Résonances – Patrick Sénécal

Après Hell.com, j’avais dit que pour moi, Sénécal, c’était fini. Trop gore, trop de trop. Je suis une petite nature, voyez-vous! Pourtant, l’auteur a réussi à me convaincre lors du dernier salon du livre en me disant que c’était « ben moins pire » et que c’était un truc complètement différent du reste de son oeuvre. Du coup, je l’ai lu en LC avec Eva de Purrfect Books pour le Black november de Séverine.

De quoi ça parle

Quand Thédore Moisan sort de son IRM, il ne sait pas encore que sa vie vient de changer. En effet, il est témoin d’événements très étranges, parfois à répétition. Les réactions des gens le surprennent, il ne reconnaît plus sa femme et il croise beaucoup trop souvent un mystérieux individu qui semble en savoir un peu trop sur sa vie.

Mon avis

Je ressors de ce roman avec beaucoup de questions… et un avis un peu en demi-teinte. Si j’ai trouvé l’idée l’idée de base géniale, j’ai été moins fan de la réalisation, notamment en ce qui concerne le rythme ainsi que les réponses qui nous sont données. Pas que ça me dérange d’avoir des éléments vagues à la fin du roman mais dans ce cas, il y a un élément en particulier que je voulais comprendre… ET JE N’AI PAS LA RÉPONSE! Du coup, je suis ressortie avec à la fois de l’admiration pour l’imagination de l’auteur et quelques griefs!

Pendant toute la première partie du roman, j’étais fort perplexe et j’aimais ça. Certes, le personnage de Théo est parfois énervant avec ses certitudes et sa façon de se justifier et de prouver qu’il pense « du bon côté » mais on sent rapidement qu’il perd pied et on se pose les mêmes questions que lui, presque en même temps. Certes, on devine après un moment ce qu’il en est mais j’ai aimé le chemin que mon petit cerveau de devineresse a pris vers la compréhension et je n’ai pas deviné page 8, ce qui, certes, fait plaisir.

Il est difficile de parler de ce roman et de bien expliquer ce qui m’a plu et moins plu sans spoiler. Si vous ne vous voulez rien rien savoir, vous pouvez arrêter de lire ici et vous avez déjà une bonne idée de mon avis. Sinon, j’ai aussi bien aimé ce qui arrive aux personnages et ce à quoi Théo assiste. On reste d’abord surpris et on comprend graduellement que toutes les barrières semblent être tombées. Rêves? Hallucinations? Prémonitions? Mise en scène? Vous verrez, mais quand on est témoin de ce qui se passe, impossible de ne pas réfléchir à ce qui se passe notamment sur les réseaux sociaux et l’auteur réussit à représenter plusieurs courants de pensée poussés au maximum. Ok. Certains points sont moins poussés que d’autres et certains propos font clairement tiquer. Ceci dit, ces façons de voir les choses existent… c’est juste que j’essaie de les éviter. Je dois avouer que l’auteur trace un bon portrait des différents points de vue de notre époque. Ceci dit, les interactions entre Théo et sa femme sont hyper déconcertantes. Non mais le pauvre gars qui voit les choses changer sans pouvoir en discuter, sans explication, remord ou regret fait presque pitié. Même s’il est gossant la plupart du temps. Et je me dis que plusieurs personnes doivent se sentir de cette façon face aux changements dans la société, même quand ces changements sont de bonnes choses. Bref… réflexion réflexion.

Comme d’habitude avec Sénécal, c’est souvent cru, décomplexé, parfois un peu gore mais c’était encore acceptable. Loin de Hell.com quoi!

Les chroniques de St-Mary – 9 – Jusqu’à la fin et au-delà

Il me semble que je passe mon temps à parler de cette série et à chaque fois, j’ai l’impression de dire à chaque fois la même chose. En fait, j’ai vérifié, et je vous dis VRAIMENT chaque fois la même chose. Mais passons!

De quoi ça parle

Je vous rappelle donc l’univers : un monde où le voyage dans le temps est possible mais fort réglementé. La police du temps y veille. Mais il y a l’institut St-Mary, historiens, dont la mission est d’aller vérifier certains éléments de l’histoire en s’y rendant pour observer les dits événements. Passionnant non?

