Melvile – 1- L’histoire de Samuel Beauclair – Romain Renard

Quel bel album!  Je me demande juste comment j’ai pu passer à côté depuis tout ce temps. . C’est que ce n’est pas une nouveauté.  Ce premier tome est sorti en 2013.

Melvile est un village imaginaire, qui a beaucoup de choses en commun avec la forêt québécoise.   Bon, certes, les personnages parlent « français-de-France », mais les images, les paysages… même les poteaux électriques… tout me parle.  Limite que je m’y sens chez moi.    À Melvile se balade a également un frisson magique, légendaire, L’atmosphère de la BD est une totale réussite.

 

Samuel Beauclair est écrivain mais un écrivain en panne.  Il a écrit un premier roman mais refuse obstinément de rappeler son éditeur ou ses créanciers   Dans l’ancien bureau de son père, écrivain célèbre mais décédé alors que Samuel était enfant, il tente de se retrouver lui-même, alors que l’ombre de son paternel célèbre pèse lourdement au-dessus de lui.

 

Ayant un besoin pressant d’argent, il répondra un jour à une petite annonce pour repeindre une maison et il finira par se lier d’amitié avec David et sa soeur, les propriétaires.  Des portes qu’il avait bien fermées vont devoir se rouvrir…

 

Le graphisme de la bande dessinée est juste ce que j’aime.   En peu de texte, juste avec le visuel, on nous transporte dans les années 80, dans cet endroit un peu magique.  Il y a un flou presque onirique dans certains aspects du dessin, les émotions sont palpables et j’ai vécu avec Sam cette remise en question, cette crise de la trentaine (ou quarantaine), ce face à face avec lui-même.

 

Il y aura trois tomes… et le 2e est déjà sorti.  Je le lirai officiellement!  Et vite à part ça!

 

C’était ma BD de la semaine et c’est Stephie qui recence le tout!

Éloi et le cheval de joie – Roxanne Turcotte/Maxime Lacourse

Pour cet album, Roxane Turcotte est partie des images.  Un album à l’envers, un peu comme ceux qui ont été publiés par le musée des beaux arts.   Les images avant, celles de Maxime Lacourse, un artiste québécois contemporain.   Et à partir des oeuvres, intérieurs et oeuvres équestres surtout, on a créé un joli conte où un petit garçon et son cheval veulent semer la joie dans le monde, à tous ceux qui en ont besoin.

 

J’ai eu peur à la première page.  Peur de la grandiloquence ou de l’abondance bons sentiments dégoulinants.  Pour vous donner une idée, les yeux ce velours baignés d’amour… ça m’a inquiétée…  Pourtant, non.  Le texte n’est jamais lourd mais juste poétique.  Les mots sont choisis mais ils restent accessibles, du moins pour mes 6-8 ans.   L’idée de donner à chacun ce dont il a besoin, et que ce n’est pas pareil pour tout le monde, me plaît beaucoup.

 

Mais mon coup de coeur reste quand même l’oeuvre picturale.  C’est doux et triste à la fois… toujours avec une note d’espoir.  Ces regards indirects, ces fonds texturés, ces tristesses infinies avec des notes d’espoir.  Ça m’a énormément plu.  Et l’idée de faire découvrir l’art aux jeunes ne peut que m’enthousiasmer!

 

Un ode aux rêves et à l’imagination dans notre monde, souvent violent.

Une jolie découverte.  Tout à fait mon genre, finalement!

Oranges are not the only fruit – Jeanette Winterson

C’est sur la chaîne Youtube de Jen que j’ai entendu parler de ce roman jeunesse.   Elle mentionnait qu’à son adolescence, ce roman l’avait sauvée pendant la découverte de sa bisexualité.   Comme j’aime bien lire des romans sur les différentes facettes du passage à l’âge adulte et de la découverte de soi, quand je l’ai vu dans la biblio d’une copine, je l’ai emprunté.  Et je l’ai lu.  Of course hein.  Sinon je n’en parlerais pas ici!

