Ilium – Dan Simmons

Ilium.gif coup-de-coeur.gif Présentation de l’éditeur

Imaginez que les dieux de l’Olympe vivent.

Ils se déplacent librement dans le temps et l’espace grâce à leurs pouvoirs quantiques. Leur plus grand plaisir, c’est la guerre de Troie qui se joue sous leurs yeux. Pour y mettre un peu plus de piment, ils envoient des érudits terriens modifier les évènements à leur gré, en gardant toutefois le récit d’Homère comme référence. Mais en orbite, de petits observateurs surveillent les jeux divins.

Batailles grandioses, intrigues politiques et amoureuses, dialogues savoureux, une fresque passionnante qui mêle space opera et mythologie avec grand brio !

 

Commentaire

Je commencerai donc mon billet par un grand cri d’amour… Fashion, je t’aime!  En effet, j’avais un peu peur de lire les romans SF de Dan Simmons et je ne sais pas si j’aurais osé y plonger si la demoiselle en question ne m’avait pas envoyé ce roman pour notre swap « Intertextualité et Palimpseste » l’an dernier.    Non mais pensez-y, sans elle, je serais passée à côté d’un réel coup de coeur littéraire, d’un voyage extraordinaire… Bref, je suis conquise, passionnée.  Quel tourbillon littéraire!  Quelle richesse dans les idées!

 

Ce n’est plus un secret pour personne, j’adore tout ce qui est réécriture et je bats des mains à la moindre petite référence.  J’aime aussi quand l’auteur a des idées complètement tordues (en anglais, je dirais « twisted »… ça n’a pas tout à fait la même connotation, je trouve). Dans ce cas-ci, j’ai été servie.   Dan Simmons a réussi à rendre vivants et réels les héros de l’Iliade dans un contexte résolument SF, et s’il garde la trame, il se permet quelques petites pointes totalement politically incorrect qui m’ont fait mourir de rire.  Mais bon, tentons d’expliquer un peu ce qu’est-ce roman, qui ne se limite pas du tout, mais alors pas du tout à une réécriture de l’Iliade.

 

Il y a énormément de fils, énormément d’histoires qui finissent par se rejoindre… mais pas tout de suite, ce qui demande donc toute l’attention du lecteur, surtout au début.   D’un côté, nous avons les dieux de l’Olympe, dans toute leur grandeur et leur « humanité », qui s’amusent à employer des scholiastes (des humains décédés à qui on rend la vie pour une certaine période) et à les envoyer dans le temps, à l’époque de la guerre de Troie, pour observer – et/ou intervenir – dans les événements décrits par Homère.  Spécialistes d’Homère, ils savent d’avance tout ce qui va arriver, mais pas les dieux.  Hockenberry est l’un de ces scholiastes, à qui Aphrodite a donné une mission particulière.   Ailleurs, dans une autre époque, des « humains à l’ancienne », des êtres oisifs qui vivent sur une terre remplie de portails fax, de serviteurs et de protecteurs.  Ils ne font somme toute pas grand chose, ne tombent pas malade, ne vieillissent que très peu.   Un humain dans sa quatre-vingt dix-neuvième année (c’est connu, à cinq-vingt, on va rejoindre les posthumains dans les anneaux et on vit heureux pour toujours) commence à se poser des questions et décide de partir à la recherche des réponses.   Et il y a aussi les Moravecs (ceux qui m’ont le plus touchée, paradoxalement), êtres conscients mais de création posthumaine, qui sont en mission et qui passent le temps en discutant des sonnets de Shakespeare ou de la Recherche de Proust. Et là, je sens que je ne suis pas claire… c’est que j’ai perdu l’habitude d’écrire des billets!

 

L’histoire est complexe mais une fois que les personnages sont en place, le tout m’a passionnée.  Bon, j’ai lu ce livre en Grèce, entourée par des vestiges de ces histoires et de ces légendes, ce qui a sans doute contribué à mon exaltation, n’est-ce pas.  C’était comme si j’y étais.  Il faut dire que dans tous les sites où j’allais, on me parlait de Zeus, d’Appolon, d’Athéna ou des héros de Troie.   J’ai donc aimé voyager dans cet univers dont nous ne possédons pas toutes les clés, même à la fin du roman (je compte d’ailleurs lire la suite, vu l’état où j’étais quand j’ai lu les dernières lignes) et j’ai parfois vraiment ri à lire la « réalité » telle qu’imaginé par Simmons derrière les discours et récits d’Homère ou encore sa version de Prospero et de Caliban.  Bien entendu, j’ai dû manquer des références… mais j’ai pleinement apprécié (et cité, au grand désespoir de ma compagne de voyage qui ne comprenait rien à mon charabia) celles que j’ai pu voir. 

 

Toutefois, le roman ne se limite pas à une histoire où l’auteur s’amuse à faire du name-dropping de personnages réels ou fictifs.   Il y a de réels questionnements qui y sont soulevés, autant sur le plan de la manipulation génétique, des avancées scientifiques trop rapides qui ont parfois des résultats disons… légèrement désagréables, que sur celui de l’acceptation sans révolte et de l’indolence à l’extrême, où l’histoire et l’écriture sont oubliées.  Entre l’Iliade et les « humains à l’ancienne », le contraste est frappant. Quant à Thomas Hockenberry, le scholiaste, son cynisme et sa façon de tenter le tout pour le tout alors qu’il n’a plus rien à perdre.

 

Bref, c’était palpitant, passionnant… et il me faut la suite, qui est un aussi gros pavé (celui-ci faisait dans les 900 quelques pages).  Et vite, à part de ça!

 

Merci encore Fashion!

L’enfant bleu – Henry Bauchau

Enfant-bleu.jpgPrésentation de l’éditeur

« L’enfant bleu, c’est Orion, un garçon psychotique âgé de 13 ans dont les médicaments peinent à apaiser les crises.  Véronique, psychothérapeute dans un hôpital de jour parisien, va entrer dans l’imaginaire de cet enfant pour essayer de lui rendre la paix.  Elle devine sa richesse, sa sensibilité extrême, et va le guider, avec patience et passion, vers l’expression artistique.

