La mémoire de Babel – La Passe-Miroir – 3 – Christelle Dabos

J’ai beaucoup aimé les deux premiers tome de La Passe-Miroir (Les fiancés de l’hiver et Les disparus du Clairdelune) et comme ça n’arrive pas si souvent avec la fantasy jeunesse, j’ai fait des yeux de piteux pitou à l’attachée de presse par mail.  Je dois avoir du talent (en yeux de chat potté) parce qu’il est arrivé chez moi.  Et je l’ai lu dans la semaine.  En une journée.  Ce qui mérite quand même d’être mentionné.

 

Pour ceux qui ne connaissent rien de cette série, je vous le jure, tentez le coup, surtout si vous aimez bien les mondes complexes et les mises en place qui prennent leur temps.   Nous suivons Ophélie, jeune liseuse de l’arche d’Anima, qui se voit mariée à Thorn, intendant d’une autre arche, celle du Pôle.  Parce que dans ce monde, il y a un avant et un après.  Il y a eu éclatement il y a des centaines d’années mais personne ne sait trop ce qui existait avant.  Chaque arche a des esprits de famille, des pouvoirs particulier, des règles et des traditions… j’ai adoré!  L’intrigue et la mythologie nous sont révélées petit à petit, les personnages évoluent, font des erreurs et les descriptions rendent ces arches très réelles et magiques.  Une bonne histoire, sans action à toutes les pages, certes, mais de l’originalité et un univers développé et bien contrôlé.

 

Sérieux, c’est bien.  Vraiment bien.   Voire même très bien!

 

Bon, à partir de maintenant, je vais parler du tome 3.  Du coup, si vous n’avez pas lu les premiers tomes… houste!

 

L’histoire débute donc 2 ans 7 mois après la fin du deuxième tome.  Première surprise, donc.  Ophélie est de retour sur Anima, son musée a été dépouillé de tous les artefacts qui rappelaient la guerre, Thorn est disparu dans la brume, elle est déboussolée, triste et ne sait plus trop où elle s’en va.    Puis, un jour apparaît Archibald, ce qui va lui permettre de partir à la recherche de Thorn, maintenant hors-la-loi.  Et cette quête nous amène sur une toute nouvelle Arche, Babel, où elle croit bien avoir trouvé un indice dans la mémoire de Dieu, qu’elle a visitée bien malgré elle.

 

Qui dit nouveau monde dit découverte d’un nouvel univers, avec les règles qui lui sont propres et dans laquelle Ophélie fait gaffe par dessus gaffe.  Babel se veut un monde parfait, civique, où la violence n’existe pas.   Il y a là aussi la mémoire du monde, dans un Mémorial fantasmagorique où il y a des livres, des livres et des livres.  Pour avoir accès à l’endroit où elle croit trouver ce qu’elle cherche, elle décide d’intégrer la Bonne Famille, école de formation pour devenir virtuose.   Et c’est son parcours que nous allons suivre dans ce roman où elle recherche des informations mais surtout Thorn.

 

J’ai dévoré ce roman.  En une seule journée.  J’aime le rythme, la façon de distiller les informations et l’évolution des personnages même si parfois, on a le goût de secouer un peu Ophélie.  Ceci dit, ce qui est si clair pour nous ne l’est pas du tout pour elle car elle est encore une petite fille sous plusieurs aspects.  Elle a encore un talent particulier pour se mettre dans le trouble!   J’aime beaucoup la direction que prend l’histoire ainsi que la mythologie qui s’étoffe petit à petit.   Il y a certes certaines facilités dans la résolution de certaines sous-intrigues (et j’espère que certains personnages reviendront dans la suite sinon je vais quand même bougonner!) mais en gros, c’est un troisième tome à la hauteur de la série.

 

Et j’attend le 4e avec GRANDE impatience.

Ma série jeunesse préférée des dernières années.   Merci Gallimard Jeunesse!

