Mon petit trésor – Jean Little / Marisol Sarrazin

mon-petit-tresor.jpg Quand j’ai pris cet album cartonné, j’étais certaine que c’était une réédition tellement il me fait penser à un album que je lisais quand j’étais petite.  Mais non, publication originale 2008.  Si ce n’est pas une réelle histoire, j’ai quand même été charmée par le côté « illustrations et thème à l’ancienne » qui m’a rappelé ma jeunesse.  

 

La structure de l’album est assez simple.   À la ferme, c’est le printemps et maman brebis a eu un petit agneau.  « Oh, dit la vache, j’aimerais bien avoir un agneau »!   Et ainsi de suite.  Les images sont bien prototypiques, la structure est toujours pareille et c’est une très belle occasion pour tavailler le vocabulaire des animaux, bébés et mamans inclus.  Entendons-nous, les bébés et les mamans, c’est toujours gagnant avec les petits petits.  Et comme le vocabulaire des animaux est souvent enseigné très tôt (parce que ça intéresse les enfants… ce qui fait que de nombreux petits connaissent par coeur tous les animaux de la ferme/zoo/jungle/arctique mais n’ont aucune idée des noms des choses qu’ils côtoient tous les jours dans leurs maisons… mais c’est une autre histoire), c’est une bonne occasion de faire juxtaposer deux mots simples (maman-vache, bébé-vache et toute la panoplie).  

 

Un album qui n’est pas un coup de coeur d’adulte, mais qui va pouvoir être ma foi très utile avec les enfants, de par sa structure facile à prédire le vocabulaire exploité. 

La tête de l’emploi – David Foenkinos

la-tete-de-l-emploi.jpgQuand je lis un roman de Foenkinos, je sais généralement à quoi m’attendre : un divertissement, des sourires et, souvent, un personnage masculin banal avec un événement déclencheur banal qui va changer sa vie.  Pas de surprise ici, c’est ce que j’y ai trouvé.   Foenkinos qui fait du Foenkinos.  Agréable à lire, pas transcendant… mais surtout copié-collé sur sa propre recette.  

 

Bernard a donc la cinquantaine. Conseiller financier, il a un bon boulot, il est tombé sur sa femme (carrément) il y a longtemps et est avec elle depuis.  Mais voilà, tout s’effondre.  Boulot, femme… terminé.  Que fera notre homme: se réfugier chez ses parents, qui n’en sont pas le moins du  monde surpris.  Après tout, il est un peu un bon à rien, leur fils.  Pauvre type, quand même.  Pris chez papa/maman, avec des murs en carton.  

 

S’il y a quelques moments drôlatiques dans le roman (les parents sont une caricature et la réunion… oh my…), si j’ai souri à l’occasion, il m’a tout de même manqué quelque chose.    Une étincelle, quelque chose qui ferait ressortir le roman du lot.   Mais rien n’est venu.  Soit, Foenkinos a toujours ce talent pour décrire le quotidien, pour nous faire nous intéresser à des losers sympathiques.  Mais bon… l’histoire m’a semblé… banale?

 

Ceci dit, ça reste un agréable divertissement, ça se lit tout seul et on passe un agréable moment.  Je ne suis juste pas certaine qu’il en restera quelque chose.  Ah oui… je devrais préciser… je lisais ce roman en alternance avec Proust.  Peut-être pas l’idée du siècle pour apprécier une plume n’est-ce pas!  De l’auteur, je conseille toutefois « La délicatesse », que j’avais beaucoup aimé!

En retard… Joyeuses Pâques!

Ann-choupette.jpg

(C’est bien connu, je craque devant ma nièce… c’est donc elle qui a l’honneur de la photo d’ouverture de ce billet… mon mais n’est-elle pas mignonne, miss Ann-Chipie (petit surnom d’amour, je vous rassure tout de suite… mais ça lui va comme un gant!))

 

En ce beau dimanche soir, j’ai réalisé que j’avais complètement zappé mes voeux traditionnels de Pâques.  Ben quoi, c’est bien Pâques!  C’est 4 jours de congé!  C’est du chocolat tant qu’on veut!  Ok, certains pourront argumenter et parler d’une histoire de croix et de résurrection (sans l’aspect zombie de la chose)… j’avoue, j’avoue… Mais bon, chacun sa façon de considérer cette fête, n’est-ce pas!  