 

Ce qui se passe dans ce roman est tellement loin de ce que j’ai vécu que j’ai eu du mal à bien m’identifier au personnage.    Jeannette a grandi dans le nord de l’Angleterre, dans une famille très religieuse.  Fanatiquement religieuse.   Leur vie tourne autour de l’église.  C’est tellement exagéré que c’en est drôle (je l’imagine à la radio amateur… this is kindly light, this is kindly light… my god…).  Et sachant que c’est autobiographie, on ne peut que compatir.  Toutefois, Jeannette Winterson en parle avec beaucoup d’humour ici, en anglais (sérieux, cette entrevue est géniale).  Elle y dresse un portrait de sa mère complètement déjanté!

 

Jeannette, alors adolescente, a eu sa vie toute tracée pour elle par sa famille et son milieu.  Elle suit cette route… jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse.   D’une femme.  Ce qui n’entre pas du tout dans les plans de sa mère, qui la veut missionnaire ou preacher.  Son éducation religieuse et sa façon de mettre la religion partout (normal, elle ne connaît rien d’autre) est hilarante et totalement incomprise de tout le monde.  Ceci donne lieu à des situations complètement folles mais aussi très tristes, d’une certaine façon.

 

Ce roman, c’est l’histoire d’une jeune fille qui décide de suivre sa voie à elle.  Elle est drôle, intelligente, souvent frondeuse et parfois impertinente et apprend à accepter qui elle est dans une situation complètement folle, une société, une grande famille, qui la considère comme damnée, une fille pour qui il faut prier.  Et c’est sa découverte de cette autre possibilité qui nous est racontée ici.

 

Je pense que si j’avais lu le roman ado, j’aurais aimé davantage.  Dans le cas présent, j’ai bien aimé, mais je me suis sentie plutôt loin de l’histoire et des problématiques de l’héroÏne, aussi sympathique soit-elle.

Dessine-moi un petit prince – Michel Van Zeveren

Non mais avouez!  Comment résister à  un titre pareil?  Et à une couverture si mignonne?  Je suis fan de ces lignes épurées, de ces dessins simples avec des personnages super expressifs.  C’est vraiment agréable de voir toutes les émotions passer sur le visage de Petit Mouton!

 

À l’école, il y a un autre Petit Mouton qui sait super bien dessiner.  Il sait dessiner un superbe Petit Prince.  Mais notre petit mouton à nous est nul en dessin.  Il ne sait RIEN reproduire.   Il va donc voir sa maman… sauf que petit mouton ne retient pas des voisins!

 

Cet album est vraiment mignon.   Il nous parle de créativité, il nous parle aussi d’unicité et de confiance en soi, même quand on part avec une prise dans certains domaines.   Maman enseigne à voir le monde différemment, à porter son attention sur les petites choses.  Et bon, quand on regarde avec le coeur… on voit les choses différemment, non?

 

Hommage à l’imagination, aux efforts et à la merveilleuse capacités des enfants à s’émerveiller devant tout!  J’aime d’amour!

 

Merci L’école des loisirs!

 

Vague d’albums… en vidéo!

 

Dans les prochaines semaines, vous verrez beaucoup d’albums sur le blog.  D’habitude, j’en présente un chaque dimanche mais là, ce sera plus… 4 par semaine.  Du coup, j’avais envie de vous en parler un peu, de vive voix.  Parce que j’aime parler des albums.

 

Ici, je voux parle donc de:

 

C’est donc… la première partie de trois\

Et ça dure 12 minutes.  Lucky you!

Meuh où est Gertrude? Benoit Dutrizac/Bellebrute

Ce sont les illustrations qui m’ont fait choisir cet album.  C’est plus fort que moi, des animaux rigolos, je ne résiste pas.  Rajoutez à ça des jeux de mots, qui me rappellent deux copains à moi qui en faisaient à toutes les deux phrases… tout à fait ce genre… et je suis vendue!  J’ai beaucoup aimé cet album!

