El chico que dibujaba constelaciones – Alice Kellen

Il y a quelques semaines, il fut une période de ma vie où j’étais incapable de me concentrer pour lire… sauf pour lire en espagnol. En français et en anglais, mon esprit fuyait un peu partout (genre, dans le glissement de terrain) mais en espagnol, j’avais besoin de tellement d’énergie pour bien tout comprendre que je réussissais à rester à peu près concentrée. J’ai repéré ce roman sur une chaîne youtube mexicaine (Clau reads books) et je me suis dit que ce serait le type de lecture que je serais capable de déchiffrer.

De quoi ça parle

Ce roman nous raconte Valentina et Gabriel, qui se rencontrent par hasard dans l’Espagne des années 60. Elle est de milieu modeste, a peu confiance en elle mais se permet de rêver. Il est idéaliste, confiant et pour lui, elle représente l’univers. Lors de la nuit de noces, il va dessiner la première étoile des constellations qui représenteront leur vie ensemble.

Mon avis

Je ne sais pas si c’est parce que j’ai réussi à lire en castillan, mais j’ai bien aimé cette lecture qui raconte la vie de deux personnes qui tombent amoureuses et qui vivent leurs moments quotidiens, leurs hauts et leurs bas pendant plusieurs décennies. Des vies normales, avec des réussites extrordinaires pour eux, des petits et des grands bonheurs. Sa famille à elle s’attend à ce qu’elle se marie, aie des enfants et tienne une maison, il souhaite enseigner mais il veut également qu’elle s’épanouisse, autant dans son rôle de mère que dans son rôle de femme. J’ai beaucoup aimé voir passer les décennies, voir leur relation se modifier alors qu’ils évoluent chacun de leur côté. En arrière plan, l’histoire de l’Espagne de la fin du 20e siècle, vu à échelle humaine.

J’ai donc apprécié ces instants délicats volés aux jours, souvent à fleur de peau. L’autrice a le don de nous faire ressentir les émotions des personnages, ce n’est pas tire-larme mais assister à la construction de cette famille a un côté touchant. Je crois que c’est la première fois de toute ma vie que j’ai pu dire que j’ai apprécié une plume en espagnol. Du coup, j’ai eu l’impression de faire un progrès de fou!

Ceci dit, je viens d’écrire le billet le moins argumenté de ce blogue! Applaudissez-moi!

A Master of Djinn – P. Djèli Clark

J’ai adoré Ring Shout du même auteur, un court roman situé dans le sud des États-Unis, où le racisme et l’intolérance prennent la forme de monstres tentaculaires poursuivis par un trio de femmes noires badass. J’ai donc sauté sur l’occasion de lire « A master of Djinn » pour voyager, cette fois, dans un Caire steampunk de 1912.

De quoi ça parle

Il y a quelques décennies, Al-Jahiz a ouvert une brèche et depuis, les Djinn vivent parmi les humains. Farah el-Sha’arawi est agente au ministère de l’Alchimie, de l’Enchantement et des êtres Surnaturels, la plus jeune femme, elle travaille seule et elle a toujours dû se battre pour faire sa place. Elle n’est donc pas ravie de se voir assigner une nouvelle partenaire, juste alors qu’un mystérieux homme au masque d’or s’auto-proclame réincarnation d’Al-Jahiz et qu’un groupe de riche anglais adulateurs sont retrouvés calcinés.

Mon avis

Quel monde intéressant! Disons-le d’emblée, j’ai adoré me balader dans ce Caire complètement fou, où les Djinns sont partout et ils ont permis des avancées technologiques qui ont permis à l’Egypte de s’élever au rang de grande puissance et de concurrencer les grands colonisateurs. Et mine de rien, ça a changé la donne dans la politique du début du 20e siècle. Les réflexions que ça implique sont hyper intéressantes et on met ici le doigt sur une forme de colorisme et de racisme, même chez les peuples africains, sans pour autant oublier les horreurs de la colonisation. C’est à la fois fantastique et steampunk, l’univers est très visuel et un peu fantasmagorique et plein de références (que je ne nommerai pas pour ne pas spoiler).

