Le jardinier de la nuit – Les frères Tan

Quel bel album!  J’aime toujours ces ambiances poétiques, un peu sombres, qu’un événement va venir éclairer la banalité du quotidien.   En plus, le visuel est magnifique, avec des images un peu vintage qui vont se colorer petit à petit.  Il y a une douceur, une lumière qui planent sur cette histoire.  Très très beau.

 

William habite dans un orphelinat, rue Grimloch, une rue un peu triste.  Et un jour, dans un arbre, apparaît un hibou qui va mettre la rue en émoi, rassembler les habitants et faire naître des sourires.  Et bien entendu William va tenter de découvrir les mystères des arbres qui se transforment. Même après.

 

Avec les enfants, nous avons beaucoup aimé découvrir pourquoi le mystérieux jardinier ,avait choisi cette forme en particulier.  On travaille ainsi la question « pourquoi » et on cherche les indices dans la page.  Bon, les inférences sont un peu répétitives et super simples, mais pour commencer, ça fonctionne super bien.  Et bon, pourquoi me priver de lire et relire ce si bel album, n’est-ce pas!

 

Vraiment très très beau, un peu magique, et ça nous donne envie de croire que certains petits gestes peuvent changer la vie!

Un paquebot dans les arbres – Valentine Goby

J’ai pioché ce livre au hasard dans la bibliothèque d’une copine.  Oui, je sais, comme si je n’en avais pas assez chez moi.  Comme si je n’avais pas comme but de lire tous ces livres qui me tentent au boutte! Mais je ne sais pas pourquoi, celui-là m’attirait.  Incroyablement.  Et j’ai bien fait parce que j’ai passé un excellent moment.

 

Un paquebot dans les arbres commence à La Roche Guyon.  J’ai visité le village.  Et le château.  Et j’en garde un super souvenir (j’en parlais ici d’ailleurs).  Du coup, ouvrir ces pages et me retrouver au Balto, le café du village avec Paulot au centre, avec son harmonica, j’ai adoré. J’ai vraiment fait un petit tour dans le café et dansé avec tout ce beau monde.  Et je crois qu’avoir vécu avec eux ces moments heureux, ça a rendu la suite encore plus poignante.

 

La famille Blanc est particulière.  Paulot est en admiration devant sa fille aînée et Odile, la mère, ne voit que son homme.  Quant à Mathilde, la plus jeune, elle serait prête à tout pour que ton père l’aime.  Quitte à devenir « son p’tit gars ».   Les Blanc sont loin d’être une famille parfaite mais ce roman est une histoire d’amour.  L’histoire de l’amour envers son père, certes, mais aussi envers toute sa famille, malgré ses failles.

 

Mathilde est certe un très beau personnage de femme ayant dû grandir trop vite.  En effet, la maladie se pointe, cette maladie qui fait peur à tout le monde et qui bouffe les poumons.  Paulot passe de tout à rien du tout.  La famille le suit dans la descente vertigineuse.

 

C’est un très beau roman, sur fond de guerre d’Algérie, un hommage à ces gens oubliés en France pendant les fameuses « Trente Glorieuses ».  Tout de suite au début, j’ai été touchée par la visite de Mathilde sur ce lieu qui a marqué son adolescence ou sur ce qui en a tenu lieu.  Touchée par ces oubliés du système et de l’histoire en général.  La tuberculose, ma famille a connu à cette époque.  J’ai été d’autant plus émue.

 

Ceci dit, à plusieurs moments, j’en ai limite voulu à la famille de Mathilde et à l’égoïsme de tout le monde qui l’entoure.  Mathilde essaie d’être un roc enthousiaste et pétillant mais parfois, la vie la rattrape.   Elle en a tellement lourd sur ses épaules, et toute sa famille semble trouve ça tellement normal.

 

Bref, malgré tout ça, cet ode à son père tant aimé prend aux trippes, servi par une écriture parfois très douce, parfois coup de poing, mais toujours évocatrice.

 

J’ai beaucoup aimé.

