Joyeux rêveur – Peter H. Reynolds

Voici donc un album coloré qui parle de la capacité infinie qu’ont les enfants de rêver, d’imaginer et de s’évader dans leurs propres univers magiques.  Nous rencontrons donc un petit coco qui a du mal à rester dans le moment présent, à se concentrer et à rester calme.  Toutefois, dans sa tête, c’est un monde parallèle où il s’envole et où il crée des merveilles.

 

C’est donc un ode coloré à l’enfance.  Chaque image est un peu particulière et éclatée.  Pour ma part, j’ai un faible pour les feux d’artifices!  C’est aussi une bonne introduction pour discuter des rêves, des aspirations et des désirs des cocos, avec, derrière, ce message d’empowerment.  Vous savez, ma phrase préférée… « Be yourself, no matter what they say… » (Ça y est, je vais chanter du Sting toute la journée!)

 

Bon, par contre, l’album a suscité certaines réactions heu… particulières chez un coco de ma connaissance qui a shooté à ses parents « JE ME SENS VIDE ET ENFERMÉ QUAND TU M’OBLIGES À RANGER MA CHAMBRE, ET C’EST TA FAUTE »!   Disons que certaines choses s’ancrent plus facilement que d’autres!  Et qu’une partie du contenu doit être disons… discutée!  (C’est juste ces pages-là… mais c’est arrivé deux fois dans mon entourage… je préfère donc prévenir!).  Ah oui, on a eu droit à « Donc, le prof qui me dit de rester assis, elle a pas raison?  J’ai le droit de pas l’écouter parce qu’elle comprend rien aux enfants et qu’elle ne les RESPECTE pas? »

 

Chers petits trèsors, hein!  J’avoue que la dernière, je la ris encore.  Les parents, moins!

 

À découvrir, pour la poésie du truc et pour les souvenirs d’enfance que ça éveille en nous!

 

Pas si simple – Lucie Castel

Au moment où j’écris ces lignes, je suis hors de chez moi pour cause de travaux majeurs, il manque un mur dans la maison (et il fait 2 la nuit) un fou-furieux peut entrer n’importe quand pour m’assassiner dans mon lit, on a trouvé des fourmis dans la charpente, on a dû démolir la verrière, recommencer, ça va me coûter une fortune et demie et on ne parlera même pas du boulot.  Bref, il me fallait une romance sucrée, sweet et drôle.  On m’a conseillé celle-ci, je l’ai prise, je l’ai lue… et j’en suis sortie mitigée.   Oui, je sais, je suis difficile en romance.   De plus en plus, je pense.  Mais j’ai envie d’en lire de temps en temps… je pense que je suis romance-schizophrène.

 

Donc, je pitche un peu.  Nous sommes le 23 décembres, Scarlett et sa soeur Mélie (Thanks GWTW) sont coincées à Londres, à Heathrow.  C’est le premier Noël depuis la mort de leur père et elles s’inquiètent pour leur mère, un peu drama queen mais tout de même vulnérable.  Sauf qu’il y a la tempête du siècle et en raison d’une sombre histoire de toilettes et de sièges pour bébés, elle rencontre William, un homme beau, flegmatique, riche et sarcastique.  Anglais quoi.

 

Nous suivrons donc histoire sur quelques jours, dans un Londres un peu féérique et enneigé (quoique j’avoue qu’à nos températures actuelles, je ne m’ennuie pas du tout de la neige).   Ceux qui me connaissent vont tout de suite froncer les sourcils.  Quelques jours.  Voilà.  Ça ne peut pas me plaire.  Je n’aime pas beaucoup les histoires rapides, qui font un peu insta-love.  Voilà, pour moi, Insta-love = moins de deux semaines.   Vous devinerez que mon premier grand soupir a été : trop vite, trop vite, trop vite, surtout pour les deuils et l’évolution des sentiments.  Car il n’y a pas qu’une histoire d’amour, mais on effleure aussi le deuil, les blessures familiales, les parents toxiques.  Pour moi, cette partie a été vraiment rapide et selon moi peu crédible, surtout pour l’un des deux personnages.

 

Ceci dit, ça a bien commencé.  C’est bien rythmé, les dialogues sont souvent drôles, sarcastiques et les répliques bien envoyées.   Les premières scènes sont hilarantes (l’aventure de Choléra-le-lapin-bélier a été pour moi le highlight du roman), il y a des références chouettes et un joli brin de plume.  C’est juste un peu « too much », comme si on avait voulu un peu trop en faire question ironie.   Personne ne parle toujours comme ça.  Et Mélie, sexologue qui analyse parfaitement toutes les situations en 3 secondes sans jamais se tromper, comme si elle était devin… ça m’énerve, c’est incroyable.  Du coup, malgré l’humour, le sens de la répartie et le côté très théâtral / vaudeville, je suis passée à côté et j’en suis la première déçue.

