Mon nom est Tonnerre – Sherman Alexie / Yuri Morales

Cet album avait des critiques dythirambiques.  Et voilà que moi, si j’ai bien aimé, je n’ai pas été complètement conquise non plus.  En fait, j’étais ravie par ma lecture… jusqu’aux dernières pages.  J’aurais aimé une fin plus en accord avec le récit… mais je ne dirai rien ici, n’est-ce pas!

 

Le héros de l’histoire, c’est Tonnerre Tremblay Fils.  Parce que son papa, c’est Tonnerre Tremblay Père.  Thunder Smith Junior, ça passe quand même un peu mieux.   C’est son papa qui a choisi son nom.  Son papa grand et fort, qu’il adore.

 

Pour tout le monde, Tonnerre est Petit Tonnerre.  Il déteste son nom et voudrait son nom bien à lui.  Qui le représente.  Et cela donne des illustrations magnifiques, avec une interaction judicieuse entre les images et les bulles de texte.  c’est imaginatif, coloré et les noms qu’invente Tonnerre sont, bien que fort improbables, très drôles et très représentatifs de la réalité d’un enfant.

 

Les enfants ont adoré s’inventer des noms eux-aussi.  C’est toujours impressionnant de voir comment ils se voient et de quels défis ils sont les plus fiers.  Ce n’est pas toujours ce que l’on pense!

 

Mais bon.  La fin m’a déçue et je boude.  J’aurais aimé qu’elle soit à la hauteur de mon ressenti du reste de l’album.

Même si je suis un peu la seule à bouder!

Night Circus (Le cirque des rêves) – Erin Morgenstern

J’avais ce roman depuis plusieurs années dans ma bibliothèque et j’ai choisi la période des fêtes pour l’en sortir.  Je trouvais que la période était parfaite, avec juste ce qu’il faut de magie pour entrer dans cette atmosphère onirique et fragile.  Et j’ai dû bien faire car ça a fort bien fonctionné.

 

Je n’avais rien lu du résumé et du coup, je n’avais aucune attente de grande bataille ou de duel à finir.  J’ai donc pu me laisser happer par cette ambiance qui est, selon moi, la grande force du roman.  J’ai adoré la plume, les descriptions, souvent partielles, qui nous permettaient de nous créer nos propres odeurs, nos propres images.   J’ai adoré me balader dans ces tentes, marcher dans le monde gelé ou me balader dans le labyrinthe.  J’ai aimé y croire, partager la passion et la folie des rêveurs.   J’ai aussi adoré les références (que j’aurais voulues un peu plus nombreuses), les portes que ça ouvre sur les légendes et la culture populaire.

 

L’histoire?  C’est compliqué, comme dirait Tsutsiko.  Compliqué et simple à la fois.  Deux enfants obligés bien malgré eux à s’affronter dans un duel de magie, pour la gloire de leur instructeur aux méthodes bien différentes.   Et de tout ceci naîtra la cirque des rêves, scène grandiose pour ces deux enfants et leurs réalisations.   Tout au long du récit, j’y ai été immergée, et ce malgré l’aura de mystère qui baigne le cirque et les motivations des personnages.

 

Entre conte et légende, j’ai adoré ma lecture, malgré certaines incohérences (ceci dit, c’est de la magie, on comprend) et des interrogations qui subsistent à la fin.  Je garderai un très bon souvenir de cette lecture qui m’a emmenée ailleurs!

L’été Diabolik – Smolderen/Clerisse

C’est quand j’ai vu une illustration inspirée d’une oeuvre que j’aime beaucoup (Nichols Canyon de David Hockney) que j’ai décidé de lire cette BD.  J’ai ensuite réalisé que l’album avait gagné plein de prix, mais comme j’habite dans un univers alternatif, je n’avais jamais entendu parler des prix en question.  Of course.

