Les jardins statuaires – Jacques Abeille

Je n’avais jamais entendu parler de ce roman avant de voir le top 2022 de Floflyy. Sa description était tellement floue que j’ai eu envie de découvrir le roman. Bon… il y a eu un petit bug vu que ma version ebook semblait avoir 200 pages. Du coup, je trouvais TELLEMENT que ça n’avançait pas. Il a fallu que je trouve la version papier pour réaliser qu’en fait, ça faisait… 592 pages! J’ai donc cessé de douter de mon cerveau à ce moment.

De quoi ça parle

Un voyageur pénètre dans un monde étrange, un monde qui semble idyllique, constitué de grand domaines où des jardiniers s’occupent de faire de faire pousser des statues. À mesure qu’il l’explore, il réalise que tout n’est peut-être pas si parfait…

Mon avis

Je viens de refermer le roman et j’avoue être un peu perplexe. C’est, vous savez, le genre de roman auquel on SAIT que nous allons repenser par la suite et qui va nous faire cogiter. Il n’est pas facile d’accès, il prend son temps et pendant une grande partie du livre, je me suis vraiment questionnée à savoir s’il allait finir par se passer quelque chose! Je vais faire cesser le suspense tout de suite : oui, il y a une intrigue. Il y a la découverte d’un monde, un voyage, une quête dont le personnage principal découvre la teneur petit à petit. Et nous aussi du coup!

De ce narrateur, d’où il vient, nous ne saurons jamais rien. Nous découvrirons avec lui un univers qui semble de prime abord utopique, avec ses domaines de jardiniers pacifiques, ses statues qui croissent étrangement, avec des excroissances à enlever, le tout chapeauté par des traditions et des mythes qui semblent inébranlables. C’est petit à petit que nous serons amenés à comprendre que ces grands domaines isolés, petits pays presque auto-suffisants qui se fichent un peu les uns des autres, sont loin d’être aussi parfaits qu’il ne le semble. La situation des femmes est entre autres très particulière, totalement isolées des hommes, certaines coutumes semblent d’un autre temps. Ce monde serait-il voué à disparaître?

Nous avons ici une plume magistrale, à la fois belle, poétique et onirique, tout en gardant un certain détachement. Peu de pauses dans le flot de parole. Pas de chapitre, peu de paragraphes. Ce n’est pas si facile d’accès, en fait. Nous sommes donc dans un conte très méditatif, une plume très visuelle, qui nous fait réellement pénétrer dans cet univers qui fascine et qui devient de plus en plus réel aux yeux du lecteur qui le découvre en même temps que ce voyageur. Nous sommes hors du temps, dans un monde brumeux aux allures de terres de légende.

Je ne prétendrai pas avoir compris toutes les implications philosophiques du texte ou même toutes les réflexions sur l’art mais l’univers m’a marquée et je sens que je vais y penser encore longtemps. Récit quasi-ethnographique, davantage la découverte d’un monde que réelle intrigue, il s’agit d’un roman que je suis contente d’avoir lu… mais qui aura fait travailler mon cerveau! Nous verrons si je lirai les cinq autres tomes du Cycle des Contrées.

Livres et voyages dans le temps

Quand on veut faire une vidéo sur les romans avec voyages dans le temps… et qu’on finit par parler de Dr. Who 10 minutes! Bienvenue dans ma vie!

Tous les titres cités sont dans la barre d’info de la vidéo!

Loveless – Alice Oseman

Dans ma tentative de lire les favoris de mes collègues booktubers, j’ai choisi Loveless dans la liste d’Anne. En fait, c’était à peu près le seul roman de sa liste que je n’avais pas lu et en plus, il me tentait. Il n’y avait plus qu’à le lire

De quoi ça parle

Georgia entre à l’université avec ses deux meilleurs amis, comme elle maniaques de théâtre. Elle se retrouve coloc avec la fille la plus différente d’elle qui soit, dans un tout nouvel univers, avec en tête une question : pourquoi est-ce qu’elle n’a jamais ressenti le grand amour, elle qui en rêve pourtant.

Mon avis

Nous avons ici un roman jeune adulte qui traite, entre autres, de l’asexualité et de l’aromantisme. C’est une représentation que je n’ai pas vue souvent et j’ai trouvé très réaliste le portrait de cette jeune femme qui se cherche, qui ne se comprend pas (qui ne comprend personne, en fait) et qui tente de se trouver, non sans écorcher des gens au passage. En fait, j’ai aimé qu’elle ne soit pas toujours aimable, qu’elle prenne plein de mauvaises décisions, que ses amitiés ne soient pas parfaites et qu’ils puissent se pardonner. J’ai surtout aimé le questionnement, les constats de sa propre différence alors qu’elle ne savait trop que sa propre orientation existait. Quand on ne va pas bien, forcément, on n’est pas à notre meilleur. Georgia en veut sans trop s’en rendre compte à la société de valoriser autant l’amour romantique alors qu’elle ne s’y retrouve pas du tout, elle a peur de finir seule et j’ai trouvé ce portrait très réussi, dans toute son imperfection.

