Leaving Paradise (Paradise) – Simone Elkeles

Leaving-paradise.jpgPrésentation de l’éditeur

« Caleb Baker a passé la dernière année au centre de détention juvénile.

 

Maggie Armstrong a passé la dernière année dans les hôpitaux et en physiothérapie.

 

Deux adolescent qui ont été brisés par une seule terrible nuit devont faire face à leur plus grand défi : se revoir. »

 

Commentaire

Quand j’ai sorti ce livre de ma pile (il y a maintenant plus d’un mois et quelque), tout le monde était en train de le lire ou de le relire pour la sortie en français. J’avais lu des avis dithyrambiques et plusieurs personnes avec qui j’ai beaucoup de goûts communs ont eu un coup de coeur pour cette série.  Je m’attendais à la lune, en fait.

 

Et finalement?  J’ai bien aimé, j’ai été touchée, j’ai trouvé ça bien fait mais je n’ai pas connu la passion que plusieurs ont ressentie à cette lecture.   Peut-être parce que ce genre d’histoires a fait partie pendant plusieurs années de mon quotidien.  Oui, en fait, je suis un peu certaine que c’est pour ça.  Quand on a vu, en vrai, des gens se remettre d’accidents/maladies terribles, des familles en miettes, peut-être que l’on est moins touché par la fiction… 

 

Et je suis consciente que c’est une raison très personnelle et pas du tout littéraire.  Je vais donc parler un peu du roman.  Il s’agit donc de Caleb et de Maggie, deux adolescents qui habitent la petite ville de Paradise.  Pour Caleb, Maggie est la meilleure amie de sa soeur.  Pour Maggie, Caleb est son chevalier, le garçon qu’elle admire depuis toujours.  Ils se connaissent, ils se côtoient mais ne se sont jamais confiés l’un à l’autre.  Pas des « meilleurs amis », quoi.  Et puis, soudain, tout va basculer.  Après une fête bien arrosée Caleb heurte Maggie avec sa voiture et prend la fuite. 

 

Nous rencontrons les personnages près d’un an après.  Caleb sort de prison, Maggie ne réussit pas à accepter ce qu’elle est devenue et est maintenant une jeune fille solitaire et isolée.  Caleb espère reprendre sa vie là où il l’a laissée mais il réalise rapidement que sa famille est en morceaux, que son meilleur ami est étrange et que son ex-petite amie a quelque chose à cacher.  Il est en colère, elle a peur de lui.  Bref, quand ils sont obligés de se revoir, ça n’annonce rien de bon.  

 

Et pourtant, avec le temps, ils vont développer une relation particulière, complexe, pleine de non-dits et pas toujours facile à accepter, pour eux comme pour les autres.  J’ai beaucoup aimé voir évoluer le tout, j’ai aussi trouvé à les réactions des familles et des amis pour la plupart très crédibles, avec tout le malaise, les remises en questions et les silences que ça implique.  Maggie est touchante, très centrée sur la tâche – dont elle se serait passée – de se redéfinir et s’isolant pour ça.  Les chapitres sont en alternance narrés par Maggie ou Caleb, leurs styles sont reconnaissables et il est intéressant de voir les deux perspectives. 

 

Bon, après tant de compliments, pourquoi j’ai « bien » aimé?  Principale raison, parce que j’ai trouvé que ça allait trop vite.  Certes, le temps passe, on le dit mais je ne l’ai pas toujours ressenti.  Je n’ai pas eu le temps de m’habituer aux étapes, de ressentir assez.  Et j’ai quand même trouvé que si un certain revirement pouvait amener l’histoire plus loin, c’était quand même un peu facile, dans un certain sens.  Je ne veux rien dire pour ne pas spoiler mais je pense que ça aurait été plus significatif sans ça. 

 

N’empêche que j’ai dévoré les deux tomes en environ 15 heures (dont une – courte – nuit), que ça se lit tout seul, que c’est fluide et agréable.  Mais je garde un petit faible pour « Irrésistible alchimie »!

Madame Bovary – Gustave Flaubert

Madame-Bovary.jpgPrésentation de l’éditeur

« Jamais Madame Bovary ne fut aussi belle qu’à cette époque… Ses convoitises, ses chagrins, l’expérience du plaisir et ses illusions toujours jeunes, comme font aux fleurs le fumier, la plue, les vents et le soleil, l’avaient par gradation développée, et elle s’épanouissait enfin dans la platitude de sa nature.  Ses paupières semblaient taillées tout exprès pour ses longs regards amoureux où la prunelle se perdait, tandis q u’un souffle fort écartait ses narines minces et relevait le coin charnu de ses lèvres qu’ombrageait à la lumière un peu de duer noir. »

 

Commentaire

Je pense que j’en ai parlé au moins 25 fois mais je tiens quand même à le répéter (oui, je radote, c’est dans ma nature), Madame Bovary a été mon pire souvenir d’école.  Lu – beaucoup – trop jeune, je n’ai strictement rien compris, je me suis ennuyée autant sinon plus qu’Emma et je suis ressortie du roman, avec tout le discernement et l’appréciation des teintes de gris qu’on peut avoir à 12 ans, avec la conclusion ma foi assez surprenante basé sur les énoncés suivants:

 

A.  Une fille/femme qui trompe son chum/mari est une salope par définition.

B.  Emma Bovary trompe son mari.

Donc : Emma Bovary est une salope. 