Dans ce tome 9, nous retrouvons nos personnages préférés – dont Max, la narratrice – qui vont observer Henri VIII et Persépolis, tentent encore une fois de piéger certaines personnes pour en protéger d’autres.

Mon avis

Cette série est pour moi une série doudou. J’adore les personnages, leur folie et leur façon de foncer droit devant en oubliant par moment l’existence de leur lobe frontal. Ils. sont. cinglés. Imaginez un groupe de scientifiques, avec des connaissances de folie, mais aussi des intérêts assez ciblés et pour qui la fin – genre, la connaissance – justifie les moyens. Bref, à chaque tome, ils frôlent la mort à plusieurs occasions. Et pas toujours de façon logique. Genre, une théière géante peut leur tomber sur la tête. Je trouve ça hilarant et ça me faire rire toute seule. Ou devant public. Au choix.

Nous les suivons dans leurs recherches, dans leur vie personnelle mais aussi à travers ce fil rouge, ce grand méchant, qui rôde encore et toujours. Ici, je me suis PRESQUE fait avoir pour un point précis, entre autres. J’avais presque oublié certains faits. J’ai beaucoup aimé ce tome particulier, qui fait vivre à Max une expérience inédite, avec un traitement qui m’a beaucoup plu. Cette aventure n’est pas prise à la légère, ses suites sont bien exploitées et j’ai beaucoup aimé rencontrer une Max plus vulnérable. Malgré tout, il y a beaucoup d’humour potache et je suis fan de ces blagues de scientifiques et de l’auto-dérision de la narratrice. Ce n’est pas toujours politically correct, il faut le savoir. Ça risque de heurter certaines sensibilités. Mais on dirait que je passe tout à cette série!

Il me reste un tome à lire à la maison et je pense que 13 tomes sont sortis actuellement. Il m’en reste encore! Fiou! Ce n’est pas de la « grande littérature » mais c’est mon petit bonbon perso!

En attendant, je vais me faire une tasse de thé!

Carbone & Silicium – Mathieu Bablet

Je n’ai lu que des bons commentaires sur ce gros roman graphique de presque 300 pages. Il a été un coup de coeur pour plusieurs de mes collègues des BDs de la semaine et c’est d’ailleurs suite à leur avis que je l’ai emprunté à la bibliothèque. De mon côté, je reconnais le génie derrière tout ça. Toutefois, sa lecture m’a causé une crise d’angoisse assez monumentale, un sentiment d’impuissance de folie et une belle nuit d’insomnie. Vous comprendrez que je ne peux parler de plaisir de lecture dans ce cas. Mais je m’explique.

De quoi ça parle

Carbone et Silicium ont été activés. Ce sont les prototypes d’une nouvelle technologie qui servira à s’occuper des personnes âgées : des androïdes pensants, qui peuvent ressentir et développer une conscience. Quand ils auront une opportunité de sortir, ils vont tenter de fuir et seront séparés, tout en tentant de trouver leur place dans un monde qui s’effondre, sur une planète qui n’en peut plus.

Mon avis

Comme je le disais en début de billet, les romans d’anticipation, avec les catastrophes climatiques, humaines et technologiques qui ne sont que trop réalistes, me font freaker. J’essaie d’éviter pour ma propre santé mentale mais on me disait que j’allais tellement manquer quelque chose.. alors j’ai quand même tenté le coup. Ce fut donc une lecture hautement anxiogène, que j’ai dû déposer à plusieurs reprises et j’avoue que je devais me faire violence pour continuer. Certes, on sait comment ça va finir par finir… mais je pense que de le voir ne m’aide pas personnellement. Surtout quand c’est bien fait et que, clairement, l’humain semble clairement faire exprès pour précipiter sa propre perte.