Fatma, notre enquêtrice, est un personnage très intéressant, à la fois sûre d’elle et pleine de contradictions. Elle porte le costume et le chapeau melon, est en couple occasionnel avec une superbe femme Abyssine et est diabement efficace, le tout au nez de ses collègues masculins qui n’en sont pas toujours ravis. L’histoire commence par l’assassinat d’un groupe de membres d’une secte haut placés, qui semblent avoir été carbonisés, et une figure en noir au masque d’or a été vue sur place. Fatma et ses collègues vont donc tenter de comprendre ce qui s’est passé (c’est un riche anglais, il faut hein) et se retrouver pris dans une machination de folie qui met toute la ville en danger.

Si l’intrigue est un peu plus simple que l’univers mis en place, j’ai toutefois beaucoup aimé suivre l’enquête et comprendre petit à petit où on s’en allait (même si, comme toujours, j’avais deviné le gros truc). J’aurais peut-être aimé en savoir un peu plus sur les politiques internationales mais je suis tellement fan de la mythologie que ça a passé crème.

Il y a trois autres nouvelles dans le même monde (paraît que j’aurais dû les lire avant) et maintenant, of course, je veux les lire. Clairement cet auteur va devenir un must read!

Les soeurs Grémillet – 3- Le trésor de Lucille – Di Gregorio / Barbucci

Ceux qui connaissent le travail de Di Gregorio et Barbucci dans cette série savent à quoi s’attendre. Quelle merveille visuelle! Du coup, lire le tome 3 était pour moi une évidence.

De quoi ça parle

Nous sommes en novembre et pour les vacances, les trois soeurs sont dans une colonie sur la côte atlantique. Cassiopée s’adapte, Sarah bougonne et Lucille, quant à elle, est davantage intéressée par les crustacés que par les humains. Quand leur grand-mère leur révèle l’existence d’une mystérieuse aïeule disparue dans la région, les soeurs partent à sa recherche.

Mon avis

Je suis toujours fan de ces trois soeurs très différentes les unes des autres. J’aime voir le monde à travers des regards d’enfants, j’aime les voir se chamailler un peu mais surtout tenter de se comprendre et vivre des aventures ensemble. Il y a toujours un côté émerveillé, un côté magique, tout en restant dans notre univers à nous.

Entendons-nous, le graphisme est fabuleux. Vous voyez la couverture? Ben c’est comme ça pendant toute la BD. Ici, les paysages marins sont magnifiques et la petite Lucille est touchante avec son amour des animaux et sa manie pour la solitude. On parle de climat, de l’importance de préserver la nature et de vivre en harmonie avec elle. Bref, c’est choupi.

Côté intrigue, par contre, il y a quand même de grosses incohérences / facilités. Même ma nièce m’a posé la question et m’a dit, toute candide: « mais… c’est pas un peu facile, de découvrir des gros mystères »? Est-ce que ça m’a dérangée? Pas tant, vu que les illustrations sont belles et que je me suis laissée emporter par l’univers proposé. Mais bon, clairement, c’est léger comme intrigue!

Bref, je ne recommande pas moins la série! Ne serait-ce que pour le plaisir des yeux et pour les relations sororales. Choupi comme tout, je reste fan.

C’était ma BD de la semaine

Tous les billets chez … cette semaine

Celle qui devint le soleil – Shelley Parker Chan

J’avais repéré ce roman lors de sa sortie en VO mais, allez savoir pourquoi, je ne l’avais pas encore lu. Mais quand j’ai vu l’édition française, je n’ai clairement pas pu résister. Je suis faible!

De quoi ça parle

Nous sommes en Chine, au 14e, alors que les Mongol ont le pouvoir, une rébéllion se prépare, sous l’égide des fameux Turbans rouges. Dans une région ravagée par la famine nait une fille. Plusieurs membres de sa famille sont morts et lorsque son père les amène, son frère et elle, chez le sage, celui-ci prédit un avenir un avenir grandiose au premier et pour elle… rien. Mais quand son frère meurt, elle décide de s’approprier son destin à lui et deviendra Zhu Chongba, prêt à tout pour devenir Grand.

Mon avis

Pour la petite histoire, quand je suis allée en Chine, on nous avait raconté l’histoire de l’empereur Hongwu, né dans la pauvreté de la campagne et devenu le premier chef de la dynastie Ming. Il est donc très difficile de résister à une réécriture queer, avec un personnage principal qui cache son identité pour accéder à la gloire et au pouvoir. J’avais entendu parler des différents protagonistes, des généraux et des événements et j’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteurice les a intégrés à son récit. Vraiment, c’était bien trouvé!

