Harry Potter et le prisonnier d’Azkaban – JK Rowling/Jim Kay

Quand on est un peu dans l’univers des livres et qu’on aime Harry, la sortie de ces magnifiques albums illustrés est très attendue.  Toutefois, j’ai récemment réalisé qu’une bonne partie du « grand public » ne connaissait pas du tout ces nouvelles éditions.   Et ça fait TELLEMENT un beau cadeau de Noël pour les amateurs de la série, jeunes ou non.  J’ai dit qu’ils étaient magnifiques, déjà hein?  Oui, voilà.  Je savais que je l’avais dit.  Je radote en vieillissant!

 

Ce troisième tome marque – pour moi – la fin de d’une « première » trilogie dans la série.  Certes, ça devient un peu plus sombre, mais tout de même, il y a une nette démarcation entre celui-ci et le suivant.   Harry est donc dans sa 3e année à Poudlard.  C’est le tome où nous voyons apparaître Sirius Black, la carte du Maraudeur et le retourneur de temps.  C’est l’histoire de l’hippogriffe, des détraqueurs, de la maison hantée et c’est dans ce tome qu’Harry en apprend davantage sur le passé de ses parents à Poudlard.   C’est aussi le tome où on sent davantage les éléments pour la suite se mettre en place.  À chaque relecture, impossible de ne pas remarquer la cohérence de la série.  C’est assez incroyable, en fait.

 

Encore une fois, Jim Kay réussit à merveille à illustrer l’histoire.  Ce n’est pas le film c’est …. autre chose, un autre univers.  C’est rempli de détails, de clins d’oeil et ça convient parfaitement à l’histoire qu’on aime.  Inutile de dire que j’ai l’intention de lire le tout avec mes neveux qui ont vu le premier Harry mais pas la suite.  C’est tellement chouette de leur faire découvrir ce monde!

 

Donc, clairement, si vous cherchez une idée cadeau de Noël… me semble que ça fitte!

En plus, en 2018, on célébrera les 20 ans de Harry Potter (en français, bien entendu).  Et on m’a glissé à l’oreille qu’il y aura plusieurs surprises en l’honneur de cet anniversaire.  J’ai bien hâte de savoir ce que Gallimard nous réserve pour l’an prochain!

Ils sont beaux, hein dans ma bibliothèque!

C’était ma première lecture pour le Cold Winter Challenge de Margaud.  Je cherche encore le logo, en fait!  C’est pour le menu de la fantasy!  Of couse.  Et bon, harry, c’est Noël.  De toute façon.

 

Québec en novembre… à l’année prochaine!

Déjà la fin de novembre… c’est fou comme je ne l’ai pas vu passer, ce mois habituellement over long.  J’ai donc lu québécois tout novembre.  Rien d’autre (à part certains chapitres d’un certain futur roman mais ça, ça compte pas…   La récap est presssque à jour (merci Yueyin!) et je n’ai même pas fini mon tour… mais j’ai tout plein de tentations.  Je vous ai pour ma part fait presque un billet par jour… limite que je suis fière de moi!

 

Pour ma part, j’ai repéré 21 jours en octobre de Magali Favre (chez Enna et Yueyin),  Cuné m’a redonné envie de me plonger dans La diaspora des Desrosiers de Michel Tremblay Isallysun a éveillé ma curiosité avec Un été à Provincetown de Caroline Vu,  chez Eimelle, j’ai repéré le chat moribond de Marie-Renée Lavoie.  Entre autres.  Et ça m’a fait TELLEMENT plaisir de voir certains de mes coups de coeur passés trouver leur petite place dans les lectures des copinautes!

 

Du coup, faut remettre ça l’an prochain!

Et MERCI à ceux qui ont participé.  Vous ne pouvez pas savoir comment ça nous fait plaisir à Yue et à moi.  Merci à ceux qui ont discuté quotidiennement sur le groupe, qui nous ont fait découvrir bouffe, musique, culture et vie quotidienne.  Merci aussi à ceux qui ont publié juste un billet, pour mettre leur grain de sel.

 

Et merci aux nombreuses personnes qui nous ont lus… et à qui, j’espère, nous avons donné le goût de découvrir davantage la littérature québécoise!

