J’avais ce roman dans ma pile depuis une éternité. Depuis sa sortie dans la collection Babel, en fait. J’en avais lu beaucoup de bien sur les blogs et quand je disais que j’avais adoré « Le maître des illusions » de Donna Tartt, c’est toujours ce conseil qui revenait. Du coup, je l’ai lu. Bon, je l’ai lu 10 ans plus tard, mais je l’ai lu quand même. Ça compte, non?
La fille sans qualité est un roman profondément dérangeant. Un roman qui fait froid dans le dos et qui fait presque perdre espoir. Je suis consciente de ne pas avoir tout saisi (je n’ai pas lu Musil, entre autres… et mes lectures des nihilistes remonte au Cégep) mais j’ai tout de même pu apprécier ce roman fort bien écrit (chapeau aux traducteurs) qui nous ramène au début des années 2000, dans un lycée de Bonn.
Ada a 14 ans. Jeune fille précoce, très intelligente, elle s’ennuie et aime provoquer. Un an après son entrée dans un nouvel établissement arrive Alev, 18 ans. Post-nihiliste, il ne croit en rien. Même pas au fait de ne croire en rien. Ensemble, ils vont jouer à un jeu machiavélique, déplaçant leurs pièces, pour le plaisir du jeu, impliquant par le fait même Smutek, professeur de sport né en Pologne. Jeune, amoureux de sa femme, il va se laisser prendre au piège. Y trouve-t-il du plaisir? Un exutoire face à la disparition d’un ami ou à l’attitude de sa femme? Est-il amoureux? Difficile à savoir. Aucun des personnage n’est aimable (sauf peut-être Hofi, professeur aussi dans cette école), tous nous révulsent un peu. Leur froideur, leur détachement, leur mépris de la loi, de l’éthique, des règles… ça donne froid dans le dos. Et le final, rapide, presque trop après tant de pages (plus de 600 quand même) souvent philosophiques, nous laisse un peu sur le carreau… et nous fait réfléchir davantage.
Ce n’est pas un roman qui plaira à tout le monde. Il est difficile de s’attacher aux personnages et même de les comprendre. On se sent démuni, on aurait parfois le goût de les secouer (ok, souvent). Il y a des passages un peu longs et on se demande souvent où ça mène. Mais ça déstabilise. Et quand un roman réussit à me faire cet effet, je suis généralement satisfaite.
Et ce que je peux être contente de croire encore en quelque chose! Vous pouvez pas savoir!