 

Henry Bauchau explore ici avec sa tendresse de poète et sa passion d’écrivain, la frontière entre art et folie. »

 

Commentaire

C’est Erzie qui m’avait parlé de ce roman et de cet auteur et psychanalyste et c’est le challenge « Un mot, des titres » de Calypso qui fait que je vous en parle dès que je l’ai terminé.  Le mot, c’était « bleu ».  Le roman était dans la pile… parfait. 

 

Plonger dans « L’enfant bleu », ce n’est pas un voyage de tout repos.  Cette écriture nous bouscule, nous chavire et nous transporte dans l’univers d’Orion, jeune garçon psychotique que nous verrons grandir au cours du roman.  Orion qui est hanté par le démon de Paris qui le bombarde de rayons, qui ne peut appréhender le monde qui l’entoure, et qui voit de terribles menaces dans les situations les plus banales.

 

À 13 ans, Orion est considéré comme un cas désespéré.  Puis, il rencontre Véronique, devenue psychothérapeute, qui croira en lui et qui l’encouragera à faire passer son imaginaire sur papier, puis en scupture.   Et c’est l’histoire de cette rencontre entre deux personnes, d’abord patient et thérapeute, puis bien plus que ça, que nous suivrons dans ce roman.  Nous verrons l’adolescent affolé, apeuré, qui se barricade derrière ses « on ne sait pas » quand on lui pose une question  tenter d’être quelque chose en tentant non seulement de transposer ses démons intérieurs en images, mais aussi de révéler une partie de cet imaginaire, de ses îles intérieures, de cet enfant bleu qui est là, quelque part.   Même si Orion dérange, même si chaque pas en avant est souvent suivi d’un pas en arrière, même s’il fait partie de ce « Peuple du désastre », impossible de ne pas s’y attacher.  Il se sait différent, handicapé et ses « dictées d’angoisses » remplies de néologismes et de phrases mal construites sont bouleversantes de naïveté où se glissent parfois des images saisissantes.  Je crois que dans tout le roman, ce sont ces fenêtres sur son monde à lui qui m’ont le plus touchée. 

 

Je suis là à regarder mon écran et je réalise que j’ai vraiment du mal à parler de cette expérience de lecture.   J’y ai réagi très fortement et je ne sais qu’en dire des banalités.  On parle d’art, on parle de maladie mentale, de cette ligne si mince entre les deux, parfois, entre le génie et la folie.  Entre Véronique et son mari Vasco, qui cherche la musique de sa vie, entre Orion, Jean, Myla ou Gamma, on est dans un monde différent où j’ai eu parfois l’impression d’entendre parler un autre langage, où on essaie de s’évader du banal en s’efforçant de s’élancer toujours vers le sublime.  C’est différent de moi, j’ai parfois eu du mal à les suivre mais au final, j’ai refermé ce roman avec, comme Véronique, une bizarre de sensation.  J’avais l’impression de le connaître, cet Orion. 

 

Bien entendu, au départ, j’ai tiqué en voyant une psy parler librement de ses patients à son conjoint sans confidentialité (déformation pro… et non, je ne suis pas psy… mais si un jour j’allais en psy et que ma psy parlait de moi en me nommant à son conjoint, je serait ma foi dans tous mes états) mais rapidement, la relation dépasse ce cadre strict et bizarrement, j’ai changé mon cadre de référence et j’ai cessé d’être dérangée par cet aspect.  Je suis partie ailleurs et j’ai eu dans ma tête pendant quelques jours des images particulièrement vivantes et saisissantes de squelettes, d’îles et de monstres peintes par un adolescent dans une détresse folle.

 

Une belle lecture, qui exige de son lecteur de par ses métaphores, son jeu avec les mythes et toutes ses interprétations.  Je suis d’ailleurs certaine que j’ai manqué une grande partie de l’aspect psychanalytique… mais bon.  Ça ne m’a pas empêchée d’être réellement touchée par ce roman. 

 

Wicked – Gregory Maguire

wicked.jpgPrésentation de l’éditeur (extrait de la quatrième que j’ai traduit rapido, avec mon absence de talent en traduction coutumière)

« Quand Dorothy a vaincu la Méchante Sorcière de l’Ouest dans le Magicien d’Oz, nous n’avons eu qu’un côté de l’histoire.  Mais qu’en est-il de sa nemesis, la mystérieuse sorcière?

 

Longtemps avant que Dorothy tombe du ciel, une fillette est née à Oz, avec une peau vert émeraude.  Elphaba, qui deviendra l’infâme sorcière, est une créature intelligente et incomprise, qui remet en question nos idées préconçues à propos du bien et du mal. »

 

Commentaire

J’ai acheté ce livre à Londres après avoir vu – et beaucoup aimé – le musical à Londres.  J’ai d’ailleurs chanté « Defying Gravity » pendant une semaine, au grand désespoir de ceux qui ont dû me côtoyer après.  Ceux qui connaissent mon étendue vocale comprendront. Je pensais donc lire la même histoire.  Ceux qui ont lu le livre peuvent imaginer ma surprise quand j’ai réalisé que bon, non.  Pas vraiment, en fait.  