 

Cet album nous amène en 1967, en France.   Antoine a 15 ans et cet été-là va bouleverser sa vie.  La mère et la soeur du garçon sont en voyage, ce qui l’amène à passer du temps avec son père, homme d’affaire souvent absent.  L’album commence avec un match de tennis où Antoine joue contre Erik, un jeune homme de son âge avec qui, il le croit, il pourrait s’entendre.  Mais suite au match, le père d’Erik se jette littéralement sur le père d’Antoine.  Ce geste intrigue Antoine… mais il ne réalise pas où ça va le mener.

 

Je ne veux rien vous raconter de l’histoire et vous laisser découvrir.   Mais on nous emmène dans un monde sixties complètement psychédélique dans les illustrations, dans un univers de faux semblants et d’apparences.  Antoine va être confronté à l’inconnu, alors qu’il se croyait en terrain stable.  C’est aussi un été de premières fois, un été où il sera confronté à l’humanité, pas toujours jolie.

 

Puis, 20 ans plus tard.  Antoine a écrit son histoire.  Et c’est là qu’il va vraiment comprendre l’été de ses 15 ans.  Cette partie m’a bouleversée.  La petite phrase sur la démocratie… j’ai dû refermer la bd pour  y réfléchir.   C’est aussi  une BD bourrée de références, avec une coloration (particulière) à la Warhol à l’occasion, la fameuse petite robe de Yves Saint-Laurent dont j’ai oublié le nom (mais je suis preeesque certaine qu’il commence par « m »).  Pour ma part, je suis totalement fan (à part pour les visages des personnages) des couleurs et du traits.   Et j’ai été ravie de voir la réinterprétation de la fameuse image de Hackney!

 

Of course, j’ai dû manquer des références.  Je connais quelques Pulps, je connais un mini-peu Diabolik mais j’ai été ravie d’en retrouver plusieurs  et j’ai adoré l’utilisation des masques dans la BD.  Vraiment bien fait.

 

Une très bonne découverte… et avec la couverture, je n’aurais jamais dit que j’accrocherais autant!

La fameuse illustration de Hockney, prise sur pinterest… et c’était ma BD de la semaine.

On en parle aussi chez Leiloona, Mo et Tamara

 

C’est chez Stephie cette semaine!

Ma visite dans la classe de « Madame Michèle »

Madame Michèle, c’est mon amie.  On s’est rencontrées à la patrouille de ski il y a de ça plusieurs années et j’ai découvert quelqu’un, proche de chez moi, qui avait des intérêts comme les miens… et qui partageait mes références douteuses.  Vous pouvez vous imaginer qu’on est devenues amies!  Des spécimens comme nous, ça ne court pas les rues (hein, Fabienne et Laurence!)

 

Madame Michèle (qui n’est pas une tenancière de bordel, même si c’est toujours, toujours la première image qui me vient en tête quand je dois dire « madame + prénom », ce qui arrive TOUS les jours vu que c’est la coutume dans toutes les écoles primaires) est aussi enseignante.  Une enseignante passionnée qui souhaite non seulement enseigner « le programme » mais aussi donner à ses cocos le goût d’apprendre et de leur faire découvrir les mondes imaginaires et culturels.   Lors d’un 5 à 7 (version québécoise) à notre QG (la Voie Maltée, hors des heures d’affluence… genre en pleine semaine), nous discutions des défis qui attendaient ses élèves dans la compétence du ministère « apprécier un texte ».

 

Les jeunes ont tendance à résumer (ou encore à raconter touuuute l’histoire, incluant la fin sinon c’est pas drôle) et à limiter leur appréciation à « parce que c’était intéressant ».    Certes, ça fait beaucoup de mots, mais ça ne répond pas du tout aux critères du ministère en 6e année.

 

On en est venues au blog.  Elle lit le mien depuis longtemps, ne commente presque jamais, et je vous jure qu’un jour, je parviendrai à lui faire ouvrir son propre espace.  En discutant des similarités entre les billets de blogs que j’écris et les exigences du fameux ministère, on s’est dit qu’en faire faire un aux élèves, ça pourrait être bien.  Et pour leur donner envie, j’ai débarqué dans leur classe un bon vendredi matin… et on a jasé littérature!