 

Chez moi, Pâques, à Pâques, c’est le lapin qui nous apporte des cocos en chocolat (et aux vilains qui disent que les lapins ne pondent pas d’oeufs, je répliquerai : « des cloches, ça vole pas non plus, bon!  Et anyway, à l’envers, les cocos ne pourraient pas voyager longtemps! »)  Ensuite, il faut les trouver, of course.  Dans la maison.  Because neige dehors.  Avec une chasse au trésor longuement réfléchie et qui se complexifie d’année en année (j’ai des souvenirs d’enfance avec un Frère en larmes parce qu’il ne comprenait rien aux instruction gauche/droite du plan complexe élaboré par le lapin-de-pâques-maternel).  

 

Pâques, c’est aussi « casser notre coco » et ainsi jouer notre année entieeeeere avec un oeuf, ce qui fait encore stresser ma belle-soeur, après plus de 10 ans.  Ceci dit, j’ai manqué mon coup cette année, pour la première fois depuis 20 ans… j’ai limite peur!

 

C’est se bourrer de jambon, d’oeufs, de fromage et de toasts à la moutarde (sans commentaire).  Cette année, ça a été aussi un gâteau au jell-O qui avait l’air d’un Trash Pack mais qui était excellent (souuuvenirs de grand-maman).  

 

C’est regarder les enfants tout beurrés de chocolat… et en rire.  C’est leur raconter des histoires (merci Scholastic pour la dernière récolte qui a occupé une bonne heure!).  C’est jouer avec leurs nouveaux jouets (je ne me remercie pas pour le cadeau de cette année qui incluait de la glu… et que les enfants trouvaient très drôle de me coller en pleine face… yaaaaark!)

 

C’est le souper avec les parents et le Bébé-Frère en écoutant les Canadiens (3-0 dans la série… yes!) et en buvant du vin blanc.  

 

C’est la famille. 

C’est souhaiter faire ça encore longtemps!

 

Joyeuses Pâques!

Que vous fêtiez la résurrection, le lapin, les cloches… ou le chocolat!

Passeurs de mort – Fabrice Colin

passeurs-de-mort.jpgJ’aime beaucoup ce que fait Fabrice Colin.  Ce n’est plus un secret.  J’aime ses mondes fantastiques, sa plume évocatrice ainsi que les questionnements qu’il sait insérer dans ses histoires.  J’apprécie aussi son côté « pour tous » et le fait qu’il ose sortir des « must » habituels des romans jeunesse fantastiques.    C’est encore le cas ici. 

 

C’est donc l’histoire d’Angel, 17 ans.  Son oncle George (impossible de ne pas penser à « notre » oncle George incarné par Daniel Lemire en écrivant ces mots… mais je m’égare) lui laisse un bizarre d’héritage.  Une lettre et des lunettes rouges.  Qui lui permettent de voir le passage de la vie à la mort, rien de moins.  Bien entendu, elle ne sait pas dans quoi elle s’embarque mais Angel a toujours eu une imagination débordante et un don pour se mettre dans des situations abracadabrantes.   Alors elle va au devant de l’aventure.  Au devant de la famille Cooper, qui sont des gens bien… étranges.  

 

J’ai aimé ce livre, lu en un petit avant-midi, d’une traite.  Les bons one shot, à la mythologie intéressante, ça tient en haleine.  Mais je commencerai par mon bémol: pendant une grande partie du roman, je ne comprenais absolument pas pourquoi Angel faisait tout ça.   Pourquoi elle n’avertissait personne.  Pourquoi elle voulait tellement savoir.  La quête personnelle n’est révélée que très progressivement et, c’est rare que je dis ça, je crois que j’aurais eu besoin d’en savoir plus, plus tôt.  Le tout pour pouvoir m’attacher un peu plus au personnage, pour savoir qui elle est, pour pouvoir l’appréhender un peu mieux.   Du coup, je ne m’y suis attachée que très tard dans ma lecture.  