 

Alors?  Qui vous a tanté?  AVec quel titre?

Grand Fauchage Intérieur – Stéphanie Fillion

En judo, un grand fauchage intérieur est un mouvement spécifique qui implique une déstabilisation de son adversaire.  Et, parce que c’est le judo, une chute qui ne fait pas mal parce qu’elle est contrôlée.  Et dans ce roman, nous rencontrons une narratrice qui sera, le temps d’un voyage de quelques jours au Liban, déstabilisée, justement.  Et qu va se relever, renaître, presque.

 

Jeanne a 40 ans.  Suite à certains événements de sa vie, elle regarde le monde de l’extérieur, par le biais d’une lentille photographique.  Elle tente d’apprivoiser la mort, sans doute, avec un projet sur les sépultures, projet qui va l’amener au Liban, malgré les avertissements de sécurité.  Là, elle va être certes fascinée par Byblos, cité royale funéraire, mais aussi par Julien, la vingtaine, français au Liban pour une compétition de Judo.

 

Dans ce roman, je suis tout de suite tombée sous le charme de la plume.  Je crois que j’ai autant aimé le voyage physique que le voyage intérieur.  Ça donne le goût d’aller ailleurs, de se confronter aux autres et à soi-même à la fois.   Jeanne, la narratrice, perd tous ses repères et son récit donne follement envie de visiter le Liban, idéalement chez des gens du coin.  C’est tellement ce que j’aime des voyages, ce genre d’expérience.  Nous allons découvrir par petites touches le passé de Jeanne, son cheminement intime, sans jamais tomber dans le pathos ou dans le too much.    Un roman qui se lit d’une traite, selon moi, pour bien absorber l’intensité du voyage intérieur.

 

Stéphanie Fillion a une écriture très sensuelle selon moi.   Elle flirte avec certains éléments fantastiques, un peu dans le style du réalisme magique, mais juste un peu.  Tellement peu que j’ai mis un moment à m’en rendre compte.  Il y a de belles métaphores, des réflexions qui sonnent juste et une écriture souvent poétique qui sert parfaitement le propos.  Mon seul bémol, c’est que ça a passé un peu vite pour moi.  Je crois que j’aurais aimé passer plus de temps au Liban pour aller plus en profondeur ans les sentiments, dans les métaphores et les atmosphères.   En fait, j’en aurais pris plus!

 

Une belle découverte!  Merci aux éditions du Boréal!

Le petit Tabarnak – Jacques Goldstyn

Encore une fois, je triche un peu parce que c’est chez La Pastèque, que ça a un côté BD mais que c’est aussi un album… bref, j’ai quand même trop aimé pour ne pas vous le présenter lors d’un mercredi BD.

 

Un jour, un petit garçon entend son papa lâcher un TABARNAK  bien senti lorsqu’il s’écrase un doigt.  Il sait bien que c’est un « mauvais mot » mais en fait il ne sait pas du tout ce que c’est.  Il va donc demander à ses amis  et ceux-ci ont tous une idée assez vague… et assez farfelue, en fait!   Un monstre préhistorique?  Un village massacré?  Une maladie mortelle?  Et c’est un curé – rien de moins – qui va leur expliquer.

 

Ici, bienvenue dans le monde de l’ignorance des religions.  En effet, il faut bien avouer que souvent, les gens n’ont aucune idée de ce qu’ils disent quand ils enchaîne les crisse de câlisse de tabarnak… et que pour eux, il n’y a pas grand sacrilège là!  Puis, ils vont entrer dans l’église et comprendre – un peu – d’où ces mots viennent.

 

N’allez pas croire qu’il s’agit de mettre la religion sur un piédestal.  Le passage dans l’église est assez drôle (et limite un peu traumatisant) pour ces enfants qui ne comprennent absolument pas pourquoi ces choses sont si importantes.  Et que dire de ce monsieur le curé certes très gentil, mais qui est quand même assez caricatural.  On ressort avec un grand sourire et ça permet d’ouvrir la discussion.  En effet, si le Québec a choisi ces mots comme profanation ultime… y doit ben y avoir une raison hein!