 

« Wicked » est en quelque sorte une réériture du Magicien d’Oz.  On nous raconte la vie et l’évolution d’Elphaba, née avec une peau verte, intelligente, rebelle et profondément incomprise de par ses différences.  C’est donc cette Elphaba qui deviendra la « Wicked Witch of the West ».    Réécriture du magicien d’Oz, donc, mais pas nécessairement pour les enfants.  Du moins, certains côtés ne le sont pas.  Et comme je m’attendais à une lecture jeunesse (le musical, malgré qu’il reprend plusieurs message du livre, peut très bien passer avec tous les âges), j’ai mis un moment à m’habituer au ton et aux réflexions à la fois philosophiques (de base, hein) ou politiques.    En effet, on parle du bien et du mal, de ce que c’est, des actes, des intentions…  On parle aussi d’injustice, de racisme, de propagande.    J’ai aimé ces aspects (même s’il y a parfois quelques répétitions) et j’ai trouvé la façon de revisiter la classique histoire très bien vue (je ne révélerai rien parce que bon, quand on lit ce genre de roman, ces toutes petites découvertes font partie du plaisir).   L’auteur a évité de tomber dans la facilité (j’aurais été très énervée si soudainement, Elphaba aurait été blanche comme neige et Dorothy vraiment vilaine), les personnages principaux ne sont pas tout d’une pièce et ils évoluent avec le temps, dans un sens ou dans un autre.   Le monde d’Oz devient vraiment réel, avec ses liens, ses interconnexions, ses territoires et ses enjeux.   

 

Il y a énormément d’éléments nouveaux introduits, beaucoup de mystères qui ne sont pas nécessairement résolus non plus, ce qui serait inquiétant s’il n’y avait pas de suites.    Malgré tout, ce roman se lit quand même bien par lui-même et il a une fin en soi.    Je me suis attachée aux personnages, sans toujours les comprendre.  Impossible de ne pas avoir de la peine pour les adolescents qu’étaient Elphaba, Glinda, Fiyero, Boq et Nessa.  Impossible aussi de ne pas être indignée pas le sort réservé aux Animaux et par l’indifférence générale du peuple à ce sujet.    Bref, malgré quelques petites longueurs et un moment pour m’habituer à ce qui m’attendait, ça m’a beaucoup plu.  Et bon, j’étais vraiment contente de retrouver les personnages, je partais conquise.  

 

Une lecture agréable, pleine de références à l’oeuvre originale.  J’ai beaucoup aimé voir l’histoire détournée, voir les intentions et surtout l’évolution de ces personnages que j’aimais beaucoup et ce depuis longtemps.  Certains ont crié au sacrilège, d’après ce que j’ai pu lire mais comme j’aime voir mes histoires préférées revisitées, c’était très, très peu probable que ça m’arrive.  C’est beaucoup moins rose-bonbon que le musical, qui transmet les mêmes messages sur le bien, le mal, la différence, l’acceptation, mais qui se centre surtout sur la relation entre Glinda et Elphaba (dont j’ai adoré les deux voix et la complicité, d’ailleurs).   J’ai aimé les deux.  Même le côté guimauve du musical.  Bon, ok… il me fallait la guimauve dans le musical. Ça surprend quelqu’un? 

 

 

Mort d’un parfait bilingue – Thomas Gunzig

Mort-d-un-parfait-bilingue.jpgPrésentation de l’éditeur

« Maintenant, on se demandait vraiment quel effet pouvait bien faire une balle dans le ventre ou un éclat d’obus dans la figure.  On se demandait comment c’était une vie sans jambes ou sans bras, une vie à plus rien y voir et enfin à quoi ça pouvait servir qu’on se les gèle, qu’on nous réveille à des heures impossibles, que les camions militaires soient aussi pourris, si ça aidait à gagner la guerre ou si c’était juste à l’image de l’univers, nul du centre à la périphérie »

 

Les aventures d’un jeune homme amoureux par nature, cruel par instinct de survie et ironique par nécessité, au pays de la sale guerre. »

 

Commentaire

Ce sont  Manu et Niki qui m’ont offert ce livre lors d’une rencontre plus qu’agréable à Bruxelles, l’été dernier.  Miss Ursula m’avait aussitôt dit qu’elle avait beaucoup aimé le roman et je m’étais promis de le lire dans les plus brefs délais.  Bon, dans mon cas, « plus brefs délais », c’est relatif, n’est-ce pas!  Dix mois, je trouve ça ma foi très raisonnable.

 

Ce que j’ai pu être déstabilisée par ce roman.  Je l’ai ouvert sans savoir de quoi il s’agissait et je me suis vite retrouvée auprès d’un jeune homme pas du tout sympathique (aucun personnage ne l’est réellement, en fait), dans un bizarre de 1978 où il y a une bizarre de guerre sur médiatisée.  Pour sauter quelques pages plus loin dans un bizarre de lit d’hôpital.  (Oui, bizarre.  J’étale gracieusement ma paresse lexicale au lieu de choisir d’autres termes comme étrange, curieux voire même insolite… mais là, je dérape).    Nous jonglons donc entre deux époques, le présent du narrateur et un passé pas si lointain où il était à la guerre, pour de bien mauvaises raisons, d’ailleurs.  Les souvenirs lui reviennent peu à peu. 

 

C’est un roman profondément dérangeant que celui-ci.  Écrit en 2001, il nous emmène dans un 1978 où la guerre qui fait rage (nous ne saurons en fait pas vraiment laquelle) apparaît avant tout comme une vitrine pour les émissions de télé (limite réalité) et les commanditaires.  Le narrateur se retrouve engagé dans cette histoire parce qu’on l’a obligé: il a en effet frappé la copine d’un homme connu et celui-ci lui demande… un petit quelque chose en retour.  Nous sommes dans un univers que la morale semble avoir déserté.  La nature humaine est présentée sous un jour très noir et le ton détaché, imagé et très ironique colle très bien au propos, même si ce n’est pas le genre d’écriture que je préfère.  Mais le narrateur étant ce qu’il est, on comprend ce choix.  Rien n’est réel et ce réel est manipulé, manigancé, organisé, mis en scène pour augmenter les audiences et les profits. Disons que dans cette guerre, la perte de téléspectateurs est plus grave que la perte de vies humaines.  