 

Cette romance a par contre d’excellentes critiques.  Je vous envoie chez Mylène (qui a adoré), Galleane (un peu plus mitigée), Un brin de lecture, She reads a book et Clarabel.

Rule – Marked Men #1 – Jay Crownover

Non mais qu’est-ce qui m’arrive?  Je n’arrive plus à apprécier la romance.  Plus du tout.  Et ça me rend triste parce que bon, j’ai toujours bien aimé.  Et tant qu’à prendre un livre « de plage »… ce serait cool de l’apprécier.  Toujours est-il que j’ai lu plusieurs romances récemment et que je n’arrive à m’intéresser à aucune de ces histoires, à aucun de ces personnages torturés qui trouve l’amour au bout d’épreuves terribles ou drôles.

 

J’ai donc craqué pour Marked Men, série dont on m’a dit le plus grand bien.  Verdict?  Bof.  Oui, je sais, je suis super super constructive.  J’espérais des histoires de tatouage, une belle exploitation de l’univers… et finalement, ce n’est qu’en background.   Vais-je continuer la série?  Probablement pas.   Bref, je suis déçue.

 

Rule est le bad boy de la famille Archer, tout le contraire de son frère Remy, décédé d’un accident de voiture quelques années auparavant.  Il est artiste tatoueur, percé de partout (partout) et est un serial fucker.  Chaque dimanche, Shaw,  l’ancienne petite amie de son frère, vient le sortir du lit ou des bras d’une fille, pour l’emmener au traditionnel brunch du dimanche dans sa famille (à lui) où il doit affronter sa mère, qui le rejette, est horrible avec lui et semble lui en vouloir à mort.   Ces deux-là s’endurent et aux yeux de tous, Shaw n’est que l’ex-copine de Rémy, qui fuit sa famille riche et démissionnaire chez les Archer.  Mais la vérité est tout autre…

 

Vous l’avez deviné, nous allons suivre l’histoire de Rule et Shaw.  Tous deux ont des passés difficiles, une famille fuckée et une relation pas évidente du tout.   Rule est un mauvais garçon, il est tatoué et a des cheveux complètement wild, au grand désespoir de sa famille.  Shaw est l’image de la fille parfaite et elle tente de se débarasser de son petit ami riche, Gabe.   Et… je ne sais trop quoi dire de plus à propos de l’histoire.

 

Je m’attendais à quelque chose de moins convenu.  Les grands secrets, on les voit venir à 100 km et en plus et on ne comprend pas du tout pourquoi c’est si grave que ça, en fait.   C’est vraiment cousu de fil blanc.  En fait, je n’en peux plus des personnages super exagérés, vrament méchants méchants.  Et ce livre en est plein.   Entre les clichés, les chicanes pour presque rien et le grand amour salvateur, j’en ai eu un peu marre et je n’ai jamais réussi à m’intéresser à leur sort.  Je m’en fichais pas mal de ce qui allait leur arriver, en fait.  Et ça, c’est pas bon signe.

 

Bref, un gros bof pour moi.  Mais je suis un peu la seule.  Ma copine Mylène a adoré.

Le chat blanc et le moine – Jo Ellen Bogart / Sydney Smith

Pangur Bàn est un poème qui a été écrit par un moine il y a longtemps.  Il compare sa vie de recherche de connaissance à celle de son chat blanc, semblable dans leur simplicité. Je connaissais le poème mais en lisant l’album, j’ai appris qu’il était bénédictin, probablement irlandais et que le poème avait été écrit dans l’île monastique de Reichenau, en Allemagne.   Vous savez comment j’aime les albums qui s’inspirent de poèmes ou de légendes.  Du coup, j’ai totalement adhéré à cet album tout simple, poétique, aux illustrations qui donnent une impression de calme et de bonheur tranquille.

 

Je ne l’ai pas utilisé au boulot car la comparaison est un peu complexe pour eux mais je l’ai lu dans mon entourage.   Les enfants ont eu besoin de mise en contexte et d’explications, mais l’album a suscité la discussion sur la vie des moines, sur les abbayes… et les habitudes de chasse des chats.  Et bon, je dois avouer que cette dernière partie en a intéressé plus d’un.  Limite plus que la vie des moines!