Ce roman traverse les siècles avec ces deux androïdes qui développement leur propre personnalité. Carbone, plus sédentaire, tente de s’intégrer avec les humains et lie des relations avec eux tandis que Silicium est fondamentalement nomade et veut voir le monde. Ils se retrouvent à l’occasion et restent profondément attachés l’un à l’autre, malgré leur statut de fugitifs recherchés et le fait que leurs philosophies, bien qu’elles évoluent tout au long des années, sont rarement sur la même longueur d’onde. Ça donne lieu à plusieurs discussions philosophiques et parfois politiques : seuls ou ensemble? Vivre dans le vrai monde ou dans un univers virtuel, tous connectés? Par quoi passe la quête du bonheur et du bien? La réalisation personnelle ou le bien collectif? Bref, rien de léger dans cet ouvrage.

Les images sont percutantes, les séquences muettes sont très parlantes et les paysages, qu’ils soient urbains ou non, sont détaillés et souvent terribles. Les humains sont à la fois touchants et enrageants dans leurs tentatives de reconstruction sans sembler apprendre quoi que ce soit. Par contre, j’ai vraiment du mal avec les visages que je ne distingue pas les uns des autres et je ne les trouve franchement pas attrayants.

Si vous aimez l’anticipation et les univers cyberpunk, je vous conseille sans hésitation. C’est construit et il y a une vraie réflexion derrière. Les deux androïdes sont clairement plus attachants que les humains, avec leurs périodes rebelles, extrêmes, changeantes. Dans mon cas particulier, je vais prendre une sérieuse pause de romans post-apocapolypses (oui, au pluriel), question de survivre à 2022. Trop pour moi.

C’était ma BD de la semaine

Tous les billets chez … cette semaine

The Hacienda – Isabel Cañas 

Je ne saurais dire pourquoi j’ai choisi de lire ce roman mais j’avais envie de gothique et de grande maison qui fait peur. On peut dire que j’ai été comblée. Imaginez un genre de Rébecca (avec une écriture fort différente) mais au Mexique et avec des conversations sur le racisme et la colonisation en arrière plan. Ce roman, c’est ça.

De quoi ça parle

Mexique, 1830. Le père de Beatriz a été tué suite à la révolution, sa maison a été détruite et elle se retrouve à la merci de la famille de sa tante, qui la regarde de haut car son père était Mexicain. Quand elle reçoit une demande en mariage de Don Solorzano, avec la possibilité d’habiter et de diriger une grande hacienda loin de la ville, elle saute sur l’occasion. Sauf qu’à son arrivée, la cuisinière et sa belle-soeur ne sont pas ravis de la voir arriver et la maison lui apparaît hostile. Elle a des visions et quand son mari doit quitter pour la ville, tout va de mal en pis. Est-ce que le padres Andres, jeune prêtre né dans la hacienda et petit-fils d’une sorcière, pourra l’aider?

Mon avis

J’avais envie d’un roman gothique et j’ai été servie! Ici, on coche toutes les cases et c’est exactement ce que je voulais lire en ce moment. On pourrait reprocher le schéma un peu classique mais pour ma part, j’ai beaucoup aimé la combinaison de la maison qui a une influence malfaisante sur les habitants, de la magie des habitants du village et du discours sur le racisme et les injustices sociales de l’époque. C’est que, longtemps, il y a eu carrément des castes, et que les gens avaient des droits différents selon la quantité de sang blanc dans leurs veines… Comme je ne savais rien du tout sur la révolution mexicaine ou sur ce système, j’ai trouvé ça passionnant. Le personnage d’Andrès, qui doit cacher son héritage de sorcier et qui devient prêtre, est fascinant, en plein dans la dualité entre les deux mondes. La religion catholique en prend pour son grade j’ai beaucoup aimé son implication dans l’histoire et sa lutte avec ses sentiments et ses devoirs. Quant à Beatriz, elle est complètement enprisonnée dans sa condition de femme et, en plus, de femme à l’héritage mixte. Elle fait ce qu’elle peut, ne sait pas à qui faire confiance et réalise petit à petit que ce qu’elle imaginait comme une porte de sortie est en fait un autre enfer.

