Naufrage – Biz

Ce roman m’a laissée sur le cul.   En plein milieu, quand arrive le grand tournant de l’histoire, je suis restée sans voix.  Sans voix et en état de choc.  Mais littéralement.  J’ai écouté le livre en audio et je suis arrivée au travail virée de bord.  Ce roman est dur.  Terriblement dur.  Et le pire, c’est que je ne peux même pas vraiment vous dire pourquoi.   Je vais donc vous situer, vous dire qui est Frédérick Limoges, le personnage principal.  Et  vous dire de tenter le coup pour voir si vous pouvez le finir.

On rencontre Frédérick.  Il a 40 ans et travaille comme analyste au ministère.  Sauf que bon, l’austérité (que nous n’avons pas le droit de nommer ainsi) est de mise et ça coupe.  Ça coupe solide.  Un peu n’importe comment d’ailleurs.  Directives ministérielles.  Aucun mot à dire.  Et Frédérick, vu qu’il doit être sécuritaire d’emploi, se ramasse aux Archives.  Dégringolade totale.  Il devient inutile et toute façon, personne ne s’attend à ce qu’il fasse quoi que ce soit.  Ce serait drôle si ce n’était pas basé sur un fond de vérité.

 

Bref, au travail, c’est l’enfer.  Mais heureusement,  à la maison, c’est une bulle de bonheur avec sa femme Marieke et son fils Nestor, un an.   C’est la bouée à laquelle il se raccroche pour tenir vu qu’il est – positivement – en train de virer fou à la job.  Biz y est ici percutant et la vision qui nous est présentée est celle de Fred, qui arrive plein de conviction dans cet univers qui est pour lui incompréhensible.  Puis, ça va basculer…

 

Le naufrage, c’est celui de Fred.  C’est à travers ses yeux à lui, pari risqué, que nous voyons le monde qui se désagrège.  Les comparaisons peuvent sembler exagérées mais ce sont celles d’un homme en colère, qui ne comprend pas comment certaines choses sont possibles, On y traite aussi de culpabilité et de la multitude de personnes qui se croient apte à juger sans connaître tous les faits.   Un roman qui fait mal et qui nous amène à se questionner soi-même.

 

À tenter si vous avez le coeur bien accroché.

Whitehorse – Samuel Cantin

Je voulais le lire parce que Whitehorse, parce que Cold Winter Challenge.  Sauf que bon, s’il y a un lien, of course, on est à Montréal pendant toute cette partie de la BD et que ça n’a rien de froid.  Et là, je sens que je vais en frustrer plusieurs car cette BD a gagné le prix Bédélys en 2015 et a excellente réputation.  Et moi, j’ai aimé certains aspects mais d’autres m’ont laissée froide… bref, je suis mitigée.

 

C’est l’histoire d’Henri et de Laure.  Il est libraire à temps partiel et se trouve hyper spirituel.  Elle est aspirante actrice et sa carrière à elle semble être en bonne voie de décoller.  Contrairement à sa carrière à lui.  Quand elle se fait offrir un rôle dans un faux-documentaire sur les caribous à Whitehorse (le voilà, le lien), il panique.  Mais vraiment.

 

Disons-le d’emblée, même si les personnages sont super expressifs et que ça permet de bien embarquer dans l’ascenseur émotionnel des personnages, j’ai du mal avec le dessin.  Les nez m’énervent.  On dirait que je ne vois que ça et ça me déconcentre.  Du coup, j’ai eu du mal au départ.  Surtout que le monologue du départ m’a semblé é-ter-nel.  Et désagréable.  Mais je m’explique.

 

En fait, c’est la faute d’Henri.  Henri est détestable.  Vraiment.  Imbu de lui-même, il veut posséder sa blonde Laura plutôt que de l’aimer, et ça commence avec un interminable monologue de gars jaloux qui ne veut pas que sa blonde aille à un lunch avec THE réalisateur dans le vent et encensé.  Il est over the top, excessif… et même si ses monologues sont parfois drôle, on embarque moins quand on a déjà connu – même très brièvement – une personne égocentrée et désagréable comme ça.   Bref, il me tape.  Et à la place de sa blonde, je lui amanché une claque en quelque part…  non mais!

 

Le langage est hyper actuel, très « jargon de Montréal », mais pour ma part, j’aime bien.  Et oui, je sais que sa jalousie est surtout due au fait qu’elle, elle avance.  Et que lui, il ne sait pas du tout où il s’en va.  Mais peu importe le comment du pourquoi, il m’é-nar-ve!

