J’avoue avoir lu ce roman après être tombée en amour avec la couverture en anglais. Bon, je l’ai lu en français car écrit en français mais l’oiseau, en anglais, il est trop beau! Ouais, en anglais, il est rose et j’aime le rose. Mais saga familiale iranienne… comment dire non à ça?
De quoi ça parle
Le roman commence dans une salle d’attente d’hôpital. Kimiâ attend et voit passer les gens qui attendent, comme elle, pour une FIV. Elle est née en Iran et est arrivée en France enfant. Sa part d’Iran, elle l’a enfouie au fond d’elle-même. Sauf que petit à petit, pour bien comprendre ce qui a pu la mener dans cette salle de tous les espoirs, elle va se souvenir de ces histoires que racontait Oncle numéro 2 et remonter le temps. S’en suivra une saga familiale fantasque qui nous fera rencontrer ces ancêtres aux yeux bleus qui recelaient tant de promesses.
Mon avis
J’ai adoré ce roman. Il y a un côté romanesque extraordinaire, un peu mille et une nuits, sans magie mais avec un côté fantasque, presque fantasmagorique. Ces personnages sont tellement plus grands que nature! À travers ces flashbacks, qui sentent l’oralité, nous pouvons avoir un portrait assez juste de l’Iran et de comprendre dans les grandes lignes les dernières révolutions et l’évolution de la pensée au cours des années. C’est hyper accessible et prenant, les parents de Kimiâ étant des activistes ayant combattu le Shah et s’étant trouvés fort déçus par ce qui s’est passé par la suite… Pas juste déçus, en fait. Pourchassés. Poursuivis. Menacés de mort. De là la fuite en France et la désorientalisation de notre personnage principal.
C’est certes un roman sur l’exil mais pas que. Roman sur la culture, sur le fait de savoir qu’on ne peut revenir en arrière, de grandir sans les saveurs, couleurs et les histoires qui ont défini ses ancêtres. Les voyages dans le passés nous amènent jusqu’au harem de l’arrière grand-père Montazemolmolk, en passant par la mort de Nour, l’arrière-grand-mère, morte exactement au moment de la naissance de Kimiâ, ce qui a peut-être changé son destin.
Nous comprenons rapidement qu’il y a un ÉVÉNEMENT qui a changé le cours des choses. Le roman n’est pas linéaire, il demande de l’attention car les histoires nous sont dévoilées par bribes et nous nous baladons joyeusement dans le temps pour connaître les ancêtres et les parents de Kimiâ, avec qui elle entretient des relations parfois conflictuelles mais surtout teintées de non-dits et d’incompréhension. Réflexions aussi sur le traitement des personnes homosexuelles en Iran (spoiler alert : ce n’est pas cool) et sur les impacts que les sanctions ont sur la vie des gens.
Une héroïne à laquelle je me suis attachée, avec qui j’ai voyagé entre les montages de l’Iran, la Belgique et Berlin et par les yeux de laquelle j’ai aussi été fascinée par une rockeuses flamboyante aux cheveux blonds.
Bref, j’ai tout aimé. C’était hyper bien écrit, très cinématographique, la construction est superbe. J’ai adoré. Dans mes meilleurs lectures de l’année.