CQFD.

 

Tout est ma foi très simple quand on a 12 ans.  Du coup, les états d’âme d’Emma ne m’avaient pas touchée une demi-seconde, je trouvais qu’elle avait bien cherché ce qui lui arrivait, en fait.   Donc, bon, comme je disais, pire souvenir d’école. 

 

C’est avec Isil  – qui est méconnaissable ces temps-ci, avec un rythme de lecture incroyable – que j’ai décidé de relire ce roman.  Hydromielle voulait nous accompagner mais Madame Bovary a décidé de se cacher dans ses tablettes pour ne plus en sortir.  Acte manqué, peut-être?  Inutile de vous dire que j’avais une peur bleue de réouvrir ce livre.  J’ai lu quelques pages, j’ai froncé les sourcils.  J’ai continué, j’ai écarquillé les yeux. 

 

Parce que je venais de réaliser que, franchement, j’aimais vraiment beaucoup.  Et à mesure que les pages se tournaient, j’ai compris que non seulement j’aimais beaucoup, mais que même, j’adorais.  J’ai été la fille la plus surprise du monde, en fait.   Ce que j’entrevoyais comme un long calvaire a été pour moi finalement une lecture intense, où je me suis délectée des mots de Flaubert.  Rien de moins.  

 

Ce que j’ai pu aimer son écriture.  Et pourtant, j’aurais bien du mal à dire pourquoi.  Ça coule tout seul, ça colle aux sentiments, chaque description est tout à fait dans le ton, dans l’énergie des personnages.  Pas de grande envolée lyrique, un regard extérieur, qui ne porte aucun jugement, qui nous décrit ce qui se passe, mais de quelle façon.  J’adore ses comparaisons, qui semblent banales mais qui évoquent des images incroyablement fortes.  Du coup, ça semble l’évidence même et on se demande pourquoi on n’y avait pas pensé avant.  La description de la vie au village sonne juste, les émois d’Emma accélèrent le rythme, les personnages sont croqués tels qu’ils sont, sans complaisance.  Bref, je suis subjuguée.  Et je ne sais pas expliquer pourquoi. 

 

Quant à Emma, qui rêve sa vie plus qu’elle ne la vit, je l’ai trouvée parfois agaçante, souvent fascinante.  Incapable de se satisfaire de l’ordinaire de sa vie un peu étriquée où elle s’ennuie terriblement, elle veut vivre les grandes émotions des romans, l’Amour avec un grand A et se projette dans toutes sortes de rôles, aussi improbables que passagers.  Elle se persuade de ses passions, joue un rôle pour elle-même, vit le bonheur comme la tristesse sans commune mesure.  Dans sa tête, elle est une héroïne, elle rêve de plus, se convainc de ses sentiments.  Particulièrement vulnérable, elle ne voit pas les gens tels qu’ils le sont vraiment, ne dépasse jamais les façades parce que la réalité ne correspond pas à son imagination débordante.  Et même si on réalise que, en voulant vivre la vie comme elle la rêvait, en ignorant les signes et en étant toujours déçue, elle cause elle-même sa perte, impossible pour moi de ne pas être touchée par sa course désespérée à la fin du roman. 

 

De même, Lheureux et Homais me font rager et j’aurais eu le goût de secouer Charles de ne rien voir, même si bon, le pauvre, il fait ce qu’il peut avec les moyens qu’il a. L’hypocrisie du pharmacien, son ambition, sa façon de feindre l’amitié, ça nous paraît tellement évident à nous et nous les voyons tous les deux qui n’y voient que du feu… Bref, tout dans ce roman est venu me chercher. 

 

Et je ne m’y suis pas ennuyée une seule minute.

Qui l’eut cru!

 

Classique-cess-3.jpg

C’était donc mon classique du mois de février pour le challenge de Cess!

The brilliant book of Doctor Who 2012 – BBC

Brilliant-book-2012.jpgCommentaire

Avouons-le d’emblée, j’ai positivement adoré ce truc.  Je l’avais ouvert juste pour voir ce que c’était et j’ai fini par me coucher à 2h du matin (en semaine, of course.  Sinon, c’est moins drôle) parce que je voulais tout lire.  Est-ce pour tout le monde?  Absolument pas.  C’est pour les espèces de cinglés comme moi qui aiment voir et revoir les épisodes, en discuter, les analyser… pour ça, on est servi!

 

Le Brilliant Book of Doctor Who, c’est un guide par épisodes, oui, mais pas que ça.  Pour chacun des épisodes, il y a un mot de l’auteur du dit épisode qui répond à des questions, un résumé mais surtout un paquet de faits, d’endroits où les épisodes se recoupent, de précisions appelées Fantastic Facts, où on nous montre les indices que nous avions peut-être manqué et où on nous explique quelques références.  C’est aussi un peu d’extra, comme des entrevues avec les acteurs, avec Moffatt, avec le réalisateur ou encore des concepteurs de monstres. 