 

Toutefois, les illustrations nous font entrer dans un silence de pierre, avec les plafonds magnifiques en ogive (ok.  On s’entend.  On n’est pas au 9e dans les illustrations… mais on s’en fiche un peu!), les petites cellules et les magnifiques enluminures.   Il y a peu de texte, le contenu se rapproche du texte original (même si la forme diffère) et la complicité tranquille entre le moine et le chat fait sourire.

 

Un très bel album!

Pause vacances!

Fin juin et début juillet ont été pour moi sous le signe des rénos.  Mon coin lecture prenait l’eau, il ventait dedans et les fourmis avaient colonisé le plancher à mon insu.  Du coup, on a refait… et j’ai eu une maison à trois murs pendant un grand bout de temps… si ça vous tente, je vous ferai un avant après un moment donné!

 

Et bon, pour une girouette pas capable de prendre une décision (si vous m’aviez vue assise par terre devant une paire de sandales à me demander si je la mettais ou non dans ma valise… pendant une demi-heure), les rénos, c’est pas reposant.  En fait, l’année que j’ai eue depuis mon retour de différé n’a pas été reposante non plus.  Alors je suis due pour des vacances.

 

Over méga due.

 

Je vais donc débarquer à Paris chez Delphine et ensuite partir en road trip avec Fab-chou (mieux connue sous le nom de Fashion par les anciennes et d’Angéla Morelli pour les lectrices de romance).  Le programme?  Manger des bulots, boire du vin blanc et se faire venter en écoutant le bruit des vagues.  Lire en masse.  Débriefer sur les épisodes mouvementés de nos vies tourmentés, rire et profiter du moment (et faire du vélo à Amsterdam mais il faut que je saoule Fab pour lui faire promettre-jurer-sur-la-tête-de-Joffrey-de-Peyrac qu’elle va venir avec moi… chuuuuuuut).  Imaginez, je pars sans mon ordi, première depuis 10 ans!  Bon, j’aurai mon téléphone ET ma tablette… mais j’ai pas d’ordi!  C’est limite angoissant!

 

Du coup, il y a des billets préprogrammés mais je vais répondre à mon retour, dans deux semaines.

Des bisous et bonnes vacances!

(Et moi je vais tenter de survivre à mon vol… j’aime pas l’avion!)

Les mystères de Larispem – 1 – Le sang jamais n’oublie – Lucie Pierrat-Pajot

J’ai reçu le tome 2… et je me suis donc empressée d’emprunter ce premier tome à la bibliothèque.  J’en avais entendu pas mal de bien et j’étais curieuse de découvrir le gagnant du prix Gallimard Jeunesse de 2016.  Et comme je dois bientôt lire le tome 2, je suis ravie d’avoir accroché!

 

Il faut savoir que c’est jeunesse.  Middle grade, je dirais, mais du bon middle grade.  Nous sommes dans un univers uchronique steampunk qui entraîne le lecteur dans le Paris de la fin du 19e.  Le point tournant se situe dans les années 1870 et la caste la plus « hot », ce sont les bouchers.  Les louchébems, comme ils disent.  Les noms des rues et des places sont modifiés, Paris est une ville-état indépendante, avec une technologie plus avancée qu’ailleurs, où Jules Verne est vénéré.   Toutefois, un groupe rebelle, les Frères du Sang, sème la terreur…

 

Ce premier tome est introductif, même si l’action ne manque pas.  Nous découvrons le monde petit à petit, ainsi que les trois personnages principaux.  Carmine, une jeune apprentie louchébem féroce, Liberté, son amie, apprentie horlogère douée ainsi que Nathanaël, orphelin au passé mystérieux.   Ces destins se rencontreront (ou pas… on ne sait pas encore) et j’ai bien l’impression qu’ils se retrouveront, d’une façon ou d’une autre, pris entre deux puissances où le bien et le mal ne seront pas clairement définis.

 

Ici, l’auteur pose les bases.  J’ai certes eu l’impression de lire la première partie d’un gros roman mais il y a beaucoup de potentiel dans les personnages et dans l’histoire.  Comme c’est très jeunesse, il manque un peu de descriptions des machines et de la ville à mon goût mais pour le public-cible, c’est juste bien pour nous permettre de nous imaginer ce monde un peu irréel.   Il y a de jolies trouvailles (la vision de Notre-Dame… j’adore) et j’ai hâte de voir la suite.