 

Le petit veau est triste : il ne sait pas où est sa maman.  Et comme maman vache est une pro des devinettes et des jeux de mots, les animaux de la ferme décident de le faire rire… en faisant un gros party de devinettes!  Ah oui!  Ils en profitent aussi pour s’agacer (s’étriver?  se moquer) les uns les autres.

 

  • Pourquoi le mouton a-t-il puni son agneau?
  • Parce qu’il a fait des bêeeeeetises!

 

Que font la poule et le coq quand ils se voient?

Ils se bécotent-cot-cot-cot!

 

Vous voyez le niveau?  J’adore.

Oui, je sais.  Il m’en faut peu pour rire comme une folle.  Question blagues, j’ai 4 ans d’âge mental.  Ça doit être pour ça que j’ai autant de fun à devoir jouer avec des enfants en guise de boulot!

 

Pour ma part, je l’ai utilisé pour reconnaître des syllabes et des « petits mots » dans les grands.  On a aussi regardé « les mots qui se ressemblent ».    Avec d’autres cocos, on a plus travaillé le « pourquoi c’est drôle » (l’un m’a dit que c’était drôle parce que je riais et parce que je faisais une drôle de face en riant… no comment!)  et ça a permis de faire un pont entre la forme du mot et sa signification.

 

Mais ces images! J’adore!

Les animaux sont vriament mignons et en plus, elle sont pleines de détails qui font rire les enfants.  Spéciale dédicace qu petit poussin caché dans le pantalon du cochon… un coco a failli s’étouffer!  Il y a aussi beaucoup d’originalité dans le traitement des images, avec des absurdités (mais que fait le cochon dans l’arbre!) et beaucoup d’images d’action à décrire.  J’aime énormément les images dont on peut parler.  Ça permet d’utiliser les albums à plusieurs fins différentes.

 

Une maman m’a chicanée par contre… son coco a un peu TROP aimé les blagues… et les raconte toute la journée.  Gage de succès, non?

 

Merci Fonfon!

 

 

L’Assommoir – Émile Zola

Rien ne m’arrête. J’ai lu le 7e tome des Rougon-Macquart.  Mais je dois avouer qu’après de telles émotions, après avoir été en colère pendant les trois quarts du roman, j’ai besoin d’une pause.  Et j’espère franchement que le prochain est moins lourd.

 

Nous sommes donc à Paris.  Et nous sommes quelques années avant les événements du Ventre de Paris car Claude Lantier est encore enfant.  C’est l’histoire de sa mère, Gervaise, fille d’Antoine Macquart et soeur de Lisa (celle du Ventre de Paris).  Gervaise s’est laissée séduire par Lantier, a eu deux enfants de lui, ils sont montés à Paris… et Gervaise a bien dû réaliser que Lantier était un total salaud quand il l’a plantée là après avoir pris tout l’argent et l’avoir copieusement insultée.

 

Pourtant, Gervaise est honnête et travailleuse.  Elle est blanchisseuse, propre et elle sait bien qu’elle doit se tenir loin de l’alcool, y ayant été initiée très tôt par sa mère.  Elle va se remarier à Coupeau, tout aussi travailleur qu’elle.  Puis un jour, il va avoir un accident.  Et tout va basculer.

 

C’est à la descente aux enfers de Gervaise et de sa famille que nous assistons, impuissants et de plus en plus enragés.  C’est un roman qui est profondément ancré dans son époque, ce que j’ai dû constamment me marteler en tête tout au long de ma lecture, que j’ai dû refermer à plusieurs occasions.  C’est une plongée dans le monde ouvrier, dans ses misères  et ses pièges.   Dans ces pages, nous vivons avec eux leur quotidien: travailler, réussir à ramasser assez de sous pour manger et payer le loyer.  Ou pas.  Gervaise n’a pas des aspirations très élevées : avoir un coin pas trop sale, travailler, manger du pain, ne pas être battue.  Et même pour ça, ce n’est pas gagné.  Comme vous pourrez le voir.