 

Mais ce qui m’a le plus plu, c’est le matériel inédit, ces petits plus qui font rire (du moins, qui me font rire, je suis bon public).  Mais que pouvaient bien voir Rory à travers l’histoire pour qu’ils disent qu’il leur faisait des bye bye dans le temps?    Les bulletins de Mel, d’Amy et de Rory? Le pamphlet publicitaire de TwoStreams?  Il y a tout ça.   Et moi, j’adore. Et je ris comme une folle!

 

On a aussi droit à quelques précisions (pas toutes celles que je voulais hein… par exemple, je ne sais pas plus QUAND pour Amy) mais confirme certains trucs, on précise que bon, certaines réponses ne sont pas si claires que ça.  Et j’aime beaucoup avoir les visions des auteurs.   J’ai aimé me rappeler certaines scènes (l’arrivée du Doctor Ganger, entre autres… j’avais adoré cette scène et je l’avais oubliée après l’ennui de l’épisode) et j’ai eu envie d’en revoir d’autres.  Et en plus, n’oublions pas, il y a des phoooootos!

 

Bref, je veux revoir la saison 5.  Avec le Brilliant book 2011.  Et je pleure des larmes de sang parce que je peux rien trouver du genre avec Ten.  La vie est trop injuste!

 

Challenge Who (1)

Un marque-page juste pour moi… made by Niki

Images-11-2261.JPG Il est magnifique, non?

Il fallait que je vous le montre. 

 

Comme certaines le savent (surtout celles qui m’ont vu dans un état disons… second à Barcelone), ma thérapie à moi, c’est le flamenco.   Niki s’est dont inspirée de ce thème pour me créer ce su-per-be marque-page. 

 

Un é-nor-me merci. 

Je l’adore!

The secret history of the Pink Carnation – Lauren Willig

Secret history pink carnationPrésentation de l’éditeur (je le sais, je traduis mal.  Pas besoin de me le rappeler, merci.)

« En l’an 1803, la pétillante Amy Balcourt ferait n’importe quoi pour rejoindre la cause de son héros, le Purple Gentian, et sa bande d’espions, qui ont jadis tenté e sauver son père des révolutionnaires français.  Mais premièrement, elle doit trouver le mystérieux Purple Gentian – sans être distraite par les avances de Lord Richard Selwick, un homme beau mais douteux qui semble avoir trahi son pays.

 

Ce qu’Amy ne sait pas, c’est que le but réel de Richard est de déjouer les plans d’invasion de l’Angleterre de Napoléon Bonaparte tout en gardant son identité secrète.  Mais qui pourrait se concentrer sur le sauvetage de l’Europe quand le décolleté d’Amy envahit ses pensées?  Malheureusement, Amy est clairement un obstacle à sa mission, surtout quand l’une des nombreuses vies en jeu est la sienne… »

 

Commentaire

Plusieurs le savent, ma copine Pimpi vénère Lauren Willig. Je pense que le terme n’est pas trop fort.  Donc, bien entendu, il fallait bien que je voie ce qui la faisait ainsi déborder d’enthousiasme. 

 

The secret history of the Pink Carnation n’est malheureusement pas traduit.  C’est le premier d’une série de plusieurs tomes (Pimpi pourrait mieux dire de combien de tomes exactement) qui mettent en scène des espions.  Ce premier tome se déroule principalement à Paris, sous le règne de Napoléon Bonaparte. 

 

J’ai bien aimé ce roman où il y a ma foi beaucoup d’humour.  Ce qui se passe, en fait, c’est qu’Eloise, une jeune américaine, a débarqué à Londres pour faire des recherches sur les espions gentlemen du 19e siècle.  The Scarlet Pimpernel, the Purple Gentian et the Pink Carnation sont pour elle des figures romantiques, viriles et dramatiques.  Bon, ils sont tous aussi fictifs les uns que les autres hein… mais on ne va pas chipoter.  En fait, ça donne le goût d’y croire, tout ça.  L’identité de deux de ces célèbres espions a été dévoilée mais le troisième, le Pink Carnation (Oeillet Rose, ça le fait moins… donc, nous en resterons au Pink Carnation pour les besoins de la cause), est toujours un mystère. Donc, notre Eloise, après avoir reçu une lettre assez désagréable de l’un des descendants du Purple Gentian, Colin Selwick, a davatange de chance auprès de Madame Selwick-Alderly, qui lui ouvre un véritable coffre au trésor dans lequel, dit-elle, se trouve caché l’identité du Pink Carnation. 

 

Ce livre dans un livre est l’un des aspects qui m’a le plus plu dans le roman.  Les incursions dans le Londres modernes sont toujours très drôles, Eloise est adorable et Colin (ben oui, on n’en avait pas fini avec lui) est… Colin!  Le tout donne aussi un côté nostalgique, vu que l’histoire de ces gens est retrouvée plus de 200 plus tard.  Et <ca, ça m’a plu. 

