Ce livre n’a plus besoin de présentation. Je l’ai même croisé en vente dans une station-service l’autre jour! Bref, il est partout. Cette version (en français, vous aurez remarqué) appartient à mon père qui me l’a refilé. Mon frère l’a aussi acheté. Le frère qui lit un demi-livre par année, pas celui qui a dévoré les trois tomes de Mistborn en trois jours. C’est dire.
Et moi, je n’en avais jamais parlé. Je l’avais lu, par contre. Il y a longtemps. Quand les personnages principaux s’appelaient encore Bella et Edward et que c’était une fanfiction de Twilight. Je ne me souviens pas si je m’étais rendue au bout (c’était un genre feuilleton si ma mémoire est bonne… et il a transféré de site à un moment donné… bref, je ne sais plus). Ce que j’en avais retenu? Holy Shit, Holy Cow, Oh My, Holy Fuck, Hot. En gros, j’ai trouvé que côté écriture, c’était le degré zéro moins quart. Mais je n’en ai pas parlé parce que bon, c’était une fanfic, quoi… Quand j’ai appris que le truc allait être publié, je me suis dit qu’avec une bonne – et intense – job d’édition, ça pourrait être pas mal comme romance avec beaucoup de cul dedans.
Finalement, je me suis décidée à le rouvrir après qu’une connaissance à moi m’ait dit que ce roman avait changé sa vie. Et qu’accessoirement, elle savait maintenant comment utiliser ses boules de Geisha. J’ai failli lui demander (avec le regard un peu étonné (mais sans me mordiller la lèvre ni lever les yeux au ciel) ce qu’elle foutait avec avant mais après un moment de réflexion, je me suis dit qu’en fait, je préférais probablement – voire même certainement – ne pas savoir. Quant à imaginer comment ça avait changé sa vie, j’ai maintenant de très dérangeantes images (et pas dérangeantes dans le sens « Waouh » – yep, je reprends les expressions favorites de la miss du roman mais juste pour ce billet, rassurez-vous) du copain de la copine en question armé d’une badine (100 livres mouillé et pas gentil comme tout).
Bref, passons.
Et revenons au roman.
Post job de maison d’édition.
Qui a fort probablement bâclé son travail. Je n’ai JA-MAIS vu autant de répétitions dans un roman. Jamais.
Non mais combien de fois elle mordille sa lèvre inférieure? Lève les yeux au ciel? Combien de fois il lui dit de manger? (Ceci dit, je trouve plus gossante sa manie à elle de refuser de le faire hein…avec ce qu’elle bouffe, je me demande quelle lourdeur il peut y avoir dans quelque partie de son corps que ce soit) Mais qu’est-ce qu’il est autoritaire! Mais qu’est-ce qu’il est maniaque du contrôle! Et cette manie de l’appeler bébé! Et cette déesse intérieure championne de danse sociale ou gymnastique olypique, ce qu’elle peut être énervante! Non mais ça vous arrive, vous, de discuter avec votre « déesse » (qui danse le 7 carrés, ou la gigue irlandaise) dès qu’il est question de cul? Ou encore qu’elle voit Grey. Parce que dès qu’elle voit Mister Grey, elle a le goût de se faire baiser et de le sentir monter là. Encore, encore et encore. Pourquoi parler quand on peut s’envoyer en l’air hein?
Sans compter les « Hou la », « Waouh », « Putain », « Bordel de merde », « Oh mon dieu » et « la vache ».
Au moins, ils ont évité de traduire par « Merde sainte » (Holy Shit), « Vache sacrée » (Holy Cow) ou « Baise divine » (Holy Fuck). (Yep, la demoiselle a un rapport au sacré très particulier…) C’est toujours ça. Bien que THE phrase que j’aimais en VO ( » We aim to please, Miss Steele ») et que je trouvais very yummy passe beaucoup moins bien en VF!
Mais revenons à nos moutons. Ou nos menottes… bref, à cette romance.