 

Michèle a cette année une classe de 5e année, option sport-études, qu’elle va suivre aussi l’an prochain, en 6e année.  Ils ont donc 10-11 ans, vont à l’école le matin et sont à leur sport en après-midi.  Il va sans dire qu’il y a des critères et que ce sont des élèves performants, autant au plan académique qu’au plan athlétique.   Les jeunes danseuses (ici, toutes des filles) côtoient les hockeyeurs passionnés de Maurice Richard ainsi que les joueurs de soccer et les tireurs à l’arc.   J’ai eu de la chance pour ma visite : ce groupe est génial.  Ils sont allumés, intéressés, aiment discuter et se respectent quand ils ne sont pas d’accord.  Du bonbon, je vous dis!

 

J’ai donc pu parler du blog en tant que tel.  Pourquoi je l’ai commencé, où ça m’a menée, les rencontres que j’ai pu faire grâce au blog.   Pour les jeunes, les auteurs sont des héros, rien de moins (génial, non!).  Du coup, quand je leur dis que j’en connais certains et que plusieurs me connaissent à cause du blog, ils n’en reviennent pas!  Un blog, c’est pour partager le goût de la lecture et, souvent, donner envie.  Du coup, c’est lu.   Plus qu’on pense, des fois.

 

N’est-ce pas une passerelle géniale pour en arriver à « résumer » versus « apprécier »?

Si un blog est lu et que tu racontes toute l’histoire, tu ne vas pas inciter les gens à LIRE le roman que toi tu as tant aimé et que tu voudrais que TOUT LE MONDE lise!  Pour plusieurs, ça a fait tilt.   Et c’est tellement génial de voir leur yeux s’allumer!

 

On a ensuite discuté de nos goûts respectifs en littérature, selon les différents points du fameux programme, bien entendu.  S’en est suivi une longue, longue discussion sur les goûts de chacun et sur le fait que – oh révélation – ce qui est « intéressant » pour un ne l’est pas pour l’autre.  Et que des fois, une critique négative peut donner envie à quelqu’un qui aime justement ce que l’autre n’a pas apprécié.

 

Nous avons donc pratiqué (oralement et par écrit) avec des romans que nous avons adoré ou détesté et – à la suggestion d’un de ces moineaux hautement compétitifs – je devrais lire le roman qui m’a le plus tentée parmi tous ceux dont ils ont parlé.   Et c’était varié!  Des bandes dessinées, des biographies de sportifs, des histoires d’amour, des romans « journal intime », des classiques (oui oui), du fantastique, sans oublier Harry Potter, of course.

 

Finalement, c’est un roman de chez Scholastic qui a remporté la palme, dans la collection « Cher journal ».  Je vais donc lire « Du sang sur nos terres », roman historique qui nous amène à l’époque de Louis Riel en Saskatchewan.   Je vous en parlerai, of course!

 

Le blog en question sera en ligne bientôt…  et je vais certainement vous solliciter pour aller commenter quelques billets pour encourager les jeunes.  Vous allez faire ça pour moi, hein! 🙂

 

L’amie prodigieuse – Elena Ferrante

C’est ma copine Angie Morelli qui lisait ce roman à l’été et qui m’a donné envie de tenter le coup.  Elle semblait complètement partie dans cette histoire et découvrir cet univers napolitain avec curiosité.  Du coup, je l’ai attrapé un soir… et je ne l’ai plus lâché.

 

L’amie prodigieuse, c’est un roman simple et complexe à la fois.  Simple par sa langue, par la proximité que nous avons rapidement avec les personnages et complexe par l’ambivalence des sentiments, des réactions, ainsi que par l’ambiguïté des liens des personnages avec leurs racines, avec le quartier et ce qui les rattache à ce monde plein de violence « ordinaire », qu’ils considèrent comme normale.   L’histoire est racontée par Lenu, l’une des deux amies qui sont les personnages principaux du roman.  Toute son enfance et son adolescence, elle l’a vécue à l’ombre de Lila, la fameuse « amie prodigieuse ».  Lila est frondeuse, souvent méchante, très intelligente et déterminée.   Lila aurait tout pour réussir, mais Lila est née dans sa famille et ça ne va pas se passer comme ça.