 

J’avoue que j’ai ouvert grand les yeux à la fin et que j’ai du refermer le roman pour lâcher un « Oh my god » retentissant quand j’ai compris ce qui allait arriver.  Et la façon que ce serait considéré comme « normal ».   Mais ce 1978 n’est pas tout à fait le nôtre et d’ailleurs, certains anachronismes – selon moi très volontaires – sont là pour nous le rappeler.  Roman décalé, très cynique, qui nous parle des médias, de manipulation et de sale guerre.   Je suis bien curieuse de lire autre chose de l’auteur, d’ailleurs. 

 

J’ai donc aimé ma lecture, malgré une absence totale d’empathie pour les personnages et certaines assez horrifiantes qui, je l’espère, ne me resteront pas trop en tête longtemps.  Merci les filles!

 

Et ah oui… qui peut m’expliquer le titre?

Beloved – Toni Morrisson

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beloved---fr.gifPrésentation de l’éditeur

« Beloved est une inscription gravée sur une tombe: le nom d’un fantôme.  Celui d’une petite fille égorgée par sa mère, une esclave noire évadée d’une plantation en 1870.   Un crime commis au nom de l’amour et de la détresse pour que l’enfant ne retombe pas aux mains du maître.  À travers la malédiction d’un bébé qui revient hanter sa mère, le roman de Toni Morrisson conte la folie de l’esclavage bien plus puissamment que les Racines les plus noires. »

 

Commentaire

Pourquoi il y a deux couvertures au début de ce billet?  Parce que suis légèrement psycho-rigide, voilà! J’avais ce livre en français dans ma pile (je ne dirai pas depuis quand) et c’est donc en traduction que je l’ai commencé.  Toutefois, après une centaine de pages, j’ai bien réalisé que je manquais certaines choses… et j’ai recommencé mais en anglais.  Parce que « Beloved » est un roman fermement ancré dans l’histoire des États-Unis (bon, cette situation a aussi existé ailleurs hein…) et que cette langue était pour moi essentielle pour entrer dans cette atmosphère étouffante et parfois un peu irréelle.  Avec Beloved, je me suis sentie à la fois dans cette petite ville de l’Ohio, dans cette plantation où « le maître écoutait ses esclaves » et également dans une histoire tirée du folklore de ce peuple, de leur tradition prinicpalement orale de l’époque.   La langue fluide de Toni Morrisson m’a amenée là où je n’aurais pas cru être capable d’aller.  C’est poétique mais très réaliste à la fois.  Et ça m’a beaucoup plu. 

 

Toutefois, j’ai fréquemment dû interrompre ma lecture pour prendre une bonne grande respiration.  Parce que ce roman, c’est un terrible coup de poing.  On a beau savoir, le lire ainsi, faire la rencontre de ces personnages profondément marqués parce ce qui a été leur vie, ça fait mal et ça choque.  Plusieurs phrases placées là comme ça, comme si c’était normal de voir ça, de penser comme ça… elles m’ont complètement jetée par terre.  Et j’ai dû reposer le livre. 

 

Beloved, c’est l’histoire de Sethe, esclave noire, qui s’est enfuie de la plantation où elle était après que le maître soit mort et qu’un autre Blanc ait pris le relais.  Elle est allée rejoindre sa belle-mère qu’elle ne connaît pas, Baby Suggs, que son fils aussi esclave avait rachetée au prix d’années de labeur, pour qu’elle puisse enfin s’asseoir.  Et puis il y a eue cette tragédie, la mort de cette petite fille qui rampait déjà et dont la pierre tombale n’est marquée que d’un seul mot « Beloved ».

 

C’est au 124, Bluestone Road que nous rencontrerons tous ces personnages.  Dans une maison hantée du spectre d’un bébé qui ne trouve pas le repos.  L’atmosphère est sombre, étouffante, étonamment pesante et efficace malgré les fantômes.  Quand Paul D. , ancien esclave qui a connu – et désiré – Sethe du temps du Bon Abri (Sweet home), il  y a un peu d’espoir pour Sethe et sa fille Denver, qui refuse de sortir de la cour depuis des années.   Sauf qu’il y a Beloved, ce grand amour de Sethe et cette culpabilité aussi grande, même si c’était pour éviter le pire, selon elle. 

 

Impossible pour moi de ne pas être touchée par ces personnages, qui sont loin d’être parfaits, qui ont barricadé leurs coeurs pour ne plus espérer, pour ne plus souffrir.  Comment imaginer ne plus s’appartenir?  Voir sa famille décimée, vendue, éparpillée aux quatre coins du pays?  Comment même penser résister à s’attacher à ses propres enfants pour ne pas avoir mal quand ils seront vendus ou qu’on les aura laissés mourir?  Comment imaginer être considéré comme un animal, être monnayé, n’être rien à part un mot sorti de la bouche d’un blanc?  N’avoir aucune identité propre, juste comment le maître nous considère?   Comment une femme peut-elle en arriver là?  Comment être quelqu’un, un adulte, quand on a tout vu, tout vécu, que plus rien ne nous paraît anormal?  C’est tout ça et tant d’autre chose qui nous saute au visage dans ce roman.  Énormément de désillusion, de désespoir, de colère aussi.  De l’amour, mais un amour qu’il faut deviner, un amour rude. 

 

Des portraits psychologiques très intéressants, un côté un peu fantastique qui accentue l’atmosphère de légende.  L’auteur ne précise pas tout, ne nous dit pas tout.  Les dialogues sont parfois étranges, il faut arriver plus loin dans le roman pour comprendre tout leur sens et leur signification.  L’auteur évoque, sème ses images, ne nous en donne pas toujours clairement la signification.  Ces pages de « monologue » où les trois femmes se confondent sont pour moi magnifiques. 

 

Bref, une lecture difficile, qui frappe et qui remue.  Mais qui m’a profondément marquée.  Je le relirai un jour car je nsuis certaine que j’en ai manqué beaucoup et que je n’ai pas saisi toutes les images et les métaphores.  Je relirai l’auteur, c’est certain!