Je fais partie de ceux qui ont aimé ce roman. Le point le moins développé est toutefois le personnage principal, Zhu, qui est très difficile à aimer (et d’ailleurs, je ne crois pas que ce soit le but) et dont la personnalité est presque limitée son « désir » de pouvoir et de grandeur. Ce que j’ai aimé? Le setting en Chine, bien entendu, mais surtout les intrigues politiques, les manipulations et les intrigues de cour. Tout le monde trahit tout le monde, tout le monde a des intentions cachées et il faut s’attendre à tout. Et ça, j’aime. Limite que ça me passionne.

Entendons-nous, ici, les zones de gris sont partout. Du gris pâle mais surtout du gris très foncé. Il n’y a pas « les bons » et « les méchants », il y a une guerre où chacun est persuadé que ce qu’ils revendiquent leur revient de droit. C’est queer, c’est plein d’action et j’ai beaucoup aimé les recherches que j’ai faites à propos des protagonistes et de la vraie histoire. C’est que Hongwu n’était pas un homme agréable et que les enjeux étaient variés. Et je le répète, l’auteurice a vraiment intégré de nombreux événements réels dans ses histoires.

Je lirai clairement la suite. Surtout si l’objet livre est aussi beau. Je sais, je suis vénale!

PS1 : Page 258… j’étais pas prête!

PS2 : La psychorigide que je suis a lu le mot « désir » ou le verbe « désirer » est écrit au moins 120 fois. Après quoi j’ai cessé de compter. Silly me!

Héliotrope – 1 – Les voleurs de magie – Sfar / Chaud

Ceci a été un envoi surprise mais dans le cadre du week-end en bulles, j’ai eu envie de voir quelle était cette histoire de jeune fille qui devient… bleue. Et bon, il était tard et je me suis dit qu’une courte BD jeunesse, ce serait parfait.

De quoi ça parle

Notre jeune héroïne est collégienne, elle a les hormones en folie, tombe en amour par dessus la tête en un clin d’oeil et est élevée par sa grand-mère car ses deux parents sont en prison. Ils sont voleurs de magie et d’objets magiques et se sont fait prendre. Quand elle tombe amoureuse d’une camarade de classe qui n’en demandait pas tant, elle souhaite lui apporter une preuve de son amour et va se retrouver dans une aventure qui la dépasse.

Mon avis

Sérieusement, je me demande à qui cette BD s’adresse. C’est clairement jeunesse mais je crois quand même que certains aspects de l’histoire auront besoin d’être… discutés et que certains éléments vont passer au-dessus de la tête des plus jeunes lecteurs! Ceci explique peut-être les notes peu élevées sur Goodreads mais en tant que lectrice adulte, j’ai beaucoup, beaucoup ri à lire les aventures de cette ado impulsive, qui agit avant, réfléchit après (des fois) et qui, à chaque fois, se retrouve dans des situations qui relèvent du grand n’importe quoi. Ajoutons à ça une mamie flingueuse qui carbure à la vodka, une façon de penser complètement à côté de la track et une logique tout à fait… discutable.

Moi, j’ai trouvé ça hilarant. Je ne savais jamais à quoi m’attendre de la part des personnages et le côté grand n’importe quoi m’a plu. C’était… inattendu. Notre héroïne n’est pas nécessairement aimable. Le côté queer casual est cool mais disons qu’elle est un peu (ok, beaucoup) stalker et qu’elle dit tout ce qui lui passe par la tête, même quand ce n’est pas le moment. La magie est présente sous forme d’objets magiques mais les quêtes – et leur motivation – sont un peu fofolles et ça m’a plu.

Si les dessins sont chargés et les traits du personnages assez stylisés (en fait, regardez la couverture… c’est tout à fait représentatif), ça a passé pour moi, sans pour autant que je m’émerveille à chaque planche. J’ai bien aimé l’énergie et le mouvement qui se dégageait des planches. Par contre, la police d’écriture… aoutch! Sérieusement, c’est très difficile à lire pour la vieille que je suis et je ne m’imagine même pas pour les jeunes dyslexiques. Ça ajoute tellement de lourdeur aux illustrations, c’est fou.

Bref, une bonne lecture pour moi mais je me doute qu’elle va diviser. Ça semble passer ou casser.

Tous les liens chez xxx cette semaine.