 

Entendons-nous tout de suite, Amy, l’héroïne, est une Stephanie Plum en devenir.  Rien d’aussi exagéré, rassurez-vous, mais compte tenu de l’époque, proportionnellement, je me questionne.  En fait, la demoiselle veut devenir espionne, rien de moins.  Elle en rêve depuis qu’elle est toute petite.  Pour restaurer la royauté en France, rien de moins.  Sauf que bon, voilà, il y a quand même un hic.  Amy est disons… enthousiaste.  Et heu… impulsive.  Ah oui, j’oubliais.  Aussi discrète qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, en plus.  Et toujours au mauvais endroit au mauvais moment.  Disons que ce n’est pas gagné, n’est-ce pas.  Du coup, ce portrait est assez hilarant parce que totalement improbable et toute initiative est vouée à se terminer avec Amy dans une drôle de situation.   Quant à notre espion d’expérience, qui a déjoué tous les plans depuis 7 ans, disons que quand il voit apparaître Amy et son décolleté, comme il le dit lui-même, ce n’est plus nécessairement son cerveau qui a les commandes.  Il en perd tout sens pratique et toute prudence. 

 

Les personnages secondaires sont succulents.  J’adore Henrietta, Miss Gwen, Jane et les parents de Richard.  Bien entendu, quand on aime, on devient un peu stupide (non mais il avait RAISON de ne rien dire… moi-même, je ne dirais rien à Amy, en fait… et limite que j’étale ma vie sur internet, c’est tout dire!) mais bon, c’est de la romance, ça fait sourire et ça m’a bien plu.  Les personnages historiques sont bien croqués (Napoléon et ses colères font mourir de rire), on aime les voir vivre, bien que je ne sois pas assez connaissante dans le domaine pour savoir si c’est réaliste ou non.

 

Je lirai probablement la suite, ne serait-ce que pour voir comment ça va évoluer entre Eloise et Colin!

Paul au parc – Michel Rabagliati

Paul-au-parc.gifCommentaire

Dire que je ne suis pas vendue d’avance quand j’ouvre le nouveau « Paul », ce serait mentir.  J’en ai déjà parlé à plusieurs reprises, j’ai déjà tenté d’expliquer pourquoi ça me plaisait autant, sans réellement réussir, je pense.  Ça ne vous surprendra donc pas de savoir que j’ai adoré ce nouvel opus de Paul, n’est-ce pas!

 

Cette BD s’éloigne du dernier « Paul à Québec » pour nous ramener en 1970, alors que Paul avait une dizaine d’années.   Le Québec en 1970, c’est le FLQ, c’est la crise d’octobre.  Mais Paul a dix ans.  Un peu loin de tout ça, il vit entre ses parents, sa grand-mère et sa grande-tante, qui habitent l’appartement d’à côté, avec les portes toujours ouvertes entres les appartements.  On a l’impression que c’est lors de cette période que les bases de ce qu’il va devenir sont jetées et qu’après ça, il ne sera plus jamais vraiment aussi « enfant » qu’avant. 

 

Paul au parc, c’est aussi sa rencontre avec les louveteaux, où il rencontrera des adultes qui seront pour lui significatifs.  Bon, on s’entend, aujourd’hui, les louveteaux, ce n’est plus ce que c’était hein.  En 1970, il fallait « être de religion catholique », il y avait un aumônier…  Mais cette BD rend bien l’atmosphère de camaraderie, de collaboration et de « gang de petits gars ».  On sent que pour eux, ça devait être génial, intense et que ça pouvait changer beaucoup de choses.  Il y avait des adultes qui étaient là pour eux, des mentors et c’est cette relation qui est explorée dans cette ici.

 

Mais surtout, Paul, c’est nous autres.  C’est Montréal dans les années 70, c’est notre histoire, notre langage, nos références culturelles.  Bon, moi je suis un peu jeune, quand même, mais voir la chambre de la petite fille décorée avec Pierre Lalonde et les Sultans, ça fait rire.  Voir ces marques et ces magasins qui n’existent plus, ça fait sourire.  Et c’est terriblement nous autres, tout ça, toute cette culture-là, cette histoire-là. 

 

Le dessin est simple et il y a parfois de longues séquences sans paroles que j’aime particulièrement.  Il y a un souci du détails dans les arrière-plan, toujours ce petit quelque chose qui me rappelle un souvenir précis et qui me fait me voir moi, petite fille.  Même si je n’habitais pas Montréal.  Même si mes histoires à moi sont arrivées un peu plus tard.  Les histoires de Paul sont terriblement touchantes, toujours un peu nostalgique et celle-ci ne fait pas exception.  Les dernières pages sont magnifiques.

 

Bref, j’ai beaucoup aimé!

Charles Dickens – Jean-Pierre Ohl

Charles-Dickens-Ohl.jpgPrésentation de l’éditeur

« À douze ans, il colle des étiquettes sur des boîtes de cirage dans un entrepôt sordide au bord de la Tamise.  À vingt-quatre, il publie Pickwick et devient le romancier le plus célèbre de son temps.  Malgré cette ascension extraordinaire, Charles Dickens (1812-1870) n’oublia jamais « les temps difficiles » de sa jeunesse et lutta toute sa vie contre l’injustice.  Il fut la figure de proue de l’Angleterre victorienne, mais aussi son imprécateur: un homme complexe, fort et fragile, humble et orgueilleux, un révolutionnaire horrifié par la violence, un romancier populaire aux audaces inouïes.  Travailleur infatigable, il laisse une oeuvre immense où s’entremêlent grotesque et tragédie, dérision et engagement, onirisme et recherche formelle.  Il est le romancier par excellence, transmuant le réel, comme l’écrit Chesterton, en une « substance fluide et composée appelée Dickens ».

