Charlotte before Christ – Alexandre Soublière

Charlotte-before-Christ.jpgPrésentation de l’éditeur

« Sacha et Charlotte sont amoureux.  Amoureux fous.  Il perd son temps à l’université.  Elle étudie la danse.  Lui est fils de riches et souffre de la maladie de Still, sorte d’arthrite qui l’empêche parfois de bouger tant ;a douleur est grande.  Elle a des cicatrices sur le coeur; jamais connu son père, pas un sou, une fille brisée.

 

Dans leurs temps libres, ils squattent des maisons, font du vandalisme, écoutent beaucoup de musique, écrivent sur Facebook.  Ils ne passent jamais plus de douze heures sans se texter Je t’aime.

 

Commentaire

Ouvrir Charlotte before Christ, c’est entrer de front dans le monde de certains de ces jeunes d’aujourd’hui qui ne vivent qu’au présent et qui sont prêts à tout pour ressentir, pour se sentir présents, vivants.  Ces jeunes qui ne se reconnaissent pas vraiment dans la culture québécoise, qui sont complètement désoeuvrés, qui ont du temps à perdre.  Beaucoup de temps.  

 

Quand j’ai commencé le roman, j’ai eu un peu peur.   C’est un vrai franglais (à côté de ça, je fais pâle figure, croyez-moi), un langage cru, violent, souvent vulgaire.  Ça frappe.  Puis on s’habitue.  C’est somme toute assez courant, oralement, dans le Montréal qu’on nous dépeint dans le roman.  On s’habitue.  Et finalement, on réalise que cette histoire n’aurait pas pu être écrite autrement. 

 

Sacha, le personnage principal, il faut creuser un peu pour voir sous la surface de gosse de riche qui l’a eue facile et qui ne respecte rien.  Il faut dire que le vandalisme, je ne parviens pas à comprendre.  Et que ça commence comme ça.  Puis, on découvre que sous tout ça, c’est un garçon intelligent mais complètement perdu.  Son histoire d’amour, il la veut tragique, magnifique, exaltée.  Tout ça pour contrer l’ennui qu’il ressent partout, même dans ses trash partys.  Je ressors en fait de ce roman très urbain, très actuel avec un profond sentiment de vide.  Un peu comme quand j’avais lu Bret Eston Ellis. 

 

Les personnages sont profondément malheureux, profondément vides, ils vivent de culture pop et de textos, de drogues, de baises rapides, de porn et de random people sur facebook.  Et je ne suis même pas certaine qu’il y a une quelconque quête de sens derrière tout ça.  On ressent leur souffrance mais on ne les connaît pas vraiment, cachés comme ils sont derrière leurs apparences, leur violence, leur musique et leur désacralisation de tout.  Pas dans le sens religieux du terme. 

 

Un roman rempli de musique des années 90 et 2000.  Rempli de marques mais aussi de classiques qui arrivent là, comme ça, et qu’on est surpris de rencontrer dans cet univers résolument d’aujourd’hui.  Des enfants-rois, des enfants qui font presque peur.  Antipathiques, superficiels.  Une réalité qui m’a semblé étrange, dans un Montréal très urbain, très différent du Montréal que j’ai connu.  Un roman qui atteint son objectif.  Un peu trash, plein de violence gratuite.  Mais j’ai aimé le roman, même si j’ai eu du mal à ressentir autre chose que de la pitié pour les personnages. 

Griffintown – Marie-Hélène Poitras

griffintownPrésentation de l’éditeur

« Le jour se lève sur Griffintown après le temps de survivance, les mois de neige et de dormance.

 

Hommes et chevaux reprennent le chemin de l’écurie. L’hiver a eu raison de quelques-uns. Certains, comme John, reprennent le collier comme on renoue avec une mauvaise habitude. Pour d’autres, qui traînent plusieurs vies derrière eux, il s’agit souvent du cabaret de la dernière chance. Marie, la Rose au cou cassé, cherche quant à elle un boulot qui la rapprochera des chevaux. Elle ignore ce que lui réserve l’été, le dernier de Griffintown. Car tandis qu’une procession de désespérés défile vers le Far Ouest à la recherche d’une maigre pitance, la Mouche ourdit sa vengeance.