 

Dans ce premier tome d’une quadrilogie, nous vivons avec Lenu et Lila leur enfance et leur adolescence.  Sous la plume de Ferrante, nous voyons s’éveiller sous nos yeux tout un petit monde, tout un quartier populaire du Naples des années 50 prend vie sous nos yeux.  Si Lila et Elena sont très attachantes, toute la bande de copains sont incroyablement réels, avec leurs rêves et leurs aspirations, chacun à leur niveau.  Bien entendu, tout le monde a le sang chaud, la société est fort patriarcale et les femmes, malgré le boom économique, sont encore dominées par leur famille et soumises à une terrible violence presque normale aux yeux de tous.  Nous ne sommes pas dans la caricature.  Mais nous voyons les jeunes d’un quartier grandir, aller à l’école, arrêter l’école, vivre leurs premiers amours.   La vie, quoi.

 

Une histoire d’amitié qui passe de la dépendance à un amour fou en passant par la jalousie.  On se sent proche des deux jeunes filles… et veut veut pas, on a vraiment envie de savoir ce qui va se passer par la suite!

Bilan lecture… fin janvier 2017

Cette vidéo est éternelle, je sais.  Mais bon, moi j’aime bien les longues vidéos.  Ne serait-ce parce que je les « écoute » en faisant autre chose et que retourner toutes les 5 minutes à l’ordi pour en choisir une nouvelle, ça m’énerve!

 

Vous trouverez donc 12 ouvrages, avec une moi over floue et un éclairage comment dire… pouiche??

 

Littérature « adulte »

  • Le garçon – Marcus Malte (génialissime)
  • Son excellence Émile Rougon – Zola  (pas mon préféré… mais des gens qu’on aime détester)
  • Quand la nuit devient jour – Sophie Jomain (ne pas taper… je suis mitigée)
  • Les gens dans l’enveloppe – Isabelle Monnin (très chouette comme concept)
  • La vieille anglaise et le continent – Jeanne-A Debats (novella SF que je recommande)
  • Le maître du haut-château – Philip K.  Dick (déception, déception)

 

Littérature YA

  • If I was your girl – Meredith Russo (avec un personnage principal transgenre… juste pour ça, ça vaut le coup selon moi)
  • A thousand boy kisses (mille baisers pour un garçon) – Tillie Cole (oh boy… comment dire… rencontre ratée!)
  • Illuminae – Jay Kristoff/Amy Kaufman (adoré.  Original, en plus)

 

BD

 

Album

  • Moi, Albert, détestateur de livres – Ingrid Chabbert

 

Les billets devraient paraître quelque part en mars.  Je pense.  J’ai perdu le contrôle de ma pré-publication, je crois!  Des tentations là-dedans?  Des avis différents du mien?  Semblable?

 

Curieuse je suis!

Le costume de Malaika – Nadia L. Hohn / Irène Luxbacher

Quel joli album coloré!  J’avoue voir flashé sur le visuel.  Les images sont vivantes et vibrantes, Elles rayonnent.  Sérieusement, il y a un petit quelque chose de particulier dans ces illustrations, qui collent parfaitement à cette histoire de petite fille qui veut le plus beau costume pour le carnaval.

 

Malaika habite quelque part en Afrique (du moins je crois…ou dans les Caraïbes… bref…) avec sa grand-mère et sa famille.  Sa maman est partie au Canada où elle a un travail qui lui permet de leur envoyer des sous.  Bientôt, ce sera le carnaval et elle a très hâte d’avoir, justement, un peu de ces sous pour avoir un supebe costume, comme ses amis qui se déguisent en Jab Molassie et en Moko Jumbies!

 

Quand les sous n’arriveront pas… que va faire Malaika?