Disons-le d’emblée, si j’ai beaucoup aimé la première partie, dans laquelle j’ai retrouvé plusieurs réflexions que je me suis déjà faites ado (alors que je ne suis pas asexuelle et que je n’ai pas de sex repulsion), j’ai beaucoup moins accroché à la seconde où nous avons presque un hommage aux comédies de Shakespeare pleine de mauvaises interprétations qui causent bien des casse-têtes aux protagonistes et qui se joue entre les amis de la troupe de théâtre. De Shakespeare, justement. Les solutions grandiloquentes m’ont moins accrochées et, en plus, j’ai commencé à m’ennuyer à ce moment. La première partie se suffisait à elle-même. De plus, je ne peux trop en dire sans spoiler, mais je n’ai pas aimé la résolution par rapport à un certain personnage, que j’aurais préférée plus nuancée. (Ouais, ceux qui ont lu, je parle de Rooney)

Ceci étant dit, j’ai beaucoup aimé la valorisation de l’amitié, celle qui n’est pas toujours idéale, celle qui implique de pardonner. Le roman donne aussi l’espoir d’une vie affective riche même en étant aromantique et juste pour ça, c’est bien. Bien entendu, aromantisme/asexualité, le tout est sur un spectre et toutes les facettes de ce spectre ne sont pas représentées, vu que l’histoire est racontée au « je ». Mais pour moi, celle-ci était déjà pas mal!

La théorie des cordes – José Carlos Somoza

Depuis ma découverte de Somoza, je veux pratiquement tous les lire. On m’avait dit que celui-ci était génialissime et assez différent des deux autres que j’avais lus. Je m’étais auto-hypée à mort et mes attentes étaient over the top. Est-ce que le roman a été à la hauteur? Let’s see.

De quoi ça parle

Connaissez-vous la théorie des cordes? La théorie du séquoia? Un groupe de physiciens d’élite sont rassemblés sur une île afin d’explorer cette théorie et de tenter rien de moins que de voir le passé. Nous rencontrons Elisa 10 ans plus tard, alors qu’elle se sent traquée, perdue, et elle attend un certain message, qui, bien entendu va arriver. Nous allons donc retourner dans le passé et revivre avec le groupe de physiciens cette période sur l’île… et les années qui vont suivre car ils semble tous disparaître dans des circonstances terribles.

Mon avis

Entrer dans l’univers de Somoza, c’est toujours quelque chose. Il faut s’attendre à un certain degré de bizarreries et d’érudition. Ici, on sort de la littérature et du théâtre pour se plonger dans un tout autre univers et si j’ai retrouvé la même lenteur dans la mise en place que dans les deux précédents romans de l’auteur, c’est tout de même un peu moins onirique, un peu moins magique, beaucoup plus cérébral. Les protagonistes sont des scientifiques pour qui la réalité différe un peu de la nôtre, pour qui les possibilités sont infinies, mêmes ce qui serait inconcevable pour les gens « normaux ». Donc, si l’abiance est plutôt thriller, avec des organismes gouvernementaux qui ne leur veulent pas nécessairement du bien et une mystérieuse ombre qui sembles chasser un à un, c’est toutefois loin d’être classique. On est entre le contemporain et la SF, je dirais.

D’emblée, je dirais que j’ai beaucoup aimé cette vision du voyage dans le temps, cette possibilité d’ouvrir une fenêtre sur le passé, et toutes les implications que ça peut avoir. Je ne prétendrai pas avoir tout saisi de la théorie des cordes mais j’ai beaucoup aimé cette incursion dans la science, avec cette compétition parfois malsaine et ces règles non-dites. Ce sexisme aussi, soyons clairs. J’ai été fascinée par les différentes réactions des personnages ainsi que par leurs réelles motivations. Ceci dit, après un début de folie, le retour dans le passé m’a semblé un peu longuet, pour revenir vers une finale de folie, avec un retour aux sources, vers la fameuse île, pour tenter de déjouer à la fois les forces libérées par leurs expériences… et les organismes gouvernementaux.

C’est palpitant, intrigant et j’ai a-do-ré la fin, que j’ai trouvé juste parfaite.