 

Un bon rythme, de l’action, une histoire qui s’annonce bien… bref, ça me plaît.  Michèle, pour tes élèves, je pense que ça pourrait le faire!  En plus, ça te permettrait de leur parler de l’histoire de Paris.  Et bon, Paris, c’est toujours une bonne idée!  De plus, le langage utilisé, celui des bouchers, a réellement existé.  Encore plus intéressant, non?

 

Phooka a adoré, Galléane et Oriane sont plus mitigées, même si elles ont bien apprécié leur lecture.

The Handmaid’s Tale (La servante écarlate) – Margaret Atwood

Ce roman a été écrit en 1985.  Pourtant, il est tellement d’actualité que ça fait peur.  C’est une dystopie qui se passe à la fin des années 80.  Nous sommes dans une société théocratique intégriste, Gilead.  La narratrice est une servante écarlate de la première génération.  Elle a connu l’avant.  Elle a vu les femmes perdre petit à petit leurs droits.  Elle a vu la population laisser faire.   C’est arrivé à une vitesse folle.  Et ça pourrait encore arriver.  Parce que Margaret Atwood mentionne qu’elle n’a rien inventé. Et que souvent, pendant les crises politiques, les droits des femmes en prennent plein la gueule.

 

Ce roman est marquant et glaçant.  On a l’impression de débarquer dans un univers complètement dérangé, où ce qui se passe est tellement aberrant.  Nous ne savons pas tout, on sent que certaines horreurs sont passées sous silence et le lecteur comprend petit à petit dans quelle situation se trouve notre personnage principal, Offred.  Rien n’est exposé simplement, le lecteur doit travailler pour comprendre le monde et les ellipses de la narratrice sont aussi parlantes que ses mots.

On comprend graduellement que nous sommes en Nouvelle-Angleterre et que les dirigeants religieux et armés ont divisé la société féminine en castes.  Les Épouses sont en bleu, souvent stériles en raison de la pollution et des déchets nucléaires, les Marthas sont en vert et sont les servantes.  Et les femmes encore fertiles sont en rouge, les Servantes.  Au service des Commandants, elles existent pour porter leurs enfants.  Comme Leah et Bilah dans la Genèse.  Ici, la bible est appliquée au sens propre.   Et ça fait peur.

 

J’ai adoré.  Ça m’a coupé le souffle par moments mais je l’ai dévoré.  La narration est distanciée, froide, surtout au départ et je sens que ça va freiner plusieurs lecteurs et ce serait dommage car non seulement c’est un roman coup de poing, qui vaut le coup, mais c’est un roman nécessaire, qui questionne sur la condition de la femme, sur la procréation et sur les dangers des extrémismes.

 

Roman d’anticipation qui fait froid dans le dos, roman qui questionne et qui oblige le lecteur à être actif dans leur découverte du monde et du récit.  À lire.

Mort au loup! – Philippe Jalbert

Les contes de fées revisités et détournés, j’adore.  Surtout quand c’est fait avec une telle habileté.   Je ne connaissais pas Philippe Jalbert (oui, je sais, honte à moi) et, croyez-moi, maintenant, je veux tout lire de cet auteur/illustrateur.   C’est déjanté, drôle et ça permet des tas de discussions sur les vraies intentions du personnage du loup, sur les faux semblants, les préjugés et les différentes perspectives.  On se questionne du début à la fin!  On a adoré!

 

L’histoire commence avec les trois petits cochons qui veulent se venger du loup.   Mais la vengeance, c’est sérieux.  Très sérieux.  On parle d’anéantissement total.  Donc, on a pris les grands moyens  Un entraînement militaire, par un bulldog qui prend le tout très à coeur.  Sauf que bon, disons que les cochons ne sont pas les crayons les plus aiguisés de la boîte.  Ça donne des dialognes désopilants et décalés, des réflexions naïves et totalement à côté de la track… que du bonheur!

 

Surtout que quand arrive le loup… il est un peu différent de ce qu’ils avaient imaginé.   C’est drôle, réjouissant, bourré de références et ça permet d’ouvrir la discussion.  Que demander de plus!

 

Lael et Un petit bout de Bib ont aussi adoré!

Germinal – Emile Zola

Je l’avoue, il me faisait peur, celui-là.  J’en entendais parler depuis des dizaines d’années, on me disait que c’était d’une noirceur absolue.  Plongée au coeur de la misère humaine, quoi.   Et yep, c’est ça.  Misère humaine avec un grand M.  J’ai beaucoup aimé mais je suis bien contente de ne pas avoir commencé par celui-là pour découvrir Zola.   J’aurais eu une peur bleue pour la suite parce que c’est fort sombre et qu’il y a peu d’espoir au sortir de tout ça.