 

Par contre, le récit est resserré, les péripéties sont constantes, les revirements de situations se succèdent (juste un peu trop vite… j’aurais bien pris une centaine de pages de plus, pour mieux m’attacher aux personnages) et le lecteur est trimballé un peu partout.  J’ai beaucoup aimé l’évolution du personnage, cet effet de « parenthèse dans le réel » ainsi que les images de New York, où je meurs d’envie de retourner.  Pour faire changement.  

 

Bref, une lecture agréable, qui tient le lecteur entre ses griffes vu que comme Angel, il ne sait trop où il s’en va ni de quoi il est question, au final… mais qui aurait pu avoir juste un petit peu plus de profondeur. Selon moi.  Of course!

Mon nom est Dieu – Pia Petersen

Mon-nom-est-Dieu.jpgPour Pia Petersen, Dieu est une création littéraire.  Du moins, c’est ce que je l’ai entendu dire en entrevue.  Du coup, pourquoi pas en faire un réel personnage de roman actuel.  C’est le défi que l’auteur a choisi de relever et pour ma part, je le considère comme relevé car j’ai passé un très bon moment avec cet hurluberlu bougon, qui – il n’en démord pas – est Dieu.  

 

Morgane Latour est journaliste à Los Angeles et, présente à un concours pour découvrir le nouveau « vrai Père Noël » (soooo LA… j’ai adoré cette scène), voir un SDF bourru sur scène, qui dit se nommer Dieu.   Quand elle le croise à nouveau quelques jours plus tard, elle est surprise.  Mais elle n’est pas au bout de ses peines car Dieu va lui demander d’écrire… sa biographie.  Rien de moins.  Entre son article sur Jensen, gourou charismatique, et l’intrusion de Dieu dans sa vie, elle, moderne et athée, dire que son univers sera chamboulé, ce n’est rien.  

 

Voyez-vous, Dieu est dépressif.  Il se sent incompris, croit que les hommes le haïssent, est profondément anti-religion et est en chicane avec son fils, Jésus.   Est-ce sa faute, à lui, si des illuminés ont choisi d’écrire et d’ériger en Vérité quelques mots qu’il avait lancés comme ça, sans trop y réfléchir? Bref, il veut que l’humanité, qu’il ne comprend pas du tout, le voit tel qu’il est réellement.  Et Morgane ne sait trop qui il est.  Imposteur?  Fou?  Manipulateur?  Profiteur?

 

Dieu?

 

Beaucoup d’humour dans le traitement du thème.  Les aventures de Dieu dans le monde qu’il a supposément créé et duquel il a perdu le contrôle sont parfois loufoques, parfois frustrante car Petersen ne ménage pas ici les hommes, autant face à l’autre que face à la religion, qui est parfois un concepts abstrait, parfois un concept trop concret ou parfois un mode de vie.  C’est la socité par rapport au divin, au religieux… et ça fait parfois un peu peur.  Voire même beaucoup.  

 

Un roman qui fait réfléchir, qui fait rire… et qui nous fait, bizarrement, nous attacher à ce bonhomme pas agréable au premier abord.  Un conte moderne admirablement amené.  Heureusement pour nous, Pia Petersen a l’intention d’en faire un personnage récurrent.  Parce que bon, la biographie de Dieu, ça ne s’écrit pas en un volume, n’est-ce pas!

Histoires d’ogres – Katia Gagnon

Histoires-d-ogres.jpgCe roman est arrivé la semaine dernière dans ma boîte. J’étais ravie, d’ailleurs, vu que j’avais lu beaucoup de bien de son premier roman (que je n’ai pas lu, sinon ce ne serait pas drôle).  Et comme des fois, je me surprends moi-même, je l’ai attrapé à la dernière seconde avant de partir – en bus – pour le salon du livre de Québec.   Donc, roman lu immédiatement (c’est quand même rare), billet écrit immédiatement (ça c’est normal) et publié immédiatement (ça, c’est complètement inhabituel).  Mais vu qu’il sort aujourd’hui, pourquoi pas!