Le journal de mon père – Jirô Taniguchi

Comme plusieurs, c’est avec tristesse que j’ai appris la mort de Jirô Taniguchi cette semaine.  J’ai donc choisi de lire l’une de ses oeuvres qui traînait dans ma pile depuis plusieurs années déjà.  Presque depuis les débuts du blog.  Oui, près de 10 ans.  Il était à peu près temps, direz-vous!

 

Yoichi revient dans sa ville natale de Tottori après des années d’absence.  Il revient pour la mort de son père, homme qu’il n’a jamais compris et de qui il s’est toujours tenu éloigné.  Il se souvient de lui comme d’un homme taciturne, toujours au travail et il ne lui a jamais pardonné le départ de sa mère, quand il était enfant.  Avec ce retour au sources, il va porter un autre regard sur ses racines, son enfance, et sur ce père qu’il n’a jamais pris le temps de bien regarder.

 

C’est un récit tout en délicatesse et en nostalgie.  Le roman graphique réussit à dépeindre à merveille la blessure de Yoichi, l’ambivalence de ses sentiments et la façon dont cette brisure a marqué sa vie, comme le grand feu du premier tome a créé une grande cicatrice sur le village.   C’est le récit d’un homme qui s’est fermé les yeux volontairement pour réussir à devenir adulte malgré sa douleur et ses incompréhensions.  Et c’est un retour aux sources triste, beau et émouvant auquel nous assistons dans cette bande dessinée.

 

Le trait de Taniguchi est, comme d’habitude, précis et détaillé.  Il réussit à donner aux visages des expressions réalistes et convaincantes.  De plus, son souci du détail nous plonge en plein Japon d’il y a quelques dizaines d’années, avec ses paysages et ses coutumes.

 

Je suis très proche de ma famille.  Du coup, juste penser à la disparition de l’un de mes parents me fait un peu freaker et de lire une telle histoire me donne encore davantage envie de leur faire un gros câlin, juste pour être certaine qu’ils savent que je les aime, même si je suis loin d’être une fille parfaite et même si, j’en suis certaine, je ne les comprends pas toujours.

 

Des images fugaces, des sentiments contradictoires, une vision partielle de ces personnes à part entière que nos yeux de tout petit ne voient que comme « des parents »… Quel regard vrai sur les souvenirs d’enfance.  Un grand talent que ce Taniguchi!

C’est chez Noukette cette semaine!

L’impureté – Larry Tremblay

Avec Larry Tremblay, c’est toujours une surprise.  On ouvre le roman, et on ne sait jamais trop dans quoi on va tomber.   J’avais eu une grosse claque avec L’orangeraie tandis que Le christ obèse m’a dépassée par sa violence et son côté gore.  Dans celui-ci, c’est encore autre chose.  Un roman à tiroirs. À poupées russes. Un livre dans un livre.  Tout à fait le genre de chose que j’aime.  Et ça n’a pas manqué, j’ai adoré.

 

Comment parler de ce roman…  Je ne voudrais surtout pas briser le flou volontaire qui nous happe immédiatement.  Je vous dirai donc que dans L’impureté, il y a Antoine.   Il est prof de philo, vient de Chicoutimi.  Sa femme, Alice Livingston, célèbre romancière, vient de mourir et son dernier roman, Un coeur pur (qu’il n’a pas lu… il ne lit jamais ses romans avant la publication) sera publié à titre posthume.  Il est perdu, tue le temps.  Sauf que dans ce roman, Alice revisite des souvenirs, son couple, et révèle à tous le coeur de son mari.

 

La construction de ce roman est un chassé croisé de haute voltige, qui nous balade entre la réalité et la fiction mais aussi entre les époques et les alter ego.  Antoine?  Vincent?  Philippe?  Félix?   Entre les discussions sur l’existence, l’amour, l’humanité, entre les tests et les relations pas toujours saines, nous voyons évoluer Antoine, ce personnage qui fait froid dans le dos tellement il se cache derrière une pseudo authenticité philosophique.

 

Une vraie réflexion sur l’homme et ses bassesse, sur la mort, sur la dualité pureté/impureté mais surtout un récit mené très très habilement.