 

 

Vampire Academy – 6 – Last Sacrifice – Richelle Mead

Last-sacrifice.jpgPrésentation de l’éditeur (en partie, mal traduite par moi)

SPOILERS SUR LES PREMIERS TOMES

« Rose Hathaway a toujours joué selon ses propres règles.   Elle a enfreint la loi et s’est enfuie de l’Académie St-Vladimir avec sa meilleure amie, la dernière princesse survivante des Dragomir, Lissa.  Elle a enfreint la loi quand elle est tombée amoureuse de son instructeur, Dimitri.  Et elle a osé défier la Reine Tatiana, dirigeante du monde Moroi, risquant sa vie et sa réputation pour protéger les générations de dhampirs et de gardiens à venir.

 

Maintenant, la loi a finalement rattrapé Rose – pour un crime qu’elle n’a pas commis.  Elle est en prison pour la plus haute offense imaginable: le meurtre d’une reine.  Elle aura besoin de l’aide de Dimitri et d’Adrian pour trouver la seule personne vivante qui pourra retarder son exécution et forcer l’élite Moroi à accepter une nouvelle candidate au trone: Vasilisa Dragomir. « 

 

Commentaire

Me voilà arrivée au terme de cette série qui m’aura fait passer toute une semaine dans le monde des Moroi, des dhampirs et des Strigoi.  Parce que oui, j’ai des tendances assez « intenses » et je me suis tapé les tomes 2 à 6 en à peine 7 jours.  Que dire donc, après la lecture de ce tome 6 duquel je sors somme toute mitigée?

 

(Bon, je sens qu’il y en a qui vont hurler suite à mon billet… j’assume!)

 

Premièrement, je dois  dire que globalement, j’ai apprécié la série.  J’ai aimé ce monde, j’ai aimé les personnages, malgré leurs travers.  Rose est une héroïne différente, parfois énervante, certes, mais en recherche d’elle-même.  J’aime son impulsivité, ses plans complètement fous et sa façon de toujours tenter le tout pour le tout.  Oui, elle veut aider les gens mais elle a aussi ce côté très ado qui la rendent crédible.   Lissa est plus présente dans ce tome, elle commence à trouver sa propre voix et j’ai trouvé cette partie de l’histoire, celle qui se déroule à la Cour, très réussie, en fait.  J’adore aussi Adrian, qui est beaucoup plus que ce qu’il semblait au départ.  J’aime son évolution, sa façon d’agir, les liens qu’il crée et ses éternelles remarques un peu tête en l’air et sarcastique.  J’ai beaucoup aimé percer cette façade.  Quant à Abe, il est également très intéressant.  Un personnage que j’ai définitivement aimé suivre.

 

Dans les tomes 3-4-5, l’auteur ose malmener ses personnages et qu’elle déroge du patron et des codes convenus.   Les relations se développent, les personnages évoluent, le monde est intéressant et quand même différent des autres histoires de vampires que j’ai lues récemment. 

 

Beaucoup de promesses donc. 

 

Toutefois, c’est surtout déçue que je ressors de ce sixième tome.  Comprenez-moi, il y a des passages qui m’ont plu, je l’ai carrément dévoré pour voir ce qui allait advenir de Rose, de Lissa, de Dimitri, d’Adrian et des autres.  Pas tant d’ennui (même s’il y a des longueurs à mon avis) mais souvent de l’agacement.   Agacement parce que ce tome final aurait pu continuer dans la lignée, s’éloigner un peu de ce qui était attendu… et que finalement, non.    Je n’ai franchement pas été convaincue par la résolution finale et je dirais même plus, ça m’a à certains moments prodigieusement agacée.    Une telle série aurait selon moi mérité autre chose, un truc moins convenu.   Je n’ai absolument pas cru aux situations de suspense (sur tous les plans) que l’auteur nous propose et du coup, les questionnements et les tourments des personnages, qui m’apparaissaient artificiels, m’ont semblé bien longs et bien redondants. 

 

Je ne suis pas claire?

Ok, attention…

 

GROS SPOILERS DROIT DEVANT

 

Mon gros problème, c’est qu’après une telle série, j’aurais aimé une fin moins rose bonbon pour l’héroïne.  Entendons-nous, elle a eu une année difficile.  Mais là, tout de même, c’est un peu la finale rêvée non?  Et non, je ne dis pas ça parce qu’Adrian était mon personnage préféré.  Je l’aimais comme personnage mais je n’ai jamais cru une demi-seconde au couple potentiel Rose/Adrian.   Dès le tome 1, on savait avec qui elle allait finir, donc aucune surprise de ce côté-là.  D’ailleurs, dans le tome 5, j’ai adoré les hauts et les bas de leur relation.  Sa réaction par rapport à elle et cette finale qui révèle finalement ce dont on se doutait.   Donc ce n’est pas ce côté-là qui m’a dérangée, même que j’étais contente que le couple se retrouve.   Sauf que bon, entendons-nous, c’est ÉVIDENT et même plus qu’évident pendant tout ce tome qu’ils s’aiment.   Ça traîne, ça traîne…  on dirait que Rose ne comprend rien.  Et du coup, on ne croit pas du tout à la relation entre Rose et Adrian, ainsi qu’aux questionnements existentiels de Rose.  Encore moins aux raisons qu’elle se donne pour le laisser…  Tout le long, Rose « dit » qu’elle aime Adrian (mais il m’a semblé là « pour faire un triangle amoureux » et pour être utile à Rose) et qu’elle croit que Dimitri ne l’aime plus « comme ça » alors que c’est évident comme le nez au milieu de la figure.  Alors on s’imagine que les grandes déclarations de Rose qui dit qu’elle passe à autre chose, après une semaine tout à côté de lui… j’ai soupiré d’agacement.   Les indices et les histoires d’auras qui confirmaient ça m’ont semblé bien redondants.     Je reproche aussi le côté très politically correct de la relation avec Adrian.  Pas que je veuille du sexe pour du sexe mais je me suis quand même dit que bon, ça fait « je veux garder l’héroïne uniquement pour l’homme de sa vie » comme péripétie.   Ou comme non-péripétie.