 

Pourquoi je l’ai fini?  Pourquoi ai-je réservé la suite à la biblio?  Parce que la scène du party du réalisateur Sylvain Pastrami, le fameux réalisateur, c’est trop drôle.  Il est entouré de sa cour qui boit ses paroles et la satire du monde du cinéma est hilarante.  Disons-le d’emblée, je ne connais rien à ce milieu.  Mais ça m’a rappelé quelques soirées où je suis allée avec mes amis « artistes » alors que j’étais jeune adulte.   Alors juste pour ça, pour cet humour-là, je veux continuer l’histoire!

 

L’aube sera grandiose – Anne-Laure Bondoux

Ne me frappez pas, mais je n’avais jamais lu Anne-Laure Bondoux.  Du coup, je n’avais aucune attente particulière à propos de ce roman et je ne l’aurais probablement jamais lu sans la recommandation de Valérie de chez Gallimard Ltée.   Et ça a été une excellente découverte.

 

Un soir, en plein le soir de la fête de l’école, Titania embarque sa fille Nine dans la voiture et l’amène dans un chalet pour lui raconter une histoire.  Son histoire à elle.  Tatiana est auteure à succès et est surnommée « La fée du suspense ».  Nine a toujours pensé que c’était sa mère et elle contre le monde mais elle va découvrir, lors de cette nuit blanche, que sa mère lui a caché beaucoup de choses.

 

C’est une histoire de secrets de famille. Titania n’a pas toujours été Titania.  Elle est née Consolata, elle a vécu dans un squat des années 70 et est passée de maison en maison, dans une vieille fourgonnette Parhard où Rose-Aimée peut emballer toute sa vie en deux trois temps mouvements.  Elle va nous raconter son enfance avec ses frères, ses grandes désillusions et nous verrons, en arrière-plan, passer les années 70 et 80.  Mes années, quoi.    C’est une histoire à la fois lumineuse et déchirante, une histoire de femmes sur trois générations.

 

Pour ma part, j’ai mis quelques chapitres à entrer dans l’histoire.  Étant donné que je suis une vieille adulte, j’ai accroché au moment où Titania a commencé à parler, ce qui constitue le principal du roman.   Nine est le personnage qui m’a semblé le moins développé et, par le fait même, je me suis demandé si les lecteurs ados accrocheraient autant que moi.   Et j’avoue que la traqueuse de la répétitions que je suis a eu du mal avec l’expression « fée du suspense », que j’ai un peu trop récurrente.  Mais c’est un tout petit détail!

 

Un roman plein de douceur, avec des personnages hauts en couleurs, attachants et hors-norme.  On sent l’influence de la vie des générations précédentes sur les suivantes et ça passe super bien.  La simple est simple et fluide, les pages se tournent toutes seules et je l’ai en tête depuis que je l’ai refermé.

 

Je relirai l’auteure, à coup sûr.  Il paraît que ses thèmes sont habituellement plus complexes que ceux abordés ici et je suis très curieuse de voir ce qu’elle peut nous offrir d’autre!

 

Merci Gallimard.

À l’intérieur des gentils (pas si gentils) – Clotilde Perrin

J’ai une espèce de fascination pour les contes de fées.  Surtout les contes de fées super gore, en fait.  Mais bon, quand on lit les versions originales, on réalise qu’ils sont SOUVENT assez gore (et qu’il font frémir par rapport au statut de la femme mais bon, faut replacer dans l’époque) et que même ceux qui ont une fin dite « heureuse » font souvent freaker la femme du 21e siècle que je suis.  Du coup, quand j’ai vu ces grands albums (je dis « ces » parce qu’il y a un autre tome « à l’intérieur des méchants ») qui parlent des personnages typiques de contes de fées, je n’ai bien entendu pas résisté.

 

L’aspect visuel est magnifique.  Il est en format géant, et comporte trois grands portraits : le petit enfant, le prince et la princette et la fée.  Pour chacun d’entre eux, on nous présente leurs caractéristiques, un conte impliquant ce personnage type et finalement (et c’est ce qui est chouette), un personnage avec des rabats à soulever.  Et c’est ce que j’ai préféré.  Sous les rabats, il y a des références diverses et variées à plusieurs contes bien connus.  Certes, j’aurais aimé un côté un peu plus ironique, un plus grand développement du côté « pas si gentil », mais ça permet d’ouvrir la discussion.

 

Mais  le contenant… quel contenant!  Les enfants adorent soulever les rabats (sous surveillance… parce que je suis un peu freak sur mes livres) et se demander à quoi fait référence l’élément en question.  Ils ont surtout aimé « l’enfant », avec son imagination et ses idées folles qui fonctionnent tout le temps.  Toutefois, les bisous du prince et de la princesse, ça l’a un peu moins fait avec les neveux.  La nièce par contre, a failli swooner!