 

Pour la petite histoire, c’est maman qui m’a mis ce roman dans les mains en me disant « lis-le donc, je ne suis pas certaine d’avoir bien compris ».    Je l’ai lu, on a pu en jaser ensuite.  Je ne suis pas, comme plusieurs,  tombée de ma chaise à la fin du récit (as usual) mais ce n’était pas nécessaire pour apprécier pleinement l’habileté du truc.

 

À lire… pour se laisser surprendre!

Les avis de Madame lit et Marie-Claude

Autour d’elle – Sophie Bienvenu

Je n’ai jamais été déçue par Sophie Bienvenu.  J’aime son écriture cash et sa façon de nous garrocher la réalité pas belle en pleine face, parfois en ayant l’air de rien.   De plus, les trois ouvrages que j’ai lus d’elle sont tous très différents, autant sur la forme que sur le fond (Mes billets sur Et au pire on se mariera et Chercher Sam).  Et savez-vous quoi?   J’ai dévoré ce roman.  Je l’ai adoré, j’ai aimé les choix de l’auteur et surtout, surtout, cette fin est parfaite!  Rien de moins!

 

Le titre du roman est très bien choisi.  Tout au long du roman, nous tournerons autour d’elle, de Florence.  Nous la rencontrerons jeune fille, par les yeux d’un premier amour et ensuite de loin.  Nous la verrons évoluer, elle et le secret qu’elle n’a jamais avoué à personne, son fils Adrien, donné en adoption à la naissance.    Nous allons nous approcher d’elle petit à petit et, étrangement, même si nous ne passons que peu de temps avec elle, nous avons l’impression de la connaître un peu.  Nous ressentons son mal-être.   C’est émouvant, parfois déchirant, mais on sent poindre l’espoir parfois, et ça fait du bien.  D’ailleurs, dans ce roman, il y a souvent des touches de lumière qui pointent à travers les petits et grands drames.

 

Chaque chapitre est en soi une nouvelle, une rencontre avec un personnage qui se trouve à un moment clé de sa vie et qui va, d’une façon ou d’une autre, entrer en relation avec Florence.   Comment?  Vous verrez. Ils sont tous différents, tous ont leur voix, tous sonnent juste. À travers eux, on traite de divers thèmes, de la dépression à la violence conjugale, en passant bien entendu par la maternité.  Chaque courte histoire est complète en soi, il y a beaucoup de diversité, une bande sonore remplie de souvenirs et à la fin, la boucle est réellement bouclée.

 

Je vous ai dit que j’avais adoré la fin hein?

Sophie Bienvenu n’a pas choisi la facilité, loin de là.  Par-fai-te, je vous le répète!

 

Je conseille +++

Un coup de coeur pour moi!

Les avis de Marie-Claude, Yannick, Marguerite.  Toutes conquises.

Mon nom est Tonnerre – Sherman Alexie / Yuri Morales

Cet album avait des critiques dythirambiques.  Et voilà que moi, si j’ai bien aimé, je n’ai pas été complètement conquise non plus.  En fait, j’étais ravie par ma lecture… jusqu’aux dernières pages.  J’aurais aimé une fin plus en accord avec le récit… mais je ne dirai rien ici, n’est-ce pas!

 

Le héros de l’histoire, c’est Tonnerre Tremblay Fils.  Parce que son papa, c’est Tonnerre Tremblay Père.  Thunder Smith Junior, ça passe quand même un peu mieux.   C’est son papa qui a choisi son nom.  Son papa grand et fort, qu’il adore.

 

Pour tout le monde, Tonnerre est Petit Tonnerre.  Il déteste son nom et voudrait son nom bien à lui.  Qui le représente.  Et cela donne des illustrations magnifiques, avec une interaction judicieuse entre les images et les bulles de texte.  c’est imaginatif, coloré et les noms qu’invente Tonnerre sont, bien que fort improbables, très drôles et très représentatifs de la réalité d’un enfant.

