Des fois, on se demande pourquoi on ne lit pas certains romans. Je n’étais nullement attirée par celui-ci, parce qu’on parlait de « roman écologique ». Et là, moi, dans ma tête, ça me disait « roman moralisateur ». En effet, je pense que les premiers « grands écolos » que j’ai rencontrés m’ont traumatisée à vie. Pourtant, j’ai beaucoup aimé ce court roman qui est, certes, écologique, mais surtout profondément humain, dans le bon sens du terme.
Il s’agit donc de l’histoire de Antonio José Bolivar, un vieil homme qui habite à El Idilio, en Amazonie. Avec une narration qui fait penser aux contes, nous rencontrons le vieil homme alors qu’il est déjà âgé et qu’un cadavre est ramené par les Shuars, que le maire accuse aussitôt du meurtre. Pour Antonio José Bolivar, qui connaît bien la forêt et les Shuars, c’est clair, c’est l’oeuvre d’un félin. Et le maire, personnage gluant surnommé la Limace, va limite l’obliger à s’aventurer pour tuer l’animal.
Antonio José Bolivar vit un peu à l’écart du monde. Il vit dans sa cabane et passe l’année à lire, lentement, des romans d’amour que lui apporte le dentiste qui passe deux fois par année au village. On nous dépeint une Amazonie magnifique mais cruelle, un homme qui a tenté d’y vivre complètement tout en restant trop « homme » pour réussir. Nous marchons dans cette forêt avec les personnages, la sentons vivante et je me suis limite émue au sort du félin, qui les traque à son tour, tel un égal.
Une très belle lecture, donc, que je n’ai pas trouvée moralisatrice pour deux sous, finalement. Lucky me!