Plusieurs personnes m’ont demandé pourquoi je n’écrivais plus de billets sur mes descentes en librairies ou mes commandes intempestives. L’une d’entre elles m’a même dit que c’était beaucoup plus intéressant que mes billets sur les livres (bon, je ne sais pas trop comment je dois prendre ça hein… mais comme j’aime voir le verre à moitié plein, je vais me dire que ces billets-là lui plaisaient VRAIMENT!). En fait, il y a une raison. Et une bonne.
Je suis devenue sage et raisonnable.
Beaucoup plus que la plupart d’entre vous, d’ailleurs.
Même que je ne suis même pas allée au salon du livre de Québec. Première en quoi… plusieurs années.
Donc voilà, c’est dit.
Je suis passée de LCA hyperactive à LCA incorruptible. Bien entendu, ça n’a rien à voir avec le fait que ma pile à lire appoche les 400 romans. Bien sûr que non. J’ai appris à me ficher royalement de ce chiffre. Les seuls moments où ma pile me fait freaker, c’est quand je réalise que bon, je vais devoir acheter une autre biblio pour la contenir. Et que je n’ai pas vraiment d’endroit où la mettre, cette nouvelle biblio. Tant que ça reste un chiffre, c’est disons… un peu irréel.
Non, je suis simplement devenue une grande fille raisonnable qui pèse le pour et le contre et qui ne se laisse plus emporter par diverses fièvres acheteuses, lectrices ou sériesques (que toutes celles qui se retiennent de rire… se retiennent. Défense de citer Spike et les 7 saisons de Buffy en 2 semaines, non mais… Spike, c’est hors-concours. Ça ne compte pas. Ou si peu.)
Et on ne comptera pas non plus ma récolte parisienne.
Je plaide non coupable pour ces heu… 62 objets plats et rectangulaires. On m’a forcé la main. On m’a obligée à ouvrir ces boîtes. Toute façon, les livres de voyage, ça ne compte pas. C’est bien connu.
Sérieusement, je ne suis pas retournée dans une librairie « pour moi » depuis quoi… décembre. Et non, nous ne sommes pas le premier avril. C’est vrai de vrai. Bon, il y a bien eu quelques petites commandes (si petites… minimes même… on va pas se mettre à chipoter pour ça hein) mais je suis vraiment devenue une grande fille raisonnable et responsable.
Et de toute façon, je suis trop occupée à chercher pour avoir le temps de magasiner.
Cette semaine, ce sont mes clés.
Qui semblent avoir décidé de m’abandonner, de se sauver… bref, elles ne veulent plus de moi comme propriétaire, je crois. À noter, Il y a là-dedans mes clés de bureau. Serait-ce un signe?
Premier round: Moi, au bureau. il est 17h, j’ai déjà fait une demi-heure de trop, l’ordi a – encore une fois – bouffé mon rapport et là, je décide que j’en ai ma claque. Je prends mon stock, je barre la porte du bureau… pour réaliser que la porte du vestiaire – où est mon sac – est barrée. Super.
C’est donc parti pour la « course au préposé à l’entretien ménager ». Il y en a deux dans mon secteur. Un gentil, et un pas gentil. Après avoir fait trois fois le tour des deux étages en jogging (oui, je suis dans un trip « redécoupez vos abdos »… ça arrive aux meilleures d’entre nous), devinez sur lequel je tombe? Bingo. Bon, là, c’est sa pause. Il peut pas venir m’ouvrir la porte avant 15 minutes. Et il a des choses urgentes après. D’ici une demi-heure, il peut le faire. Peut-être. Ok, je l’emmerde, c’est évident (et je le comprends un peu hein… mais l’idée de barrer les portes à 17h aussi!). Allons voir le monsieur de la sécurité. Qui n’est pas là. Que je dois faire appeler à l’intercom. Il est également ravi, bien entendu, mais au moins, il fait semblant de trouver ça drôle. Portes ouvertes… ouvre le cadenas. No keys.
Moment de panique, là.
Je fais ouvrir toutes les portes où je suis allée dans la journée et je commence ma fouille.
Ouvre les tiroirs, remue le bordel sur les bureaux, vérifie dans les étagères, les armoires. Rien.