 

Les enfants ont adoré s’inventer des noms eux-aussi.  C’est toujours impressionnant de voir comment ils se voient et de quels défis ils sont les plus fiers.  Ce n’est pas toujours ce que l’on pense!

 

Mais bon.  La fin m’a déçue et je boude.  J’aurais aimé qu’elle soit à la hauteur de mon ressenti du reste de l’album.

Même si je suis un peu la seule à bouder!

Night Circus (Le cirque des rêves) – Erin Morgenstern

J’avais ce roman depuis plusieurs années dans ma bibliothèque et j’ai choisi la période des fêtes pour l’en sortir.  Je trouvais que la période était parfaite, avec juste ce qu’il faut de magie pour entrer dans cette atmosphère onirique et fragile.  Et j’ai dû bien faire car ça a fort bien fonctionné.

 

Je n’avais rien lu du résumé et du coup, je n’avais aucune attente de grande bataille ou de duel à finir.  J’ai donc pu me laisser happer par cette ambiance qui est, selon moi, la grande force du roman.  J’ai adoré la plume, les descriptions, souvent partielles, qui nous permettaient de nous créer nos propres odeurs, nos propres images.   J’ai adoré me balader dans ces tentes, marcher dans le monde gelé ou me balader dans le labyrinthe.  J’ai aimé y croire, partager la passion et la folie des rêveurs.   J’ai aussi adoré les références (que j’aurais voulues un peu plus nombreuses), les portes que ça ouvre sur les légendes et la culture populaire.

 

L’histoire?  C’est compliqué, comme dirait Tsutsiko.  Compliqué et simple à la fois.  Deux enfants obligés bien malgré eux à s’affronter dans un duel de magie, pour la gloire de leur instructeur aux méthodes bien différentes.   Et de tout ceci naîtra la cirque des rêves, scène grandiose pour ces deux enfants et leurs réalisations.   Tout au long du récit, j’y ai été immergée, et ce malgré l’aura de mystère qui baigne le cirque et les motivations des personnages.

 

Entre conte et légende, j’ai adoré ma lecture, malgré certaines incohérences (ceci dit, c’est de la magie, on comprend) et des interrogations qui subsistent à la fin.  Je garderai un très bon souvenir de cette lecture qui m’a emmenée ailleurs!

L’été Diabolik – Smolderen/Clerisse

C’est quand j’ai vu une illustration inspirée d’une oeuvre que j’aime beaucoup (Nichols Canyon de David Hockney) que j’ai décidé de lire cette BD.  J’ai ensuite réalisé que l’album avait gagné plein de prix, mais comme j’habite dans un univers alternatif, je n’avais jamais entendu parler des prix en question.  Of course.

 

Cet album nous amène en 1967, en France.   Antoine a 15 ans et cet été-là va bouleverser sa vie.  La mère et la soeur du garçon sont en voyage, ce qui l’amène à passer du temps avec son père, homme d’affaire souvent absent.  L’album commence avec un match de tennis où Antoine joue contre Erik, un jeune homme de son âge avec qui, il le croit, il pourrait s’entendre.  Mais suite au match, le père d’Erik se jette littéralement sur le père d’Antoine.  Ce geste intrigue Antoine… mais il ne réalise pas où ça va le mener.

 

Je ne veux rien vous raconter de l’histoire et vous laisser découvrir.   Mais on nous emmène dans un monde sixties complètement psychédélique dans les illustrations, dans un univers de faux semblants et d’apparences.  Antoine va être confronté à l’inconnu, alors qu’il se croyait en terrain stable.  C’est aussi un été de premières fois, un été où il sera confronté à l’humanité, pas toujours jolie.

 

Puis, 20 ans plus tard.  Antoine a écrit son histoire.  Et c’est là qu’il va vraiment comprendre l’été de ses 15 ans.  Cette partie m’a bouleversée.  La petite phrase sur la démocratie… j’ai dû refermer la bd pour  y réfléchir.   C’est aussi  une BD bourrée de références, avec une coloration (particulière) à la Warhol à l’occasion, la fameuse petite robe de Yves Saint-Laurent dont j’ai oublié le nom (mais je suis preeesque certaine qu’il commence par « m »).  Pour ma part, je suis totalement fan (à part pour les visages des personnages) des couleurs et du traits.   Et j’ai été ravie de voir la réinterprétation de la fameuse image de Hackney!