Main d’oeuvre – Ariane Denommée

Je suis en train de lire Germinal.  Du coup, je trouvais que ça fittait de lire cette BD au même moment.  Certes, entendons-nous… Zola est un peu plus bavard que les mineurs d’Ariane Denommée (mais comme j’aime ses bavardages, je ne m’en plains pas), il y a plus de 100 ans d’écart et les mineurs de « Main d’oeuvre » ne travaillent pas pour 30 sous par jour (au contraire), mais on y retrouve le même côté gris, le même côté « sale », morne.   Ai-je aimé?  Oui, bien aimé.  Mais il m’a manqué un petit quelque chose pour être vraiment emballée.  Il y a un côté très anti-climatique à cette bande dessinée.  Peut-être, justement, parce qu’elle est très réaliste. Et que dans la vraie vie, il n’y a pas toujours de finale-qui-finit.

 

Nous sommes dans le vrai « grand-Nord », cet endroit où les jours sont presque éternels et les nuits tout autant, dépendant de la saison.  Daniel est jeune et il travaille à la mine, sur des shifts de 100 jours 15 jours.  Même dans les années 70, les conditions sont précaires, malgré un très bon salaire, généralement flambé pendant les deux semaines intenses de party entre les shifts.  Daniel vient de rencontrer quelqu’un.  Les 100 jours sont très, très longs.  Et ce sont surtout ses semaines à la mine, entre les jours qui se ressemblent tous au camp et les partys de la journée de congé, que nous allons voir.

 

On nous dépeint ici un monde où l’homme est considéré comme un numéro, qui fait une job X.  Ariane Denommée s’est inspirée d’épisodes de la vie de son père qui, comme son personnage, a fait une parenthèse dans les mines du nord, dans une ville qui n’existe désormais plus.   Nous y verrons quelques moments de la vie d’hommes qui vivent une vie un peu à part, avec l’impression d’un oeil qui erre dans cet univers hors du monde, presque hors du temps.    Un endroit gris.  Tout gris.

 

Je ne suis pas super fan du trait au départ (j’ai du mal avec les nez des personnages.. ouais… moi et les nez, ya souvent un truc!), je m’y suis habituée sans jamais vraiment adorer non plus.  Ceci dit, pour nous amener dans le monde sombre de la mine, il est efficace.

 

Intéressant en tant que miroir d’une époque… ou plutôt d’un mode de vie qu’on a du mal à imaginer quand on n’en fait pas partie.

 

C’était ma BD de la semaine et tous les liens sont chez Noukette!

La délivrance – Jennifer Tremblay

J’ai lu « la liste » de Jennifer Tremblay il y a quelques années déjà.  J’ai aussi vu la pièce au théâtre.  Et j’ai adoré.  Les deux.  Du coup, quand je suis tombée sur cette autre pièce de l’auteur, je n’ai pas hésité.  Sans savoir que c »était le troisième volet d’une trilogie « pour une actrice » et qu’il y avait « Le carroussel » entre les deux.  Ceci dit, ça ne m’a aucunement empêchée d’apprécier ce récit, qui se lit très bien par lui-même.   J’aime lire le théâtre et cette pièce a été un régal.

 

Une femme est près de sa mère mourante.  Celle-ci veut voir son fils.  Son fils qu’elle n’a pas vu depuis des années. Alors que celui-ci refuse, la fille qui, elle, se souvient, va lui raconter.  L’histoire de la famille, ses non-dits et ses faux-semblants.  Parce qu’il y a toujours deux versions aux histoires, n’est-ce pas.

 

Comme toujours avec Jennifer Tremblay, chaque mot a son importance, chaque scène est forte en émotions et en significations.  Entre l’église, où elle voudrait engueuler Jésus ou le lit de sa mère, où elle tente de la calmer alors que celle-ci n’attend que le retour du fils prodigue, on explore la maternité mais aussi les chaînes et délivrances de toutes sortes.

 

La délivrance traite également des violences.  Ces violences dans les familles, celles qui restent tabous.  Celles qui sont présentes dans tous les milieux.  Un texte fort, qui sonne vrai.

Quelle auteure!