L’atmosphère est très bien réussie, la tension monte et on doute de l’implication de tous et chacun, de même que de la santé mentale de Beatriz. Je ne pouvais pas le lâcher. Que s’est-il vraiment passé avec la première épouse de Don Solorzano? La jeune femme va-t-elle réussir à faire sa place? C’est bien écrit, les éléments magiques sont bien utilisés (et comme je suis vraiment une grosse flipette, j’ai eu UN PEU peur!) et j’ai apprécié la relation entre les personnages qui évolue petit à petit. Pas de grand drama, juste des interdits… et dès l’intro, on sait ce qui va en advenir.

Bref, très réussi et un très très bon moment de lecture!

El chico que dibujaba constelaciones – Alice Kellen

Il y a quelques semaines, il fut une période de ma vie où j’étais incapable de me concentrer pour lire… sauf pour lire en espagnol. En français et en anglais, mon esprit fuyait un peu partout (genre, dans le glissement de terrain) mais en espagnol, j’avais besoin de tellement d’énergie pour bien tout comprendre que je réussissais à rester à peu près concentrée. J’ai repéré ce roman sur une chaîne youtube mexicaine (Clau reads books) et je me suis dit que ce serait le type de lecture que je serais capable de déchiffrer.

De quoi ça parle

Ce roman nous raconte Valentina et Gabriel, qui se rencontrent par hasard dans l’Espagne des années 60. Elle est de milieu modeste, a peu confiance en elle mais se permet de rêver. Il est idéaliste, confiant et pour lui, elle représente l’univers. Lors de la nuit de noces, il va dessiner la première étoile des constellations qui représenteront leur vie ensemble.

Mon avis

Je ne sais pas si c’est parce que j’ai réussi à lire en castillan, mais j’ai bien aimé cette lecture qui raconte la vie de deux personnes qui tombent amoureuses et qui vivent leurs moments quotidiens, leurs hauts et leurs bas pendant plusieurs décennies. Des vies normales, avec des réussites extrordinaires pour eux, des petits et des grands bonheurs. Sa famille à elle s’attend à ce qu’elle se marie, aie des enfants et tienne une maison, il souhaite enseigner mais il veut également qu’elle s’épanouisse, autant dans son rôle de mère que dans son rôle de femme. J’ai beaucoup aimé voir passer les décennies, voir leur relation se modifier alors qu’ils évoluent chacun de leur côté. En arrière plan, l’histoire de l’Espagne de la fin du 20e siècle, vu à échelle humaine.

J’ai donc apprécié ces instants délicats volés aux jours, souvent à fleur de peau. L’autrice a le don de nous faire ressentir les émotions des personnages, ce n’est pas tire-larme mais assister à la construction de cette famille a un côté touchant. Je crois que c’est la première fois de toute ma vie que j’ai pu dire que j’ai apprécié une plume en espagnol. Du coup, j’ai eu l’impression de faire un progrès de fou!

Ceci dit, je viens d’écrire le billet le moins argumenté de ce blogue! Applaudissez-moi!

A Master of Djinn – P. Djèli Clark

J’ai adoré Ring Shout du même auteur, un court roman situé dans le sud des États-Unis, où le racisme et l’intolérance prennent la forme de monstres tentaculaires poursuivis par un trio de femmes noires badass. J’ai donc sauté sur l’occasion de lire « A master of Djinn » pour voyager, cette fois, dans un Caire steampunk de 1912.

De quoi ça parle

Il y a quelques décennies, Al-Jahiz a ouvert une brèche et depuis, les Djinn vivent parmi les humains. Farah el-Sha’arawi est agente au ministère de l’Alchimie, de l’Enchantement et des êtres Surnaturels, la plus jeune femme, elle travaille seule et elle a toujours dû se battre pour faire sa place. Elle n’est donc pas ravie de se voir assigner une nouvelle partenaire, juste alors qu’un mystérieux homme au masque d’or s’auto-proclame réincarnation d’Al-Jahiz et qu’un groupe de riche anglais adulateurs sont retrouvés calcinés.

