Les dames de Kimoto – Sawako Ariyoshi

J’ai lu la BD adaptée de ce roman il y a quelques semaines et j’en étais ressortie avec un sentiment de trop peu. J’ai donc décidé de lire le roman, question d’apprécier davantage. Et j’ai bien fait. Sincèrement, je conseille de lire le roman avant la BD.

De quoi ça parle

L’histoire du roman (écrit en 1961) est exactement celle de la BD. Nous suivons trois générations de femmes japonaise, de la fin du 19e siècle à l’après 2e guerre mondiale. L’évolution de la culture et de la condition féminine nous est contée à travers leurs voix.

Mon avis

J’ai lu le roman avec les images de la BD en tête et quel plaisir! J’aime le côté contemplatif des romans japonais, cette impression de rivière qui coule doucement, dans l’espace et dans le temps. C’est l’atmosphère que j’ai retrouvée ici, avec toutefois de jolies chutes (je suis toujours sur la métaphore de la rivière… faut suivre) et quelques rapides pour passer d’une génération à l’autre. Dans le roman, nous avons davantage accès aux pensées et aux motivations des personnages et cette compréhension supplémentaire m’avait réellement manqué dans la BD.

Chaque personnage a ses failles. Hana, la parfaite Hana, c’est l’ancien Japon. Kimonos, traditions et anciennes croyances, elle représente l’ancien monde. Mariée avec un homme ambitieux, elle est cultivée, bien élevée et va mettre tous ses talents à son service. Elle ne ressent pas le besoin d’avancer avec son époque et regarde sa fille, féministe et progressiste, d’un oeil complètement ébahi, sans la comprendre. Fumio, la dite fille, rejette avec violence toutes les traditions japonaises chères à sa mère. Impossible de ne pas souffrir pour Hana face aux commentaires très agressifs de sa fille, et ce même lorsqu’on est plutôt d’accord avec les idées de Fumio! Hanako, quant à elle, élevée en partie par sa grand-mère pendant la seconde guerre mondiale, est déchirée entre les idées de sa grand-mère et celles de sa mère et elle va tenter de trouver sa propre place, alors que sa famille compte déjà des femmes fortes et difficiles à égaler, chacune en leur genre.

L’écriture est toujours délicate, l’image du fleuve Ki est magnifique et on a envie d’aller au Japon et de voyager dans le temps. C’est un roman qui se lit doucement, il n’y a pas de rebondissement incroyable, mais il coule comme le fleuve Ki. La preuve que j’aime toujours autant la littérature japonaise!

La fin du chant – Galsan Tschinag

Quand, pour Lisons l’Asie, il a fallu trouver un auteur Mongol, j’ai eu un peu peur, jusqu’à ce que je me souvienne que j’avais ce roman dans ma pile. Ne me demandez pas comment il y a atteri par contre. Je vous jure, ces petits objets plats et rectangulaires se reproduisent tout seuls! Je l’ai donc sorti et j’ai très bien fait.

De quoi ça parle

Nous sommes dans les plaines de l’Altaï, il y a quelques décennies mais aussi un peu hors du temps avec quelques membres des Touvas, peuple nomade de la Mongolie. Une famille est installée seule. Un père et ses enfants vivent là, avec ce que la nature leur donne, la mère étant décédée plusieurs années plus tôt. Le roman s’ouvre sur un combat entre la vie et la mort encouragé par le chant d’une adolescente ; une jument et son poulain mort, qui ne veut pas d’un autre poulain, vivant.

Mon avis

La fin du chant, c’est la fin d’une époque, d’une vie nomade, faite de migrations et de dur labeur, mais aussi d’harmonie avec la nature, de chamanes et de croyances. Ce texte a l’allure de conte nous plonge dans un tout autre univers, en en faisant revivre les coutumes et les traditions. L’auteur nous fait vivre le quotidien de cette famille, avec le père chasseur qui tient le coup après la mort de l’épouse qu’il a appris à aimer, la jeune fille qui a pris le rôle de femme de maison ainsi que ses trois frères et soeurs plus jeunes. Nous sommes à la fin d’une époque et c’est à travers un moment du quotidien, la naissance d’un poulain et le retour d’une femme ayant déjà fait partie de leur vie, que nous pourrons revisiter plusieurs moments de leur passé… et de leur futur.