 

Histoire de meurtre, d’amour et d’envie dans un décor où tous les coups sont permis, Griffintown expose au grand jour l’intimité des cochers du Vieux-Montréal, ces cow-boys dans la ville. Un détournement habile, porté par une langue sensible et rude, du western spaghetti sauce urbaine. »

 

Commentaire

Quelle agréable surprise que ce roman.  Je l’ai choisi en raison de la couverture alors que je cherchais totalement autre chose, en librairie.  En fait, c’était peu après mon retour de France et je venais d’avoir une mini-crise cardiaque en comparant le prix des livres de poche que je voulais acheter.  Tout bien considéré, j’ai décidé que je méritais bien de m’offrir un nouveau livre québécois réussirait peut-être à me consoler.  Après tout, ce n’était que 4$ de plus que le poche (de 300 quelques pages) que je voulais acheter au départ. 

 

Mais revenons à nos moutons – ou plutôt nos chevaux, dans ce cas précis – et à Griffintown.  Marie-Hélène Poitras nous emmène dans une bulle qui nous semble hors du temps mais pourtant ancrée dans le Montréal contemporain qui la regarde de loin.  Griffintown, c’est un quartier – que dis-je, un royaume – dominé par le château de tôle: l’écurie et le quartier général des cochers du Vieux-Montréal.  Et c’est dans ce monde très particulier que va se dérouler l’histoire.  Un monde dans lequel j’ai été immédiatement happée et qui s’est rapidement matérialisé autour de moi.   Sans être cinématographique, l’écriture de l’auteur réussit à tisser autour de nous cette atmosphère et j’ai tout de suite eu les images de ce quartier qui défilaient dans mon cerveau.  Je le verrais d’ailleurs assez bien à l’écran, en fait. j’ai même imaginé une musique de fond à la Enni Morricone.  Oui, je sais, rien de moins.

 

C’est donc un western mais pas un western avec des gros méchants (quoique…) et des très gentils et héroïques cowboys.  On est dans un monde un peu à l’écart, dont tout le monde se fout, en fait.   Les personnages m’ont beaucoup touchée.  Ils sont écorchés, totalement improbables, ils reviennent là en ayant passé l’hiver on ne sait où.  Certains jurent à chaque année que c’est leur dernière saison.  Certains traînent un lourd passé derrière eux.  Des hommes et des femmes durs et ici, c’est la loi de la jungle.  Ou du Far Ouest.

 

Et dans ce monde débarque Marie.  Marie aime les chevaux, elle a longtemps monté et là, en ville, elle en a besoin.  Et elle découvrira ce monde où tout se paie, où personne ne fait de cadeaux.  Et ces gens-là.  Et ces chevaux-là, qui n’ont pas la vie facile.   Oui, il y a bien un meurtre.  Oui, Billy, le palefrenier pour qui cette entreprise est toute sa vie va tenter à sa manière de résoudre l’affaire.  Oui, il y a des méchants.  Mais ce que j’en ai retenu, c’est surtout un drame et un portrait d’une partie de la société que je n’aurais imaginée comme ça.  Un peu d’un autre temps, avec ses propres lois, ses propres règles. 

 

Vous l’aurez deviné, j’ai beaucoup aimé cette histoire et je suis tombée sous le charme de la plume de l’auteur.  À tel point que je vais tenter de mettre la main sur son recueil de nouvelles qui se déroule dans le même monde.  Je sais, moi, des nouvelles.  C’est tout dire!

 

Mon Québec en septembre

Whisky et Paraboles – Roxanne Bouchard

Whisky-et-paraboles.jpgPrésentation de l’éditeur

« Une jeune femme quitte tout pour aller s’installer au fond des bois.  Elle veut refaire sa vie, recommencer à zéro.  Mais les voisins sont là…  Entre un gros gras grand musicien irresponsable qui accumule les lettres d’amour sans les ouvrir, un Amérindien qui lit Gaston Miron et un violoniste relayeur de folklore, elle a du mal à se franchir et le bar se transforme en refuge.  Jusqu’à ce qu’arrive Agnès, une enfant battue de huit ans, qui s’attache à elle et s’acharne à entrer dans son histoire. 

 

Whisky et paraboles est le journal d’Elie, une jeune trentenaire, qui tente de se pardonner tout ce qu’elle ne peut pas être.  En triturant les mots, en bousculant les phrases, elle chercher à exorciser les vieux démons de l’immobilisme, du prêt-à-penser et de la parole toute faite. »

 

Commentaire

Non mais comment je vais faire pour vous parler de ce roman?  Mes mots à moi ne suffiront sans doute pas à vous expliquer ses mots à elle.  Quelle plume, ma foi.  Quelle plume!