 

Autre chose?   Rose a TOUT à la fin du roman.  Le job qu’elle voulait, près de l’homme qu’elle aime.  Le grand amour pour la vie.  Quelques remords mais pas tant que ça, vu que Dimitri a tellement de talent pour la rassurer.  Plus de lien qui la retient prisonnière.  Une mère et un père.  La reconnaissance.  Le pardon pour toutes ses frasques.   Un chausson avec ça?  La résolution du meurtre aurait pu être intéressante (j’avoue que ce meurtre dans le tome 5, je ne m’y attendais pas du tout).  L’enquête l’est d’ailleurs.  Mais le motif pour avoir fait accuser Rose?  Voyons donc!  Pleaaaaase!

 

Au moins, ils n’ont p
as fait finir Jill avec Adrian… sinon je pense que j’aurais hurlé!

 

FIN DES SPOILERS

 

Donc, une déception au sujet de ce dernier tome.  Pour avoir eu plusieurs discussions avec les copines au sujet de la littérature jeunesse et de ce qui fait rêver avec ce genre de série, oui, je savais à quoi m’attendre, mais j’espérais quand même un peu.  Je compare sans doute trop à une certaine autre série et à une autre héroïne qui sait se défendre et qui a aussi à faire face à plusieurs dilemmes moraux.  Mais ça, c’est mon biais à moi. 

 

Toutefois, c’est une série jeunesse que j’ai quand même aimée, malgré quelques bémols.  L’univers se tient, il y a encore du potentiel à l’exploiter et c’est accrocheur, différent.  Je suis réellement entrée dans cet univers, j’y étais vraiment et je m’étais réellement attachée aux personnages, de là la chute un peu rude au dernier tome, qui était « bien » sans être à la hauteur des deux précédents… et de mes attentes.  Je ne regrette aucunement ma lecture tome sur tome, loin de là.  Je n’ai jamais eu hâte que ça se termine et les personnages sont définitivement intéressants.   Et bizarrement, je suis certaine que cette fin plaira à une bonne proportion des lecteurs, qui n’attendent pas nécessairement la même chose que moi! 

Changeless – Gail Carriger

6933876.jpgPrésentation de l’éditeur

Alexia Maccon, Lady Woosley, s’éveille aux petites heures de l’après-midi pour trouver son mari, qui devrait être endormi comme tout loup-garou normal, en train de hurler à pleine poumons.  Ensuite, il disparaît – la laissant dealer avec un régiment complet de soldats sunaturels qui souhaitent camper dans sa cour, une pléthore de fantômes exorcisés et une Reine Victoria très fâchée.

 

Mais Alexia est armée de son cher parasol, la dernière mode, et de beaucoup de civilité.  Même quand ses investigations l’amènent en Écosse, pays des horribles vestons, elle ne se démonte pas et réagit comme seules les personnes sans âme le peuvent.

 

Elle pourrait même trouver le temps de retracer son mari – si l’envie lui prend.

 

Commentaire

Pour partir en voyage, j’ai choisi une lecture qui était certaine de me plaire, un truc léger, drôle, charmant.  Le deuxième tome de la série « The parasol protectorate » m’a semblé parfait pour ça et ça a très bien fonctionné.  J’ai retrouvé rapidement le ton que j’aimais tant, l’humour un peu sarcastique, les dialogues complètement fous et surtout notre Miss Alexia (oups… Mrs. Alexia maintenant), toujours aussi mordante.   C’est que son cher et tendre a décidé de disparaître comme ça, sans rien lui dire.  N’est-ce pas honteux?  Et en plus, il lui fait ce coup en plein pendant une terrible crise surnaturelle: les fantômes disparaissent, les loups-garous et les vampires redeviennent mortels… bref, c’est la crise. 

 

Comme il semblerait que l’Homme (oups, le Loup-Garou) ait foutu le camp en Écosse, pour faire des tatas à son ancien clan, la Dame part donc à sa suite, en dirigeable, rien de moins, armée d’un super parasol de combat de la mort qui tue.  

 

C’est dans dans cette Angleterre victorienne aux accents steampunk que se déroule cette deuxième aventure.  Si la romance est beaucoup moins « romance » que le premier, les engueulades et les prises de bec des deux époux sont jubilatoires.   On retrouve avec plaisir le Professeur Lyall (que je vois toujours sous les traits de David Tennant… ne cherchez pas à comprendre, je vois David partout), Miss Ivy, à la prose fleurie, aux idées fleur bleue et aux chapeaux les plus laids du monde entier et Angélique, la petite suivante rescapée lors du tome précédent, qui s’assure que les mèches d’Alexia soient jolies comme tout.   Nous rencontrons aussi l’ancien clan, un Gamma peu commode, une modiste française qui s’habille en homme (j’adore Mme Lefoux, quel personnage) et une Lady Kingair qui a de qui retenir. 

 

Bien entendu, on voit venir l’intrigue d’assez loin, on sent que ce tome sert de pont pour quelque chose… mais on s’en fiche.  Parce qu’il y a tous ces personnages, ce ton un peu décalé, ces dialogues qui font mourir de rire, ces idées folles.   Juste pour la balade en dirigeable et pour la « charmante » Felicity, ça vaut le coup.   Pauvre Alexia, c’est terrible d’avoir une telle famille, quand même!

 

Bref, ça m’a beaucoup plu et à la fin, je n’ai pu m’empêcher de dire mentalement (ok pas que mentalement) des gros mots à Lord Maccon à la fin et j’ai bougonné après moi-même de ne pas avoir apporté le tome 3 avec moi.  Non mais c’est trop vilain de se faire ça à soi-même!  Ah, les hommes!

 

Défi Steampunk

Chez Lord Orkan  … ça fait deux!

Buffy the Vampire Slayer – Season 8 – 1 – The long way home

Buffy-8-1.jpgCommentaire

Bizarrement, le premier tome de cette saison, envoyé par Fashion, n’a pas fait long feu dans ma pile. Je sais tout le monde est over surpris. En fait, j’étais tellement certaine qu’il serait lu dans la fin de semaine que je n’ai même pas pris la peine de l’inscrire dans la dite pile. Call it instinct!