Je trouve toujours magnifiques ces récits qui pourraient avoir lieu n’importe quand, où les gens mènent une vie simple, basée sur la survie au quotidien. Entendons-nous, je serais nulle à ce genre de vie, mais c’est tellement différent que j’ai vraiment été emmenée ailleurs. L’écriture est grandiose et nous permet d’entendre les chants, de visualiser les combats, presque de goûter le thé. Ici, la mort fait partie du quotidien et à travers les récit, nous pouvons entrevoir les pouvoirs qui se disputent le territoire.

Un moment hors du temps qui m’a permis de découvrir un peuple que je ne connaissais pas du tout. Une belle découverte.

Virgin River – 1 – Robyn Carr

C’est Sylvain Démenti qui nous a convaincues, Daphné et moi, de lire cette romance. J’avais besoin d’un truc qui fait du bien et comme ça fonctionnnait pour Sylvain, je me suis dit « pourquoi pas pour moi »? Non mais comment puis-je me connaître si mal?

De quoi ça parle

Quand Melinda Monroe a vu l’annonce de la petite ville de Virgin River, 600 habitants, elle s’est dit que c’était l’occasion. Infirmière à l’urgence d’une grande ville spécialisée en obstétrique, elle cherche à fuir la violence et son deuil et recommencer à neuf. Toutefois, l’annonce était légèrement trompeuse, le docteur local ne veut rien savoir d’elle et franchement, elle se trouve pas mal loin du spa ou des boutique de créateurs. Sauf qu’un bébé apparaîtra sur le pas de la porte de la clinique et que le propriétaire du café, Jack, semble prêt à lui offrir son support.

Mon avis

Ce roman est le prototype de l’histoire de petite ville qui commence bien (comme Daphné, j’ai toujours voulu vivre à Avonlea… ou Stars Hollow) mais qui est ma foi trop « all american » pour moi et qui finit en queue de poisson. Au départ, l’atmosphère me plaisait, j’aimais bien la vieille dame déjantée qui avait attiré Mel en ville, le vieux docteur bougon et je me disais que j’allais passer un bon moment. Ça a fonctionné pendant un moment. J’aimais bien le côté « pas compliqué » de la romance qui s’installait. Le mec l’attirait, elle ne se sentait pas prête mais c’était clair et ma foi assez adulte comme façon de voir les choses.

Mais après, après…

Bon, on va se le dire, dès que la romance prend beaucoup de place, je perds de l’intérêt. J’aime les personnages complexes, imparfaits et ici, le love interest est ma foi… sans défaut avec l’héroïne? On nous DIT qu’il a un lourd passé, on le voit une fois dépassé par la vie mais autrement, il est juste… trop. Et il a visiblement un truc magique dans son pantalon. Qu’il utilise souvent et avec des résultats probants. Le trope principal est complètement usé, on le voyait venir à 100 km et sérieux, j’espérais que ça n’arrive pas. Je vous jure, j’ai failli pitcher ma liseuse par la fenêtre.

Et bon, il faut qu’on parle des guns. Si au début, le personnage de Mel était très « anti-armes », on va dire que ça ne dure pas. Ici, il y a tout plein de guns et d’armes. Des armes d’assaut. Et c’est normal et c’est bien, voire même que c’est super important dans l’histoire. Et avec l’actualité, pour moi, ça ne passe pas. Je ne vois absolument pas pourquoi une (ou douze) mitraillettes sont nécessaires à un mec, même pour tuer un ours. Je veux bien croire que c’est la réalité, que les ours et les ratons laveurs géants sont un vrai risque pour les vies des montagnards américains mais un fusil de chasse, ça peut faire pareil, non? J’aime pas les guns!

Bref, je ne vais certainement pas poursuivre la série. C’est plein d’invraisemblances, de clichés et les personnages que j’aimais bien au début sont finalement presque interchangeables. Not my cup of tea!