Bref, un roman à découvrir… quand on a tout notre cerveau disponible!

Le bourreau de Gaudi – Aro Sainz de la Maza

Je pense que j’ai récupéré ce roman au décès de ma tante. Il lui avait été donné par mon autre tante. Et, je dois l’avouer, je ne l’aurais JAMAIS lu si Séverine de Ilestbiencelivre, ne l’avait pas proposé en LC. Et savez-vous quoi? Elle ne l’a jamais fini. Elle m’a lâchement abandonnée. Et moi ben… je l’ai terminé!

De quoi ça parle

Un corps en flammes est retrouvé pendu au balcon de La Pedrera, l’un des bâtiments très connus d’Antonio Gaudí, le fameux architecte emblématique de Barcelone. Le tout juste avant une visite du pape à la Sagrada Familia, sinon ce n’est pas drôle. Les services policiers sont alors obligés par une certaine juge de réintérer l’inspecteur Milo Malart, éternel solitaire révoqué par mesures disciplinaires. Il se voit associé avec une jeune policière amatrice des t-shirts de séries policières américaines alors que les meutres et les disparitions continuent. Et on semble viser Barcelone elle-même.

Mon avis

Disons-le tout de suite, nous avons ici un typique roman policier où nous sommes pratiquement toujours avec les inspecteurs qui tentent de résoudre des meurtres. Nous avons tout le package deal typique: inspecteur un peu louche, avec des trucs à régler, une ex-femme superficielle et un penchant pour l’alcool, acolyte jeune et un peu sexy, des intuitions extraordinaires, chasse aux indices et méthodes peu conventionnelle. Le tout imbriqué avec l’enquête personnelle du policier principal dont le neveu s’est suicidé récemment.

Comme je le disais : typique.

J’ai bien aimé ce roman. Ça se lit tout seul, on veut connaître la suite des événements et surtout, SURTOUT, il y a Barcelone. Je garde de magnifiques souvenirs de Barcelone, visitée avec des copines blogueuses il y a ouf… presque 15 ans. On s’était alors rendues au bout du monde et découvert qu’il y avait beaucoup, beaucoup de rues à Barcelone. Celles qui y étaient comprendront. Et quel plaisir de retrouver cette ville, ses rues, ses bâtiments et la Rambla toujours animée. Je crois que c’est l’aspect que j’ai préféré, cette omniprésence de la cité, de Gaudi, son oeuvre et son histoire. La ville est presque un personnage en elle-même et c’est assez génial. L’enquête est aussi intéressante, on veut connaître le comment du pourquoi. Y a-t-il des longueurs? Certes, quelques unes. Mais c’est assez rare que je ne trouve pas quelques passages moins utiles dans un roman policier de presque 800 pages. C’est un peu un red flag pour moi, habituellement! Toutefois, c’est hyper accessible, très facile à lire et je ne me suis pas ennuyée. Je ne suis pas certaine que je vais me rappeler les détails de l’histoire dans quelques semaines.

Ceci dit, il y a une vraie réflexion sur la corruption dans les milieux politiques, sur le rôle parfois pervers de certains médias et sur l’impunité de certaines personnes. J’ai toutefois moins apprécié la relation qui se développe entre les deux enquêteurs principaux (non mais ça sortait d’où?) ainsi que l’attitude teeeeellement désagréable (et improbable) de l’enquêteur en chef mais j’en garderai un bon souvenir. Pas certaine que je poursuivrai la série, toutefois. Surtout s’ils sont tous aussi longs.

Si vous avez envie de découvrir des Booktubers…

Cette semaine, je tente de m’auto-convaincre de FINALEMENT lire les favoris de certains Booktubers que je regarde/écoute. Qui sait, peut-être allez-vous découvrir un booktuber avec qui vous partagez touuuut plein de coups de coeur!

Bonne découverte!

Stand Stil, Stay Silent – 1 – Minna Sundberg

C’est l’idée d’une mythologie nordique qui m’a attirée vers ce roman graphique. En fait, je voulais le lire pour le Pumpkin autumn challenge mais je l’ai fait commander à la biblio… et c’est maintenant qu’il arrive. Donc c’est maintenant que je l’ai lu. Ok, j’avoue. Je l’ai renouvelé 3 fois avant de lire. Mais c’est un détail non?

De quoi ça parle

90 ans ont passé depuis la pandémie de rouille, pandémie ayant rayé une grande partie de la population de la carte. L’ancien monde n’existe plus et est à la merci de trolls, géants et créatures mythiques. Un petit groupe d’explorateurs des pays nordiques se mettent en route pour aller explorer ce qui peut l’être… avec en tête un projet un peu moins legit, et financé par des gens qui eux, ne participent pas à l’épopée.