Mon avis

Quel monde intéressant! Disons-le d’emblée, j’ai adoré me balader dans ce Caire complètement fou, où les Djinns sont partout et ils ont permis des avancées technologiques qui ont permis à l’Egypte de s’élever au rang de grande puissance et de concurrencer les grands colonisateurs. Et mine de rien, ça a changé la donne dans la politique du début du 20e siècle. Les réflexions que ça implique sont hyper intéressantes et on met ici le doigt sur une forme de colorisme et de racisme, même chez les peuples africains, sans pour autant oublier les horreurs de la colonisation. C’est à la fois fantastique et steampunk, l’univers est très visuel et un peu fantasmagorique et plein de références (que je ne nommerai pas pour ne pas spoiler).

Fatma, notre enquêtrice, est un personnage très intéressant, à la fois sûre d’elle et pleine de contradictions. Elle porte le costume et le chapeau melon, est en couple occasionnel avec une superbe femme Abyssine et est diabement efficace, le tout au nez de ses collègues masculins qui n’en sont pas toujours ravis. L’histoire commence par l’assassinat d’un groupe de membres d’une secte haut placés, qui semblent avoir été carbonisés, et une figure en noir au masque d’or a été vue sur place. Fatma et ses collègues vont donc tenter de comprendre ce qui s’est passé (c’est un riche anglais, il faut hein) et se retrouver pris dans une machination de folie qui met toute la ville en danger.

Si l’intrigue est un peu plus simple que l’univers mis en place, j’ai toutefois beaucoup aimé suivre l’enquête et comprendre petit à petit où on s’en allait (même si, comme toujours, j’avais deviné le gros truc). J’aurais peut-être aimé en savoir un peu plus sur les politiques internationales mais je suis tellement fan de la mythologie que ça a passé crème.

Il y a trois autres nouvelles dans le même monde (paraît que j’aurais dû les lire avant) et maintenant, of course, je veux les lire. Clairement cet auteur va devenir un must read!

Les soeurs Grémillet – 3- Le trésor de Lucille – Di Gregorio / Barbucci

Ceux qui connaissent le travail de Di Gregorio et Barbucci dans cette série savent à quoi s’attendre. Quelle merveille visuelle! Du coup, lire le tome 3 était pour moi une évidence.

De quoi ça parle

Nous sommes en novembre et pour les vacances, les trois soeurs sont dans une colonie sur la côte atlantique. Cassiopée s’adapte, Sarah bougonne et Lucille, quant à elle, est davantage intéressée par les crustacés que par les humains. Quand leur grand-mère leur révèle l’existence d’une mystérieuse aïeule disparue dans la région, les soeurs partent à sa recherche.

Mon avis

Je suis toujours fan de ces trois soeurs très différentes les unes des autres. J’aime voir le monde à travers des regards d’enfants, j’aime les voir se chamailler un peu mais surtout tenter de se comprendre et vivre des aventures ensemble. Il y a toujours un côté émerveillé, un côté magique, tout en restant dans notre univers à nous.

Entendons-nous, le graphisme est fabuleux. Vous voyez la couverture? Ben c’est comme ça pendant toute la BD. Ici, les paysages marins sont magnifiques et la petite Lucille est touchante avec son amour des animaux et sa manie pour la solitude. On parle de climat, de l’importance de préserver la nature et de vivre en harmonie avec elle. Bref, c’est choupi.

Côté intrigue, par contre, il y a quand même de grosses incohérences / facilités. Même ma nièce m’a posé la question et m’a dit, toute candide: « mais… c’est pas un peu facile, de découvrir des gros mystères »? Est-ce que ça m’a dérangée? Pas tant, vu que les illustrations sont belles et que je me suis laissée emporter par l’univers proposé. Mais bon, clairement, c’est léger comme intrigue!

Bref, je ne recommande pas moins la série! Ne serait-ce que pour le plaisir des yeux et pour les relations sororales. Choupi comme tout, je reste fan.

C’était ma BD de la semaine

Tous les billets chez … cette semaine

Celle qui devint le soleil – Shelley Parker Chan

J’avais repéré ce roman lors de sa sortie en VO mais, allez savoir pourquoi, je ne l’avais pas encore lu. Mais quand j’ai vu l’édition française, je n’ai clairement pas pu résister. Je suis faible!