 

Of course, j’ai dû manquer des références.  Je connais quelques Pulps, je connais un mini-peu Diabolik mais j’ai été ravie d’en retrouver plusieurs  et j’ai adoré l’utilisation des masques dans la BD.  Vraiment bien fait.

 

Une très bonne découverte… et avec la couverture, je n’aurais jamais dit que j’accrocherais autant!

La fameuse illustration de Hockney, prise sur pinterest… et c’était ma BD de la semaine.

On en parle aussi chez Leiloona, Mo et Tamara

 

C’est chez Stephie cette semaine!

Ma visite dans la classe de « Madame Michèle »

Madame Michèle, c’est mon amie.  On s’est rencontrées à la patrouille de ski il y a de ça plusieurs années et j’ai découvert quelqu’un, proche de chez moi, qui avait des intérêts comme les miens… et qui partageait mes références douteuses.  Vous pouvez vous imaginer qu’on est devenues amies!  Des spécimens comme nous, ça ne court pas les rues (hein, Fabienne et Laurence!)

 

Madame Michèle (qui n’est pas une tenancière de bordel, même si c’est toujours, toujours la première image qui me vient en tête quand je dois dire « madame + prénom », ce qui arrive TOUS les jours vu que c’est la coutume dans toutes les écoles primaires) est aussi enseignante.  Une enseignante passionnée qui souhaite non seulement enseigner « le programme » mais aussi donner à ses cocos le goût d’apprendre et de leur faire découvrir les mondes imaginaires et culturels.   Lors d’un 5 à 7 (version québécoise) à notre QG (la Voie Maltée, hors des heures d’affluence… genre en pleine semaine), nous discutions des défis qui attendaient ses élèves dans la compétence du ministère « apprécier un texte ».

 

Les jeunes ont tendance à résumer (ou encore à raconter touuuute l’histoire, incluant la fin sinon c’est pas drôle) et à limiter leur appréciation à « parce que c’était intéressant ».    Certes, ça fait beaucoup de mots, mais ça ne répond pas du tout aux critères du ministère en 6e année.

 

On en est venues au blog.  Elle lit le mien depuis longtemps, ne commente presque jamais, et je vous jure qu’un jour, je parviendrai à lui faire ouvrir son propre espace.  En discutant des similarités entre les billets de blogs que j’écris et les exigences du fameux ministère, on s’est dit qu’en faire faire un aux élèves, ça pourrait être bien.  Et pour leur donner envie, j’ai débarqué dans leur classe un bon vendredi matin… et on a jasé littérature!

 

Michèle a cette année une classe de 5e année, option sport-études, qu’elle va suivre aussi l’an prochain, en 6e année.  Ils ont donc 10-11 ans, vont à l’école le matin et sont à leur sport en après-midi.  Il va sans dire qu’il y a des critères et que ce sont des élèves performants, autant au plan académique qu’au plan athlétique.   Les jeunes danseuses (ici, toutes des filles) côtoient les hockeyeurs passionnés de Maurice Richard ainsi que les joueurs de soccer et les tireurs à l’arc.   J’ai eu de la chance pour ma visite : ce groupe est génial.  Ils sont allumés, intéressés, aiment discuter et se respectent quand ils ne sont pas d’accord.  Du bonbon, je vous dis!

 

J’ai donc pu parler du blog en tant que tel.  Pourquoi je l’ai commencé, où ça m’a menée, les rencontres que j’ai pu faire grâce au blog.   Pour les jeunes, les auteurs sont des héros, rien de moins (génial, non!).  Du coup, quand je leur dis que j’en connais certains et que plusieurs me connaissent à cause du blog, ils n’en reviennent pas!  Un blog, c’est pour partager le goût de la lecture et, souvent, donner envie.  Du coup, c’est lu.   Plus qu’on pense, des fois.