Skandar et le vol de la licorne – A.S. Steadman

Je n’aurais clairement pas lu ce livre juste avec la couverture, qui me rebute particulièrement, allez savoir pourquoi. Mais il était disponible en audio à la bibliothèque et je désespère toujours de trouver des lectures qui pourraient plaire à the nièce qui ne lit que des mangas. Je me suis dit que des licornes, elle pouvait trouver ça choupi… même si ici, les licornes n’ont clairement rien de mignon!

De quoi ça parle

Skandar et sa soeur Kenna, sur le continent, n’ont toujours eu qu’un rêve : passer l’examen, aller sur l’île, devenir cavaliers et participer à la coupe du Chaos. Entre ce désir fou et un père dépressif, les deux jeunes se serrent les coudes alors que Skandar se fait harceler par les petits caïds de l’école. Mais le jour de l’examen approche, Skandar réussira-t-il?

Mon avis

Je ne vais pas vous le cacher plus longtemps (comme si vous ne vous en doutiez pas), notre jeune héros Skandar va finir par aboutir sur la fameuse île et trouver la licorne à laquelle il était destiné. C’est que ces bestioles sont magnfiques, mais pas nécessairement faciles à gérer par une autre personne que leur cavalier. J’ai lu des critiques le comparant à Harry Potter et si les mondes sont très différents, je comprends pourquoi on a fait le rapprochement, surtout avec le début de la saga. C’est middle grade, plein d’action, on a un jeune garçon qui a très peu de repères et qui doit apprendre à découvrir qui il est malgré les obstacles et les secrets. On a un petit groupe d’amis qui semblent un peu mal assortis, quatre éléments au lieu de quatre maisons, une quête et des secrets à garder, mais ça part dans un tout autre sens.

Ai-je aimé? Bien sûr que j’ai aimé. Je préfère souvent le middle grade au YA. J’ai trouvé le contexte bien trouvé et j’ai surtout aimé que les jeunes du continent découvrent petit à petit ce qui se passe VRAIMENT sur l’île alors qu’ils ont étudié toute leur vie pour bien connaître les attaques et les particularités des licornes. Nos jeunes vont découvrir qu’ils se sont fait clairement raconter des blagues et que toute une partie de l’histoire leur a été cachée. Dans ce premier tome, un mystérieux cavalier réussit à capturer une licorne et semble vouloir bouleverser le monde tel que tout le monde le connaît.

Bien entendu, certaines ficelles et certains événements sont un peu gros, bien entendu, les découvertes et les plans des enfants sont assez peu crédibles, mais j’ai sérieusement passé un bon moment et je ne me suis pas du tout ennuyée. On veut savoir comment tous ces fils vont se dérouler. Ces enfants font tout de même preuve d’un courage et d’une intrépidité assez extraordinaires!

Un bon Middle grade, que j’espère vraiment faire lire à ma nièce!

Dark Academia – Recommandations et idées de lectures

Comme plusieurs le savent, suite au fameux glissement de terrain qui a emporté la maison, j’ai décidé de reprendre les vidéos sur Youtube, du moins le temps pendant lequel je suis en congé. Mais pourquoi, vous direz-vous? C’est simple et compliqué à la fois. Voyez-vous, je trouve que je suis moins fluide oralement qu’avant toute cette aventure et que j’ai décidé de m’auto-rééduquer. Parler de livres, structurer ma pensée, c’est un bon entraînement je trouve. Même si c’est encore loin d’être parfait! Mais ça m’amuse.

J’ai fait quelques bilans lecture (j’ai oublié d’en parler ici… oups!) mais cette je me suis amusée à parler de mes « romans d’école » ou « secret history-esque ». Maintenant, les gens appellent ce style « Dark Academia » et j’ai essayé de définir ce que ça représentait dans ma petite tête… et de vous parler de mes romans préférés dans le genre!

Sous la dite vidéo, vous trouverez une liste des romans dont je parle et vous pourrez aller cliquer directement sur ceux qui vous intéressent. Et je compte en faire d’autres dès que j’aurai un peu de temps. Je n’aime toujours pas m’entendre parler (et surtout me voir en « pas miroir »… c’est l’horreur, sérieux!) mais c’est thérapeutique et il faut ce qu’il faut!

Et vous, avez-vous des suggestions à me faire?