La pilote du ciel – Nancy Guilbert / Maud Roegiers

Ysée n’a jamais prononcé un mot mais est une amoureuse des mots, surtout quand ils sont bien agencés.  Elle a une folle imagination folle, invente des mots, se délecte des sons.  Comment faire partager cette passion?

 

L’illustration en couverture vous donne une idée de sa solution et le tout donne un album très poétique, un peu magique et fantastique.  Je dois avouer être MÉGA fan des illustrations, surtout celles du début, où l’imaginaire d’Ysée se reflètent dans les objets.  Ce n’est pas comme ça tout au long de l’album (et j’avoue en avoir été un peu déçue) mais ça reste coloré et plein de douceur.

 

C’est une belle histoire d’amitié, de courage, qui pousse les jeunes héros à croire en leurs rêves et à tenter ce qu’ils n’avaient jamais osé avant.  Il m’a manqué un petit quelque chose à la fin pour que ce soit un vrai coup de coeur mais c’est un très bel objet-livre, avec un joli message.

 

Avec les cocos, j’utilise surtout les images du début, pour leur faire décrire les absurdités, leur faire deviner les combinaisons de mots et en créer de nouvelles.  On s’est aussi amusés à nommer les absurdités (du pianéléphant au poissavion, on s’est beaucoup amusés.   Il y a aussi un travail à faire sur les rimes, les poèmes.  Inutile de préciser que j’ai surtout utilisé l’album avec mes plus grands… entendons-nous, moi, c’est 5-7 ans!

 

Merci Dimedia et Alice Éditions, maison que je ne connaissais pas du tout et qui semble remplie de très beaux albums!.

La vache de la brique de lait – Sophie Adriansen / Mayana Itoïz

Ok, allons-y cash, j’ai a-do-ré cet album.  Je l’ai lu 2 fois et j’ai ri comme une folle les deux fois.  C’est tellement cute, tellement « enfant »… une vraie plongée dans le cerveau d’un petit coco qui perçoit les choses à sa manière, qui prend tout au pied de la lettre et qui s’invente de grandes explications sur tout.  Je vous le jure… c’est ÇA!

 

Il y a une vache dans la brique de lait.

 

Affirmation choc au tout début du livre.  Et le petit héros de l’album va nous expliquer son raisonnement.  Ben quoi… sur la boîte de biscuits, il y a des biscuits.  Sur la boîte de sardines, il y a des sardines.  Du coup, s’il y a une vache dans la brique de lait, c’est qu’il y en a une dedans, non?

 

Que dire devant tant de logique enfantine?  Surtout que c’est bien connu, les vaches qu’on voit au loin, elles sont toutes petites!

 

Nous avons donc affaire à un petit garçon vif d’esprit et très imaginatif, qui imagine une vie à ces pauvres vaches bleues (ou vertes) qui sont enfermées dans les briques de lait.  Les dessins sont juste géniaux, les personnages très expressifs et les petites vaches, super drôles!  Au boulot, je m’en sers pour faire des phrases simples.  C’est qu’il y a tout plein de petites vaches et qu’elles font bien des choses.  Super support pour les phrases à un sujet semblable avec des verbes différents.

 

C’est aussi très drôle de voir les réactions des enfants selon l’âge.  Ça va des éclats de rire aux yeux grands comme des 30 sous qui se demandent si c’est vrai.  Du coup, j’adore!

 

Un coup de coeur!

 

 

Esprit d’hiver – Laura Kasischke

Je veux lire Laura Kasischke depuis des années.  Du coup, quand j’ai vu celui-ci en audio à la bibliothèque, je n’ai pas hésité.  Donc, j’ai ÉCOUTÉ ce livre.  Et je ne sais pas si ça a joué dans mon appréciation (en fait oui, je sais… mais bon) mais j’ai été vraiment déçue par ce roman.  J’en attendais beaucoup et finalement, pour moi, c’est retombé comme un soufflé.  Un soufflé que j’ai trouvé fort long à dégonfler, par contre.