 

C’est le journal d’Elie qui nous est livré. Elie qui attend le propriétaire d’une mandoline.  Elie qui veut tourner une page pour en écrire une nouvelle.  Elie qui est prisonnière de son silence.   Elie qui se raconte à nous tant qu’elle peut mais qui ne réussit pas à terminer ses phrases.   

 

Quand elle emménage au bout du bout du monde, elle s’attendait à tout sauf à ça.  À ces gens qui sont à eux seuls une petite légende, une petite parabole.  Ces gens blessés qui se croiseront et qui s’adopteront.  Que ce soit Richard le musicien qui ne veut pas ouvrir les lettres de ses admiratrices pour ne pas s’engager, ou Manu, l’amérindien parti de sa réserve et qui se sent déraciné, chez lui nulle part.   Mais il y aura surtout Agnès, une petite fille de 8 ans qui l’adopte et qui lui fait la cour.  À tout sauf à ça. Surtout pas à ça.

 

C’est donc l’histoire d’une femme qui apprendra à se pardonner, à aimer encore.  Qui finira par la tourner, cette page.  À trouver ses mots.  À croire en quelque chose, même sans trop savoir en quoi.  

 

C’est une écriture pleine de métaphores à la fois belles et poignantes.  Une écriture pleine de Québec et de mots de gens d’ici, dispersés comme ça, pour qui saura les reconnaître.  Les mots nous emportent, nous font dériver et nous entraînent avec eux, souvent loin de l’histoire, mais pas tant que ça, en fait.  On découvre petit à petit qui est Elie.  Car elle est bien cachée dans les mots, cette Elie. 

 

Une plume particulière, belle et poétique.  Une relation ma foi très attendrissante entre Elie et Agnès, son
Amorosa, celle qui veut être la fille qu’on aime.  Chaque personnage a sa façon de s’exprimer, bien différentes les unes des autres, même si on sent que derrière tout ça, il y a la plume de l’auteur.   Des paraboles, des légendes, des familles, un passé et un avenir. C’est tout ça que l’on trouve dans ce roman. 

 

Je ne suis pas certaine de les avoir toutes bien saisies, ces paraboles.  Le conteur, surtout… je crois que je n’en saisis qu’une partie.  Celle qui a rapport aux mots.   Mais bon, les paraboles, c’est pour nous faire réfléchir, n’est-ce pas. 

 

Une très belle lecture.  Et des mots magnifiques. 

 

Québec en septembre 2

Il pleuvait des oiseaux – Jocelyne Saucier

Il-pleuvait-des-oiseaux.jpgPrésentation de l’éditeur (moins une phrase ou deux)

« Vers quelle forêt secrète se dirige la photographe partie à la recherche d’un certain Boychuck, témoin et brûlé des Grands Feux qui ont ravagé le nord de l’Ontario au début du XXe siècle? On ne le saura pas. Boychuck, Tom et Charlie, dorénavant vieux, ont choisi de se retirer du monde. Ils vivent relativement heureux et ont même préparé leur mort.

 

Tom et Charlie ignorent que la venue de la photographe boulversera leur vie. Les deux survivants feront la rencontre d’un personnage aérien, Marie-Desneige. Elle a 82 ans, tous ses esprits, même si elle est internée depuis soixante-six ans. Elle arrivera sur les lieux comme une brise espérée alors que la photographe découvrira que Boychuck était un peintre et que son œuvre était tout entière marquée par le Grand Feu de Matheson.

 

C’est dans ce décor que s’élabore Il pleuvait des oiseaux. Nous voici en plein cœur d’un drame historique, mais aussi pris par l’histoire d’hommes qui ont choisi la forêt. Trois êtres épris de liberté et qui ont fait un pacte avec la mort. Un superbe récit à la mesure du grand talent de Jocelyne Saucier. »

 

Commentaire

J’aime énormément les choix éditoriaux de la maison d’édition XYZ.  On n’a qu’à penser à « La petite et le vieux » de Marie-Renée Lavoie ou encore « Mercredi soir au bout du monde » d’Hélène Rioux.   Du coup, quand j’ai vu des billets positifs sur ce roman (qui a, je le souligne, un titre tout simplement magnifique), je n’ai pas hésité.  Ce « Québec en septembre » me donne d’ailleurs d’excellentes excuses pour acheter des romans! 

