Présentation de l’éditeur (en partie)
« Pologne, quelques années après la chute du communisme. Lorsqu’on retrouve le cadavre d’un homme dans la forêt qui entoure le petit bourg de Jadowia, Laszek, un ami de la famille du disparu, décide de faire la lumière sur l’affaire. Il comprend vite que cet assassinat est lié à l’histoire trouble du village. Mais, dans cette petite communauté soudée par le silence, beaucoup ont intérêt à avoir la mémoire courte et sont prêts à tout pour ne pas réveiller les fantômes du passé. L’ère communiste a en effet laissé derrière elle bien des séquelles et personne n’a rien à gagner à évoquer cette période […] »
Commentaire
C’est un roman bien particulier que celui-ci. Situé dans un minuscule village d’un pays que je connais ma foi fort peu, ce roman – que je ne suis pas certaine que j’aurais qualifié de thriller – nous fait pénétrer dans une atmosphère lourde, sale et peu invitante au premier abord. En effet, dans ce village, un meurtre a été commis. Un jeune homme est mort et son père a décidé de comprendre ce qui s’est passé. Son voisin, Laszek, qui aurait pu être son ami si les circonstances avaient été autres, veut également comprendre. Et par ailleurs, de curieux vandales s’en prennent aux fondations des granges et des maisons tandis qu’un jeune prêtre veut sauver le village de la corruption ambiante.
J’avoue que j’ai eu un peu de mal à démarrer le roman et que je me suis traînée pendant la première partie. L’action est longue à se mettre en place, il y a plusieurs éléments – le lien entre certains est d’ailleurs un peu ténu, même si je vois tout à fait pourquoi l’auteur a mis les choses en parallèle – et pas mal de noms polonais. Je me demandais bien où cette enquête qui donnait dans le grand n’importe quoi – avouons-le, Laszec n’a rien d’un Sherlock – allait pouvoir mener le protagoniste. En plus, rares sont les personnages qui sont forcément sympathiques (surtout au départ. On apprend à en découvrir certains à travers le roman). Du coup, les 150 premières pages m’ont semblé un peu longues.
Toutefois, quand les fils commencent à se révéler, je me suis retrouvée prise dans cette histoire, non pas pour savoir ce qui s’était vraiment passé. En effet, pas de révélation de dernière minute ici. Même si tout le monde a oublié, tout le monde sait, et nous aussi. L’air nous semble chargé de ce passé, même si tout le monde se force à l’ignorer. Cette histoire, elle aurait pu arriver dans n’importe quel village, à cette époque. Probablement que c’est arrivé, d’ailleurs. Des drames à petite échelle, comparé à tout ce qui a pu se passer pendant la guerre, mais tout aussi tragiques. Des personnages hantés par la culpabilité, la peur, étouffés par le silence. Des personnages qui ont aussi du mal à assumer leurs sentiments présents, même s’ils savent ce qu’ils devraient ressentir. Le tout dans un village où la corruption est ordinaire, nécessaire, pour certains. Certains la justifient, même, et sont prêts à faire chanter pour préserver le fonctionnement actuel. J’ai été touchée par ces gens criants d’humanité dans toutes leurs teintes de gris, les vivants et les morts. Touchée par leur douleur et le poids qu’ils semblent tous porter. De plus, l’écriture m’a beaucoup plu avec son rythme lent et ses arrêts sur image occasionnels.
Un roman qui décrit une réalité qui existe ou a sans doute existé – je ne suis absolument pas certaine, hein… je n’y connais rien – qui nous raconte un village qui tente de se redéfinir et de se reconstruire suite à cette guerre qui a tout chamboulé. Personne n’est parfait ici, rien n’est clair, tout le monde a son fardeau à porter. On nous parle d’indulgence envers les autres et soi-même, de mémoire aussi. Un roman qui a finalement été une bonne surprise, malgré un début un peu pénible en raison de la longueur de la mise en place.
Merci à News Book pour ce partenariat ainsi qu’aux éditions Sonatine 😉