 

Ce qui marque dans le roman, c’est la condition de la femme à l’époque, totalement dépendante de son mari, même quand le dit mari ne fout rien à part se saouler la gueule et dépenser l’argent qu’elle gagne.   Et la battre au passage. C’est aussi la méchanceté ordinaire, le cruauté du petit monde qui nous est présenté.  On sent que Zola n’est pas particulièrement en amour avec ses personnages.  Ils sont dé-tes-tables.  On ne peut faire confiance à aucun des habitants de l’immeuble où habitent les Coupeau, à commencer par la belle-famille de Gervase, les Lorilleux.  Leur principal plaisir?  Insulter « la banban » et se faire une fête quand il lui arrive quelque chose de mal.  Quant aux concierges, ils suivent l’argent… comme plusieurs autres d’ailleurs.

 

Un roman sur les ravages de la misère et de l’alcoolisme.   Un roman lourd, dur.

La plume de Zola n’est toujours pas ma préférée (mais qu’est-ce qu’il peut répéter des expressions!) mais ça ne me choque plus comme au début.   Une chose est certaine, il réussit comme personne à nous transporter dans ses univers… et, dans mon cas, à me faire enrager!

 

 

Où est ma maman? – Julia Donaldson/Alex Scheffler

Le Gruffalo, c’est un classique.  Du coup, quand on m’a proposé de lire celui-là et que j’ai vu le thème et les illustrations, je n’ai pas hésité.  Comment résister à cette jungle luxuriante!

 

C’est donc l’histoire d’un petit singe qui a perdu sa maman.  Il se croit perdu quand un papillon va décider de l’aider à la retrouver.  Il va donc la décrire, et le faire assez bien d’ailleurs.  Mais pourquoi le petit papillon est-il toujours aussi mélangé?!?!

 

En tant qu’orthophoniste, j’adore décrire les ressemblances et les différences.  Travailler les réseaux sémantiques, quoi.   Du coup, cet album est parfait pour ça.  On explore quelques animaux de la jungle, en les décrivant et en faisant des liens entre eux.    On explore rapidement les différences entre eux ainsi que les ressemblances.  Mais si ça ne suffit pas de dire que maman singe a une queue qui peut s’enrouler (et que papillon mélange avec un serpent) et qu’elle aime bondir (quoi?  une grenouille?), que va devoir dire le singe?

 

Les cocos ont beaucoup ri des erreurs du petit papillon et au moins deux ont eu des yeux émerveillés quand ils ont compris POURQUOI le papillon était aussi loin du compte!  Ceux qui sont habitués aux devinettes m’ont bien mentionné que « le papillon, il ne s’occupe pas de TOUS les indices »!  Un m’a proposé de jouer avec lui pour bien lui apprendre (ce qui nous a fait mourir de rire, sa maman et moi).   Bref, il y a tout plein de choses à exploiter, ça fait rire les enfants et ça permet d’ouvrir sur plusieurs autres activités du même genre.

 

Ajoutons à ce contenu un texte rempli de rimes, une initiation aux dialogues et des images colorées, attrayantes et remplies de détails.   On est transporté dans la jungle, les couleurs sont vibrantes et les personnages très mignons.  Bref, ça me plaît et ça plaît aux cocos.

 

Que demander de mieux?

Merci Gallimard Jeunesse!

 

 

Ce qu’il faut de terre à l’homme – Martin Veyron (d’après Tolstoï)

Quand Aline, de la Boîte de Diffusion, m’a proposé cet album, j’ai tout de suite accepté en réalisant que c’était adapté d’une nouvelle de Tolstoï que je ne connaissais pas.  Lui-même s’est inspiré d’un conte Bashkir.  Et pour être allée lire la nouvelle ensuite, je pense que la BD apporte au récit quelque chose en plus.  Tolstoï, j’adore.  Je connais aussi sa philosophie, surtout à la fin de sa vie.   Et cette nouvelle s’inscrit tout à fait dans cette ligne de pensée : la simplicité de la vie, les dangers de la tentation et de l’avidité.