 

Commentaire

La première « vraie » page de cette biographie commence par la phrase suivante : « Charles Dickens naît le 7 février 1812 près de Porthsmouth, un port du sud de l’Angleterre ».   Si vous êtes bien réveillés et que vous avez pris le temps de regarder la date d’aujourd’hui, vous comprendrez le pourquoi du comment de ce billet.  En effet, aujourd’hui, c’est le 200e anniversaire de la naissance de mon Charles préféré.  Avec quelques copines, on a donc décidé de célébrer ça à notre manière (parce que oui, j’ai beau vouloir répéter ça à tout le monde au bureau, je ne pense pas que je vais être très intéressante à leurs yeux) en publiant en ce jour un Dickens-billet.  Et pour moi, ce sera la bio de Charles Dickens écrite par Jean-Pierre Ohl.  Vous savez, celui qui a écrit Les maîtres de Glenmarkie et Monsieur Dick?  Comme le sujet ET l’auteur m’intéressaient, je n’ai bien entendu pas pu résister.

 

Parce que bon, pour ceux qui ne le savent pas, j’aime Dickens d’amour.  Rien de moins.

 

Ce n’était pas la première biographie de Dickens que je lisais.  En plus d’avoir lu plusieurs articles et d’avoir vu plusieurs expos Dickens, j’avais lu une bio jeunesse par Marie-Aude Murail et des nombreuses préfaces et postfaces dans diverses éditions. Je ne partais donc pas de rien.  C’est sans doute pour ça que j’ai eu un peu peur au départ, pendant la partie « enfance » de Dickens.  Pas parce que ce n’était pas bien écrit, loin de là.  C’est bien fait, on ne s’apitoie pas sur le sort de l’enfant, on reste sobre.  Mais parce que j’ai eu peur de ne rien apprendre ou réapprendre.  Il faut dire que cette partie de la vie de Dickens est ma foi assez connue.  La fabrique de chaussures, la prison pour dettes, les longues routes à pieds.  C’est limite entré dans la légende. 

 

Par la suite, toutefois, ce fut un réel plaisir de lecture.  Cette biographie en dit juste assez à ceux qui veulent découvrir la vie de l’auteur sans s’étendre pendant des pages et des pages.  Elle va à l’essentiel et Ohl réussit à dresser un bon portrait de l’homme complexe qu’était Charles Dickens.  Ses ambiguïtés, ses comportement parfois paradoxaux, son énergie folle, son mélange d’orgueil et d’insécurité, on les ressent parfaitement.  Pas de complaisance non plus.  Dickens n’est pas présenté comme un saint homme (parce que bon, on s’entend, il n’en était pas un.  Mieux valait l’avoir dans ses amis et il semble qu’il se croyait souvent dans son bon droit. Pauvre Kate!) et on nous laisse entrevoir ses failles et ses – nombreuses – contradictions.   Et le tout nous permet de réaliser à quel point il a mis différents aspects de lui-mêmes dans ses romans. 

 

Les liens avec différents romans de l’auteur sont très intéressants, très pertinents et ils ne me sont jamais apparus comme tirés par les cheveux.  Bien entendu, certains éléments des intrigues sont révélés afin de pouvoir faire adéqutement le parallèle entre le roman, l’aspect de la personnalité de Dickens et le contexte social qui sont derrière tout ça.  Pour ma part, ça ne m’a pas ennuyée… je connais les histoires même pour les romans que je n’ai pas lus tellement c’est entré dans le folklore.  Mais bon, attention si ça vous dérange.  J’ai aussi trouvé vraiment intéressant de voir les détails de publication de plusieurs romans.  Disons que ça explique bien des choses et moi qui suis totalement fan des digressions de Dickens, je ne peux qu’être ravie qu’il ait voulu faire une plus longue livraison de temps en temps. 

 

Bref, une biographie que j’ai trouvée très bien construite, instructive et en lien avec l’oeuvre de l’auteur.  Je conseille pour découvrir en tant qu’adulte.  La biographie par Marie-Aude Murail est mieux adaptée à la jeunesse, est plus fan et plus axée sur les anecdotes, tout en faisant des liens avec l’oeuvre.  J’ai aussi adoré, dans un autre registre. Je suis maintenant prête à terminer la bio de Peter Ackroyd et ses 1100 quelques pages!

 

Bon anniversaire, Charlie!


Looking for Alaska (Qui es-tu Alaska) – John Green

Looking-for-alaska-real.jpgPrésentation de l’éditeur

« Avant…

Miles « Pudge » Halter en a fini de sa vie morne à la maison.  Son entière existence a été un grand non-événement et son obsession des « famous last words » lui a seulement donné encore plus envie du « grand peut-être » (François Rabelais).  Il arrive donc dans le monde un peu fou, possiblement instable et tout sauf ennuyant de Culver Creek, un pensionnat, et sa vie devient tout autre.  Parce qu’il y a Alaska Young.  Alaska est une fille belle, intelligente, sexy, brisée mais bizarrement fascinante.  Elle entraîne Pudge dans son monde, le propulse dans le Grand Peut-Être et s’empare de son coeur. 