Mon avis

Il y a du positif et du négatif dans ma lecture de ce premier tome d’un webcomic d’abord publié sur le web. Il y est encore d’ailleurs et je suis pas mal certaine que je vais poursuivre ma lecture sur le net. Ces recueils hardback sont magnifiques et le dessin me plaît (même si, pour faire changement, j’ai du mal à dinstiguer les personnage… je regarde d’ailleurs la couverture et je réalise qu’il y a un personnage que je reconnais pas du tout. j’en ai peut-être confondu deux tous le long). Toutefois, il faudrait vraiment que je les trouve en usagé pour que j’achète le tout!

L’univers est vraiment chouette et que l’idée d’une pandémie qui mène à ce genre de futur est fascinante. Ça change des zombies mettons. Ceci dit, les créatures mythologiques ne sont clairement pas gentilles et bouffent à peu près n’importe quoi! Nous sommes ici avec une inspiration viking, la petite troupe est attachante et chacun a des caractéristiques et un rôle qui lui sont propres. En effet, si la version officielle parle d’exploration, certains veulent aussi s’enrichir et pas avec n’importe quoi : avec la connaissance.

Il y a donc une réflexion sur la transmission, sur la mémoire ainsi que sur la langue (en bonne trippeuse de linguistique, l’arbre des langues m’a mis des étoiles dans les yeux) et une histoire de personnes qui n’ont pas tant de choses en commun au départ. J’imagine qu’ils vont créer des relations entre eux… mais nous n’en sommes pas encore là, nous sommes dans le premier tome!

Là où le bât blesse? Le rythme. J’adore les romans lents, les mises en place qui prennent leur temps mais ici, ça prenait sérieusement un peu trop son temps. La partie pré-pandémie, pas si longue mais où on nous présente quand même beaucoup de personnages. J’espère que ça aura un lien avec l’histoire par la suite sinon je me demande un peu pourquoi on allait dans ces détails. Idem pour le début de l’expédition. C’est long! Quand l’histoire s’amorce, c’est fort prenant mais disons qu’on prend un moment à y arriver.

Ah oui, pour ceux qui se posaient la question : cette BD n’a pas surfé sur la vague COVID! C’était fait bien avant mais quand on voit comment ça s’est passé… disons que ça n’a pas été si loin de la réalité quant à la façon de gérer la pandémie. Heureusement que c’était un peu moins mortel, n’est-ce pas! Mais impossible de ne pas se sentir interpelés par l’idée d’une telle éventualité et de se demander : mais qu’est-ce qui resterait après?

C’était ma BD de la semaine

Tous les billets chez Stephie cette semaine

Une jolie pile à lire – Shiny Spring Challenge

Est-ce que vous pensez clairement que je vais manquer une occasion de faire une pile à lire que je ne lirai pas, comme dirait @Floflyy, le créateur du challenge?

Dans la lignée du Pumpkin autume Challenge et du Cold Winter Challenge, on célèbre le printemps. Ok, il fait -29 ces temps-ci, mais on on peut toujours rêver, non?

N’hésitez pas à aller voir et à me dire si vous avez lu des choses là-dedans!

Et dites-moi aussi si vous trouvez que mon montage vous donne mal au coeur!

We ride upon sticks – Quan Barry

Ce roman, c’est totalement la faute de Kayla, de Books and Lala. Elle avait adoré, mentionnait que c’était « weird but good weird ». Avouons-le, il fallait bien Kayla pour me faire lire un roman qui traite… de hockey sur gazon!

De quoi ça parle

Nous sommes en 1989 et à Danvers (anciennement Salem Village), Massachussets. L’équipe de field hockey de l’école secondaire n’a jamais eu beaucoup de succès mais soudainement, les filles commencent à gagner. Et tout semble leur réussir. Genre, tout. Jusqu’à aller au championnat. Serait-ce la faute de ce mystérieux cahier avec Emilio Estevez sur la couverture, où les filles (et Boy Cory) s’essaient à la magie noire?

Mon avis

Il ne faut pas avoir peur d’être noyé dans des parties et de hockey sur gazon où on ne comprend rien aux stratégies, aux passes et tout et tout. Certes, le sport est présent, il est même au centre de l’histoire, mais il s’agit surtout d’une histoire de « coming of age », de filles qui essaient de sortir du moule et à se défaire des attentes de leurs familles. Une histoire d’équipe. D’esprit d’équipe. Cheesy, dites-vous? Certes, l’idée de filles qui apprennent à croire en elles-mêmes, d’empowerment aurait pu l’être. Mais non en fait. Pas fait comme ça. Présenté de cette manière, pour moi, c’était op-ti-mal.