 

Et ce fut un achat très judicieux parce que j’ai beaucoup aimé ce roman.  Je ne lis jamais les 4e de couverture et je ne savais pas du tout à quoi m’attendre.  Pourtant, j’ai tout de suite été transportée dans cette forêt, auprès de ces vieillards qui ont choisi de vivre.  Vivre parce qu’ils étaient libres de mourir.  Leur réclusion va bien entendu être bouleversée par l’arrivée d’une photographe qui prépare quelque chose (elle ne sait d’ailleurs pas trop quoi) sur les survivants des Grands Feux qui ont ravagé le nord de l’Ontario dans les années 1910.   Et par Marie-Desneige, qui voit des choses que les autres ne voient pas. 

 

Comment dire… j’ai trouvé que tout sonnait juste dans ce roman.  Les voix des différents personnages, leurs choix improbables et surtout leur évolution.   Ils m’ont beaucoup touchée, ces « petits vieux » (comme elle elle les appelle avec tendresse) délinquants épris de liberté et ayant décidé de vivre comme ils l’entendaient.   La plume de l’auteur est parfois poétique, parfois terre à terre, mais toujours adaptée à son propos.  Et c’est à travers ces personnages que nous allons plonger dans le passé, dans l’époque de ces grands feux qui ont laissé Boychuck écorché vif.  Parce qu’il a déjà été jeune.  Et que c’est une légende. 

 

En très peu de pages, l’auteur réussit à nous faire nous attacher à ces personnages, à nous faire vivre ces événements tragiques et à nous faire assister à l’arrivée de Marie-Desneige, personnage fragile qui va tout changer.   Certaines choses restent délicieusement en suspens, implicites et d’autant plus précieuses.   Un roman qui prend des allures de conte.  Un conte auquel on a le goût de croire. 

 

Une réussite!

 

Mon Québec en septembre

Les chambres de bois – Anne Hébert

chambres-de-bois.jpgPrésentation de l’éditeur (bon, ça raconte pas mal toute l’histoire hein… vous êtes avertis)

« Dans une cité industrielle, au bord de l’immense campagne canadienne, Catherine rencontre Michel.  Il est le fils d’un « seigneur hautain ».  Elle est issue du prolétariat de la ville.  En devenant l’épouse du jeune homme, en observant le couple sauvage qu’il forme avec sa soeur Lia, c’est un monde secret qu’elle découvre.  À l’intérieur des « chambres de bois » vouées au culte du passé, la jeune femme étouffe.  Mais la liberté reste à portée de mains.  Elle s’incarne dans la résistance d’un servante, Aline, la silhouette d’un nouveau venu, le pays de lumière où Catherine partira enfin. »

 

Commentaire

J’avais lu ce roman d’Anne Hébert au secondaire. Et après avoir relu  (et adoré) Kamouraska (billet à paraître plus tard. Il ne faut pas chercher à comprendre l’ordre de mes publications, ces temps-ci.  Bon, en fait, c’est super simple mais ça n’intéresse personne alors oui, promis, je cesse de radoter et je vous parle du roman.  Oh m… elle est interminable, cette parenthèse), j’avais très très envie de relire autre chose de l’auteur.  Bien entendu, quand je l’ai vu tout seul chez un bouquiniste, je n’ai pas eu le choix de le prendre, non. 

 

Ok.  Je n’avais pas dit que je parlais du roman?  J’y viens, j’y viens.

 

C’est le premier roman d’Anne Hébert, publié il y a un moment déjà.  Si nous n’y rencontrons déjà la plume qui me plaît tant la construction est ici plus linéaire.  Mais déjà, on voit apparaître certains des thèmes qui reviendront dans ses futurs écrits.  Elle crée ici avec sa plume si particulière des atmosphères un peu oniriques, brumeuses, mais qui nous permettent d’entrer dans les diverses époques de la vie de Catherine, fille d’ouvriers qui, à peine sortie de l’adolescence, se marie avec Michel, fils de la grande maison.   Alors que le début est tout plein d’enfance, de jeux, de soeurs rieuses, on passe par la suite à une atmosphère lourde, renfermée, où règne l’ombre malsaine de Michel et de son culte du passé.  Les mots de l’auteur, tout en restant simples, réussissent à nous faire ressentir à l’aide d’images fortes le sentiment d’emprisonnement deCatherine, à nous faire étouffer nous aussi. 