In my Dreams, I hold a Knife – Ashley Winstead

J’avais ce livre dans ma pile depuis sa sortie et chaque automne, je veux toujours lire des romans d’école. C’est donc dans ce mood que j’ai pris ce thriller psychologique, sans m’attendre à rien. Et quelle bonne surprise! C’est tellement le genre d’ambiance que j’adore!

De quoi ça parle

Il y a dix ans, Jessica Miller a gradué de l’université de Duquette, en Caroline du Nord. Homecoming approche et Jessica veut en mettre plein la vue à ses amis d’université et montrer à quel point elle a réussi et est devenue glamour. Sauf qu’il y a dix ans, Heather, un membre de leur petit groupe d’amis, les East House Seven, est morte dans de mystérieuses circonstances et cette réunion fera ressortir tous les sombres secrets qu’ils avaient pour le reste du monde… et les uns envers les autres.

Mon avis

J’ai adoré ce truc. Vous savez, quand on aime un roman au point d’en voir les failles, mais de s’en ficher un peu? C’est ce qui est arrivé ici. Assez pour qu’on passe près du coup de coeur.

Vous avez envie de Dark Academia? En voilà. Un collège d’élite, un groupe glamour, des amitiés toxiques, des secrets et un meurtre. Tous les éléments sont là. Nous voyageons donc entre deux temporalités : la réunion et les quatres années d’école que le groupe d’amis a passé ensemble et ces balades passé-présent vont permettre de révéler petit à petit les personnalités de chacun, leurs relations ainsi que les impacts sur le mystère et le déroulement du Homecoming qui ne se passera clairement pas comme prévu pour Jessica Miller qui voulait, pour une fois, être à l’avant-scène, la meilleure, la star. J’adore ce procédé. C’était bourré d’action, de révélations… je l’ai dévoré en une soirée et demi!

La force de l’ouvrage vient selon moi du fait que l’autrice connait ses personnages, leur plus grande peur, leur plus grand désir. Ils sont pratiquement tous détestables, parce que nous finissons par les voir sous leur pire jour quand nous passons finalement derrière les apparences et la surface. Et le mieux dans tout ça, c’est que quand nous relisons le début en sachant, il est assez facile de voir ce qui se cachait derrière certains comportements et réactions. Bref, chaque personnage est fidèle à lui-même et il est assez terrible de voir à quel point le meurtre d’Heather les a figés dans cet instant précis, sans être capable d’évoluer.Ils sont pris dans cette bulle, dans ce « et si »… et j’ai trouvé le tout fascinant.

Ok, il y a quelques trous de mémoire un peu « faciles » même s’ils sont explicables. Ok, certains secrets sont un peu gros et certains pourraient être dérangés par le fait que Jessica, le « je » principal du roman, soit une fille/femme détestable et narcissique malgré ses blessures. À cause d’elles peut-être. Ça parle d’ambition, d’obsession, de secrets et j’ai été complètement embarquée dans cette histoire. Il m’aurait simplement fallu un peu plus de scènes « avant », de beaux moments, pour que ce soit un réel coup de coeur! Toutefois, c’est une excellente lecture et je serais curieuse de voir quel serait le type d’ennéagramme des personnages!

Cinq filles perdues à tout jamais – Lim Fu

J’ai failli acheter ce roman au Salon du livre du Saguenay. Vous savez, moi, les histoires de camps, de traumatismes en groupe, que ce soit dans l’enfance ou à l’adolescence, ça me fascine. Mais il m’est venu une petite impression de déjà vu et en arrivant à la maison, j’ai réalisé que… je l’avais déjà. Pour une fois, j’ai su me tenir. Non mais applaudissez-moi!

De quoi ça parle

En 1994, au camp Fovevermore situé sur la côte pacifique, des fillettes entre 9 et 11 ans se retrouvent le temps de passer des moments en nature. Cinq des jeunes filles vont se retrouver seules sur une île, leurs kayaks à la dérive, et vont devoir survivre jusqu’à l’arrivée des secours.

Comment réagiront ces cinq filles suite à ce traumatisme? Nous les suivrons dans donc leurs vies futures et passées afin de cerner la place de cet événement dans leurs existences.