Ah non hein… je vais pas coucher au bureau.
C’est lorsque j’ai envisagé d’appeler ma mère (oui, parfois, dans ma Croissance Personnelle d’Adulte en devenir, j’ai des petites rechutes) que j’ai eu comme un flash. Un jeu que j’ai rangé. Genre rapidement parce que le petit creton avec lequel je m’amusais avait décidé que son contenu était étonamment bien adapté pour servir de projectile et qui avait commencé une recréation ma foi très réaliste du London Blitz. Ma tête et celle de sa mère étant, bien entendu, assimilées aux buildings de Londres. C’est donc sous le regard ahuri du préposé à l’entretien (qui était revenu, 3/4 heure plus tard pour m’ouvrir la porte, et qui m’a fait un sermon sur le respect que je n’avais pas parce que je n’étais pas allé l’avertir que bon, pour finir, je n’avais plus besoin qu’il se déplace pour ouvrir ma porte) que j’ai extirpé, triomphante, mon set de clé d’une boîte de jeu de Duplo géants.
C’était le premier round.
Round 2
Le matin. Moi. Ma cuisine. 6h59. Genre à une minute d’être en retard pour le boulot. Toute habillée, le manteau d’hiver (oui, oui, d’hiver. Genre limite doudoune. On gèle, cette semaine… et je suis une horrible frileuse), le foulard, les mitaines, le paquet de sacs (je pars travailler comme si je partais en vacances pour une semaine. Tous les matins. Faut pas chercher à comprendre.
Bref, je me rappelle soudain que j’ai mis l’eau à chauffer et que je n’ai pas pris mon thé. No problem, j’ai des tasses thermos (gracieuseté de la patrouille de ski). Sauf que bon, tenter de verser du thé chargée comme un mulet, avec mitaines et clés dans les mains… c’est peut-être pas l’idée du siècle. Ce qui devait arriver arriva, les sacs ont glissé de mon épaule, ont fait bouger mes mains… et vu que pour une raison étrange, j’avais enlevé le couvercle de la bouilloire, ben les foutues clés sont tombées dedans.
Avant que je verse le thé, bien entendu.
Genre juste pour ne pas que je puisse boire mon thé.
Conspiration, je vous dis.
Bon… la, je fige. Vous savez, quand le cerveau ne suit pas? Il n’est jamais que 7h01 du matin (ben oui, le temps avance.. même quand on est en retard). Je me dis que pour une fois, je vais être – un peu – intelligente, et laisser tomber l’idée d’aller chercher les clés dans l’eau bouillante, même avec mes mitaines. Parce que oui, ça m’a traversé l’esprit. Je me dis aussi que même si je vide l’eau, jamais mon énorme set de clé ne va passer par le bec verseur. Me voilà bien
embêtée.
(Aucun commentaire sur l’évidence de la situation hein… je vous le dis, je n’étais pas réveillée).
Ça m’a donc pris 3 bonnes minutes pour résoudre ce terrible problème. Et bon, si j’avais eu le choix, j’aurais abandonné et attendu au soir. Procrastination, j’écris ton nom! Mais imaginez-vous que je n’ai qu’un seul set de clé, ayant flushé (oui, flushé comme dans flushé une toilette… tiré la chasse d’eau. Aves mes clés dedans) malencontreusement l’autre set il y a plus d’un an de ça. Je dois bien vous avoir raconté cet épisode, d’ailleurs. Sinon, je vais me dire que les bonnes habitudes se perdent.
Bref, les clés s’en sont assez bien tirées. Le gugusse en plastique qui était accroché dessus, un peu moins. Il a des airs de Dali, en fait. Mais juste un peu hein… il n’est pas resté siiiii longtemps dans l’eau bouillante.
Round 3
Vendredi. Midi. L’hôpital. Encore. Bon, je ne travaille pas le vendredi, direz-vous… qu’est-ce que je foutais là? J’allais rejoindre une copine pour aller courir. Oui, vous avez bien lu. Je vous ai avertis que je voulais me mettre en forme. Je compte bien faire de la plage dans quoi… 6 semaines et je déteste devoir acheter des maillots de bain. De là la course. CQFD. Il fait frais mais pas glacial, je prends mes sacs et à la dernière minute, je décide que bon, la doudoune pour le jogging, ce n’est peut-être pas nécessairement nécessaire… J’enlève la so pink doudoune, je mets la (toujours) so pink veste-de-printemps-high-tech-qui-respire (souvenir du temps ancien où j’étais en forme et où je m’entraînais 4-5 fois par semaine) et je pars rejoindre mon amie.