Là où brillent les étoiles – Nadia Hashimi

J’avais tellement aimé La perle et la coquille de l’autrice que quand Purrfect books a proposé de lire une autrice de l’Afghanistan, j’ai tout de suite repensé à elle.

De quoi ça parle

Sitara a grandi dans un Afghanistan idyllique. Son père était un important conseiller du président Daoud Khan et elle vivait heureuse avec ses parents et son petit frère, ainsi que la famille du président. C’était en avril 1978.

La nuit du coup d’état, elle était au palais et sa famille sera décimée sous ses yeux. Des années plus tard, elle tente de se réapproprier son passé.

Mon avis

J’aime toujours la plume de Nadia Hashimi. Dans ce roman, elle réussit à nous dépeindre en quelques pages un Afghanistan verdoyant, rempli d’odeurs et d’amour familial. Quand tout s’effondre, Sitara va devoir faire le deuil non seulement de sa famille, de ses amis, mais aussi de ce pays complètement détruit, qui ne sera plus jamais le même.

J’avoue toutefois avoir préféré La perle et la coquille, qui touche davantage la condition des femmes, sujet qui me touche toujours. Ici, il est aussi effleuré vers la fin du roman mais ce n’est clairement pas le but de l’histoire. Nous sommes plutôt avec une jeune femme qui a tout perdu, qui vit un profond choc post-traumatique et qui a du mal à s’attacher et à faire confiance. J’ai beaucoup aimé la première partie, qui se passe quand elle avait 10 ans. C’est poignant et terrible. J’ai eu un petit down au milieu et encore une fois beaucoup aimé la fin, douce-amère mais satisfaisante. L’idée du deuil d’un autre monde idéalisé est très bien exploitée et on ressent avec la jeune femme à quel point elle est blessée de voir à quel point le pays a évolué.

Mon problème avec ce roman? C’est tellement niaiseux! Vous le savez si vous me suivez depuis un bout, mais je suis vraiment, mais VRAIMENT hypocondriaque. Je suis capable de me créer n’importe quel symptome. Du coup, quand le personnage est oncologue et qu’elle décrit les symptomes de ses patients… ça ne va pas nécessairement bien. J’ai donc eu beaucoup de mal avec cette partie.

J’ai bien apprécié le retour au pays et les quelques pointes au sujet de l’implication des États-Unis et de la Russie dans l’histoire. Quand on sait comment ça va en Afghanistan maintenant, ça fait encore plus mal au coeur, vu que son pélerinage s’est déroulé avant le retour des Taliban. Une autrice que je relirai certainement… mais pas tout de suite!

Ring Shout – P. Djèlί Clark

Je vais vous avouer la vérité, je ne sais plus du tout pourquoi j’avais ce roman. Faut pas se poser de question, ça arrive souvent avec moi. Les romans apparaissent comme ça, par magie, génération spontanée. Je vous jure ça se reproduit tout seul, ces petites choses!

De quoi ça parle

Nous sommes au début du 20e siècle, en Georgie, dans un monde où le controversé (et raciste) film « Birth of a Nation » de DW Griffith a jeté un sortilège sur le monde, faisant ressortir les penchants les plus sombres de la société et donnant ainsi naissance aux monstres du Ku Klux Klan. Des monstres au sens Lovecraftien du terme. Comment on résiste à une telle prémisse hein?

Heureusement, Maryse Boudreaux et ses acolytes veillent au grain et sont là pour combattre ces monstres.

Mon avis

Ce que j’ai pu aimer ce court roman! Certes, ça ne plaira pas à tout le monde, il faut aimer les gros monstres dégueulasses et les scènes d’action on peu gore mais le contexte est génial, l’atmosphère hyper réussie et de mon côté, j’adore ce genre de récits. L’idée est complètement folle mais le parallèle avec le racisme, la haine de l’autre et l’effet de foule est frappant. Le pouvoir des médias et de la propagande est aussi exploitée, le tout en très peu de pages et en réussissant à y intégrer des scènes de bagarres épiques impliquants épées, fusils et tentacules.