 

J’ai toujours eu un faible pour les personnages tourmentés d’Anne Hébert.  Michel et sa soeur Lia m’ont autant intéressée que l’héroïne, qui semble souvent étrangère à sa propre vie et qui résiste à être la Catherine que Michel tente de façonner.  Une Catherine éthérée, blanche, invisible.  Mais une jeune fille qui évoluera, qui choisira de tourner le dos à l’enfance et à ses rêves de petite fille.

 

C’est une histoire courte, avec de brefs chapitres, mais j’ai été transportée dans ces univers dont nous voyons des parcelles.  Je ne suis pas aussi enthousiaste que pour Kamouraska ou Les fous de Bassan mais j’ai quand même beaucoup aimé!  Une auteure à lire et à relire. 

 

Quebec-en-septembre-3.jpg

La marche en forêt – Catherine Leroux

La-marche-en-foret.jpgPrésentation de l’éditeur

« C’est l’histoire d’une famille racontée à travers ses membres, ses lieux, ses satellites.  Un chef de clan amoureux de sa reine, qui vit sans le savoir un compte à rebours.  Une demi-soeur qui ne veut plus parler à qui que ce soit pour le reste de ses jours.  Un fils violet et sans remords réfugié derrière un écran.  Une tante qui cherche à se guérir à coups de séances de spiritisme.  Une mère qui préfère la chasse aux berceuses.  Une petite-cousine qui lance des pierres.

 

Dans le tic-tac d’une horloge ancestrale ou au son d’un tambour de guerre, les secrets éclatent, les lient se créent ou se rompent au gré des secousses, les vies commencent ou se terminent dans le même champ gravitationnel qui a pour centre la maison familiale. 

 

Premier roman au grand pouvoir d’évocation, La marche en forêt est une fresque foisonnante dont l’harmonie se précise petit à petit, où les destins individuels constituent les pièces vivantes de l’immense casse-tête qu’est la famille. »

 

Commentaire

J’ai acheté ce livre presque lors de sa sortie, l’an dernier.  Je n’en avais jamais entendu parler mais j’ai été fascinée par la couverture, avec ces lampes allumées dans un sentier difficile, en pleine forêt.  Et j’ai bien fait de me laisser tenter parce que j’ai beaucoup aimé ce roman étrange qui m’a envoûtée.

 

C’est donc une saga familiale, mais pas une saga ordinaire, avec une histoire bien linéaire, un début et une fin.  C’est plutôt un récit hors du temps qui nous est offert, où histoires, époques et destinées s’emmêlent avec un ordre certes logique mais pas du tout chronologique.  On nous peint ce portrait par petites touches, avec des scènes signifiantes quoique parfois banales, comme un tableau dont on ne peut voir l’ensemble qu’avec du recul.  Je me suis attachée à cette famille dans son ensemble, à certains de ses membres plus qu’à d’autres mais l’auteur a réussi à me les rendre tous très vivants en très peu de pages, malgré leur nombre.  Et ça, c’est selon moi remarquable. 

 

Je pourrais reprocher une surabondance de secrets et de petits drames pour une même famille mais j’ai aimé découvrir petit à petit les liens entre les personnages, leurs petits secrets, leurs ambitions.  Les liens apparaissent graduellement, on se promène dans les courts chapitres d’un côté à l’autre de l’arbre généalogique des Brûlé, on ne précise jamais à quel moment ce passe ce fragment précis, mais je ne me suis jamais sentie perdue.  Et ce qui m’a surtout plu, c’est que Catherine Leroux fait confiance à son lecteur.  Elle ne se sent pas obligée d’expliciter, de préciser les sentiments, les liens, les raisons de chaque acte.  Elle nous laisse nous faire notre propre opinion, nous force à y réfléchir et ça, j’aime toujours.  J’aime quand on ne me dicte pas quoi penser. 

 

J’ai aimé l’histoire d’Emma, qui épouse un homme plus vieux qui perd graduellement ses souvenirs.  J’ai aimé Pascal, un peu à l’écart de tout ça, j’ai aimé Françoise et tous ses efforts pour aimer quand même… et plusieurs autres.  J’ai aussi aimé que tout ne soit pas parfait, que tout ne soit pas un « ils vécurent heureux ».  J’ai adoré la plume de l’auteur où se mêlent poésie subtile, images fortes et simplicité du quotidien.  À chaque fois que je lis du québécois, je ne peux m’empêcher de m’y sentir chez moi, dans cette langue qui est la mienne.  Bref, plein de choses m’ont plu! 

