Les Cités des anciens – 1 – Robin Hobb

Le comment du pourquoi

Je pense que c’est quand Daphné (de Signé Daphné) et Chantal (de la bibliothèque jaune) qui m’ont donné envie de reprendre cette loooongue série en planifiant leur live sur la trilogie des aventuriers de la mer. Ceux qui connaissent Robin Hobb savent sans doute que plusieurs de ses livres se situent dans le même monde : Les trois trilogies de Fitz, entre lesquelles s’intercalent Les aventuriers de la mer et cette série-ci : les Cités des Anciens. Et comme j’ai dit que j’arriverais au bout en 2022… il fallait s’y mettre hein!

De quoi ça parle

Cette série commence très peu de temps après les événements des Aventuriers de la Mer. Difficile de ne pas en parler sans révéler quelques éléments de la série car même si nous suivons d’autres personnages, le tout reste très liés. Donc, vous continuez de lire à vos risques!

Les oeufs de dragons ont donc éclos. Malheureusement, ils n’ont rien de grandiose, ayant passé trop de temps en mer et étant arrivés trop tard en saison pour s’encoconner. Malformés, ils n’ont pas toute la mémoire ancestrale et sont un poids pour les habitants du désert des pluies. Par ailleurs, nous rencontrons Alise, épouse d’un marchand de Terrilville qui l’a épousée pour avoir la sainte paix et Thymara, fille du désert née avec de forts stigmates. 

Mon avis

On va s’entendre, ce n’est pas mon tome préféré à date. Vous savez, je vous ai dit de quoi ça parlait… mais je n’ai AUCUNE idée d’où ça s’en va. On en a une idée vers la fin, où survient l’élément qui, selon moi, va déclencher l’histoire mais dans ce premier tome (il s’agit de la première moitié du tome 1 en anglais), il ne se passe strictement rien. C’est introductif au possible, on met en place les – nombreux –  personnages principaux sans vraiment les connaître et les passages dans la tête des dragons, on en parle?

Bref, je suis toujours fan de l’univers et j’aimerais TELLEMENT visiter Trehaug ou encore les autres cités du désert des pluies!  Tsé, habiter dans les arbres, les ponts de corde… mettons que ça me parle! Et Robin Hobb a le don pour nous décrire son univers, surtout cette partie!  Je vais continuer la série, certes, car j’aime les mystères de l’autrice, j’aime aussi ses personnages riches en couches superposées et je SAIS que ça va se complexifier. J’espère, du moins. Vous l’entendez, le wishful thinking?

Ceci dit, on ne voit dans ce premier tome qu’une ébauche dans les personnages : une mère qui n’aime pas sa fille, un mari égoïste et manipulateur et une épouse qui ne veut rien voir. J’ai déjà commencé la suite… et déjà, je sens qu’au moins il se passe quelque chose!

Bergères Guerrières – 3-4 – Garnier / Fléchais

J’ai lu les deux premiers tomes des Bergères Guerrières il y a presque 3 ans, sur la recommandation des copines des BDs de la semaine. Quand j’ai vu que le 4e tome sortait, j’ai osé le demander… et maintenant, il va falloir que j’achète les trois premiers. Pour les avoir tous et les faire lire à ma nièce! Parce que c’est trop bien.

De quoi ça parle

Il était une fois, il y a longtemps, tous les hommes d’un petit village ont dû partir à la guerre… et ne sont jamais revenus. Du coup, les femmes ont dû défendre leur village et sont devenues les Bergères Guerrières. Au début du tome 1, une vilaine Malbête terrorise les habitants et ce sont les jeunes qui vont tenter de l’arrêter. Les tomes 3-4 sont un peu un autre arc, qui les emmènera en voyage très loin et qui leur permettra de mieux comprendre ce qui se passe de l’autre côté de la montagne, où se déroule la fameuse guerre. 

Mon avis

J’aime toujours autant cette série, où on rencontre des femmes fortes, certes, mais aussi des hommes engagés et aimants. Ici, on a une vraie quête, un grand voyage pour chercher un remède car certains sont menacés. On sent que personne n’est à l’abri, tous les personnages font des erreurs, ils ont peur et sont déchirés par leurs devoirs et leur coeur. 

Il y a encore une fois plein d’aventures et de magie, j’adore voir les bergères à dos de bouc et le petit Liam à dos de chien géant. D’ailleurs, pourquoi sont-ils si grands?  Peut-être aura-t-on une réponse. Les aventures ne sont pas toujours faciles, certains moments sont émouvants car même si c’est jeunesse, ce n’est quand même pas gentillet. Tout ce que j’aime quoi. Même si ma Charlou-nièce va peut-être pleurer. 

Les images sont toujours aussi belles, pleines de détails et de personnages très expressifs. Par contre, est-ce moi ou il y a un petit changement dans le tome 4, surtout pour la colorisation?  N’empêche que c’est vraiment une très belle série, que je recommande chaudement!