 

J’ai lu ce roman en apnée.  Je l’ai ouvert à l’entrée du parc des Laurentides et je l’ai refermé en arrivant à Québec, complètement soufflée.  L’histoire s’ouvre sur divers personnages écorchés vifs.  Des personnages qui en ont bavé. Des êtres aux enfances en pointillés, et d’autres qui les ont côtoyés.   Des êtres en chute libre aussi.  Qui tentent de se raccrocher à quelque chose.  N’importe quoi, en fait.   C’est ainsi que nous rencontrons Jade.  Prostituée, accro au crack, prise dans son hôtel de passes, sans espoir d’une vie meilleure.  Il y a aussi Stéphane Bellevue, qui a fait 25 ans de prison pour un crime atroce.  Celui-là, on le rencontrera par personnes interposées.  Et on tentera de comprendre.  

 

En effet, la question qui se pose, c’est pourquoi certains basculent, franchissent la limite.  Pourquoi d’autres s’en sortent.  Et comme c’est un bon roman, on n’y trouvera pas de réponse claire, bien sûr.  Mais le questionnement est bien construit, il remue, nous remet en question.  Nous, le système de justice, les systèmes d’aide à l’enfance.  Tout, en fait.   Et on finit complètement soufflé.  À l’envers.  Je ne dirai pas le pourquoi du comment mais c’est un réalisme qui fait mal, qui nous ramène au sordide du quotidien, de l’existence.  

 

Et à travers ça le personnage de la journaliste Marie Dumais, personnage qui a déjà été rencontré – selon ce que j’en ai lu – dans son premier roman.   Mais rassurez-vous, ne pas avoir lu le dit premier roman n’a en rien dérangé ma lecture.  Il y a aussi une librairie.  Je dis ça, je dis rien.  

 

Un roman à lire donc.  Bien construit, avec des fils qui se nouent petit à petit et surtout, qui nous laisse sous le choc.  Même si.  

 

Belle découverte.  Et promis, je lirai « La réparation »! 

Dieu et le docteur Grübbel – Mario Vivier

Dieu-et-le-Docteur-Grubbel.jpgMario Vivier est un auteur avec qui j’aurais aimé discuter lors du salon du livre de l’Outaouais.  Bon, il était trop occupé, ce n’est pas grave, mais après avoir terminé la lecture de ce roman, je réalise que j’aurais VRAIMENT aimé discuter avec lui.  Car j’ai l’impression la difficulté ne vient pas du roman, mais de la lectrice, qui en a vraisemblablement manqué un bout.  

 

La mise en scène est celle-ci.  Un psychiatre avec  une clinique dans la campagne environnant Berlin.  Un jour, un patient sonne à sa porte.  Dieu.  Qui croit qu’il est fou.  Mais qui ressemble drôlement à un collègue du Dr. Grübbel.  Un certain Sigmund Freud.  S’ensuit un tête à tête étrange et onirique, ponctué d’extrait du journal du patient et du médecin, le tout dans un huis-clos à ciel ouvert, entre la demeure bizarre du médecin et celle de sa jeune voisine,veuve d’un explorateur disparu sur le terrain.  

 

C’est un roman particulier, qui nous emmène ailleurs.  Les mots de l’auteur savent créer une atmosphère lourde, menaçante, malgré le décor limite idyllique.  On se laisse emporter par le tourbillon de pensées du psychiatre qui se sent pris au piège, remis en question, épié.  Les mots sont précis, lourds de sens, l’ambigüité constante.  

 

Mais bon, après ces louanges, pourquoi est-ce que je parle de difficulté en introduction, direz-vous.  Je m’explique.  En tant que lectrice-qui-comprend-toujours-tout-trop-vite, j’ai vu très rapidement.   Vers page 40 (et ce même si un personnage me questionne un peu).  Si j’ai trouvé très intéressante la façon de l’auteur d’explorer le duel entre les deux personnages, si l’évolution du docteur – que j’attendais – est très bien décrite et que j’ai tourné les pages avec avidité pour voir comment le tout allait bien pouvoir se terminer, j’ai refermé le livre sur un sentiment d’inachevé.  Un genre d’anti-climax.   Et je me remets en question, as usual!