Une deux, une deux, on souffle un peu… et je dois repartir pour mes commissions.
Pour réaliser que mes clés ben… elles sont dans la doudoune.
Qui, je le rappelle, est dans la voiture.
Qui est barrée.
Of course.
J’aurais pleuré. C’est que je ne travaille pas moi. Je n’ai aucune, mais aucune envie de passer mon vendredi après-midi à l’hop, à attendre une dépanneuse! Surtout pas habillée en pantalons de jogging (trop ajustés. De là le jogging) et en t-shirt. Surtout pas devant les collègues. Qui, tiens, justement, arrivent de manger et sont un peu surpris de me trouver là, les yeux tristes et désespérés.
Et qui en ont ri un bon coup.
Parce que bon, ils se souvenaient un peu du flushage de clés, eux. Et aussi des 12 milles autres conneries qui m’arrivent hebdomadairement.
Heureusement, l’un d’entre eux a eu pitié, a appelé un copain, qui a appelé un copain, qui a réussi à ouvrir ma porte avec des moyens limite illégaux. Je lui aurais embrassé les pieds, c’est pas mêlant. N’empêche que j’ai mobilisé 3 personnes parce que je me sers juste à moitié du truc gélatineux qui occupe ma boîte crânienne.
Non mais comment j’ai fait pour obtenir mes diplômes, moi?
Round 4
Même semaine. Chez moi.
Je fais du lavage. Je râle parce que ma nouvelle laveuse (bon, pas si nouvelle hein… un an et quelque.. .mais comme c’est rarement moi qui fais mon lavage, c’est encore une expérience nouvelle et excitante pour moi) « économique » prend peut-être moins d’eau mais 3 fois plus de temps pour laver la même maudite affaire. Bref, elle m’énerve. Et aujourd’hui, en plus, elle claque, mais quelque chose d’impossible. Impossible de lire. Je la bouge un peu, la tape un peu (sait-on jamais… tous les moyens sont bons). Rien à faire. C’est une totale fanfare.
Et devinez sur quoi je suis tombée, exactement 54 minutes pour tard (au cycle « court », je vous ferai remarquer)? Devinez ce qui trônait, tel un joyau précieux confortablement niché dans les draps (je lis trop de Harlequin… fouettez-moi), en plein centre du linge propre? MES FUCKIN’ CLÉS!!
J’ai lavé mes clés.
Je suis comme ébahie de moi-même.
Même si bon, j’ai de qui tenir hein. Maman, toi qui lis mon blog… pourrais-tu nous faire la liste de tout ce que tu as pu laver dans ta vie? Une calculatrice? Des permis de conduire? Des cartes d’assurance-maladie? Des calepins (je me rappelle encore l’état de la machine après… c’est que ça fait des graines blanches, ces trucs)? Et je suis certaine que j’en oublie.
Alors voilà, je suis occupée.
À me battre avec mes clés. Et je passerai rapidement sur l’épisode où j’ai fait cuire mes lunettes de soleil cheap au micro-onde en même temps que je faisais dégeler de la sauce à spaghetti.
Donc, je n’achète plus de livres.
Plus le temps, vous voyez.
Et, bien entendu, ce long billet vous aura certainement convaincus que je suis devenue over sage, rangée, raisonnable, organisée… et surtout adulte.
Sinon, je ne comprends pas. Mais alors là, vraiment pas. Que dois-je faire de plus, pour vous convaincre?
(Et je suis curieuse… quel est l’endroit le plus bizarre où vous avez retrouvé vos clés? Vos lunettes? Parce que j’ai passé sur les tribulations quotidiennes de mes lunettes hein… Ces lunettes qui se retrouvent mystérieusement dans le frigo ou dans la malle à linge… Elles valent un roman à elles toutes seules… Et j’ai assez radoté pour aujourd’hui.)