C’était ma BD de la semaine!

Tous les billets chez Stephie cette semaine!

Horrid – Katrina Leno

Le comment du pourquoi

Une amie à moi a adoré ce roman et tenait absolument à ce que je le lise. Du coup, elle me l’a offert. Ce n’est que plusieurs mois plus tard que j’ai fini par le lire, entre minuit et demi et 4h du matin. La nuit, on dirait que mon cerveau refuse de fonctionner comme il faut et je suis championne pour me créer des scénarios. C’était parfait pour lire ce genre d’histoire.

De quoi ça parle

Après la mort de son père, Jane et sa mère Ruth sont contraintes de partir dans le Maine, dans la maison d’enfance de sa mère, un manoir en ruines. Elle est fanatique des romans d’Agatha Christie et dès son arrivée à North Manor, elle se sent oppressée, autant par l’atmosphère que par une étrange odeur de roses.

Mon avis

Voici donc une histoire bien divertissante à l’atmosphère spooky à souhaits. Je ne peux pas dire que j’ai eu peur, même si je suis une grosse peureuse, mais ça passe très bien pour faire passe une nuit d’insomnie. C’est surtout l’ambiance qui m’a plu dans ce roman. Une maison en presque ruines, pleine de bruits et d’odeurs étranges. Elle et sa mère sont en deuil, s’aiment pronfondément mais ne savent pas toujours comment communiquer. Ruth, la mère, vit difficilement son retour dans un endroit où elle semble avoir vécu des choses difficiles et qu’elle a quitté sans un regard en arrière. Et, clairement, elle ne dit pas tout.

J’ai lu la 4e après avoir lu le roman et j’ai certainement bien fait. Déjà que c’est assez facile de voir venir sans rien savoir d’avance, si on lit la quatrième, on sait tout avant de commencer! Le suspense n’est pas le point fort du roman, mettons. Il y a aussi quelques incohérences (le nom de famille, sérieux? Ceux qui ont lu comprendront). Nous nous baladons entre l’école et la fameuse demeure dont tout le monde a peur, celle qui rend fou. Jane, qui souffre visiblement du pica et qui a du mal à gérer sa colère, est-elle en plein délire ou y a-t-il vraiment quelque chose dans la maison? J’aime ces narrateurs plus ou moins fiables.

Une histoire de secrets de familles, de traumatismes générationnels et de déracinement. Si vous avez envie d’une lecture rapide qui vous plongera dans une atmosphère creepy, pleine de référence à dame Agatha, vous pouvez tenter le coup avec ce roman YA!

La plus secrète mémoire des hommes – Mohamed Mbougar Sarr

Le comment du pourquoi

Je ne suis pas fille à me garrocher sur tous les prix littéraires. Mais pour un roman d’un auteur né au Sénégal, qui parle de littérature, d’un mystérieux auteur africain et d’un livre qui fascine, count me in. 

De quoi ça parle

Diégane Latyr Faye est un jeune-écrivain-prometteur sénégalais qui a écrit un livre tout aussi prometteur mais très (très) confidentiel qui habite à Paris et qui fréquente d’autres jeunes auteurs africains avec qui il parle Littérature. Un jour, il va rencontrer un livre écrit dans les années 30, « Le labyrinthe de l’inhumain » et il sera fasciné. Il va donc partir à la recherche de l’auteur mystérieux, lui aussi Africain, qui est devenu culte et qui fascine. Bien entendu, cette quête de l’homme mystérieux va le mener vers une quête de lui-même. 

Mon avis

Ce roman m’a passionnée. Je sens que j’aurai du mal à en parler, comme à chaque fois qu’un roman me dépasse un peu, mais dès les premières pages, j’ai été happée par l’histoire, par la plume, par le propos. La première partie, en particulier, est maintenant pleine de post it. C’est un roman à tiroirs, plein de livres dans les livres et de réflexions sur la pouvoir de la littérature, de l’écriture, sur les emprunts et la fascination qu’exercent certains ouvrage. On parle aussi de littérature africaine au temps du post-colonialisme, où les jeunes africains ont davantage étudié en français et qui tentent de se trouver une identité, une voix. C’est passionnant. À travers l’histoire d’Elimane, qui a écrit un grand livre, mais qui reste considéré comme une bête de foire et dont l’oeuvre n’est regardée qu’en comparaison avec celle des occidentaux. Oeuvre/auteur, Afrique/Occident… ça clashe par moments. Et c’est passionnant. 

L’histoire d’Elimane nous est révélée par bribes mais l’auteur réussit à lui garder son côté mystérieux. La recherche lui fera rencontrer plusieurs personnes, parfois directement, parfois dans des récits et nous avons l’impression d’avoir des flashes de cet homme tourmenté. Vous savez, cette sensation d’évanescence, de presque rencontrer un personnage pour seulement le voir s’évanouir dans la nature? Ben voilà, c’est ça. À travers cette quête, le jeune Diégane va bien entendu tenter de se comprendre comme auteur et comme humain. 