 

Un très bel objet livre!

Merci Dimedia!

Sonietchka – Ludmila Oulitskaïa

Je vois passer ce roman sur les blogs depuis des années et je crois que tous les avis sont positifs.  Du coup, je ne sais trop pourquoi, j’étais certaine en choissisant ce roman pour le défi de janvier de Madame Lit (littérature russe), j’allais lire THE roman.  En le récupérant dans la bibliothèque, j’ai réalisé que c’était plutôt une nouvelle.  Une longue nouvelle, soit, mais moi qui suis friande de longs romans russes, j’ai dû changer de perspective.  Et finalement, même si je trouve beaucoup de qualités à ce récit, il m’en reste un goût de trop peu… et je dois avouer que j’ai trouvé l’ensemble un peu plat.

 

Sonietchka est surtout pour moi un portrait de personnage en URSS.  Sonia est une femme d’apparence ordinaire.  Elle a le nez en forme de poire et les fesse en forme de chaise.  Son univers, c’est celui des livres, dans lequel elle vit avec délices.  Puis, un jour, à la bibliothèque, elle va croiser la route de Robert Victorovitch.

 

Sonietchka est le roman d’une femme heureuse, sereine, qui est douée pour le bonheur.  Elle le veut le bien des siens et se réjouit pour eux. À travers ses yeux et ceux de ses proches, nous voyons évoluer, petit à petit, les mentalités de l’URSS, un monde où les décisions prises par le gouvernement sont indiscutables,  même si elles peuvent sembler illogiques.  Les descriptions du quotidien m’ont beaucoup plu puisque faites à travers les yeux d’une personne de qui c’est la vie.

 

Toutefois, j’avoue que le récit a pour moi manqué de relief.  Sonia est heureuse, certes, mais aussi terriblement hyporéactive face à ce qui lui arrive.  Je suis donc restée aussi « extérieure » qu’elle face aux événements.  Ce fut donc une lecture en demi-teinte pour moi.   Malgré tout, j’ai beaucoup aimé la plume… et je redonnerai volontiers une chance à l’auteur.

 

Lilly a aimé plus que moi.

Voyages – Stefan Zweig

J’ai reçu ce recueil de Zweig de la part de Caroline (depuis qu’elle ne blogue plus, j’ai oublié comment faire les machins qu’elle mettait dans son pseudo) il y a quelque chose comme 8 ans.  On avait fait un challenge « Ich liebe Zweig » ensemble, et c’était un petit in memoriam.  J’avais au départ choisi ce roman dans le cadre du Cold Winter Challenge parce qu’il va « chez les français du Canada » et que, forcément, ici, ya de la neige, mais sincèrement, je ne vais pas le compter.  C’est le seul endroit où le mot « neige » est mentionné!

 

J’ai lu – et adoré – « Le monde d’hier » de l’auteur.  Je sais à qui j’ai affaire, donc.  Zweig ne se prend pas pour n’importe qui, il faut le savoir.   Il a une idée bien définie (et très ancrée dans SON époque et SA culture) de ce qui est « supérieur ».  Et encore plus que « Le monde d’hier », il est important de situer ces courts récits dans leurs époques car certains propos font tiquer le lecteur d’aujourd’hui, en particulier quand il va dans le sud des États Unis ou même au Québec.  Il faut aussi savoir que les essais ont été écrites du début du siècle aux années 30 et que le ton, festif au départ, devient de plus en plus nostalgique à mesure que Zweig voit disparaître l’Europe « unie » que ce grand humaniste a connue au début du siècle.

 

Je suis fan de Zweig et de sa plume.  J’aime comment il nous emporte ailleurs avec un tourbillon de mots et j’aime être enveloppée par son écriture.  Chaque histoire nous fait jeter un autre oeil sur l’endroit qu’il décrit, de Florence au Québec en passant par Arles, Ostende et Avignon.  Et ce qui est très cool, ça a été de voir plusieurs endroits que j’ai visités à travers les yeux de Zweig.  Du coup, j’ai envie d’y retourner, mais c’est une autre histoire.   Ses réflexions sur l’essence du voyage sont aussi hyper intéressantes.  Bon, il y a certes un petit mélange Greenwich village /Greenfield village, mais on ne va pas pinailler pour si peu.