 

Après…

Rien n’est plus pareil.

 

Commentaire

J’avertis tout de suite, je sens que je vais avoir du mal à parler de ce livre.  Je vais du mal à expliquer mon ressenti sans rien dire.  Donc, je vais pouvoir dire que j’ai été touchée mais sans pouvoir expliquer pourquoi.  Life is a b****. 

 

Disons-le d’emblée, j’ai beaucoup aimé ce roman jeunesse.  Oui, je sais, je suis dans une période « romans d’école ».  J’aime les romans se passant dans les boarding schools.  Miles/Pudge (appelé ainsi parce qu’il est maigre comme un clou), arrive donc à cette école après une vie de solitude dans laquelle il n’est pas vraiment malheureux.  Il est juste spectateur.  À Culver Creek, tout va changer.  Rapidement, son colocataire, surnommé le Colonel (j’adore ce personnage, vraiment), l’entraîne dans un autre style de vie.  Une vie où on prend des risques, ou on risque le tout pour le tout pour un moment.  Et il y a Alaska, sa meilleure amie.  Ensemble, ils sont les rois des mauvais coups et sont dans une drôle de guerre constante avec les Weekday Warriors, les riches étudiants qui rentrent chez eux le week-end.   Rapidement, Pudge est fasciné par Alaska, personnage un peu énigmatique, qui vit des highs incroyables et des downs tout aussi incroyables, en l’espace de quelques secondes.  Alaska qui, on le réalise, est une jeune fille profondément perturbée. 

 

Toute la première partie nous fait connaître les personnages, nous fait les apprécier et entrer dans leur petite bulle où ce qui est important est, en apparence, de jouer des tours pendables et de fumer en cachette.  Bien entendu, il y a plus derrière tout ça et on ressent réellement à quel point ces lieux peuvent créer des amitiés intenses en peu de temps.   Ce sont des bribes, des moments.  Certains banals, certains très intense.  Parce que bon, pendant qu’on les vit, on ne sait pas toujours quel moment sera significatif après coup.  Nous savons que nous sommes dans le « avant ».  Le décompte est annoncé chaque jour.  Mais nous ne savons pas avant « quoi ».  (Et non, contrairement à certaines, je ne suis pas allée voir dès le début du roman.  Je ne balancerai personne ici.  Je suis une bonne fille, moi).  Et là, soudain, c’est après.  Et on est dans un autre monde.

 

C’est ce après que j’ai trouvé génial, en fait.  L’auteur a réussi à cerner des sentiments ambigüs et complexes à les faire évoluer, à faire évoluer les personnages dans une situation difficile.   J’ai été très touchée par leur désespoir, leur quête, leur sentiment de culpabilité, leur envie de savoir, de comprendre qui est vraiment Alaska, en restant tout de même des ados, souvent centrés sur eux-mêmes.  L’auteur, avec la voix adolescente de Pudge, réussit à nous faire transparaître de façon convaincante l’évolution d’un adolescent qui, dès qu’il commence vraiment à ressentir, réalise que quand on ressent vraiment, on s’expose à avoir mal.  J’adore l’écriture, la façon d’amener les choses.  Il y a une certaine candeur dans tout ça, les personnages évoluent mais pas sans heurts.  Puis il y a une certaine acceptation.  Une acceptation que des fois,tout ne se déroule pas comme dans un roman et tout n’est pas joliment bouclé à la fin de l’histoire.  Bref, pour moi, très réaliste. 

 

Beaucoup d’humour (la scène du bl** j** est hilarante… pauvres eux autres), des moments pratiquement tendres, d’autres d’exaltation.  Et des larmes aussi.  J’ai eu par moments une grosse, grosse boule dans la gorge.  Of course.  Mais je suis une grande braillarde, c’est bien connu!

Doctor Who – The last voyage – Dan Abnett

The last voyage Présentation de l’éditeur

« Le Tardis se matérialise à bord d’un vaisseau faisant son voyage d’inauguration, voyageant de la terre jusqu’à la planète Eternity. 

 

Le Docteur vient juste de commencer à explorer l’énorme Véhicule de Transposition Intersticielle quand soudain, un fort bang et un éclair de lumière.  Tout de suite après, il découvre que presque tous les passagers et l’équipage ont disparu. 

 

Si le Docteur et l’hôtesse de l’air Sugar MacAuley ne réussissent pas à prendre le contrôle du vaisseau, ils vont s’écraser – ou continuer à flotter à travers l’espace pour toujours.  Et comme si ça ne suffisait pas, quelque chose les attend sur Eternity… »

 

Commentaire

Ceci est en fait un livre audio.  Je n’avais jamais été tentée particulièrement par les livres audio.  Jusqu’à ce que je lise ces quatre petits mots magiques.  Oui, ceux quis ont dans l’hexagone rouge. 