C’est donc un récit foisonnant, où nous croisons des personnages réels (Gombrowicz et Sabato) et imaginaires aux oeuvres diverses et variées. Le pire, c’est qu’à travers ces pages, ils nous semblent très, très réels. La plume est recherchée, dense, c’est un roman qui demande de l’attention et qui nous oblige à nous arrêter pour réfléchir à plusieurs occasions. Un auteur existe-t-il hors de son oeuvre? Et vice-versa? 

Bref, j’ai a-do-ré. De la première à la dernière page. Mon premier vrai de vrai coup de coeur roman 2022!

Comment Mélissandre la petite sorcière découvrit le secret du bonheur – Guillaume Bianco

Quand on m’a proposé de lire cet album, j’ai vu la couverture… et je n’ai pas hésité. Non mais c’est pas trop mignon? Moi je dis que c’est over-mignon!

De quoi ça parle

Mélissandre est une petite sorcière bien occupée. Entre l’entretien des miroirs et la chasse aux araignées, elle a du boulot. Sa vie aurait été fabuleuse sans ce grrrr de diablotin. Elle va se lancer à sa poursuite, ça ne va pas super bien tourner… va-t-elle se pardonner?

Mon avis

Voici donc un très joli album, dont l’auteur a dessiné un dessin chaque jour.  Nous avons droit à de superbes planches, un ou deux dessin par page, avec un univers graphique à la fois élaboré et choupi comme tout. C’est plein de petits fantômes, d’insectes, de fleurs et de forêt. Ça commence tout doucement, on se dit qu’on va lire une jolie petite mignonnerie… et, comment dire… ce qui a l’air très drôle au départ le devient rapidement beaucoup moins. Genre, pas certaine que je vais le faire lire à ma nièce car les décisions de notre petite sorcière vont avoir des conséquences graves. Le contraste entre le propos et les illustrations sont presque dérangeants. 

Ça traite de culpabilité, le tout dans un monde magique très cute. J’ai vraiment aimé toute la première partie. En fait, non, les 9/10 du livre. Et mon bémol pour la fin est très « moi-moi-moi ». Je ne suis pas très « leçons de vie », très « développement personnel ». Ça m’énerve tout de suite car aucune leçon n’est selon moi universelle et bon, ce n’est pas pour ça que je lis. Ceci dit, avec le titre, j’aurais pu m’en douter hein!  Mais je croyais que c’était jeunesse!

Toutefois, j’ai adoré le côté aventures, les pertes en chemin, les remises en question et le graphisme. J’aurais juste aimé que le fameux secret du bonheur soit davantage distillé! Et, soyons franche, je suis ravie de l’avoir dans ma collection!

C’était ma BD de la semaine!

Tous les billets chez Noukette cette semaine!

Roux clair naturel – Fanie Demeule

Le comment du pourquoi

J’ai « déterrer les os » dans ma pile depuis sa sortie car l’éditeur a cru qu’il pourrait me plaire. L’ai-je lu? Non. Par contre, comme Fanie Demeule est la pref de Sylvain Démenti et que l’idée de « thriller capillaire » m’intriguait, j’ai commencé par celui-ci. Sans savoir qu’en fait, c’était la deuxième partie d’un genre de dyptique, mais qui peut se lire pas dans l’ordre. Vous vous imaginez ce que ça a pu faire à mon côté psychorigide!

De quoi ça parle

Pour la narratrice, une obsession : ses cheveux. Roux clair naturel. Avec accent sur le « naturel ». Quant à 17 ans elle rencontre celui qui devient tout pour elle et qui fantasme sur les rousses, elle va tout faire pour cacher qu’en fait, ce n’est pas si naturel que ça, toute cette rousseur…

Mon avis

Ça prenait une plume et un point de vue hautement original pour me faire lire d’une traite un roman traitant de cheveux teints. Mais dans ce court ouvrage, ça passe parfaitement parce que cette idée de base, cette Rousseur par laquelle la narratrice sans nom se définit, permet d’explorer divers thèmes dont ceux de l’obsession, de l’identité et du mensonge.

Qui n’a pas « embelli » la vérité une fois de temps en temps? Vous savez, le genre de mensonge qui ne semble pas porter à conséquence pour se sortir d’une situation embêtante ou encore pour rendre la vérité un peu plus cute? La narratrice a dès l’enfance modifié la réalité et l’un de ses mensonges, sa fameuse « couleur naturelle », va prendre peu à peu toute la place. Jusqu’où va-t-elle aller pour cacher ses teintures à son chum? Sera-t-elle découverte?