Mon avis

Disons-le d’emblée, je fais partie de ceux qui ont passé un très bon moment avec ce roman. Ce type d’atmosphère, d’aventures, c’est tout à fait le genre de roman qui me happe à chaque fois. Résultat, je l’ai lu en deux petites soirées sans le lâcher et il m’a vraiment plu. La plume est évocatrice, chaque partie nous emmène dans une ambiance assez différente alors qu’on nous raconte la vie de ce ces 5 filles qui, en fait, ne se connaissaient que depuis 2-3 jours et n’étaient pas vraiment amies, après cette épopée traumatique. J’ai lu le texte comme une série de nouvelles reliées entre elles et je crois que c’est pour cette raison que j’ai pu apprécier autant. Certes, j’aurais aimé davantage de liens, de recoupements, mais à la réflexion, c’est assez réaliste. On revoit rarement des gens avec qui on a passé de brefs et intenses moments du genre après que la bulle ait éclatée.

Chaque fille/femme est différente et leurs façons d’être et de réagir à l’événement aussi sont très variables. Si c’est parfois surprenant, j’ai trouvé ça très parlant en fonction de leurs existences respectives. Les deux premières histoires (Nita et Andee) m’ont particulièrement intéressée, les autres ayant eu moins d’impact sur moi. La partie en forêt a tout de même été ma préféré et aurait pu être encore plus longue et intense mais le petit microcosme du camp, les relations de pouvoir sont bien représentées, ainsi que la cruauté que peuvent avoir les enfants qui ont très peu de zones de gris dans la façon de juger les choses et les gens.

Bref, c’est une histoire qui m’a fait réfléchir à postériori. Réflexion sur le temps qui passe, sur l’importance des événements, sur l’identité, les relations familiales, avec toute les contradictions que ça implique, en utilisant parfois des angles étonnants. Est-ce le passé ou le futur qui éclaire le présent? Il ne faut pas s’attendre à un petit paquet bien ficelé où tout est réglé à la fin, il n’y aura pas de révélation de folie ou de fil rouge révélé. Si ça correspond à vos attentes, tentez le coup car j’ai vraiment apprécié ma lecture.

La jeune femme et la mer – Catherine Meurisse

J’ai craqué pour ce roman graphique pour la couverture, à la fois onirique et magnifique. J’aime beaucoup ce que fait Catherine Meurisse et il était question du Japon, alors je n’ai clairement pas hésité.

De quoi ça parle

Tiens, c’est une bonne question en fait! C’est une BD d’atmosphère, qui se lit un peu comme un conte et un questionnement sur la nature changeante et la place de l’art pour la préserver. L’autrice a séjourné au Japon, elle y est allée pour peindre la nature mais a de la difficulté à la saisir. Elle y rencontre aussi un peintre japonais qui, lui, veut peindre un visage de femme, celui de la belle Nami aux multiples mariages.

Mon avis

Du point de vue graphique, cette BD est une totale réussite. C’était un vrai voyage vers une nature qui m’est encore étrangère, de magnifiques planches à l’aquarelle qui pourraient être encadrées avec le personnage de l’autrice, souvent en noir et blanc, comme pour souligner son regard étranger à cette terre et cette culture. Et sa culture occidentale apparaît fréquemment, alors qu’elle tente de la mettre en relation avec ce qu’elle voit lors de ce voyage.

J’ai beaucoup aimé l’humour et le petit Tanuki farceur. Le peintre, qui voudrait peindre un visage mais qui n’a que des fulgurances pour des haïkus est aussi très drôle avec sa passion et sa réelle volonté de saisir l’insaisissable. Il ne faut pas s’attendre à des réflexions profondes ou philosophiques, ni même à une évolution tangible du personnage de la jeune peintre. Ce sont davantage des moments croqués qui nous amènent à entrevoir le rapport particulier qu’ont les japonais avec la nature, qui est vénérée mais aussi crainte en raison des tsunamis, volcans et tremblements de terre.

Même s’il y a pour moi une nette supériorité du graphisme que le scénario pour moi, j’ai apprécié la poésie qui se dégage de ces pages, les moments où elle jette un regard de l’autre côté du miroir. C’est contemplatif mais on sent la frénésie de « faire » quelque chose, contrairement à la plupart des romans japonais que j’ai lus (et bon, j’en ai lu pas mal quand même). J’ai donc bien aimé entrevoir ces petites différences mais j’aurais tout de même apprécié une réelle évolution du personnage.

Mais ce graphisme! Limite que je vais l’encadrer!

C’était ma BD de la semaine

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