 

C’est tout un changement qui nous attend quand on ouvre ce comic. Buffy est en quelque part en Écosse, il y a maintenant plus de 1800 Slayers dans le monde, dont 500 travaillent de concert avec la Scooby gang. Xander (et son œil de pirate) est avec Buffy tandis que Giles dirige un autre groupe de Slayers ailleurs dans le monde. C’est donc assez énorme, comme organisation. Et ça dépasse un peu notre blondinette préférée qui se sent bien loin de chez elle.

 

L’histoire commence tout juste mais il semble déjà qu’il y ait un fil intéressant. Une organisation secrète avec un mystérieux symbole, une grande Cause, l’armée… De vieux ennemis ressurgissent et nos amis sont placés dans des situations impossibles.

 

J’ai surtout aimé retrouver les personnages, leur façon de parler et même parfois leurs expressions faciales qui sont très bien représentés. C’est aussi tout plein de références aux épisodes précédents, ce qui m’a fait battre des mains comme une petite fille. Bizarrement, c’est Buffy que j’ai eu le plus de mal à reconnaître mais certaines de ses prises de becs avec Xander ou Dawn sont très, très, très réalistes. On reconnaît très bien Xander et ses déductions étonnantes, Willow avec son petit air parfois « sheepish » et Giles avec sa tasse de thé et son flegme so british. Quant à MON Spike, il n’apparaît que dans un rêve de Buffy, dans une position disons… dénudée. Je dis ça comme ça hein, par souci de donner l’information la plus exacte possible!

 

Et devinez quoi? J’ai commandé les 6 tomes suivants. Qui est vraiment surpris, hein?

Thanks Fashion!

Much Ado about Nothing (Beaucoup de bruit pour rien) – William Shakespeare

Much-ado-no-fear.jpgCommentaire

Je me suis posé des questions à savoir si j’allais « oser » parler de cette relecture de « Much ado about nothing », au cas où des âmes « bien intentionnées » décideraient encore de me « faire la charité » de m’instruire face aux implications cachées des pièces de Shakespeare (désolée, tant de mauvaise foi et de suffisance, j’en ris encore!).  Mais bon, comme il y a du David (avec plusieurs « i ») d’impliqué, je me dis que je risquerai – et assumerai –  les commentaires me traitant de dinde avec ce fabuleux billet Davido-Shakespearien.  

 

L’édition « No fear » est l’édition… la moins chère que j’ai trouvée.  C’est d’ailleurs mon premier essai avec celle-ci et si j’imagine qu’elle peut être utile pour certaines pièces, dans ce cas-ci, la traduction moderne ne m’aurait pas été indispensable vu que le texte se lit tout de même très bien.  En effet, ce n’est pas en vers, ce qui facilite déjà beaucoup et c’est beaucoup plus compréhensible que certaines autres pièces, question texte.  C’est une pièce ma foi très drôle, qui devient parfois presque comédie de situation (bon, ok, j’avoue, j’ai le jeu des acteurs en tête… ceci doit renforcer ma vision des choses) et qui est ma foi… très bien nommée!  Attention, hein, j’ai adoré ma relecture mais quelle histoire et j’aime toujours autant me délecter des mots de Shakespeare (même s’il paraît que c’est maaaal)… pour des rumeurs!

 

L’histoire est ma foi bien connue.  La demeure de Leonato est en émoi quand arrivent Don Pedro et deux de ses principaux officiers, Claudio et Benedick (ainsi que plusieurs de leurs hommes).  Hero, la fille de Leonato et Claudio tombent rapidement en amour l’un avec l’autre tandis que Benedick et Beatrice, la nièce du même Leonato, se chamaillent sans arrêt et se lancent pointe sur pointe.   Mais un vilain, Don John le bâtard, décide de ruiner le bonheur de Claudio et Hero par une sombre machination. 

 

Ne le cachons pas, même dans la lecture de la pièce, c’est surtout tout ce qui concerne Béatrice et Benedick, ainsi que Dogberry et ses acolytes, qui m’a fait rire.  Claudio et Hero sont beaux, gentils, vertueux (parfois crédules mais bon… sans ça, ce ne serait pas drôle) mais  ce ne sont pas les personnages qui me sont apparus comme ayant le plus de substance.  Toutefois, les jeux de mots et les piques que se lancent Bénédick et Béatrice me font mourir de rire (Shakespeare est le roi des doubles-sens) et leur mauvaise foi est jubilatoire.  Les stratagèmes sont complètement loufoques (disons que ça n’en prend pas tant que ça pour les convaincre) et le tout se tient parfaitement, même si ce n’est qu’un – habile – échafaudage de rumeurs, de notes et de déguisements divers.    Mention spéciale à toutes les scènes impliquant Dogberry et les gardiens, qui tentent d’employer le plus de grands mots possible… systématiquement à contresens.  Hilarant. 

 

much-ado-poster.jpg

 

Je crois que personne ne sera surpris d’apprendre que j’ai fait un petit mini-détour à Londres pour aller voir MON David dans le rôle de Bénédick, n’est-ce pas?  C’est que j’habite quand même juste à côté.  Un délire-copines m’a donc permis de voir cette adaptation – avec des yeux enamourés mais BEAUCOUP de classe, même Isil le reconnaîtra – au Wyndham Theatre, en pleine soirée de la St-Jean.   J’ai d’ailleurs dû prendre cette pancarte (ma foi très peu représentative de la pièce, en fait… limite qu’on s’attendrait à une version gothique, à la regarder) en photo 10 fois sur Charing Cross Road.  À chacun de mes passages, en fait.  Mais bon, c’est une autre histoire, celle de ma relative follerie!