La vie de cette jeune fille sera modelée par cette idée. Quand on est « pris » dans un mensonge, il devient tellement difficile de s’en défaire et personne ne veut passer pour un menteur, avouer la supercherie, surtout quand elle a pris tant d’ampleur. Et ça c’est passionnant. Comprendre comment toute une identité a pu se bâtir sur un seul trait, sur le syndrome de l’imposteur qui en découle. En plus, c’est quoi, être « rousse »? En quoi est-ce important? Construction personnelle, fantasme de son conjoint, injonctions de la société? Jusqu’à quel moment la protection du secret devient de la manipulation? Et quand on y croit soi-même, est-ce encore un mensonge?

Bref, c’est ce qui est exploré ici, dans la plume précise et imagée de Fanie Demeule. Il faut que je lise Déterrer les os, maintenant!

On pleure pas au Bingo – Dawn Dumont

Le comment du pourquoi

J’avais beaucoup aimé La course de Rose, de la même autrice et j’essaie de lire de plus en plus de romans par des auteurs autochtones. Du coup, c’est sans hésitation que j’ai pris ce roman, qui a finalement fait partie de mes tops 2021. Oui, je l’ai lu en 2021. J’ai un petit bug de synchronisation blogue-lectures ces temps-ci!

De quoi ça parle

Dawn est née dans la réserve Okanese, dans les prairies canadiennes. Dans cet ouvrage, elle nous raconte avec humour son enfance et son adolescence dans sa communauté, avec ses hauts et ses bas.

Mon avis

Savez-vous ce que j’aime vraiment dans les romans de Dawn Dumont? Le regard porté sur la vie dans les réserve. Ce regard de l’intérieur, réaliste et tendre à la fois. L’autrice ne ferme pas les yeux sur le moins beau côté de la vie en réserve mais ici, elle nous montre surtout le quotidien, les petits bonheurs et les façons de penser différentes. J’aime que le côté « peuple rieur » ressorte et qu’on sorte un peu du sordide. Dans les romans de Dumont, on rencontre des gens parfois blessés, mais qui prennent leur avenir en main. Ils sont intelligents, débrouillards et surtout, on ressent l’esprit de communauté. Et ça me plait.

il y a beaucoup d’humour dans ce récit. Les anecdotes sont bien tournées et on peut les déguster petit à petit. Pas de grande trame narrative mais des tranches de vie qui ouvent des portes sur la culture Okanese d’aujourd’hui. Le point de vue de Dumont permet un regard réaliste. On montre le beau, on se moque des travers et ça rend tous ces personnages on ne peut plus attachants. La petite Dawn qui aime le sport et la lecture, entre autres, mais aussi sa famille que nous verrons grandir. Le tout bien entendu sans omettre le racisme du quotidien et l’héritage du colonialisme.

Un ouvrage à déguster, qui m’a fait éclater de rire par moments!

Temps libre – Mélanie Leclerc

Le comment du pourquoi

Voici donc une bande dessinée lue dans le cadre de mes lecture pour le prix des libraire du Québec. De toute façon, des livres sur la couverture, c’est toujours winner. 

De quoi ça parle

Mélanie a la quarantaine, trois enfants et un boulot à temps partiel dans une bibliothèque. Elle et a tout ça et un rêve : celui de réaliser des films d’auteur, surtout un film, qui porte sur sa marraine qui perd petit à petit la mémoire, atteinte de la maladie d’Alzheimer. 

Mon avis

Vous savez comment j’aime les albums et les hitoire un peu nostalgiques hein?  Ces histoires de rêves qu’on peine à réaliser, ce regard doux qu’on pose sur sa jeunesse. Ce n’est pas ce qui prime dans cette histoire mais les dessins en noir et blanc et le scènes entre amis donnent tellement cette vibe que ça ajouté quelque chose à ma lecture. Sans compter que ce livre, même sans ça, est douce-amère et belle à la fois. 

Louise, la marraine de Mélanie, le personnage principal, a commencé à monter sur scène à la retraite. Sauf que ses répliquent la fuient et elle comprend bien ce qui l’attend. Alzheimer. Mélanie se met à la filmer, un projet qui lui tient à coeur, elle qui a toujours voulu cette vie d’artiste, tout comme ses amis. Sauf que c’est son hobby, son loisir, ce qu’elle fait dans ses temps libres, qui sont trop rares. Un premier film d’auteur à 45 ans, c’est possible?  Cet album parle tellement bien des rêves et des espoirs qui se heurtent au réel et à la vie, tout simplement. 

Les scènes entre la femme et sa marraine sont très touchantes et celles entre amis, qui ont tous voulu être plus, être Grands, m’ont fait sourire. Comment vivent les rêves? Et comment meurent-ils? Est-ce toujours si triste?

Un très bel album… décidément, cette sélection me plait beaucoup à date!