 

N’est-ce pas une passerelle géniale pour en arriver à « résumer » versus « apprécier »?

Si un blog est lu et que tu racontes toute l’histoire, tu ne vas pas inciter les gens à LIRE le roman que toi tu as tant aimé et que tu voudrais que TOUT LE MONDE lise!  Pour plusieurs, ça a fait tilt.   Et c’est tellement génial de voir leur yeux s’allumer!

 

On a ensuite discuté de nos goûts respectifs en littérature, selon les différents points du fameux programme, bien entendu.  S’en est suivi une longue, longue discussion sur les goûts de chacun et sur le fait que – oh révélation – ce qui est « intéressant » pour un ne l’est pas pour l’autre.  Et que des fois, une critique négative peut donner envie à quelqu’un qui aime justement ce que l’autre n’a pas apprécié.

 

Nous avons donc pratiqué (oralement et par écrit) avec des romans que nous avons adoré ou détesté et – à la suggestion d’un de ces moineaux hautement compétitifs – je devrais lire le roman qui m’a le plus tentée parmi tous ceux dont ils ont parlé.   Et c’était varié!  Des bandes dessinées, des biographies de sportifs, des histoires d’amour, des romans « journal intime », des classiques (oui oui), du fantastique, sans oublier Harry Potter, of course.

 

Finalement, c’est un roman de chez Scholastic qui a remporté la palme, dans la collection « Cher journal ».  Je vais donc lire « Du sang sur nos terres », roman historique qui nous amène à l’époque de Louis Riel en Saskatchewan.   Je vous en parlerai, of course!

 

Le blog en question sera en ligne bientôt…  et je vais certainement vous solliciter pour aller commenter quelques billets pour encourager les jeunes.  Vous allez faire ça pour moi, hein! 🙂

 

L’amie prodigieuse – Elena Ferrante

C’est ma copine Angie Morelli qui lisait ce roman à l’été et qui m’a donné envie de tenter le coup.  Elle semblait complètement partie dans cette histoire et découvrir cet univers napolitain avec curiosité.  Du coup, je l’ai attrapé un soir… et je ne l’ai plus lâché.

 

L’amie prodigieuse, c’est un roman simple et complexe à la fois.  Simple par sa langue, par la proximité que nous avons rapidement avec les personnages et complexe par l’ambivalence des sentiments, des réactions, ainsi que par l’ambiguïté des liens des personnages avec leurs racines, avec le quartier et ce qui les rattache à ce monde plein de violence « ordinaire », qu’ils considèrent comme normale.   L’histoire est racontée par Lenu, l’une des deux amies qui sont les personnages principaux du roman.  Toute son enfance et son adolescence, elle l’a vécue à l’ombre de Lila, la fameuse « amie prodigieuse ».  Lila est frondeuse, souvent méchante, très intelligente et déterminée.   Lila aurait tout pour réussir, mais Lila est née dans sa famille et ça ne va pas se passer comme ça.

 

Dans ce premier tome d’une quadrilogie, nous vivons avec Lenu et Lila leur enfance et leur adolescence.  Sous la plume de Ferrante, nous voyons s’éveiller sous nos yeux tout un petit monde, tout un quartier populaire du Naples des années 50 prend vie sous nos yeux.  Si Lila et Elena sont très attachantes, toute la bande de copains sont incroyablement réels, avec leurs rêves et leurs aspirations, chacun à leur niveau.  Bien entendu, tout le monde a le sang chaud, la société est fort patriarcale et les femmes, malgré le boom économique, sont encore dominées par leur famille et soumises à une terrible violence presque normale aux yeux de tous.  Nous ne sommes pas dans la caricature.  Mais nous voyons les jeunes d’un quartier grandir, aller à l’école, arrêter l’école, vivre leurs premiers amours.   La vie, quoi.

 

Une histoire d’amitié qui passe de la dépendance à un amour fou en passant par la jalousie.  On se sent proche des deux jeunes filles… et veut veut pas, on a vraiment envie de savoir ce qui va se passer par la suite!