 

En fait, si ça avait été une nouvelle, voire même une novella, j’aurais davantage accroché.  Ça commençait bien, pourtant. Une femme s’éveille un matin de Noël avec un étrange pressentiment.  Quelque chose les a suivis de la Russie jusque chez eux.   Alors que son mari doit quitter la maison pour aller chercher ses parents à l’aéroport, elle reste chez elle avec sa fille Tatiana, adoptée quand elle était bébé.  Dehors, la tempête rage et sa fille adolescente est de plus en plus étrange.  L’atmosphère de huis-clos est bien réussie, on sent bien la tension monter, on se sent basculer avec les personnages… mais j’ai trouvé ça horriblement long.

 

Le personnage principal, Holly, n’est pas nécessairement attachante.  Certes, elle a des raisons, mais la plupart du temps, je l’ai trouvée tellement désagréable, tellement envahissante, ses comportements sont… ahurrissants.  Du coup, j’ai eu du mal à ressentir les choses avec elle.  Ça n’aide pas.

 

Et là, je fais mon bougonnage de livre audio.  Ça m’a tellement énervée que je pense que ce sera mon souvenir principal du roman.  Le personnage s’appelle Holly.  Et la lectrice l’appelle Holy.  Voire même HHowly, des fois.  Et à CHAQUE fois, j’avais le goût de reformuler dans la voiture.  Même que je l’ai fait.  FORT.   Parce que le prénom revient souvent.  Très.  Disons que la prononciation des mots anglais est prononcé de façon… originale.  Bref, ça n’a pas aidé à mon impatience à voir la fin de ce roman.

 

Si vous l’avez lu et que vous vous demander si j’avais bien compris… bien sûr.   Pour faire changement.

Mais bon, si vous avez d’autres romans de l’auteur à me conseiller, je ne dirais pas non.  J’aime bien les atmosphères malsaines!

Les 500 premiers Cadieux – Xavier Cadieux

Avez-vous déjà emmené votre nouveau chum ou votre nouvelle blonde dans votre famille élargie?  Souvenez-vous de la première fois.  Toutes les mises en gardes, les avertissements… Cet album, c’est donc la première fois que Xavier amène Byanka, sa blonde, dans sa famille bizarre, qui habite au fond d’un trou (au sens propre).  Parce que sa famille est étrange, elle fête la Saint-Toussaint, rapport au premier Cadieux.

 

Oui, je sais, ça semble complètement absurde.  Et ce l’est un peu.  Je pense qu’il ne faut juste pas tout chercher à comprendre.  Ceci dit, je ne suis pas certaine d’avoir tout saisi non plus hein… mais sincèrement, je pense que c’est un peu normal.

 

C’est donc une BD en noir et blanc, qui nous amène dans un étrange univers peuplé de drôles d’hybrides préhistoriques et d’une famille plus que bizarre.   Je ne suis pas super fan du trait (j’ai du mal avec le nez du personnage de Xavier) mais les bestioles me plaisent bien.  Et si j’ai bien aimé cette terrible famille complètement folle, je dois avouer que ce n’est pas mon type d’humour préféré.  Vous savez, au début, on fait référence à François Pérusse?  Ben je HAIS Pérusse.  L’humour asurde, x’est pas mon truc.  Et pour mon grand malheur, TOUS mes amis adorent et l’écoutent en boucle en voiture (oui oui, comme dans la BD).  Du coup, entre moi et cette BD, ce n’était pas gagné.

 

Mais toutefois, ça a quand même passé.  Ce n’est pas mon type de BD préférée mais il y a de sérieuses trouvailles, des souvenirs et des clins d’oeil à des petites choese qui font sourire et qui nous rappellent, forcment, certains trucs relatifs à nos propres familles.  Oui, ça tombe dans le grand n’importe quoi mais il y a un je ne sais quoi qui fait que le tout se tient bizarrement.  Malgré le père Noël et les sorcières en herbe.  Je ne conseillerais par contre pas du tout ça à tout le monde.  Mettons qu’il faut aimer les histoires comme ça, où tout n’a pas forcément… un sens.