J’ai aussi beaucoup aimé le trio de combattantes féroces et battantes malgré leurs faiblesses et leurs deuils. J’adore leurs discussions et leur humour. Nana Jean, qui supporte le groupe, est fascinante et on sent la force de la culture des noirs américains de l’époque, que ce soit par le langage (je vous avertis, on ne comprend pas tout, tout, tout) et les coutumes, notamment les fameux Ring Shout. C’est puissant et très évocateur.

Il paraît que l’auteur est historien et ça se sent dans la mise en place de ce court récit. La réflexion sur ce qui peut inciter des gens ordinaires, « normaux » à devenir des monstres est hyper intéressante. Même si probablement aucune tentacule n’est impliquée dans le dit processus!

Là où je me terre – Caroline Dawson

Tout ceux que je connais ont aimé ce roman. En tant que grande curieuse, j’ai donc voulu me faire mon propre avis, avec un peu d’appréhension, je l’avoue. En effet, quand il s’agit des mémoires de quelqu’un, c’est toujours un peu délicat au cas où on n’aime pas. Bon, cette précaution était seulement plus ou moins nécessaire, vu que j’ai beaucoup aimé… et beaucoup réfléchi.

De quoi ça parle

Un jour, alors qu’elle était enfant, les parents de la petite Caroline lui ont dit qu’ils partaient, qu’ils quittaient le Chili pour un lointain pays, le Canada. Elle ne sait pas trop pourquoi mais la petite fille qu’elle est va devoir passer à travers la vie de réfugiée et définir qui elle est dans un monde où elle a perdu tous ses repères.

Mon avis

Cet ouvrage nous permet de passer de l’autre côté du miroir et ainsi mieux comprendre l’arrivée au Canada de gens qui ont dû tout laisser derrière eux, non seulement leurs biens matériels mais leur emploi et leur statut social. Les parents de la fillette ont quitté la dictature de Pinochet et arrivent ici en se retrouvant devant rien. Sauf que Caroline ne sait pas vraiment ce qui se passe et vit plutôt sa vie d’enfant, mais loin de tout ce qu’elle connaît. Et comme la fillette veut plaire, veut bien faire, elle va se conformer au moule canadien, à ce qu’on attend d’elle. Être comme ces fillettes toutes pareilles qui sont à son école et qui ont toutes le même nom.

C’est un récit qu’on entend moins souvent que celui-ci. En effet, malgré les mesures mises en place par le pays où arrivent les gens, il demeure que les rapports de force demeurent, même quand ils ne sont pas toujours volontaires. Les parties du récit qui parlent de sa mère sont bouleversants car celle-ci fait des ménages – beaucoup de ménages – pour parvenir à boucler les fins de mois et permettre à sa fille d’avoir le meilleur avenir possible. Et ça fait réfléchir car on réalise l’insuffisance des programmes et des mesures pour permettre aux réfugiés de se réaliser pleinement tout en comprenant que ce n’est pas si simple. Bref, impossible de ne pas se questionner.

Ceci dit, la construction de Caroline s’effectue en reniant une partie de ce qu’elle est et qu’elle devra reconquérir petit à petit, avec des émotions conflictuelles. Jusqu’où doit-on aller pour s’intégrer dans un nouveau milieu? Je crois que c’est une question qui rejoint tout le monde et qui est magnifiée par le contexte d’immigration. C’est un récit émouvant, sensible, qui rend le lecteur profondément inconfortable et ça fait du bien d’être bousculé.

Ceci dit, la voix d’enfant est très mature pour 7-8 ans. J’avais l’impression d’un adulte qui réinterprétait ses souvenirs d’enfant alors qu’on nous disait qu’elle avait « tout de suite su » ou « réalisé à l’instant ». J’ai souvent ce problème avec les voix d’enfant. Toutefois, qui suis-je pour juger des mémoires et de la perception de l’autrice vu qu’elle nous raconte son vécu?

À tenter, donc. Pour voir les choses autrement.