 

Bref, une lecture qui m’a beaucoup plu, un premier roman en plus.  Je surveillerai certainement les prochaines publications de l’auteur.  Et je vous laisse sur  une image d’Amélie, personnage qui m’a beaucoup touchée, qui rêve que chacun des membres de sa famille est relié par un rayon de lumière.  Bizarrement, pour moi, qui suis très attachée à ma famille, ça m’a réconfortée… étrange, n’est-ce pas!

 

Mon Québec en septembre

Nelligan – 1879-1941 – Biographie – Paul Wyczynski

Bio-Nelligan.jpgPrésentation de l’éditeur

« Météore éclatant à la charnière du siècle, objet subsistant de l’admiration universelle ou du refus d’une poignée adverse, l’auteur de La romance du vin a pris figure du plus vivant et du plus actuel des poètes, qu’il emporte de connaître dans sa vérité foncière.  Au-delà des légendes et des thèses réductrices, le présent ouvrage veut scruter dans les paramètres concrets et sûrs (historiques, sociaux, cliniques et scriptuaires) le vécu d’Émile, fils de David Nelligan et d’Émilie Hudon, professsion: poète, qui, pour avoir souffert passion (aliéné à 19 ans et reclus pendant plus de 42 années), s’agrandit à la mesure du mythe national. »

 

Commentaire

Au retour du spectacle « Nelligan« , dont je vous ai parlé il y a quelques mois (nous sommes début où au moment où j’écris ces lignes… j’ai définitivement trop de billets d’avance), j’ai eu envie de relire cette grosse biographie que j’avais déjà lue à l’âge vénérable de 14 ans.  Je dois le préciser tout de suite, elle est un peu différente de celle présentée sur la photo.  La mienne est en grand format et a presque 300 pages de plus.  Elle contient la bio proprement dite, des témoignages, une choronologie et une bibliographie très complète.  Je n’ai pas vu le livre de la Bibliothèque Québécoise alors je peux difficilement comparer…

 

Avant de parler du texte proprement dit, je préciserai que l’auteur est un chercheur universitaire, qui a beaucoup publié sur Nelligan.  Si le document est accessible, je ne sais toutefois pas s’il s’adresse à monsieur et madame tout le monde.  En effet, on parle abondamment de Nelligan et de son oeuvre, de son contexte social et personnel, de ses influences.  Il ne s’agit en aucun cas d’un récit sensationnaliste.  Si vous voulez seulement connaître en gros la vie du poète, vous risquez de trouver cette biographie fastidieuse.  Par contre, quand on connaît l’oeuvre et en gros, l’histoire, c’est passionnant de se plonger dans ce document que j’ai relu en deux jours.

 

Pour ceux qui ne la connaissent pas, la petite histoire, je vais résumer en quelques phrases.  Nelligan était poète et, de 1896 à 1899, a écrit toute son oeuvre.  En effet, il a été interné à l’âge de 19 ans et a passé le reste de sa vie en asile psychiatrique.  Il y a eu moultes théories à ce sujet, de nombreuses spéculations à savoir si oui ou non il était fou.  De plus il a été élevé par un père irlandais anglophone et une mère francophone d’âme artiste.  Dans ce document, l’auteur se base sur des faits et des témoignages.  Il prend clairement position.  S’il était né aujourd’hui, qui sait ce que la médecine aurait pu faire pour lui… ça reste et restera un mystère.  N’empêche que même en enlevant plusieurs éléments spectaculaires, l’histoire d’Émile Nelligan demeure une tragédie.

 

Le biographe nous dresse donc un portrait de ses parents et grands-parents, toujours en lien étroit avec l’époque.  On passe ensuite à l’enfance et à l’adolescence pour finir à l’asile.  Puis, un autre chapitre nous parle de la perpétuation de son oeuvre ainsi que du mythe.  C’est savant, tout est documenté et référencé, on nous explique l’historique des lieux et on nous entraîne surtout dans ce microcosme littéraire montréalais de la fin du 19e siècle.  On y rencontre les grands noms de l’époque et on visite leurs lieux mythiques.  Bref, j’ai beaucoup aimé cette relecture avec mes yeux de grande fille.  Il faut dire que quand j’étais ado, j’avais presque eu de la peine de voir la légende se ternir un peu et j’y avais découvert avec horreur que certains épisodes sensationnels que je croyais réels n’avaient en fait aucune preuve tangible, voire même aucune possibilité de réalité.   Maintenant, j’ai pu m’intéresser à l’oeuvre (plusieurs citations sont incluses, avec des comparaisons entre celles-ci et leurs influences) ainsi qu’au portrait social de l’époque. J’ai pu aussi m’apercevoir que l’auteur admire le poète mais qu’il garde un regard critique sur ses vers.