 

Une curiosité donc!

Et cette BD était finaliste pour le prix Bédélys Québec.

Pot-Bouille – Émile Zola

Me voici donc à la moitié de la saga des Rougon-Maquart.  Pot-Bouille, c’est un titre qui symbolise l’arrière du décor.  La bouillie derrière le clinquant.  Nous sommes donc transportés dans un immeuble parisien bourgeois, fort chic.  Monsieur Gourd, le concierge, se vante de la respectabilité de son immeuble, quitte à fermer les yeux sur ce que font les gens « bien ».   Arrive dans cet immeuble Octave Mouret, le fils de François et Marthe, que nous avons rencontrés dans « La conquête de Plassans ».   Il a en lui l’héritage des Rougon-Macquart: leur ambition, leurs faiblesses.   Et il a l’intention de grimper l’échelle sociale, à travers les femmes.   Rien de moins.

 

Et étonnamment, ce n’est pas le personnage le moins sympathique. Pour apprécier ce roman, il faut le replacer dans son contexte.   Disons que les avances des hommes ne sont vraiment pas subtiles, ni toujours consenties.  Genre que « non veut dire non » n’était carrément pas intégré.   Et cette vilaine habitude de « pincer » les femmes.   Une fois qu’on a intégré ça, une fois qu’on accepte que la femme soit souvent considérée comme un objet… ça va.    Mais bon, ça hérisse à plusieurs moments.  Et il faut se parler.  De plus, le personnage de Madame Josserand, la mère qui veut marier ses filles à tout prix, et qui est persuadée que les hommes ne sont bons qu’à les faire vivre est tellement, tellement détestable… Quand j’ai écouté certaines parties en livre audio, je lui ai carrément crié après!   Je ne lui ai trouvé aucun bon côté, en fait.  Limite que la leçon « les bourgeois sont tous hypocrites » est un peu martelée.   Mais ce bémol passé, j’ai quand même beaucoup ri dans le roman, jusqu’à ce que Zola nous ramène, avec la finale, dans toute l’horreur du truc.

 

Dans ce portrait au vitriol de la société bourgeoise, nous retrouvons toute une galerie de personnages que nous allons voir évoluer pendant quelques années.   La plupart d’entre eux sont carrément désagréables.  Il n’y en a peut-être qu’un ou deux qui ne sont pas complètement superficiels et qui pensent à autre chose que l’apparence.  Le concierge snob, la femme qui ne pense qu’à faire salon et qui est bien contente que son mari soit occupé ailleurs avec sa maitresse, le jeune homme qui couche avec toutes les bonnes, la femme qui tyrannise ton mari et ses filles ou l’oncle qui feint d’être saoul pour pouvoir prétendre ne pas comprendre ce qu’on lui demande… pas un ou pour rattraper l’autre ou presque.  Le tout bien entendu, en préservant le côté « propre » de l’immeuble.  Et parfois, c’en est drôle.  Zola réussit même à rendre une scène de décès drôle, d’une certaine façon, sans jamais nous faire oublier le côté pathétique du truc.  La façade versus la cour, où sont déversés la fange de la maison.

 

Bien entendu, on retrouve encore le côté critique sociale.  Ce qui est accepté chez les bourgeois ne l’est pas du tout chez les ouvriers.  Le sort des femmes « déshonorées » est terriblement terrible (ouais, je sais, mon vocabulaire est ex-tra-or-di-naire), le sort des femmes tout court, en fait, qui sont carrément vendues, n’est pas mieux et on voit apparaître ce qui sera plus tard « Au bonheur des dames », le prochain tomes des Rougon Macquart.

 

J’espère juste que Zola va un peu plus « aimer » ses personnages.  Parce qu’ici, aucun ne semble trouver grâce à ses yeux!

 

 

Excusez-moi – Daniel Miyares

Je pense que je suis un peu cruelle… mais j’ai beaucoup aimé ce petit album.  J’ai même ri!!    Et bon, comment ne pas craquer pour ces illustrations que j’ai trouvées très belles, avec les tons de couleur qui varient et les petits animaux super expressifs.