Compartiment pour dames – Anita Nair

J’ai acheté ce roman en 2007, pour une lecture commune du défunt « club de lectures des blogueuses ». Bizarrement (ironie ici), je ne l’ai pas lu et il est… resté dans la maison, qui sera démolie et à laquelle je n’ai plus accès. Je l’ai donc racheté en ebook pour le lire pour Lisons l’Asie. Welcome to my life.

De quoi ça parle

Akhila a la quarantaine. Elle travaille aux impôts, elle est célibataire, pas par choix. Elle n’a jamais pu vivre pour elle-même, ayant toujours été la soeur, la fille de quelqu’un, ayant des responsabilités envers eux. Un jour, sur un coup de tête, elle décide de partir seule vers Kanyakumari, sur le bord de la mer en Inde et c’est dans l’intimité du compartiment pour dames qu’elle va poser la question qui la hante : une femme peut-elle vivre pleinement sans homme, sans être mariée?

Mon avis

Non mais pourquoi j’ai attendu si longtemps avant de lire ce roman? Je connais très peu l’Inde, que ce soit par sa culture ou sa littérature et ce roman nous ouvre les yeux sur la condition des femmes dans ce pays. Qu’elles soient cultivées ou sans éducation, riches ou pauvres, elles ne restent « que » des femmes et sont donc considérées comme inférieures. Toutes. Leur abnégation et leur générosité n’est que le dû des familles, des frères et la communauté est sans compromis pour celles qui osent s’écarter d’un pas de la route qui a été tracée pour elles. Le récit est à la fois triste mais recèle une note d’espoir, même si la fin ne m’a pas totalement convaincue, le personnage principal s’éloignant un peu trop du portrait que nous en avions au départ. Ceci dit, j’ai passé un excellent moment de lecture.

C’est donc un portrait de la condition des femmes au 20e siècle en Inde qui nous est tracé. Vingtième siècle car le roman a été écrit en 1999. Ce sont des femmes ordinaires, des femmes qui doivent exister par milliers en Inde. Certaines ont un destin plus dur que d’autres, mais j’ai aimé ces portraits, ces femmes qui se racontent à d’autres qu’elles ne reverront jamais. C’est parfois doux, parfois révoltant, mais les portraits sont profondément humains.

Akhila, le personnage principal, est une jeune femme vive mais opprimée par une famille brahmane aimante, croyante, traditionnelle… et misogyne. Il y a beaucoup d’humour, des remises en question et une vraie réflexion sur la condition de ces femmes, si différentes et semblables à la fois. Bref, à découvrir!

L’étrange traversée du Saardam – Stuart Turton

J’avais bien envie de lire autre chose de l’auteur de Evelyn Hardcastle et j’ai sauté sur l’occasion quand on m’a proposé celui-ci. Je l’ai ouvert sans savoir quel était le genre de l’ouvrage et savez-vous quoi? Je ne vous le dirai pas non plus. Parce que c’est vraiment cool de lire sans savoir s’il y a du surnaturel ou non dans cette histoire.

De quoi ça parle

Nous sommes au 17e, sur la lointaine île de Batavia, alors que le Saardam se prépare à prendre la mer pour Amsterdam. À son bord, le gouverneur de l’île, sa femme, sa fille, son entourage et deux prédicateurs. Dans la cale, emprisonné et isolé de tous, le célébre détective Samuel Pipps, accusé d’une sombre affaire. Le seul qui ait vraiment des contacts avec lui est Arent Hayes, son garde du corps. Quand de mystérieux signes commencent à apparaîtrent sur les voiles et que des messages se font entendre, on craint une vieille malédiction et Hayes ne peut pas toujours faire appel à son génie de patron pour l’aider à tout comprendre.

Mon avis

Voici donc un roman fort divertissant, avec un huis clos sur un bateau au 17e, un détective génial (mais enfermé), un sidekick-rédacteur-de-mémoires qui n’a pas confiance en lui comparativement au génie qui l’emploie, un gouverneur qui maltraite sa femme, sa fille trop intelligente, un équipage de malfrats, des prédicateurs/exorcistes ainsi qu’une histoire de malédiction et de vaisseau voué au désastre. Ça a un côté très Agatha Christie, vous ne trouvez pas? Comme je vous le disais d’entrée de jeu, je ne vous révélerai pas si nous avons un côté fantastique comme dans Evelyn Hardcastle mais on passe un bon moment avec cette histoire et les pages se tournent toutes seules.