Il est très difficile de bien parler de ce roman car c’est très étrange. On a une narration au « nous », il n’y a pas de personnage principal et chacun des membres de l’équipe sont aussi importants les uns que les autres. Je les ai tous aimés, avec leurs familles, leurs désirs, leurs problèmes et leurs ambitions. On flirte avec le fantastique et la sorcellerie, tout en restant sur le fil. Et impossible de ne pas faire le lien avec les sorcières de Salem étant donné le lieu… et cette fin! J’ai a-do-ré la fin. Elle était juste parfaite. En fait, si on avait eu une genre de préface pour que je m’attende à cette fin, j’aurais encore plus aimé.

Certes, j’ai eu un petit coup de mou au milieu. Quelques longueurs. Peut-être étaient-elles nécessaires pour qu’on s’attache bien à chacun des personnages mais j’ai quand même mis plusieurs jours à le lire. J’ai mis un moment aussi à m’habituer à la personnification de certains objets, notamment « The Claw », vous savez, ce toupet crêpé énorme des années 80? Bref, c’est un personnage à part entière et au début, avant que ça devienne clair, cette répétition est un peu agaçante. Et finalement, je pourrais limite dire que c’est l’un de mes persos préférés!

En 1989, j’avais 13 ans. Les personnages en ont 17-18 et les références sont génialissimes. Je suis certaine même sans regarder que l’autrice a fin quarantaine, début cinquantaine. La musique, les façons de penser, la pop culture, les coutumes… tout y est. C’est hyper réussi et ça permet aussi de voir à quel point la société a évolué depuis. C’est loin d’être parfait mais ça fait du bien de voir qu’on a un bout de chemin de fait. Ça permet aussi d’aborder certains thèmes tel que le racisme, le regard masculin ou les stéréotypes divers et variés. C’est tellement adolescent! Et pourtant, ça peut plaire aux ados et aux adultes. Les jeunes filles font des conneries, elles parlent de leurs règles, de leurs seins, des mecs aussi. De la fille dont les seins ont poussé trop tôt (et trop, selon elle) et pour qui les regards masculins sont lours, très lourd, à celle dont les parents hyper catholiques lui imposent beaucoup de limites, on a un vrai portrait de ce qu’était être ado à cette époque.

Bref, a nice trip down memory lane!

Je suis celle qui veut sauver sa peau – Fanie Demeule

J’aime beaucoup Fanie Demeule. En fait, je lis pratiquement tout ce sur quoi je peux mettre la main. Bon, en disant ça, je réalise que je n’ai jamais parlé ici de ma lecture de « Déterrer les os ». Je vais clairement être obligée de le relire. Quel drame, n’est-ce pas!

De quoi ça parle

Nous avons ici une série de nouvelles indépendantes, qui traitent encore une fois de l’obsession, de la vulnérabilité et surtout, de la mort.

Mon avis

Mon appréciation de ce recueil a clairement été influencée par le fait que j’avais lu la plupart d’entre elles dans d’autres supports. C’était donc bien, souvent dérangeant, comme toujours avec Fanie Demeule, mais le fait de ne pas avoir beaucoup de nouveauté était ma foi fort anticlimatique.

Fanie Demeule a toujours eu une plume qui va droit au but mais qui nous emmène aussi dans nos retranchements. Elle a le don pour nous mettre mal à l’aise, parfois parce que c’est carrément un peu morbide et d’autres parce qu’elle réussit à nous faire voir le laid chez la personne qui peut presque nous ressembler. Elle nous fait voir ces gens qui, sur le fil, ont basculé du moins beau côté. La nouvelle « Reptilienne » nous fait rencontrer une femme qui réalise que, devant le danger, réalise qu’elle est celle qui veut sauver sa peau, en dépit de tout. Impossible de ne pas se demander comment on réagirait « si on était né en 17 à Leindenstadt ».

Désolée, joke facile!

Plusieurs nouvelles sont délicieusement morbides, plusieurs âmes « entre deux » nous parlent de ce qu’ils souhaitent laisser derrière eux, le concept de « soi » est aussi exploré, notamment pas le biais du théâtre et « Le jet » est magnifiquement obsessionnelle. Encore une fois, la femme est au centre de tout, autant sa tête que son corps. Toutefois, j’ai oublié plusieurs nouvelles, qui m’ont beaucoup moins marquée.

Ceci dit, je vais continuer à lire l’autrice, à la fois virtuose et « in your face »!