 

Une très agréable relecture mais qui, je le répéte, s’adresse surtout aux amateurs de Nelligan.  Et à ceux qui veulent le connaître vraiment en détail.   Genre vraiment vraiment!

 

C’était ma participation au projet Non-Fiction de Flo!

Scènes d’enfants – Normand Chaurette

Scenes-d-enfants.jpgPrésentation de l’éditeur

« Mark Wilbraham, dramaturge réputé, est veuf depuis quelque temps.  Avant de mourir, sa femme n’avait plus toute sa raison et ses crises de démence laissaient entrevoir un secret d’enfance terrible, dans lequel ses parents seraient impliqués.  Tourmenté de soupçons, Mark n’a qu’une idée en tête: récupérer sa fille, dont ses beaux-parents ont obtenu la garde à la suite d’un procès douloureux qui a mis en cause sa vie dissipée d’artiste.  Pour parvenir à ses fins, il va se battre sur son propre terrain, celui du théâtre.  À l’aide de deux comédiennes, aussi talentueuses que capricieuses, il imagine une pièce dont l’unique représentation mettra en lumière un drame soigneusement occulté. »

 

Commentaire

C’est Morgouille qui m’a en premier parlé de ce roman.  Bon, avouons tout, c’est aussi la première fois que j’entendais parler de cet auteur, qui a principalement écrit au théâtre et que j’ai maintenant bien envie de découvrir davantage.  C’est d’ailleurs dans cet univers de création théâtrale qu’il nous entraîne ici, même le support est un roman.  

 

Mark est un auteur de théâtre qui a perdu sa femme et la garde de sa fille.  Dans les délires de sa femme, il a cru entrevoir les bribes d’un lourd secret et c’est à l’aide d’une pièce faite sur mesure qu’il compte les confondre.  Disons-le tout de go, j’ai beaucoup aimé ce roman, qui nous raconte oui l’histoire de Mark et de sa femme, sur fond musical de Schumann (les fameuses scènes d’enfants du titre… j’en ai joué quelques unes quand je savais jouer du piano) qui devient tout sauf léger et joyeux dans le contexte.  Nous sommes en quête du réel, d’un secret, à la fois pour confondre une belle-famille trop belle pour être vraie mais également pour comprendre qui était vraiment Vanessa, la femme de Mark.  Mais il y a aussi une réelle métatextualité dans ce roman car c’est l’histoire d’un auteur qui crée une pièce, de son écriture à la « première ».  C’est l’histoire de la rencontre du texte et de son auteur avec deux interprètes bien différentes – et ma foi un peu capricieuses – avec tout ce que ça implique d’adaptations, de crises de diva et de modifications.   Et derrière tout ça, un questionnement sous-jacent sur les genres littéraires, sur la folie. 

 

J’ai beaucoup aimé les faux-semblants, l’histoire qui nous est dévoilée petit à petit.  Mais c’est surtout la structure narrative qui m’a interpelée, avec ses répétitions qui ajoutent à la crédibilité du processus et ses variations de rythme qui font qu’on oscille parfois à la frontière des deux genres (théâtral et romanesque).  C’est un roman très court qui m’est resté en tête pendant plusieurs jours, qui plaira probablement aux amateurs de théâtre et de tout ce qui est « méta ».  Et j’ai beaucoup aimé.  Vraiment.  Et la bonne nouvelle, c’est que même si c’est québécois, c’est édité chez Babel.  Donc, disponible en France. 

 

À découvrir donc!

 

C’était donc mon premier billet pour le mois québécois, qui compte également pour le challenge « Un mot, des titres », de Calypso!

 

Mon Québec en septembre

Doctor Who – The encyclopedia – Gary Russell

DW-encyclopedia.jpgPrésentation de l’éditeur

River Song demeure un mystère?  Dépassé par les planètes volées dans la Medusa Cascade?  Oublié ce qui est arrivé dans les lignes temporelles qui sont effacées?  Ne cherchez pas plus loin…

 

Commentaire

Cette encyclopédie est selon moi réservée aux fans finis du Docteur.  Genre, moi.  Si les Brilliant books se lisent tout seuls, dans un ordre suivi, cette encyclopédie est classée par ordre alphabétique et s’il est possible de la lire dans l’ordre, j’avoue que c’est quand même un peu fastidieux.  Pourtant, n’allez pas croire que je n’ai pas aimé… au contraire, ce truc est gé-ni-al.  Si vous êtes des cinglés du Docteur.  Genre, encore une fois, moi.  Et quelques autres que je connais. Et que je ne nommerai pas pour préserver les réputations.  S’il y a encore réputation à préserver.