 

1.  READ

2.  BY

3.  DAVID

4. TENNANT

 

Du coup, j’étais perdue.   Il me les fallait.     De plus, ces aventures ne sont pas disponibles en version papier.  Ce n’était donc pas vraiment tricher, non?  J’ai donc décidé d’occuper la demi-heure de voiture que je dois faire matin et soir pour aller travailler à écouter David me lire une aventure du Docteur.  Ya pire.  Surtout que bon, lire en conduisant, ce n’est pas nécessairement l’idéal.  Écouter, ça va.  Même si j’ai tendance à involontairement ralentir pour arriver moins vite et écouter le truc plus longtemps. 

 

Alors avant de parler de l’histoire proprement dite – que j’ai bien aimée hein – allons-y sur THE élément qui a retenu mon attention.  David Tennant is a god.  Oui, je sais, je n’ai aucune objectivité.  Vous devrez donc prendre ce billet pour ce qu’il est.  Celui d’une fille qui revient à 14 ans – et quart –  à chaque fois qu’il est question du dit David.  Ne nous le cachons pas, c’est ce que j’ai préféré dans l’expérience.  David Tennant est facile à comprendre, est un lecteur expressif, qui a su maintenir mon intérêt tout au long des 2h30 que dure l’audiobook.  J’adore sa façon de faire les voix de telle façon qu’il n’aurait pratiquement jamais besoin de préciser qui parle.  Et quand il fait le Docteur.  Oh. My.  Disons que je souriais stupidement – et amoureusement – dans ma voiture.  J’ai limite battu des mains (au feu rouge, of course).  J’ai eu l’impression d’avoir un épisode inédit du Docteur juste pour moi et avec sa voix, il est facile de l’imaginer bouger devant l’écran et nous gratifier de ces expressions dont il a le secret.  À l’entendre lire et jouer le Docteur, on réalise à quel point il est bon acteur et à quel point c’était un rôle, tout ça… mais bon, je deviens redondante, répétitive et limite groupie.  Je passe donc à l’histoire. 

 

Celle-ci est intéressante, prenante, sans être toutefois extraordinaire.  C’est très cinématographique, on imagine les personnages et même les gags sont assez visuels.  Et bizarrement, ça passe.  Le Docteur apparaît donc dans un vaisseau spatial – oups, pardon, un Véhicule de transposition interstellaire hi-tech – où ça ne va pas super bien.  Pas du tout bien, en fait.  Les gens ont disparu et il apparaît à tout bout de champ de drôles de sphères, qui se transforment en drôles de bestioles pleines de dents…  Et le Docteur n’a aucune idée de ce que c’est.  C’est donc un joyeux mélange de course à travers le vaisseau pour fuir les bestioles, de technologie trop rapidement découverte, de passagers paniqués – ou pas – et de « very clever » moves de la part du Docteur qui utilise à son meilleur son sonic screwdriver.  Le « follow-me », genre de petite bestiole automatique qui suit Sugar, me plaît tout particulièrement et la blague de le voir réapparaître continellement aurait été géniale à l’écran.  Limite que j’en veux un comme ça.  Sugar MacCauley, quant à elle, sert surtout de faire valoir au Docteur, même si elle a ses bons moments qui sont assez drôles.  Ce n’est pas comme si elle avait l’habitude de ces aventures.

 

Bref, une expérience réussie pour moi.  Le seul truc qui m’a un peu énervée est les « said… » à chaque réplique.  Bon, ok, ils n’ont pas le choix (quoique avec un tel lecteur…) mais à la longue, ça devient un peu agaçant.  N’empêche que demain, j’embarque dans la voiture avec Dead Air, un autre audiobook.  Toujours « read by David Tennant ».  Oui, je sais, j’ai de la suite dans les idées! 

 

Challenge Who (1)

Prep (Campus) – Curtis Sittenfeld

Prep---Sittenfeld.jpgPrésentation de l’éditeur

« Lee Fiora, une jeune fille de 14 ans intelligente, laisse sa famille derrière elle en Indiana pour fréquenter la prestigieuse Ault School dans le Massachussets.  Pendant les quatre prochaines années, son expérience à Aults – relations complexes avec les professeurs, amitiés intenses avec d’autres filles, une obsession constante par rapport à un camarade de classe qui est moins qu’un petit ami mais plus qu’un simple crush – révèle un portrait singulier des hauts et des bas universels de l’adolescence. »

 

Commentaire

J’avais lu toutes sortes de commentaires au sujet de ce roman.  Des gens qui avaient adoré, d’autres qui ont vraiment mais alors là vraiment détesté.  Et parmi ceux avec qui j’ai souvent des goûts communs, il y en avait des deux côtés.  J’ai eu – of course – envie de me faire ma propre opinion et pour finir, vu que j’ai beaucoup aimé, je crois que j’ai bien fait. 

 

Ce qu’il faut savoir, en tout premier lieu.  Il n’y a pas de « grosse » histoire dans ce roman.  Il ne faut pas s’attendre à des péripéties extraordinaires ou à une aventure qui va changer la vie de Lee.  Elle nous relate simplement, plusieurs années après les faits, ses années dans une « boarding school » (comment vous diriez, en français… pour ma part, je dirais « au pensionnat » mais ça a quand même pour moi une drôle de connotation…) remplie de jeunes provenant de milieux aisés.   Le rythme est lent, on a droit à des scènes quotidiennes qui rendent très bien l’atmosphère un peu étouffante de cette école, où tout le monde se connaît, où tout le monde vit les uns sur les autres. 