 

Bref, un roman à découvrir, ne serait-ce que pour me dire ce que vous en avez pensé!

Joyeuses Pâques, Marley – John Grogan/Richard Cowdrey

Paques-Marley.jpgAvouons-le d’emblée, je ne suis pas super fan au départ des séries d’albums qui démarrent à partir du succès d’un film ou d’un roman.  Ici, il s’agit de Marley, le chien de « Marley et moi », film qui m’a fait pleurer toutes les larmes de mon corps dans un avion alors que je ne suis même pas très « animaux » au départ.   J’étais donc un peu dubitative avant de l’ouvrir, encore plus quand j’ai vu les illustrations du roman, très réalistes et bien peu originales selon moi.  

 

Mais bon, laissons une chance.  

 

Et j’ai somme toute bien fait car finalement, l’histoire est mignonne, certes classique, mais elle a beaucoup d’humour et, le plus important, fait rire les cocos.  Les cocos-vivants, pas les cocos de Pâques!  Qui, on doit l’avouer, en mangent toute qu’une avec Marley le chien un peu-beaucoup fou.  Il me fait d’ailleurs penser à celui d’une copine… que je ne nommerai pas mais qui, je crois, se reconnaîtra!

 

L’histoire, c’est que Marley le chien veut ab-so-lu-ment gagner la course aux cocos de Pâques de la ville et trouver le Merveilloeuf géant.  Sauf que bon, quand on a pas de mains, un peu difficile de ne pas se faire voler les cocos qu’on trouve.  Il va donc partir en grande… et essayer d’attraper tout ce qui ressemble de près ou de loin à un coco de Pâques dans la ville.  Au grand désespoir de ses maîtres, comme vous pouvez vous l’imaginer.  Et là, j’avoue que les blagues visuelles sont fort prévisibles mais fonctionnent très bien.  Les enfants trouvent ça super drôle et on s’imagine dans la peau de ces maîtres qui tentent de rattraper leur pitou hyperactif!

 

Bref, ça plaît aux enfants!  C’est ce qui compte, n’est-ce pas?

Et maintenant, je suis obligée d’organiser une chasse aux cocos encore cette année.  Maman, on fait ça en grande??

On Her Majesty’s Secret Services – Ian Fleming

on-her-majesty-s-secret-services.jpgJ’ai vu tous les James Bond, je pense.  En film. Toutes les vieilles versions, surtout.  Mais je pense que jamais je n’aurais ouvert un roman si ça n’avait été de miss Angéla Morelli/Fashion qui m’a offert celui-ci en livre audio en me disant:

 

– Je n’ai aucune idée de ce que ça vaut mais on s’en fout, tu vas pouvoir écouter David parler pendant quelque chose 11h et il pourrait lire l’annuaire que ce serait couinant. 

 

Comme toujours, elle a raison, hein. 

 

Celui-ci, je m’en souvenais car c’est celui où James Bond se… Ah mais je ne dirai rien :)))  Ce n’est pas tout le monde qui a vu le seul James Bond qui met en vedette George Lazenby.  Bref, ce livre est le deuxième de la trilogie Blofeld.  Au départ, Bond est relégué à la poursuite de SPECTRE, et il est convaincu qu’il perd son temps.  Du coup, il en est à composer une lettre de démission mentale à M, son patron (j’adore M… je pense que c’est mon personnage préféré dans les James Bond) quand soudain, il se voit doublé par une petite voiture blanche conduite par une jolie jeune fille qui se révèle être une demoiselle Tracy… qui ne va pas bien du tout. 

 

Bref, après toute une aventure impliquant l’Union Corse, Bond est à nouveau sur la piste de Blofeld, qui se ferait maintenant appeler compe de Bleuville et qui serait à la recherche de la restauration de son titre.  Le voilà donc parti pour une station fort isolée dans les Alpes où le comte travaillerait à un traitement révolutionnaire sur les allergies alimentaires, déguisé en Sir Bray, spécialite de la généalogie.  Il réalisera rapidement qu’il se passe quelque chose d’étrange dans cette station… pourquoi tant de mystère pour des allergies?  Quel est ce traitement?  Et qui est ce comte de Bleuville ainsi que son assistante, la détestable Irma Bunt?