De quoi ça parle

Nous sommes en Chine, au 14e, alors que les Mongol ont le pouvoir, une rébéllion se prépare, sous l’égide des fameux Turbans rouges. Dans une région ravagée par la famine nait une fille. Plusieurs membres de sa famille sont morts et lorsque son père les amène, son frère et elle, chez le sage, celui-ci prédit un avenir un avenir grandiose au premier et pour elle… rien. Mais quand son frère meurt, elle décide de s’approprier son destin à lui et deviendra Zhu Chongba, prêt à tout pour devenir Grand.

Mon avis

Pour la petite histoire, quand je suis allée en Chine, on nous avait raconté l’histoire de l’empereur Hongwu, né dans la pauvreté de la campagne et devenu le premier chef de la dynastie Ming. Il est donc très difficile de résister à une réécriture queer, avec un personnage principal qui cache son identité pour accéder à la gloire et au pouvoir. J’avais entendu parler des différents protagonistes, des généraux et des événements et j’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteurice les a intégrés à son récit. Vraiment, c’était bien trouvé!

Je fais partie de ceux qui ont aimé ce roman. Le point le moins développé est toutefois le personnage principal, Zhu, qui est très difficile à aimer (et d’ailleurs, je ne crois pas que ce soit le but) et dont la personnalité est presque limitée son « désir » de pouvoir et de grandeur. Ce que j’ai aimé? Le setting en Chine, bien entendu, mais surtout les intrigues politiques, les manipulations et les intrigues de cour. Tout le monde trahit tout le monde, tout le monde a des intentions cachées et il faut s’attendre à tout. Et ça, j’aime. Limite que ça me passionne.

Entendons-nous, ici, les zones de gris sont partout. Du gris pâle mais surtout du gris très foncé. Il n’y a pas « les bons » et « les méchants », il y a une guerre où chacun est persuadé que ce qu’ils revendiquent leur revient de droit. C’est queer, c’est plein d’action et j’ai beaucoup aimé les recherches que j’ai faites à propos des protagonistes et de la vraie histoire. C’est que Hongwu n’était pas un homme agréable et que les enjeux étaient variés. Et je le répète, l’auteurice a vraiment intégré de nombreux événements réels dans ses histoires.

Je lirai clairement la suite. Surtout si l’objet livre est aussi beau. Je sais, je suis vénale!

PS1 : Page 258… j’étais pas prête!

PS2 : La psychorigide que je suis a lu le mot « désir » ou le verbe « désirer » est écrit au moins 120 fois. Après quoi j’ai cessé de compter. Silly me!

Héliotrope – 1 – Les voleurs de magie – Sfar / Chaud

Ceci a été un envoi surprise mais dans le cadre du week-end en bulles, j’ai eu envie de voir quelle était cette histoire de jeune fille qui devient… bleue. Et bon, il était tard et je me suis dit qu’une courte BD jeunesse, ce serait parfait.

De quoi ça parle

Notre jeune héroïne est collégienne, elle a les hormones en folie, tombe en amour par dessus la tête en un clin d’oeil et est élevée par sa grand-mère car ses deux parents sont en prison. Ils sont voleurs de magie et d’objets magiques et se sont fait prendre. Quand elle tombe amoureuse d’une camarade de classe qui n’en demandait pas tant, elle souhaite lui apporter une preuve de son amour et va se retrouver dans une aventure qui la dépasse.

Mon avis

Sérieusement, je me demande à qui cette BD s’adresse. C’est clairement jeunesse mais je crois quand même que certains aspects de l’histoire auront besoin d’être… discutés et que certains éléments vont passer au-dessus de la tête des plus jeunes lecteurs! Ceci explique peut-être les notes peu élevées sur Goodreads mais en tant que lectrice adulte, j’ai beaucoup, beaucoup ri à lire les aventures de cette ado impulsive, qui agit avant, réfléchit après (des fois) et qui, à chaque fois, se retrouve dans des situations qui relèvent du grand n’importe quoi. Ajoutons à ça une mamie flingueuse qui carbure à la vodka, une façon de penser complètement à côté de la track et une logique tout à fait… discutable.