 

Le membre de la famille Rougon-Macquart que nous allons rencontrer, c’est Étienne Lantier.  Il est le fils de Gervaise et de Lantier que nous avons connus dans L’Assomoir.  Oui, je sais, pas le plus gai non plus.  Et disons que le pauvre Étienne n’a pas pas la meilleure hérédité.

 

Nous somme donc dans le Nord, dans l’univers des mines de charbon.  D’un côté il y a les bourgeois, les investisseurs.  De l’autre, les mineurs, ceux qui travaillent, qui travaillent dur toute la journée pour espérer, peut-être, manger le soir.  Pas sûr.  Ils se tuent au travail, meurent à petit feu en se faisant exploiter, sans même toujours espérer une retraite.  Les femmes descendent au fond jusqu’à ce qu’elles se marient ou qu’elle se fassent engrosser encore ados.   Et au fond, c’est encore la misère, dans des conditions horribles.  Rien de joyeux.  Et Étienne arrive sans un sous, sans logis, et se fait embaucher dans une mine appartenant à une grande compagnie, dans l’équipe de Maheux, 40 ans, gros travailleur, marié à la Maheude et père de Zachary, Catherine, Elzire et trois autres petits.   Nous faisons connaissance avec tout ce petit monde, de même qu’avec les voisins, leurs petites magouilles et leurs tentatives pour survivre dans ce monde sans pitié.  Et au fond, il y a le grand Chaval, qui a un oeil sur Catherine, 14 ans.   Le tout au grand désespoir d’Étienne, qui ressent une grande amitié pour la jeune fille.

 

Mais dans la mine, une diminution de salaire plane alors que tout le monde tire le diable par la queue et peine à manger tout les jours.  Une grève plane et Étienne, qui voit grand, prend la tête de la rébellion des mineurs.

 

Dans ce roman, à forte tendance politique et sociale, la mine est un personnage à part entière, un monstre qui bouffe tout et qui engouffre les hommes pour les garder dans ses boyaus.   Le langage utilisé est cru, on sent cette mine vivante, insidieuse, on sent le froid et l’humidité nous envahir… bref, ce n’est pas un roman fait pour que nous nous sentions bien.  J’avoue avoir eu des moments d’ennui pendant la période de grève qui s’éternisait mais cette fin, cette fin!  Quelle finale, quelles scènes déchirantes.  Et quelle tristesse aussi.  Comment voir le bout de tout ça, de ce monde rempli d’injustices?  Bref, un livre fort dur.

 

J’ai besoin d’une petite pause avant de me mettre dans le monde de l’Oeuvre.  Besoin de digérer celui-là!

Macaroni ! – Thomas Campi / Vincent Zabus

C’est en faisant le tour des blogs pour un mercredi BD que j’ai (re)vu passer ce titre.  Comme j’allais justement chercher une réservation à la biblio, hop, il est passé dans mon sac.  Et j’ai drôlement bien fait parce que cette BD a été un coup de coeur.    C’est une histoire émouvante, une histoire sur le silence des hommes et les non-dits qui ont forgé les familles.

 

C’est donc un petit garçon qui doit aller passer une semaine chez son grand-père, « le vieux chiant » comme il l’appelle.  Il est taciturne, il est grognon et il est aussi un peu parano.  Son Nonno, aussitôt arrivé, lui met une bêche dans les mains et lui présente Mussolini, son porc.  Et oui, c’est voulu.

 

Cette maison en Belgique semble ancrée dans un autre temps, peut-être celui des fantômes qui hantent l’endroit    Et le jeune Roméo, qui se demande vraiment ce qu’il fout là, va découvrir l’homme derrière le grand-père et, avec son propre père, essayer de ne pas reproduire le même pattern.

 

J’ai tout aimé dans cette BD.  Les plans, les visages tellement expressifs et les ombres du passé qui apparaissent soudain.   J’ai aimé la réflexion sur la vie, sur les vies bouleversées par les événements, par le contexte.  Par les « oui » qu’on dit comme ça, sans toujours réfléchir.  L’atmosphère est mélancolique, nostalgique et les rues de cette ville ouvrière, sans beaucoup d’âme sont un peu étouffantes.   Je vais vous laisser découvrir qui était Nonno (ou Ottavio), pourquoi il a ce respirateur et quels regrets il traîne avec lui.  Mais découvrez-le.  C’est génial.

 

Le billet de Mo, celle de qui c’est la faute.