 

Deuxièmement, Lee, l’héroïne, n’est pas nécessairement attachante.  Elle représente une minorité d’adolescents qui vivent une angoisse – très – profonde à ce moment de leur vie et, sans doute pour se protéger dans ce monde qui lui est inconnu, elle devient pratiquement transparente, se laisse marcher sur les pieds et traiter n’importe comment.  Pas que les gens soient particulièrement méchants avec elle, mais elle ne leur permet pas de s’approcher, joue l’indifférente.  De plus, si elle évolue un peu au cours du roman, disons que ça ne se fait pas nécessairement rapidement et qu’elle n’apprend pas nécessairement de ses erreurs.  Ce n’est qu’à la toute fin que j’ai pu un peu m’y attacher, sans toutefois m’y identifier. 

 

Vous lisez ça et vous vous demandez pourquoi j’ai aimé, j’imagine.  D’abord, malgré tout ça, je ne me suis pas ennuyée une seule minute, ce qui est déjà bon signe, dans un roman où il n’y a pas de péripétie abracadabrante.  Ensuite, j’ai beaucoup aimé l’écriture.  L’auteure a réussi à créer une atmosphère de vase clos qui n’est pas réellement étouffante car on réalise que prise autrement, elle aurait pu être agréable.   J’ai aimé comment les actions du quotidien, les petits drames, les tergiversations, les préoccupations pour des futilités  soient au centre du roman parce que bon, quand on est ado (et même adultes hein), on est horriblement égocentré et on s’imagine toujours que tous les yeux sont braqués sur nous.  Ou pas.  J’ai eu l’impression d’y aller, à cette école.  À la fin du roman, on a presque l’impression de connaître un peu tout le monde tant ils font partie du paysage.  Mais tous ces gens font surtout partie du tout qu’est « Ault », qui est à lui seul un personnage important du roman.

 

Tout au long de ma lecture, j’ai eu envie de secouer Lee, qui est, en fait, l’architecte de tous ses problèmes.  Elle n’a aucune confiance en elle et demande carrément aux gens de lui marcher dessus.  On a le goût de hurler quand on la voit se torturer pour un garçon qui semble complètement vide et vain.  Et encore davantage quand elle dicte elle-même les conditions qui la feront tant souffrir par la suite.  Pour se protéger, of couse.  Pour lui donner la permission de la traiter comme rien du tout.  On a également envie de lui crier de ne pas uniquement se fier aux apparences, de laisser une chance aux gens, de s’impliquer, que diable.  Car si elle reste extérieure, elle l’a quand même un peu cherché.   Alors bon, je ne m’y suis pas attachée, mais elle est venue me chercher, la demoiselle.  La relation avec les parents est intéressante également  et certaines scènes m’ont donné le goût de hurler… et m’ont rappelé ma propre adolescence.  Autant j’étais une bonne fille un peu partout, avec mes parents, j’étais une peste.  Et si j’avais eu un père comme celui de Lee, qui veut bien faire mais qui se laisse envahir par ses propres sentiments, tout en se fichant un peu de ce que les autres pensent, j’aurais fait un drame.  Pourtant, il n’est pas méchant hein.  Mais je pense que plus que tous les filles/fils à papa parfois désagréables, c’est ce personnage qui m’a le plus interpellée. Viscéralement.  Pour des pécadilles.

 

La vision de l’élitisme, du racisme et même du sexisme qui est véhiculée dans le roman n’est pas nécessairement claire.  On sent qu’il y a une critique de société là-dessous mais étant donné le point de vue qui est celui d’une adolescence, elle ne réalise pas à quel point ces choses sont présentes, et de quelles façons insidieuses.  Du coup, on ne nous assome pas à coups de sermons à ce sujet.  Les indices sont là, bien sûr.  Très là, même.  Souvent répétés. Il suffit au lecteur de les attraper.  Et ça, ça me plaît quand on ne pense pas qu’il faille tout m’expliquer au fur et à mesure. 

 

Bien entendu, au début du roman, je me suis questionnée.  Ce roman est raconté plusieurs années après et au départ, je sentais très peu le regard critique de la Lee adulte sur ses comportement adolescents. Il n’apparaît que plus tard dans le roman et même si Lee revient sur ces années, sur ce qu’elle était, sur ce qu’elle a fait de ses années de boarding school, même si après une telle intensité sa vie lui semble parfois un peu fade, il n’y a pas d’idéalisation et de nostalgie dans le roman.   Lee était malheureuse, étrangère.  Et on le ressent. Elle est fidèle à elle-même et le portrait est quand même crédible. 

 

Bref, une lecture qui m’a beaucoup plu, mais que je ne conseillerais pas à tout le monde.  Je ne crois pas non plus que ce soit pour les très jeunes ados, qui risquent de trouver ça un peu long.  Le prince charmant n’est en effet ici pas si charmant – quoi que finalement, elle ne lui a pas non plus laissé sa chance hein… il m’a un peu surpise à la fin – et les scènes de sexe ne sont pas nécessairement très valorisantes pour Lee.  Mais en tant que lectrice adulte, j’ai aimé.  Et j’ai su faire la part des choses!