 

Le récit s’ouvre donc dans un petit village russe.  Un couple reçoit la soeur de la femme et son mari.  Les premiers sont des paysans, des moujiks.  Ils sont heureux de leur situation, la femme surtout.  Elle ne demande rien de plus.   Il faut dire que la Barinya du coin, une petite propriétaire, les laisse se servir un peu sur ses terres, ce qui permet aux paysans de survivre.   Mais un jour, un intendant sera engagé, les amendes vont arriver… et les paysans vont rager.

 

Il y a beaucoup de second degré dans l’album.  Des tentatives de mises en commun, le côté « tout pour ma gueule » de l’homme qui empêche que ça fonctionne, puis la tentation, le capitalisme.  L’appât du gain.  La prétendue nécessité d’en avoir plus, toujours plus.  Toujours plus de terres, dans ce cas précis.  Influencés un peu par son beau-frère l’homme est prêt à tout alors que sa femme le regarde changer, impuissante.    Et les voisins vont réagir, of course.   C’est ironique, on regarde les choses aller sans rien pouvoir faire, en se doutant fort de comment ça va finir.

 

Le trait me plait beaucoup, les images sont douces mais très immersives.  Je me revoyais en Russie, avec ses églises orthodoxes et ses mini-villages.   Les personnages sont très expressifs, leurs statuts sociaux sont clairs juste à voir leurs vêtements, leurs attitudes. Certaines planches sont magnifiques, surtout les voyages à travers le pays ainsi que les vues du village.   Et bon, le samovar… le samovar!

 

Et bon, cette fin…  elle fait toujours son effet…

… et on réalise qu’en 130 ans… on se pose toujours les mêmes questions!

 

C’était ma BD de la semaine, et c’est chez Noukette cette semaine!

L’autisme expliqué aux non-autistes – Brigitte Harrisson/Lise St-Charles

Ok.  Disclaimer.

Oui, je suis orthophoniste.  Non, je ne travaille pas en autisme.  Donc, je suis LOIN d’être une spécialiste dans le domaine.  LOIN. En fait, les cocos autistes, je les ai avant qu’ils soient diagnostiqués.  Avant qu’ils soient pris en charge par l’équipe du CRDI.   Il y a plusieurs lignes de pensée en autisme.  Plusieurs conceptions.  Et je vais le préciser d’emblée, celle qui est présentée ici est celle à laquelle j’adhère le plus.  C’est celle qui nous parle de neurotypie et qui ne considère pas l’autisme comme une maladie.  Celle qui fait la différence entre les symptômes et la problématique du cerveau autistique.  Celle qui est soutenue par Temple Grandin et, d’une certaine façon, par le Dr. Mottron, que j’ai côtoyé en stage il y a… quelques années, disons.   Je suis donc biaisée.  Positivement.  Mais je suis fort consciente que ce livre va secouer et remettre en question plusieurs pratiques.  Il va peut-être mettre en colère aussi.  Mais bon.  Avoir l’esprit ouvert, surtout quand il y a des données scientifiques derrière, c’est nécessaire, non?

 

Un livre sur l’autisme, par un autiste.   Une voix qui parle pour eux.  Car ils ne peuvent pas tous expliquer.

 

J’avais donc bien envie de lire cet ouvrage de vulgarisation, mais encore plus après avoir pu discuter près d’une demi-heure avec les auteurs au salon du livre.   Nous avons pu avoir une conversation intéressante et j’avoue que j’espère les rencontrer à nouveaux car suite à ma lecture, j’ai encore PLUS de questions!   Sur les bases théoriques.  Sur la diversité des expériences autistes utilisées pour la théorie… bref, j’ai plein d’interrogations.  Cet ouvrage a surtout ouvert mon appétit de connaissances car bon, j’ai toujours senti qu’il me manquait une pièce importante pour travailler avec les autistes.  Avec ces cocos, nos trucs habituels ne fonctionnent pas, ce qui est très logique, vu que dans ma tête, l’organisation cérébrale (ou les connexions, comme le nomment les auteurs) des autistes sont  différentes des non-autistes.   Pas neurotypiques donc.  Et actuellement, ce sont eux qui doivent s’adapter à nous.