Parce que c’est ça avant tout. Une romance passionnelle entre une jeune fille innocente de presque 22 ans et un self-made man millionnaire de 27 ans. Oui, je sais, crédible. Mais on est dans une romance, on a déjà vu pire. Du coup, ça ne m’embête pas, même si on se demande QUAND il bosse pour être si riche. Mais c’est une autre histoire. Quant à Ana, elle est innocente au point de n’avoir jamais tenu la main d’un homme. Elle ne comprend pas du tout pourquoi un tel homme (qui est hot, hot, hot, avec des cheveux cuivrés et en bataille et un corps parfait d’Adonis) s’intéresse à une fille comme elle (et moi non plus hein… mais bon, encore une fois, ce n’est pas la première fois). En fait, Ana, on ne sait presque rien d’elle, à part qu’elle aime lire (et mordiller sa lèvre, comme la version Kristen Stewart de Bella… je la vois comme ça d’ailleurs) et qu’elle ne rit pas souvent. Mais on sait qu’elle n’a rien vu, rien connu. Je l’ai trouvée particulièrement nouille, en fait. Mais quand on n’a rien connu, qu’on a aucune idée de ce qu’on veut d’une relation et d’un homme et qu’on se retrouve face à ça, ya de quoi en perdre ses moyens.
En fait, ce qui fait le roman, c’est le personnage de Christian Grey.
Lui, il se tient, il est intéressant en type torturé, pratiquant BDSM, qui est chamboulé sans trop comprendre pourquoi par Anastasia. On sent qu’il a une relation particulière avec l’univers SM, on comprend un peu pourquoi mais tout n’est pas dit dans ce roman-ci (il faut bien, il en reste deux autres). Bien entendu, j’aurais très bien pu, en tant que lectrice, comprendre le personnage sans qu’on m’explique et me détaille le comment du pourquoi (à 22 occasions) mais bon, ce n’est pas nouveau.
Ceci dit, même si je suis un peu cinglante, je comprends pourquoi ça peut plaire. D’abord, Grey est charismatique et est le parfait héros de romance torturé qui croit qu’il ne peut pas aimer et qui se croit réellement « brisé ». La « découverte » d’un monde nouveau, les questionnements que ça apporte, l’impression de ne pas savoir dans quoi on met les pieds… Avouez que quand on ne connait pas le monde du BDSM (que je ne connais que par les livres…et par la page Wiki, que l’auteur a manifestement lue et épluchée avec intérêt… de même que le truc sur Vénus et Mars), ça fait longtemps qu’on n’a pas eu cette impression de plonger dans l’inconnu, que tout est possible. Et les scènes de sexe ne sont pas mal du tout, quoi que répétitives et très tirées par les cheveux (yep, passer de vierge qui ne s’est jamais touchée à totale nympho déesse de la pipe qui a en moyenne 6 orgasmes d’une puissance incroyable par jour, ça semble possible) et si certaines femmes adultes (je précise) ont pu avoir le goût d’explorer différemment leur sexualité et faire tomber quelques tabous par la même occasion, tant mieux. C’est quand même assez soft comme truc, en fait.
Bref, je comprends l’engouement, la fascination pour le personnage extraordinaire qui tombe amoureux d’une fille ordinaire (une romance, quoi), l’idée du jeu de rôle, de se faire prendre en main, qui peut être excitante. Même si pour moi, le langage « enfant de 12 ans » d’Ana (et de sa mère, qui « hou la » et qui « waouh » autant que sa progéniture), l’écriture et les répétitions incessantes ont eu raison de mon plaisir
de lecture. Pourtant, il y avait de quoi faire. Et si je me souviens bien, dans la version originale, il y avait des dialogues pas mal du tout, quand Christian se la jouait businessman.
Mais je ne lirai CERTAINEMENT pas la suite.
Je ne peux pas supporter 1000 + pages de déesse intérieure qui fait langoureusement du hoola hoop.
Qui me spoile?
(Même si j’imagine que ça va finir avec un « ils vécurent heureux – et idéalement mariés – et eurent beaucoup d’enfants et de sexe vanille avec parfois, un côté kinky). Et je ne spoile rien, je ne l’ai pas lue, cette suite!