 

Bref, un album à découvrir!

À l’abri des hommes et des choses – Stéphanie Boulay

J’avais ce livre depuis un bon moment mais c’est une – vieille – vidéo de MH la lectrice (si vous ne la connaissez pas, allez voir sa chaîne… elle est dans mes top préférées) qui m’a donné envie de le sortir de ma pile.  Il faut savoir que, bizarrement, je connais assez peu les soeurs Boulay.  Je l’ai donc découverte avec ce roman.  Et quel roman.  Quelle voix.

 

C’est donc l’histoire d’une jeune fille, jeune ado, qui se dit « pas vite-vite » et pas mal cancre.  Elle est différente.  Elle habite dans le bois, avec Titi, qui semble être sa gardienne légale, mais on ne sait pas trop.  Toutes les deux habitent loin, à l’abri, parce qu’il y a des méchants ailleurs, et que l’héroïne n’est pas préparée à ça.  C’est sa voix à elle qui nous accompagne dans ce roman, sa vision naïve, parfois tronquée mais souvent terriblement « on point » par moment.

 

Vous savez à quel point les voix d’enfant, les voix décalées, sont difficiles à réussir.  Un vrai casse-gueule.  Pourtant, ici, Stéphanie Boulay s’en tire à merveille et réussit à nous offrir une narration qui sonne vrai et qui reste partielle, en raison de sa compréhension partielle du monde.   La jeune fille est anxieuse, pique des colères dignes d’une comédie musicale et n’apprend pas bien à l’école.  Son corps vit ses premières transformations et elle en sait pas trop les appréhender, son coeur s’éveille et elle y est dédiée tout entière.  Intense dans ses amours et ses haines (parfois passagères), elle fait corps avec la nature, se fond en elle, même si elle a parfois une peur bleue de ce qui peut s’y trouver.

 

Avec une syntaxe approximative mais tellement poétique, l’auteur réussit à nous immerger dans l’univers de cette jeune fille, à nous faire faire un bout de chemin avec elle et dans son univers pas propre-propre.  La relation d’interdépendance avec Titi est hyper intéressante, l’incursion de la spiritualité vue par ses yeux est fascinante.. et il faut le lire!  Voilà!

Chemin de Croix – Hervé Gagnon

Je vous ai déjà parlé de romans d’Hervé Gagnon.  Il est en effet un historien et auteur prolifique qui a déjà publié du fantastique et des romans policiers.  Quand je l’ai revu au Salon du livre de Montréal, je lui ai mentionné que non, je n’avais pas demandé ce roman parce que non, je n’avais pas encore lu celui d’avant.  Il a fait ni une ni deux, est allé chercher un responsable pour que je puisse repartir avec en me précisant que c’était une autre série, un autre enquêteur et une autre époque.  Ici, exit le masque d’historien.  On est maintenant, dans notre Montréal, avec un personnage qui a plusieurs de ses propres travers (ça, c’est lui qui le dit).

 

Notre personnage principal est ici Patrick Kelly, détective privé.  Policier retraité suite à une vilaine histoire qui lui donne encore des cauchemars, il est aussi divorcé, père d’une ado pas toujours facile, amateur de scotch, de blues et – mauvais – joueur de guitare.  Il se spécialise en cocus mâles et femelles ainsi qu’en fraudeurs en tous genre.

 

Un jour, une jeune religieuse débarque dans son bureau avec une enquête très lucrative et assez étrange.  En effet, sa communauté s’est fait voler un crucifix.  Pas une croix, un crucifix.  Et un cruficix avec une histoire, en plus.  Il aurait servi à invoquer le diable… en 1742.  Inutile de préciser que la communauté veut garder ça secret.  Notre enquêteur va donc se retrouver enchevêtré dans une sombre histoire de satanisme.

 

Disons-le d’emblée, il n’y a aucun temps mort dans ce roman.  Les événements s’enchaînent, la tension monte et il y a certaines parties qui sont bien dégueulasses (mais j’étais avertie… et bien avertie) et pour lesquelles il faut avoir le coeur bien accroché.  L’intrigue est biein tordue (mais ma malédiction a encore frappé…  page 57 j’avais une bonne idée et page 146… j’aurais été surprise de me tromper!), bien entortillée .  Malgré tout, je l’ai lu hyper rapidement et les pages se sont tournées toutes seules.