 

C’est donc un petit oiseau, bien installé dans le marais, sur son perchoir.  Mais soudain, « excusez-moi »… voici quelqu’un qui arrive.  Et un autre.  Et un autre.  Notre petit oiseau est très emmerdé, c’est le cas de le dire.  Et après quelques remarques sarcastiques, il va péter les plombs.  Sauf que… bon, vous verrez!

 

Il y a très peu de texte, certaines pages n’en contiennent pas du tout, d’ailleurs.  Mais c’est quand même chouette de faire parler les enfants et, surtout, de leur faire discuter des sentiments des personnages à partir de leurs expressions.    On peut aussi s’amuser à leur faire deviner la fin.  J’ai beaucoup aimé le petit renard, traditionnellement un animal dangereux et qui, dans cet album, est utilisé un peu différemment.  Les utilisations différentes, ça me plaît bien.

 

Bref, un gros éclat de rire pour moi et pour plusieurs,  malgré le petit traumatisme de certains cocos qui n’ont peut-être pas autant ri que moi.    Sweet!

The Raven King (The Raven Cycle #4) – Maggie Stiefvater

Okaaaay.

Comment expliquer.

Moi et les fins de séries, on a toujours du mal à s’entendre.  Entendons-nous, dans ce cas, ce n’est pas une catastrophe.  L’écriture est vraiment belle.  Les messages passés dans toute la série sont aussi géniaux.  Chacun est le roi de sa propre vie.  Ce sont de belles histoires de découverte de soi et d’amitié.  L’amour, sous toutes ses formes ça peut nous sauver, dans tous les sens du terme.  J’ai adoré la quantité de foreshadowing dans toute la série.  Il y a énormément d’indices disséminés depuis le début et, même s’ils sont masqués par toute cette magie, ils sont quand même assez saillants pour être remémorés par la suite.  Du  moins pour moi, qui voit tout!

 

Bref, il y a de bons côtés.  Beaucoup de bons côtés.

Toutefois, il y a beaucoup de choses qui m’ont dérangée.  Des éléments narratifs qui m’ont semblé boiteux et des conclusions qui m’ont manqué.  Beaucoup de personnages sont introduits dans ce tome et Maggie Stiefvater a un don pour créer des personnages intéressants et particuliers.  Par contre… c’est un peu tard.  Et pour certains, on se demande POURQUOI ils sont introduits parce qu’ils semblent un peu plaqués, là pour une raison précise… et bon, ça m’a fait un peu bougonner.  Toute l’intrigue du recel d’artefacts magiques… heu… okay…  L’introduction de Henry Cheng et de Robo bee?  Pratique, certes.  Mais… et encore?   C’est la première fois que je trouve que l’auteur a des procédés narratifs simplistes pour régler certains problèmes alors que tout était tellement bâti jusque là.

 

Autre point?  Le côté anti-climatique.  Pas LE truc anti-climatique.  Ça, j’ai aimé.  Beaucoup.  Mais tout le reste.  Pour plusieurs événements étaient attendus depuis longtemps et quand ils se produisent… j’ai manqué de build up, d’étoiles et de wow.  Ouais, je sais, cet argument est bâti avec un vocabulaire digne d’un enfant de 5 ans.   De plus, j’aurais aimé avoir un peu des autres personnages dans l’épilogue.  Je ne dirai pas qui pour ne pas spoiler mais bon… sérieusement.  Si on ne sait pas, certains personnages semblent un peu… inutiles.   J’aurais aimé voir l’après.  Et je dénonce quand même une certaine facilité pour tout ce qui concerne Gansey.  J’aurais aimé plus de tension, plus de stress… bref, il m’a manqué quelque chose.

 

Ceci dit, la série est bien, c’est bien écrit, plein de mystère et de magie.  Le message vaut le coup. Mais j’aurais aimé un dernier tome plus abouti.