Moi, j’ai trouvé ça hilarant. Je ne savais jamais à quoi m’attendre de la part des personnages et le côté grand n’importe quoi m’a plu. C’était… inattendu. Notre héroïne n’est pas nécessairement aimable. Le côté queer casual est cool mais disons qu’elle est un peu (ok, beaucoup) stalker et qu’elle dit tout ce qui lui passe par la tête, même quand ce n’est pas le moment. La magie est présente sous forme d’objets magiques mais les quêtes – et leur motivation – sont un peu fofolles et ça m’a plu.

Si les dessins sont chargés et les traits du personnages assez stylisés (en fait, regardez la couverture… c’est tout à fait représentatif), ça a passé pour moi, sans pour autant que je m’émerveille à chaque planche. J’ai bien aimé l’énergie et le mouvement qui se dégageait des planches. Par contre, la police d’écriture… aoutch! Sérieusement, c’est très difficile à lire pour la vieille que je suis et je ne m’imagine même pas pour les jeunes dyslexiques. Ça ajoute tellement de lourdeur aux illustrations, c’est fou.

Bref, une bonne lecture pour moi mais je me doute qu’elle va diviser. Ça semble passer ou casser.

Tous les liens chez xxx cette semaine.

Skandar et le vol de la licorne – A.S. Steadman

Je n’aurais clairement pas lu ce livre juste avec la couverture, qui me rebute particulièrement, allez savoir pourquoi. Mais il était disponible en audio à la bibliothèque et je désespère toujours de trouver des lectures qui pourraient plaire à the nièce qui ne lit que des mangas. Je me suis dit que des licornes, elle pouvait trouver ça choupi… même si ici, les licornes n’ont clairement rien de mignon!

De quoi ça parle

Skandar et sa soeur Kenna, sur le continent, n’ont toujours eu qu’un rêve : passer l’examen, aller sur l’île, devenir cavaliers et participer à la coupe du Chaos. Entre ce désir fou et un père dépressif, les deux jeunes se serrent les coudes alors que Skandar se fait harceler par les petits caïds de l’école. Mais le jour de l’examen approche, Skandar réussira-t-il?

Mon avis

Je ne vais pas vous le cacher plus longtemps (comme si vous ne vous en doutiez pas), notre jeune héros Skandar va finir par aboutir sur la fameuse île et trouver la licorne à laquelle il était destiné. C’est que ces bestioles sont magnfiques, mais pas nécessairement faciles à gérer par une autre personne que leur cavalier. J’ai lu des critiques le comparant à Harry Potter et si les mondes sont très différents, je comprends pourquoi on a fait le rapprochement, surtout avec le début de la saga. C’est middle grade, plein d’action, on a un jeune garçon qui a très peu de repères et qui doit apprendre à découvrir qui il est malgré les obstacles et les secrets. On a un petit groupe d’amis qui semblent un peu mal assortis, quatre éléments au lieu de quatre maisons, une quête et des secrets à garder, mais ça part dans un tout autre sens.

Ai-je aimé? Bien sûr que j’ai aimé. Je préfère souvent le middle grade au YA. J’ai trouvé le contexte bien trouvé et j’ai surtout aimé que les jeunes du continent découvrent petit à petit ce qui se passe VRAIMENT sur l’île alors qu’ils ont étudié toute leur vie pour bien connaître les attaques et les particularités des licornes. Nos jeunes vont découvrir qu’ils se sont fait clairement raconter des blagues et que toute une partie de l’histoire leur a été cachée. Dans ce premier tome, un mystérieux cavalier réussit à capturer une licorne et semble vouloir bouleverser le monde tel que tout le monde le connaît.

Bien entendu, certaines ficelles et certains événements sont un peu gros, bien entendu, les découvertes et les plans des enfants sont assez peu crédibles, mais j’ai sérieusement passé un bon moment et je ne me suis pas du tout ennuyée. On veut savoir comment tous ces fils vont se dérouler. Ces enfants font tout de même preuve d’un courage et d’une intrépidité assez extraordinaires!

Un bon Middle grade, que j’espère vraiment faire lire à ma nièce!