 

Le personnage principal semble un peu déjà vu mais j’ai adoré sa passion pour le blues, les extraits de chansons ainsi que son amour fou-fou-fou pour sa fille.  Il est sarcastique, cynique et ne fait pas dans la langue de bois (en fait, le potically correct, lui, il connait pas).  Ses réflexions surprennent à l’occasion et font tiquer, mais c’est côté « pas-lisse-lisse » et à la morale élastique qui m’ont fait apprécier le personnage.  À un tel point que j’espère bien que l’auteur décidera d’en faire une série.

 

J’avoue avoir parfois eu le goût de secouer le personnage (mais je pense que c’était parce que je « savais » des choses) et qu’il y a une partie de la résolution qui aurait peut-être mérité un tout petit peu plus de précision, mais les dernières phrases secouent.  Vraiment.

 

Bref, un passage à l’historique contemporain réussie pour moi.  Bon, j’en lis relativement peu, mais j’ai passé un très bon moment.  C’est ce qui compte, non?

Bondrée – Andrée A. Michaud

J’ai ce roman depuis un bon moment et je ne le prenais pas malgré le coup de coeur de Yueyin.  C’est après avoir reçu un autre roman de l’auteur que j’ai décidé de prendre celui-là, même si les deux livres n’ont aucun espèce de lien.  Il faut pas chercher à comprendre des fois…

 

Bondrée, c’est une parethèse à la fois nostalgique et angoissante qui nous amène à Bondrée, en plein été 1967.  Au Québec, le monde change.  C’est l’expo, les jupes raccourcissent et les filles s’émancipent.  Bondrée, c’est le coin qui entoure Boundary Lake, à la frontière du Canada et des États-Unis.  Comme souvent ici, Boundary est devenu Bondrée en français, déformé par Pete Landry, trappeur pour échapper à la guerre n’y connaissant pas grand chose en anglais.  Petit à petit, une communauté estivale s’y est installée, poussant Landry plus loin dans le bois et chaque été, anglophones et francophones se côtoient dans cet endroit au bout du monde, dont les enfants ont fait leur univers tandis que leurs mères les observent de leur cuisine.

 

Parmi ses enfants, Andrée, 12 ans, est elle aussi à la frontière de deux mondes.  Le monde magique de l’enfance va commencer à s’effriter le jour où Zaza Mulligan, you know, that kind of girl, est retrouvée dans le bois, la jambe prise dans un piège à ours.   Va s’ensuivre un huis-clos dans Bondrée qui est un personnage en soi.  C’est un roman d’atmosphère, très « vivid » (oui, moi aussi je mélange français et anglais, comme dans le roman), sans dialogue.  Pour ma part, j’ai été envoûtée par cette ambiance et très touchée par le regard d’Andrée qui perd peu à peu de sa naïveté mais dans lequel on ressent cette exaltation, cette nostalgie des étés d’antan.

 

Un très beau portrait de cette communauté estivale qui se côtoyaient jusque là sans réellement se connaître ni même se parler.  C’est un peu oppressant et, comme les adultes, nous sommes impuissants face aux événements qui prennent toute la place et modifient la vie de l’endroit.  D’un autre côté, nous avons Stan Michaud, l’inspecteur, qui accumule les indices et qui sente de comprendre le pourquoi, le qui et le comment.  Ça le ronge, en fait.  Il y a des ces cas qui lui reviennent sans cesse et il craint que celui-ci en fasse partie.

 

Un roman immersif, envoûtant, qui avance lentement, presque avec langueur, une très belle écriture, qui va de phrases punchée aux moments poétiques… et j’ai vraiment beaucoup aimé.  Même si, as usual… I knew.  Je m’énerve moi-même, si vous saviez!