 

Un Bond assez classique, bien rythmé et pas mal écrit, avec beaucoup d’action et de mystères.    Je ne me souvenais pas de ce côté plus émotif de Bond, plus profond, et j’ai été ravie de le redécouvrir ici.  Bon, je dirais que certaines scènes d’action (genre une interminable descente en skis) passent un peu moins bien à l’écrit qu’à l’écran… mais en gros, j’ai beaucoup aimé écouter cette aventure de James Bond.  Surtout lue par David-chou, qui est, comme toujours, excellent!

L’ange de pierre – Margaret Laurence

l-ange-de-pierre.jpgVoici un roman que j’ai beaucoup aimé mais dont – je le sens – j’aurai du mal à parler.  Il traînait dans ma pile depuis un bon bout de temps (en fait, depuis sa réédition chez Alto) mais c’est quand j’ai lu les correspondances de l’auteur avec Gabrielle Roy que j’ai eu une intense et subite envie de l’en ressortir. 

 

L’ange de pierre, c’est celui qui trône sur le monument funéraire des Currie, dans la petite ville fictive de Manawaka au Manitoba (l’une des provinces « du milieu », pour les européens qui me lisent).  Quand nous rencontrons Hagar Shipley (née Currie), elle a 90 ans.  Sa santé vascille, elle a du mal à marcher et son regard est davantage tourné vers le passé que vers l’avenir.  Car bon, devant elle, elle ne sait pas trop ce qu’il y a.   Elle habite avec son fils « pas préféré », Marvin et sa bru (qu’elle considère comme une grosse femme stupide et plaignarde) Doris.  Entendons-nous tout de suite, de jeune fille déterminée, Hagar est devenue une vieille haïssable, qui se permet de dire à peu près n’importe quoi à n’importe qui.  Sans compter ce qu’elle en pense!

 

Mais voilà, Marvin et Doris ont la soixantaine.  Difficile pour eux de s’occuper de Hagar qui demande de plus en plus de soins et qui est de plus en plus souvent plongée dans le passé.  Pour eux, la solution, la survie, même, c’est la maison de retraite.  Ce à quoi Hagar s’oppose avec toute la vigueur qui lui reste, comme vous pouvez vous l’imaginer.  Et c’est avec cette peur en tête qu’elle revit sa jeunesse en tant que fille d’un homme « qui a réussi à partir de rien » et qui a la hantise des apparences (elle est une Currie, après tout), du qu’en dira-t-on.  Nous verrons son mariage avec Bram Shipley, un homme de 14 ans son aîné, fermier grossier et sans le sou.  Ses désillusions.  Sa jalousie à l’égard de Lottie, l’une de ses camarades d’enfance.  Ses espoirs reportés sur John, son fils préféré pour qui ce sera beaucoup trop lourd.  Bref, une femme affirmée, libérée pour l’époque, pas religieuse du tout dans un monde où ça prenait toute la place (le roman a été écrit dans les années 60).  Et tout au long de son histoire, nous la regardons aller en nous disant à la fois « tu l’as bien cherché » et en ayant le goût de retenir les mots de trop, ceux qui blessent et ne s’oublient pas.  Et en lui chuchotant ceux qu’elle n’a pas dits.    Nous oscillons entre la compassion pour Hagar et la pitié pour son fils et sa bru qui sont à bout de souffle (et à bout de nerfs) devant ses attaques et ses comparaisons.  Rien n’est tout noir ou tout blanc.  Tout est profondément… humain.  Humain et souffrant. 

 

Une construction alternant entre le passé et le présent, entre les brumes et la clarté, une écriture maîtrisée, précise et un personnage principal qu’on a parfois du mal à aimer, mais qui nous touche profondément.  Elle présente en effet une dualité intrigante, un mélange étonnant de force et de faiblesse.  Une réflexion aussi sur la vieillesse, sur les espoirs déchus, sur les deuils qui ne se font pas et sur la lutte interne qu’elle livre quotidiennement.  

 

Une auteure classique canadienne que je n’avais jamais lue… mais que je relirai certainement.  Un roman vrai.