Comme l’auteur le dit lui-même, il a pris certaines libertés avec la langue et le fonctionnement d’un gallion et je suppose qu’il y aurait eu davantage de monde à bord de ce navire. L’auteur prend son temps pour mettre en place l’atmosphère et pour nous faire connaître les nombreux personnages qui sont à bord. Si certains ont trouvé ces parties un peu longuettes, c’est pour ma part ce que j’ai préféré. Ces petits moments, ce bateau qui craque de partout et où le diable rôde.

Une histoire de vengeance, d’amour, de trahison, de croyances et de bateau maudit. Une histoire qui parle aussi en arrière plan de colonisation, de la chasse au sorcières (ou aux démons) et de la situation des femmes à l’époque. Sara, la femme du gouverneur, est maltraitée par son mari mais tente, à sa manière et en fonction de l’époque et des convenances, de se réaliser du mieux qu’elle le peut. Il y a un aspect féministe assez prépondérant dans le récit, autant dans le personnage de le femme du gouverneur que dans la pétillante maitresse de celui-ci, Creesjie, qui séduit pour arriver à ses fins ou encore d’Isabel, pupille du prédicateur. Et ce qui est bien dans tout ça, c’est que le tout reste tout de même assez ancré dans le 17e et ses façons de faire. Nous avons des femmes fortes mais pas non plus complètement anachroniques en fonction de leurs rôles.

Ceci dit, je reprocherais peut-être une fin un peu tarabiscotée et je me souviens que j’avais un peu le même sentiment pour Evelyn Hardcastle. Ceci dit, les pages se tournent toutes seules et l’histoire a su garder mon intérêt. Bien aimé!

Lettre à toi qui m’aimes – Julia Thévenot

C’est dans le cadre d’un vlog « lisons les favoris de booktubers » que j’ai lu ce roman, qui avait été recommandé par Alex bouquine en Prada. Le vlog aura-t-il lieu? Je n’en ai aucune idée (ouais, je suis et resterai toujours moi), mais bon, je l’ai lu, bien aimé, et je vais vous en parler.

De quoi ça parle

Pénélope est membre d’un groupe de rock et quand ils accueillent un nouveau membres, Yliès, elle réalise vite qu’il flashe sur elle. Penny, elle, elle ne sait pas et oscille entre oui et peut-être. Sauf que que quand elle elle fréquente Côme, le « oui » est très clair… et ça va lui faire réaliser qu’entre elle et Yliès, ça ne va pas être possible. Ce n’est pas ÇA…

Mon avis

Nous avons à faire à un très court roman ados au sujet d’une histoire d’amour qui n’aura pas lieu. L’originalité? Le point de vue est celui de la jeune fille qui a dit non. Celle qui a brisé le coeur d’Yliès, son ami. Ça change avec plaisir des habituels récits de ceux qui ont eu le coeur brisé et c’est rafraîchissant. Il faut savoir que j’ai souvent été celle qui était comme « ouais… je t’aime bien mais… non ». La reine du friendzoning! Du coup, j’ai beaucoup aimé lire les questionnements et les angoisses de cette jeune fille qui ne veut pas faire de mal mais qui a peut-être flirté un peu, quand même. Est-elle allée trop loin? L’a-t-elle fait marcher? Est-elle la bitch de l’histoire?

Ici, la jeune fille est profondément humaine. Elle n’est pas parfaite, se questionne et a peur de briser son groupe d’amis et de son groupe de musique. Les réactions de tous ne sont pas toujours à son goût, pas toujours agréables non plus mais ils sont surtout réalistes. La lettre qu’elle lui écrit est touchante, une lettre de non-amour. Yliès est gentil et drôle pourtant. Ils s’entendent bien. Et bon, Yliès et Pénélope, ça sonne bien, non? Mais ce n’est pas « ça ».