Pivot – Marie-Eve Cotton

J’ai traîné ce roman dans ma sacoche pendant 3 mois.  J’avais très envie de le lire mais on dirait qu’un autre livre prenait toujours sa place.  Toujours est-il que pour Québec en novembre, il n’était pas question que je passe à côté.   En effet, comment résister à un roman qui se passe dans une unité psychiatrique et qui ne soit ni (complètement) sombre ni (totalement) déprimant!

 

Nous sommes donc à Montréal, au quatrième étage de l’hôpital Sainte-Marie.  Vous savez, THE étage.  Celui des codes blancs.  Celui qui héberge les patients ayant des problèmes de santé mentale.  Le roman s’ouvre quand Pivot, le personnage principal, voit Jésus s’avancer vers lui du bout du couloir.  Un Jésus immense et haïtien.  Pivot, lui, bien entendu, est le seul sain d’esprit dans cet étage rempli de fous.   Ce n’est pas sa faute s’il est persécuté par le Système car il est le seul à reconnaître leurs messages et à combattre leur mission de rendre amnnésique toute la population de la planète terre.

 

Bref, Pivot en est à son 12e internement.

 

Il est un peu au-dessus de tout ça, même s’il se prend d’affection pouru Jésus Christ et est vraiment énervé par Jonathan Livinstone qui s’est pris pour un goéland.   Puis arrive Mary.  Elle vient d’ailleurs et entend des voix qui crient.   Il va en tomber résolument amoureux.  Après tout… un regard, ça dit tout, non?

 

Contrairement à ce qu’on pourrait s’attendre, le ton est plutôt drôle.  Bien entendu, sous la plume vive et humoristique (surtout au début du roman), on sent la souffrance humaine et les drames personnels, mais ce n’est pas que ça.  Les personnages sont tout de même très humains et ne sont pas limités à leur maladie.  Ils ont un passé, des familles, des côtés lumineux.  Pivot est un homme intelligent, cultivé.  Mais il est complètement obnubilé par le Système.   Et c’est ce que j’ai particulièrement aimé dans ce roman.  Des fois il y a de l’espoir.  Des fois, moins.  C’est souvent drôle, souvent touchant.  Et au final, je garderai le souvenir d’un roman émouvant, différent et profondément humain.

 

L’auteure est psychiatre.  Elle travaille avec les personnes schizophrènes mais aussi au Nunavik.  Ça explique certainement la bonne connaissance du milieu hospitalier, et le respect qu’on sent pour ses personnages.  Merci VLB éditeur!

Le fleuve – Sylvie Drapeau

J’ai mis un moment à faire le lien entre Sylvie Drapeau, que je connais comme actrice, et ce roman.  Pourtant, c’est bien elle qui l’a écrit.  S’inspirant de son vécu sur la Côte-Nord, elle met dans la bouche de la petite fille de cinq ans qu’elle était les mots qu’elle n’avait pas à l’époque.  C’est à cet âge que, sous ses yeux, le fleuve a avalé son grand frère, son héros.

 

Ce n’est toutefois pas une autobiographie, même si certains événements sont réels.  C’est un récit beau, poétique et très émouvant, dans lequel l’auteur nous emmène avec elle au pays de son enfance.  Nous courons dans les bois, sommes facinés par le fleuve et assistons, impuissants à la noyade, sans rien pour y faire.  Et, avec elle, nous voyons la lumière s’éteindre dans les yeux de sa mère.

 

L’écriture de Sylvie Drapeau est très sensuelle.  On sent les choses, on les goûte, on les palpe et les découvre avec elle.  Elle a ainsi rendu très vivante cette petite bulle d’enfance, cet avant où tout était possible.   Le « tu » est  omniprésent et c’est un récit poignant que cette enfant offre à son frère disparu, celui qui ne quittera jamais la côte nord.

Sans jamais tomber dans le patho, avec l’étonnante résilience dont les enfants font souvent preuve, la fillette qui ne comprend pas tout, qui n’a pas les mots pour tout va continuer à s’émerveiller.  Elle restera sensible à la beauté, aux gens, et trouvera aussi dans le regard et le sourire de son enseignante un nouveau souffle pour aller de l’avant.

 

Une écriture faite d’images, un court récit (à peine 70 pages), des images qui marquent (celle de la meute me restera longtemps en tête), ce roman m’a beaucoup plu.  J’en aurais pris plus, mais j’ai passé un excellent moment.