J’ai beaucoup aimé cette histoire qui ne peut être que touchante en raison de la pauvreté de la famille et de cette petite fille qui s’ennuie de sa maman.  Une petite poulette très humaine aussi, qui n’est pas parfaite et qui peut se fâcher, tempêter… jusqu’à trouver une solution et être heureuse malgré tout.

 

Ce texte est un peu compliqué pour mes cocos (rappelons que les dits cocos ont moins de 5 ans et qu’ils ont des difficultés langagières) vu qu’il met en avant une culture qui leur est totalement étrangère et qu’ils n’ont aucune référence.  Moi-même j’ai dû chercher des mots.  Toutefois, pour des enfants qui n’ont pas besoin de tous ces repères, c’est une bien jolie fenêtre sur une réalité bien différente de la leur et sur des conditions de vie certes difficiles, mais qui ne tombent pas dans le misérabilisme.  Au contraire, l’histoire est rayonnante et remplie de sourires.

 

J’aime!

The man in the High Castle (Le maître du Haut-Château)- Philip K. Dick

J’étais certaine d’aimer ce livre.  Mais vous voyez, aimer dans le sens « new favorite » et d’être fascinée.  Je l’avais dans ma pile (avec une horrible, horrible couverture (pas celle que je présente ici… je ne trouve pas la mienne)… ce qui avait repoussé ma lecture epuis des années) et quand Jess m’a mentionné qu’elle s’y mettait, je me suis dit que bon, pourquoi pas y aller en LC non-officielle. 

 

Je résumerais ma lecture en disant que ce roman a parlé à ma tête, que j’ai apprécié le « livre dans un livre » et que, sachant que le roman date du début des années 60, ce devait être plus nouveau à ce moment-là.   Par contre, il n’a pas réellement parlé à mon coeur.   J’étais au milieu du roman et je me demandais encore où le tout s’en allait vraiment.  J’avais l’impression de faire du sur place.

 

Nous sommes donc dans une uchronie.  Le point tournant a été l’assassinat de Roosevelt en 1933, ce qui a changé l’issue de la 2e guerre mondiale.   L’Amérique est divisée en deux, avec une zone tampon.  Une partie au Japon, l’autre aux Allemands.  L’esclavage existe à nouveau, la population de l’Afrique a été presque exterminée et les Nazis sont au pouvoir.   Nous sommes principalement à San Francisco, où les japonais sont « la race dominante », tout en étant un peu à couteaux tirés avec les Allemands.  Toutes les décisions sont prises grâce au Yi King, un livre chinois millénaire qui sert d’oracle et qui a été importé par les japonais. J’ai d’ailleurs bien aimé cet aspect, ayant déjà entendu parler de ce livre en Chine.  Dans l’histoire, nous tournons autour de plusieurs personnages, que nous n’avons pas vraiment le temps de connaître et, au milieu de tout ça, un roman banni dans l’est.  Une uchronie où les alliés ont gagné.  Mais qui n’est pas notre monde.

 

J’ai du mal à dire que j’ai aimé.  On nous promène d’une scène à l’autre, comme dans une télésérie, et il faut parfois s’accrocher.  On découvre petit à petit les personnages et notre perception évolue avec le temps.  Le style n’est pas particulièrement complexe, pourtant… mais bon, disons que j’ai lu plusieurs autres uchronies avec ce thème particulier et que j’ai eu l’impresson de survoler ici.  Ceci dit, il ne faut pas oublier que cette histoire a 55 ans!

 

Il y a des touches de fantastique (une, en fait) que j’aurais aimée plus élaborée et la fin nous pousse à nous questionner, à la fois sur notre monde et le leur, sur la beauté et ses dictats, suggérés par les plus forts… mais bon.  Ça n’a pas suffi.

Bref… mitigée.

 

Seuls – Tomes 1-2-3 – Gazzotti/Vehlmann

Je ne connaissais pas du tout cette série pour les 9-12 ans.  Aline, l’attachée de presse de La boîte de diffusion, me l’a chaudement recommandée lors du dernier salon du livre, et quel bon conseil!  Je n’ai lu que 3 tomes mais la série en compte 10… que je compte bien dévorer!

