Présentation de l’éditeur
« Fin des années 1990. Leonora Galloway entreprend un voyage en France avec sa fille. Toutes deux ont décidé d’aller à Thiepval, près d’Amiens, au Mémorial franco-britannique des soldats décédés durant la bataille de la Somme. Le père de Leonora est tombé au combat durant la Première Guerre mondiale, mais la date de sa mort gravée sur les murs du mémorial, le 30 avril 1916, pose problème. Leonora est en effet née près d’un an plus tard.
Ce qu’on pourrait prendre pour un banal adultère de temps de guerre cache en fait une étrange histoire, faite de secrets de famille sur lesquels plane l’ombre d’un meurtre jamais résolu et où chaque mystère en dissumule un autre. Le lecteur est alors transporté en 1914, dans une grande demeure anglaise où va se jouer un drame dont les répercussions marqueront trois générations. »
Commentaire
Ca y est, je confirme que ma panne de lecture est officiellement, officiellement finie! Ce roman m’a carrément passionnée et je l’ai dévoré dans une journée, entre les dix mille choses que j’avais à faire pendant la dite journée. D’avance, le roman avait tout pour me plaire: des récits enchassés, une atmosphère étouffante et feutrée, la première guerre mondiale, un secret de famille, la campagne anglaise. Et ça a parfaitement fonctionné dans mon cas.
Ce n’est pas un roman où les événements déboulent et où l’action est intense à chaque page. Leonora raconte à sa petite fille son histoire, celle qu’elle avait toujours cachée pour l’oublier, pour la rendre irréelle. Son histoire dont elle ne connaît les tenants et aboutissants que depuis peu, finalement. C’est donc un voyage dans le temps auquel nous sommes conviés, par le biais des témoignages de différents personnages. Dès le début, nous sentons l’oppression, nous nous doutons que chaque éclaircissement sur un point particulier dévoilera un autre mystère et que nous ne comprendrons toute l’histoire qu’à la toute fin, chaque narrateur apportant sa vision, son apport et ses connaissances. Leonora nous raconte son enfance à Meongate, laissée aux « bons soins » d’une Olivia, seconde femme de son grand-père, rendue folle par la haine. Bon, folle tout court, en fait. Ce personnage est selon moi celui qui a le moins d’épaisseur dans le roman mais elle est machiavélique à souhait, sans morale et méchante pour faire le mal, tout simplement. La deuxième partie du roman est le récit de Tom Franklin, ami du père de Leonora et compagnon de tranchées, qui a vécu à Meongate en convalescence pendant une courte période. Période au cours de laquelle il y a eu un meurtre dans la maison. La dernière partie revient vers Leonora et quelques autres personnages que je ne nommerai pas pour ne pas briser le suspense.
L’écriture (et la traduction, je tiens à le souligner) sont agréables et conviennent parfaitement à ce roman d’atmosphère où tout nous est révélé par bribes et souvent de façon biaisée par le « je » des narrateurs. Je me suis sentie étouffée par Meongate, épiée par Olivia, j’avais l’impression d’être juste derrière Franklin et de vivre toute l’aventure avec lui. Et j’ai souffert pour eux, à cause de tous ces non-dits, de ces parties de vies gâchées par l’ombre et la volonté de préserver les convenances. J’ai ressenti leur désespoir, traqués par leur conscience pour finalement… peu de chose. Et c’est cette disparité entre réalité et perception que j’ai trouvé géniale et tragique pour ma part. J’ai tourné les pages d’un souffle, à toute allure, portée par l’histoire et pressée d’en connaître la fin, de vérifier mon hypothèse principale.
Parce que oui, la révélation finale n’était pas du tout inattendue… j’aurais été déçue si j’avais eu tort, en fait. Mais depuis le temps que je me doute toujours de tout, ça ne gâche plus rien à mon plaisir de lecture.
Donc, un gros merci à BoB et aux éditions Sonatine qui ne m’ont à date jamais déçue.
PS: Après la rédaction de mon billet, je suis allée lire ceux des autres et les avis sont ma foi très partagés! Manu a aimé autant que moi (bon, d’un autre côté, ça ne me suprend pas… Manu, ça te surprend, toi??), June a eu une agréable surprise, Lystig s’est ennuyée sur toute la ligne, Canel est déçue tandis que son homme a aimé. L’avis de Snowball rejoint beaucoup celui de Canel. Comme d’habitude, je suis bon public!