 

Les Nombrils – Tome 1 à 7 – Delaf et Dubuc

Les Nombrils, je les vois partout depuis des années.  La série ne m’avait jamais tentée mais des fois, les choses atterrissent dans notre pile sans que l’on comprenne pourquoi.  Ça a été le cas avec la série.  Toute la série.  Une copine les donnait et comme je suis un peu la SPCL (la version livresque de la société protectrice des animaux), je les ai recueillis, les pauvres.  Il a fallu la combinaison d’une nuit d’insomnie et d’une vidéo de Mel Jannard pour que je me décide.

 

Premier avertissement : ne pas se fier uniquement au premier et au deuxième tome.   C’est une série à laquelle il faut vraiment donner sa chance.  En effet, dans les deux premiers tomes, ce sont surtout des gags d’une page, où les deux pétards assez détestables (ce sont des bitches en puissance) font tout pour séparer leur « amie » (leur faire valoir, surtout) Karine de Dan, un garçon qui est intéressé par elle.   Cette dernière est le personnage auquel on s’attache tout de suite.  Elle est gentille, sympathique, mais manque terriblement de confiance en elle, veut sauver le monde… et se fait avoir à tour de bras.  Autant par ses copines que par le dépressif, qui la manipule à coups de menaces de suicide.   Bref, la pauvre fille en voit de toutes les couleurs.  Drôle…  mais je n’aurais pas vraiment apprécié que ça se limite à ça.  J’étais dubitative.

 

Si ça n’avait été que ça, je n’aurais pas tout lu.  Mais à partir du troisième tome, la trame devient plus riche, les thèmes plus graves et les personnages deviennent de plus en plus denses.  En effet, au début, les deux beautés fatales sont un peu interchangeables, mais petit à petit, on découvre leur passé, leurs liens, leurs failles et elles ont chacun leur propre histoires.  Jenny vient d’un milieu pauvre, sa mère est alcoolique et ne s’occupe pas vraiment de ses enfants.  Jenny se trouve magnifique mais est disons… limitée cognitivement.   Vicky vient d’un milieu aisé, exigeant mais tout aussi maltraitant.  Elle est intelligente mais porte des oeillères et est extrêmement jalouse d’être la « deuxième plus belle fille de l’école ».   C’est drôle, très second degré, très sasrcastique et ça permet de réfléchir à plusieurs sujets.  Le bulllying, bien entendu, mais aussi l’amitié, l’hypersexualisation, la famille, l’amour et tout ce que ça implique, l’homosexualité, la confiance et les apparences.

 

Les personnages évoluent vraiment au cours des tomes.  Karine, surtout, passe de fille qui suit les autres et qui se fait avoir à un personnage toujours aussi sympathique, mais qui apprend à ne pas se laisser faire… à coups d’essais et erreurs.  Pas facile de doser!  Les relations sont remplies de hauts et de bas, de commentaires totalement déplacés mais aussi de liens qui se tissent petit à petit.  Les pas-fines sont souvent vraiment pas-fines mais même si elles « gagnent » souvent (au début), ce n’est pas à elle qu’on s’attache.  C’est tellement exagéré, caricatural, qu’on peut très difficilement s’identifier à elle.   Elles sont VRAIMENT méchantes!

 

Ce n’est pas toujours politiquement correct (thank god… le phénomène des « révisions » pour ne pas blesser personne en littérature m’énerve au plus haut point… limite que ça me fait peur), Jenny est tellement nounoune que c’est hilarant, les mecs sont hyper prévisibles – et caricaturaux, avouons-le – les filles font tout tout croche… et ça me fait rire.  Genre un gros fou rire à 4h du matin.  Ça aide pas à l’insomnie.

 

Un scénario qui se tient, des auteurs qui osent, qui passent d’un ton absurde à un ton plus sérieux et qui font confiance à leurs lecteurs.  On sent qu’ils savent que ceux-ci vont être capable de réfléchir par eux-mêmes.. et de faire la part des choses.  Et ça, ça me plaît!

C’est Mo qui nous accueille cette semaine!