 

Mais bon, revenons au livre.  Comme je l’ai dit, il s’agit d’un ouvrage de vulgarisation.  En tant qu’orthophoniste qui a déjà assisté à divers colloques sur les troubles neurodéveloppementaux, je n’ai pas « appris » au plan théorique.  Ça m’a donné envie de retourner fouiller dans mes notes (oui, j’ai des loisirs étranges, hors-travail, parfois… revoir mes notes de formation) pour refaire mes liens et avoir davantage de matière pour réfléchir à l’intervention.   Ah mais je m’égare encore.  Je sens qu’il n’y en aura pas de facile!

 

Donc, première partie : explication des concepts, de l’avancée de la recherche, de leurs bases théoriques.   Les deux parents à qui j’ai fait lire cette partie l’ont trouvée un peu ardue, mais tout de même accessible, avec un minimum de support.   Je n’ai aucunement l’intention de vous expliquer ça ici… va falloir le lire!

 

Ensuite, c’est la FAQ.  Et la réponse des auteures à ces questions fréquentes et ces mythes, selon ces bases théoriques.  Les réponses sont claires.  Tranchées.  C’est ce qui va probablement déranger, voire même culpabiliser certaines personnes.  Genre… ce que vous faites, ça ne marche pas.  Pourtant, ce n’est pas du tout le but.  Les auteures ont beaucoup de respect pour les intervenants, qu’ils décrivent comme compétents et bienveillants.   Mais elles ont beaucoup d’inquiétudes pour les personnes autistes dont, le mentionnent-elles, on ne respecte pas toujours la structure de pensée autistique.

 

Très intéressant, donc.  Et ça se lit tout seul, comme un roman.  Les exemples sont concrets, sentent le vécu.  Les souvenirs de Brigitte Harrisson, elle-même autiste, illustrent bien le propos et les témoignages de Kim Thuy sont touchants.  Les conseils qui s’adressent aux familles sont pertinents, même si pas toujours faciles à intégrer.  Ça signifie qu’on doit être assez loin dans le processus d’acceptation.

 

Mon bémol?  Juste une petite sensation de « trop peu », fort probablement dû au public cible de l’ouvrage.   Vous savez, les cours à l’université où on travaille sur les concepts, la symptomatologie… mais qu’il nous manque toujours la partie sur le traitement?  Mes collègues orthophonistes comprendront!  Du coup, on a l’impression, parfois, que tout est à jeter, sauf SACCADES, et le LSC, le système de communication élaboré par les auteures.  On nous parle d’étapes de développement, de guider les personnes dans ces étapes, mais la pièce qu’il me manque, le « comment », n’y est pas et j’en aurais voulu plus.  Bien entendu, comme la langue des signes ou le braille, ça ne s’apprend pas dans un livre, j’en suis consciente.  Par contre, du coup, les gens qui n’ont pas accès à ce système dans leur coin peuvent se sentir complètement démunis suite à la lecture (du moins, les deux mamans en question) et ont eu l’impression qu’on essayait de leur « vendre » SACCADES, dont elles ont du mal à comprendre l’essence.

 

J’avoue que cette réaction m’a surprise… je n’aurais pas pensé que ça pourrait susciter cela.

 

Bref, il va falloir fouiner!  Ou me payer une formation, en mode curieuse, vu que je ne travaille pas avec la clientèle à proprement parler.   Juste le fait qu’on parle de communication et pas juste de parole…  j’adore!

À lire…

Ajout… Je place ici l’entrevue des auteures et de Kim Thuy à TLMEP ce dimanche… ça donne une bonne idée des conceptions théoriques à la base de ce livre.