J’ai lu que plusieurs avaient trouvé Pénélope détestable mais moi, pas du tout. Elle m’a plutôt touchée car les sentiments, ça se contrôle difficilement. Par contre, les vers libres ont moins fonctionné avec moi, contrairement à ceux de d’autres auteurs ou autrices. Les rimes, assez peu pour moi. Bref, j’ai aimé le propos, le point de vue, mais moins la plume.

L’avez-vous lu?

Le fou et l’assassin – 3e trilogie de Fitz – tome 1

Retrouver FitzChevalier Loinvoyant et tout son petit univers, pour moi, c’est doudou. Clairement. Vous savez, quand on aime tellement un monde et des personnages qu’on leur pardonne un peu tout? C’est tout à fait ce qui arrive pour moi avec cette série, surtout quand ça implique Fitz et le Fou!

De quoi ça parle

Si vous n’avez pas lu les deux premières trilogies de Fitz, même dire de quoi et de qui ça parle, ça va vous spoiler. Vous voilà avertis.

Plusieurs années ont passé et Fitz habite maintenant à Flétrybois avec son amour d’enfance. Toutefois, étant donné son usage de l’art, ceux-ci ne vieillissent pas au même rythme et comme Molly est persuadée d’être enceinte alors qu’elle a depuis longtemps sa ménopause, Fitz et Ortie craignent pour sa santé mentale. Toutefois, quand un messager arrive et semble avoir été assassiné sur le domaine, on réalise que les ennuis de Fitz ne sont pas terminés, loin de là.

Mon avis

On va s’entendre, je suis une fan finie de cet univers. Je suis tellement attachée à ces personnages que je leur pardonne toutes leurs – fréquentes – conneries. Biaisée, donc? Tout à fait. Mais il n’y a rien à faire, quand j’ouvre l’un de ces romans, je suis totalement embarquée dans l’histoire et je ne veux que connaître la suite. Même si les persos se sont mis dans la schnoutte tout seuls! Oui, à ce point. Et dans ce tome, non seulement personne n’est parfait mais côté décisions douteuses, que ce soit chez Fitz, Umbre, Ortie, Abeille ou les autres, on est gâtés ici. Mais je crois que c’est justement ce qui fait que je les aime tellement: ils sont humains, faillibles, ne font pas toujours ce qu’ils ont prévu de faire, disent parfois des énormités et font des erreurs. Il y a certes des vrais gros méchants mais à part ceux-ci, on reste souvent dans la nuance. Et ça, j’aime.

Dans ce tome, nous avons une introduction assez lente qui nous permet de replacer les personnages et de bien comprendre ce qui s’est passé pendant les années qui ont passé depuis la fin de la 2e trilogie. J’étais comme contente de les voir un peu paisibles, pour une fois. Il y a deux parties assez distinctes, un événement marquant au tiers du roman et un dernier 100 pages qui va à toute vitesse. Et j’adore. Même si je vois les faiblesses d’écriture, même si la voix d’enfant n’est parfois pas toujours enfantine, même si les personnages ne semblent pas voir des choses qui sont évidentes comme le nez au milieu de la figure. Rien à faire, malgré la désagréable Évite, je suis accro.

Et que dire de cette fin! Ça donne envie de se jeter sur la suite.

Partie qui spoile un peu… juste un peu

Entendons-nous, même si j’aimais bien un certain personnage, je n’étais pas fâchée de sa disparition, qui permet à Fitz d’évoluer. Sa douleur, la découverte de son rôle de père, avec toutes les erreurs que ça implique, la création de son lien avec Abeille, tout ça m’a énormément plu. Ce dernier personnage, qui a plusieurs traits qui rappellent l’autisme (même si ça peut être expliqué autrement), a une vision un peu différente du monde et elle me plait bien. L’incompréhension qui l’entoure et les réactions qu’elle suscite font comprendre à quel point la différence fait peur.

Et les retrouvailles… Bref, je suis fan. Malgré tous les malgrés!