 

Pour ma part, j’ai commencé à lire au départ avec Abaddon (un démon légendaire) et ABBA (un groupe tout aussi légendaire, que Rose a pu voir en 1979) pour rapidement me balader de page en page au fil des références qui sont présentes dans les différentes entrées de l’encyclopédie.  De Madame Kovarian à Abigail Pettigrew, en passant par Sardicktown ou Saint John monastery, tout y est.  Même des personnages et des endroit mentionnés juste comme ça, en passant.  Une réelle mine de connaissances Whoviennes.  J’y ai passé des heures.  En plusieurs sessions.  En revoyant quelques épisodes au hasard des tentations. Est-ce que ça étonne quelqu’un?

 

Cette édition couvre les saisons 1 à 6.  J’imagine qu’il y en aura d’autres pour les prochaines saisons.  Pas trop rapidement, j’espère.  Parce que me connaissant, je vais vouloir chaque mautadite édition!  Pour l’instant, j’ai une terrible hâte à la saison 7!  Nouvelle compagne, ça promet!

 

Voilà pour ma participation au projet non fiction de Flo pour ce mois!

 

 

It happened one autumn (Parfum d’automne) – Wallflowers # 2 – Lisa Kleypas

It-happened-one-autumn.jpgPrésentation de l’éditeur (celle de j’ai lu pour elle)

« Les « laissées-pour-compte « , c’est ainsi que se définissent non sans ironie Lillian et Daisy Bowman car, malgré leurs millions de dollars, elles n’ont pas réussi à trouver un mari durant la saison londonienne. Invitées chez le comte de Westcliff, qui souhaite faire affaire avec leur père, les deux jeunes Américaines sont bien obligées de revoir cet aristocrate hautain qui les prend pour des gamines mal élevées. Lillian n’ignore pas que Marcus de Westcliff la déteste tout particulièrement pour son audace et son insolence. Pourquoi, dans ce cas, lui vole-t-il un baiser dès le premier soir ? Aurait-il perdu la tête ? Veut-il rire à ses dépens ? Quoi qu’il en soit, Lillian est bien décidée à ne pas se laisser intimider par cet insupportable Anglais et ses airs de supériorité… »

 

Commentaire

Dans ce deuxième tome de « La ronde des saisons » (oui, oui, rappelez-vous, je vous avais parlé du premier ici), c’est à Lillian que l’on s’attache particulièrement.  On m’avait dit qu’il était nettement plus drôle que le tome précédent et c’est ma foi vrai.  Lillian est également beaucoup plus sympathique qu’Annabelle, selon moi!

 

Je vous rappelle donc brièvement le contexte.  Quelques mois plus tôt, quatre jeunes filles étaient toujours laissées pour compte lors des bals.  Elles ont donc décidé d’unir leurs forces pour se trouver chacun un mari.  Et comme c’est la plus âgée à n’être pas mariée, c’est le tour de Lilian.  Avouons-le toutefois, la demoiselle n’a pas vraiment besoin de l’aide de ses copines.  Elle tombe très bien dans le pétrin (et en amour) toute seule! 

 

Lillian est américaine.  Et, of course, n’a pas de manières selon la bonne société anglaise.  Mais quel numéro, cette fille!  Elle a le sens de la répartie, n’a peur de rien et j’ai beaucoup aimé sa relation avec sa soeur Daisy.   Ici, l’auteur joue assez habilement avec les codes de la romance et s’en amuse, pour notre plus grand plaisir.  Ce roman, c’est un jardin secret plein de papillons, une tête de veau (yaaaark), une comtesse douairière prête à tout, un abus de brandy et une épopée pour récupérer une poire dans une bouteille, des scènes hot et une pirouette finale complètement folle mais bon, j’ai aimé. 

 

Ici, l’humour est davantage dans les réparties et le comportement de Lillian que dans la narration, contrairement à certains historiques.  Et j’ai une hâte folle de lire le tome 3.   Ça promet quelque chose de rare!  J’aime déjà le personnage!

 

Une bonne romance!