Présentation de l’éditeur
Dernière pièce d’Oscar Wilde, L’Importance d’être constant brille des feux d’un langage habité par la grâce : s’y manifestent la puissance et la modernité de la réflexion de l’auteur sur la fiction, mais aussi son inventivité subversive et satirique, son esprit généreux et étincelant d’élégance et de drôlerie.
Commentaire
Quel pur moment de délectation que la lecture de cette pièce (parce que c’est du théâtre. Je le précise au cas où!)!! Décidément, j’adore les bons mots de Wilde et cette farce en est remplie!
L’importance d’être constant, c’est la version 1895 de nos sitcom. C’est court, c’est rempli de « one liners » et surtout, surtout, tout plein de tromperies et le lecteur voit venir de loin (parce que bon, il en sait beaucoup plus que les personnages à certains moments) les imbroglios à venir et regarde en riant les personnages se mettre dans le pétrin avec leurs mensonges et leurs idées folles! J’adore!
Jack est donc un jeune homme ayant une pupille, miss Cecily. Comme il prend son rôle au sérieux, il ne veut que celle-ci l’admire pour son bon exemple et ses qualités. Mais bon, pas question de cesser les voyages à Londres et les frasques, hein! Que faire? S’inventer un frère, Ernest (Constant en français, je crois), et lui mettre sur le dos tout ce qui est un peu moins glorieux! Aussi simple que ça! Sauf que Jack a un ami, encore plus dandy que lui, nommé Algernon, adepte du grand n’importe quoi et du Bunburyism (pour savoir ce que c’est faut lire la pièce!). Et Algernon (Algy pour les intimes) a trouvé un étui à cigarette « pour Uncle Jack, de la petite Cecily ». Sauf que pour lui, son ami s’appelle Ernest (ou Constant… jeu de mot sur Earnest et Constant). Et il veut se fiancer avec Gwendolen!
Nous voilà partis pour une aventure sans queue ni tête où Wilde écorche la bonne société mais aussi un peu le clergé et l’éducation à grands coups de caricatures et de dialogues incisifs et pleins de double-sens et de seconds degrés. Ce sont des batailles d’esprit constantes où les personnages débitent les choses les plus ridicules sur tous les sujets, sérieux ou non, avec le même ton et le même sens de l’auto-importance. Wilde frôle parfois l’absurde sans jamais s’y embourber, même si les conversations sont parfois un peu surréalistes!
La terrible Lady Bracknell, gardienne des conventions et aristocrate, change d’idée toutes les deux minutes et accorde de l’importance aux choses les plus triviales, ce que semblent trouver très logique les autres personnages, qui vivent tous dans ce milieu assez aisé où l’apparence est loi. Quant à la confrontation entre Cecily et Gwendolen, avec leurs retournements de sentiments et leurs quiproquos, c’est tout simplement délicieux… un accéléré de plusieurs relations! Le tout sans compter le retournement final, aussi peu crédible qu’approprié et qui fait tout le charme de la pièce!
Il paraît que plusieurs ont reproché à Wilde que tous ses personnages parlaient… comme Wilde! Il faut dire qu’avant d’être célèbre pour ses écrits, il paraît qu’il a été célèbre… pour son extravagance et sa célébrité, justement. Et comme nous le savons, ça s’est finalement retourné contre lui, cette pièce ayant été présentée pour la première fois quelques moins avant son emprisonnement pour sodomie. Bref, plus je découvre Wilde, plus j’ai une furieuse envie de lire une biographie. Quelqu’un en connaît une bien??