 

Nous avons eu droit à une mise en scène « années 80 » mettant en relief le côté « grosse farce » de la pièce et permettant de charmantes extravagances vestimentaires (faites que quelques éléments de cette mode ne revienne jamais) et musicales.  On garde – en grande partie – les mots de Shakespeare, avec quelques adaptations, mais nous avons aussi pu voir un gogo boy et une choré disco pas piquée des vers.   On a aussi choisi d’éliminer le personnage d’Antonio pour laisser place à Innogen, la mère de Hero.  J’avoue que pour ce coup-là, je n’ai pas vraiment compris le rationnel… mais bon, qui suis-je pour questionner!

 

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Voici donc le moment où je perds toute objectivité.  David Tennant is a god.  Rien de moins.  J’ai même hésité à mettre une majuscule.  Je n’ai aucunement vu le Docteur dans son interprétation (certaines ne sont pas d’accord… mais bon), il a une présence extraordinaire et il est extrêmement généreux, à la fois avec le public et avec ses partenaires.  Rien de moins.  Bon, moi, je ne voyais que lui, hein… mais il s’agit tout de même de moi.  La scène où Benedick – supposément caché – écoute la conversation des autres hommes au sujet de Béatrice m’a fait littéralement pleurer de rire.   Non mais quel acteur!  Je dirais toutefois que j’attendais énormément de Catherine Tate (que j’adorais dans le rôle de Donna)  et que j’ai été un peu déçue.  Tout le côté comique y était, toutes les mimiques… mais on dirait que côté charisme, ça passait beaucoup moins bien.  La bande de Dogberry était toutefois réellement à la hauteur… quels fous rires!

 

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Bref, une soirée géniale, avec des copines géniales.  Si vous retournez voir David à Londres, vous me prenez un billet, les filles!  Je m’organiserai pour venir ensuite! 

 

PS: J’ai pris les photos sur google… et j’ai perdu les sites. Ou alors j’ai vu la même photo 15 fois et je ne sais pas d’où elle vient à l’origine.  Si j’ai commis un terrible impair et que je vous ai piqué quelque chose… vous me le dites, je cite, et je corrige! 

Le fantôme de l’opéra – BD – Christophe Gaultier (adapté de Gaston Leroux)

Fantome-de-l-opera-BD.jpgPrésentation de l’éditeur

C’est un extrait… avec des bulles, et même des dessins… je ne vais pas recopier ça hein!  Beaucoup connaissent l’histoire, de toute façon!

 

Commentaire

Le fantôme de l’opéra et moi, c’est une vieille histoire d’amour. Quand j’ai ouvert le colis du swap « Images » de Fashion et que j’ai vu cette superbe couverture, je l’ai presque immédiatement ouverte pour revisiter une nouvelle fois cette histoire, celle d’une petite chanteuse d’opéra qui a su gagner le coeur d’un personnage mystérieux et terrifiant à la voix d’or vivant dans les combles de l’opéra, mais également celui d’un jeune Vicomte qu’elle a connu enfant.  Histoire romantique?  Certes, mais pas que ça.  C’est un roman plein de mystère et d’aventures, le tout dans le décor grandiose de l’Opéra de Paris.

 

Ce qu’il faut savoir au départ, c’est que je la sais par coeur.  Sans exagérer.  Le roman comme la comédie musicale.  Du coup, j’étais un public tout prêt à aimer mais quand même assez critique quant aux détails de l’adaptation.   J’ai d’abord été charmée par la couverture, sombre et magnifique.  Si j’ai mis un moment à adhérer aux dessins des visages des personnages (ok, un gros moment), j’ai tout de suite aimé les décors sombres et ombreux.  On reconnaît l’opéra mais un opéra transformé en un curieux labyrinthe inquiétant et étouffant.   L’atmosphère est donc bien rendue et cet aspect m’a plu. 

 

Et là, un coup terrible… on a changé le nom des personnages.  Christine est devenue Ingrid et Raoul est maintenant Pierre.  Imaginez le choc culturel pour une fille qui connaît les dialogues par coeur!   Surtout que plusieurs dialogues, plusieurs commentaires et passages du roman sont illustrés et utilisés dans la BD.  Que ce soit la main de la mort rouge qui serre un bras, ou Christine (oups… Ingrid… je ne m’y fais pas) qui veut aller plus haut, toujours plus haut, on reconnaît réellement le roman.  J’aime toujours reconnaître des passages ou des citations précises, c’est plus fort que moi.

 

Bien entendu, c’est en accéléré, des épisodes ont été retranchés pour coller au format.   Si ça ne nuit pas vraiment à la compréhension du récit, ça a tout de même pour moi enlevé une partie de l’intensité, tout de même.  Le mystère du fantôme au départ, toutes ses actions bizarres… c’est moins mystérieux.  Toute la période  à « jouer au futur petit mari et la future petite femme » n’y est pas, ce qui rend la conversation sur le toit ma foi un peu étrange.  Bon, entendons-nous, cette histoire d’amour est précipitée et romanesque au possible aussi dans le roman.  Sauf que là, c’est un peu soudain.  Et en plus, plusieurs visites au Fantômes sont zappées, ce qui fait que pour garder le passage où Christine (Ingrid… merde je me suis trompée à chaque fois… je corrige post-billet) plaint Erik dans sa loge et où Raoul  (Pierre… faut croire que c’est ancré) la voit disparaître, il y a quand même un tour de passe passe avec la cohérence… car selon ce qui est raconté là, elle n’apprend le nom d’Erik qu’après… 

 

Mais bon, certains me diront que ce sont des détails, tout ça.  Un peu, je sais.  Mais je n’ai pas pu m’empêcher de les remarquer.  Toutefois, s’il y a moins de mystère dans la BD que dans le roman, cette adaptation et l’atmosphère créée par les dessins m’ont assez plu pour que je veuille lire la suite, même si ce n’est pas un coup de coeur, ne serait-ce que par curiosité, pour voir quels passages seront illustrés.  Parce que oui, c’est une première partie.

 

Merci Fashion!