 

Un matin, cinq jeunes se retrouvent seuls dans Fortville.  Plus personne dans la ville. Tous les adultes ont disparu, leurs frères et soeurs aussi.  Ils sont tous seuls.  Ils ne se connaissent pas.  Ils ont de 5 à 12 ans environ.  Ils viennent de milieux différents.  Saul était en centre jeunesse.  Leila avait une famille unie mais ne s’entendait pas avec son père.  Camille est studieuse, Terry est un 5 ans gâté et Yvan est fils de parents riches et occupés.   Mais là, plus rien.  Ils ne sont que des enfants.  Seuls.

 

La série démarre un peu lentement, avec un premier tome où les jeunes se rencontrent et doivent faire face à des menaces extérieures… à quatre pattes!  Ils se demandent aussi ce qui se passe… et doivent faire le deuil de leurs parents.  Toutetefois, dès le tome 2, on rencontre d’autres personnages, des questions se soulèvent, et on est embarqué dans cette histoire.  C’est à partir du tome 3 que nous commençons à comprendre le portrait global… et ça me semble fascinant! Même pour une adulte.  Imaginez pour les enfants!

 

Les images sont colorées, très « franco-belges », remplies de détails, et on croise des références au détour des pages Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent.   De plus, les auteurs osent… et réussissent à nous angoisser.

 

Une réussite pour moi!

C’était ma BD de la semaine et c’est chez Moka cette semaine.

Station Eleven – Emily St-John Mandel

Je n’aime pas les livres post-apocalyptiques.  En fait, je suis beaucoup trop folle pour pouvoir aimer les livres post-apo.  Encore une fois, ça n’a pas manqué, en ce sens que j’ai passé une charmante nuit à faire des cauchemars.  « T’as un peu fait exprès, direz-vous ».  Oui, je sais, pour une hypocondriaque de premier ordre, une pandémie de grippe qui tue en quelques heures, c’est pas l’idéal.   Je l’ai pris parce que j’avais, je l’avoue, un peu oublié le pitch, et qu’en plus, j’en lisais du bien partout.  Et savez-vous quoi?  J’ai à peine pu le lâcher.  Au point de me ramasser dans un bain frette à minuit pour le finir.  Je sais, je sais, ces détails sont fas-ci-nants!

 

J’ai adoré ce roman.  Il s’ouvre sur une scène de théâtre où un acteur célèbre sur le déclin joue le roi Lear.  Cette soirée restera marquée dans l’imaginaire de ce monde comme étant le dernier jour d’Avant.   Cet « avant » qui sera mythique pour le peu de survivants à ce virus.  Cet « avant » où il y avait de l’électricité, où on pouvait voyager et où il y avait ce truc étrange, tout autour, cet « internet »…  Parce qu’après, la vie est tout autre, dangereuse.  Pour certains des personnages, l’après est synonyme de route, de voyages, de musique et de théâtre.   Ils ne savent pas trop où ils seront le lendemain, et essaient de survivre aux cultes et aux bandits.

 

Le récit passe du passé au présent et nous balade d’un personnage à l’autre, liés d’une certaine façon, et réunir autour du personnage d’Arthur, l’acteur dont il est au question au début du roman.  On vit avec les personnages la crainte, l’incrédulité, l’espoir et la non-compréhension de ce qui arrive, cet écroulement du mode tel que nous le connaissons en quelques jours à peine.   Nous suivons aussi une troupe de théâtre (Shakespeare, rien de moins) et l’auteur réussit à nous faire vivre dans ce monde, ressentir ce vide et parfois ces moments d’espoir qui pointent.  Et cette résilience, cette résilience….

 

C’est très bien écrit, l’auteur a su créer un parfait mélange de panique, de vide et d’humanité pour que l’on y croie et pour qu’on le referme sans être tout à fait désespéré.  Une découverte pour moi.

 

Mais je ne pense quand même pas dormir ce soir!