 

J’avoue avoir eu un peu de mal avec le premier récit, qui nous emmène dans les sous-terrains d’une banque à Paris.  J’ai eu peur de ne pas retrouver ce qui me plaît tant chez Zweig, cette soif de découvertes, cette vision des gens, ces grands émerveillements et ces grandes désillusions.  Mais le reste va ailleurs et ça m’a beaucoup plu.  Je conseille aussi d’aller vérifier pour chaque essai la date à laquelle il a été écrit… ce n’est pas nécessairement dans l’ordre!

 

Bref, j’ai envie de relire Zweig maintenant!

Betty Boob – Véro Cazot / Julie Rocheleau

Quelle belle BD.  Pourtant, le sujet n’était pas fait pour moi au départ.  L’histoire d’une femme qui a dû se faire enlever un sein suite à un cancer, quand on est une hypocondriaque de la mort qui tue (genre, moi), techniquement, ça fait un peu peur.  Voire même beaucoup.  Mais le côté esthétique de la BD, le message derrière… tout est beau, émouvant et tout plein d’espoir.

 

Elisabeth a été opérée.  Elle a un sein en moins.  Elle tente de se sentir encore femme malgré cette adaptation, cette nouvelle elle-même.  Mais tout est contre elle.  Entre son mec qui ne peut plus la regarder et son boulot qui exige que toutes les vandeuses soient parfaites, elle le vit très très difficilement.  Mais certaines rencontres vont la faire revivre.

 

Cette BD est presque sans texte mais a tout de même un scènario bien développé et bien construit.  Les images font passer énormément d’émotions, le tout sans mot.   Seuls quelques phrases sont présentes au début de chaque chapitre, comme au début des vieux films muets.   Ça parle de diversité des corps, de la beauté de ceux-ci et de l’acceptation et de la célébration des différences.  C’est éclaté, l’univers burlesque est bien développé et j’ai beaucoup aimé la galerie de personnages qui nous est présenté.

 

Ça parle de deuil, de reconstruction, de choix et les images visuelles sont fortes. Le roman graphique est porteur d’espoir, lumieux… et je le recommande à tout le monde.  Même aux grands peureux de la maladie comme moi!


C’était ma BD de la semaine!

 

Stay With Me – Ayobami Adebayo

Mesdames et messieurs, je vous présente mon premier coup de coeur de 2018.  Vous savez, un coup de coeur, pour moi, c’est un roman qui a quelque chose en plus.  Et le problème, c’est que ce quelque chose en plus, souvent, je suis absolument incapable de le définir.  J’ai donc un peu peur de ne pas faire honneur au roman… mais je vais tenter le coup.

 

Ayobami Adebayo est née et habite au Nigeria.  Stay with me est son premier roman, et quel roman!  On nous transporte en Afrique, au Nigeria, dans une famille Yoruba assez traditionnelle d’Ilesa.  Yejide est mariée à Akin depuis 4 ans et n’est toujours pas enceinte.  Ils sont amoureux, éduqués, modernes.   Mais au Nigeria, une femme sans enfant, ce n’est pas une vraie femme et c’est forcément sa faute. Moomi, la belle-mère de Yejide, met énormément de pression et même si le couple a décidé d’être monogame, elle insiste pour qu’Akin prenne une seconde épouse pour poursuivre la lignée et lui donner un fils.  C’est que, voyez-vous, Akin est le premier fils.   Yejide est prête à tout pour tomber enceinte.  À tout.

 

Le personnage de Yejide est un magnifique personnage de femme, qui tente de se sortir des traditions très présente dans la famille de son mari.  Étant née dans une famille polygame, elle en a bavé depuis la mort de sa mère et ne peut concevoir de vivre avec une seconde épouse.   Ses décisions sont dictées par l’émotion, elle est très imparfaite et réagit comme elle peut à tout ce qui lui arrive.   C’est un roman sur le désir d’enfant, sur la pression sociale et familiale, sur les angoisses et les deuils.  Les deux personnages agissent de façon tellement étrange, ils font des erreurs et la souffrance les amène à avoir des réactions parfois extrêmes. Le roman traite aussi de confiance, de trahison et de grandes tristesses qui se côtoient sans pouvoir s’aider.

 

Le roman ne fait pas 300 pages mais l’auteur réussit à nous immerger dans cette culture que je ne connais absolument pas.  Le roman se déroule de 1985 à 2008 et si nous suivons le couple Yejide/Akin dans leurs grands drames, nous pouvons aussi entrevoir le contexte politique, les coups d’états, les élections repoussées de ces années en Nigéria.   Ces changements ne sont pas le sujet du livre, mais ils sont juste « là », alors que les gens continuent leur vie, se demandant juste s’ils doivent aller travailler…

 

Un magnifique roman, les pages se tournent toutes seules.  On est surpris par l’étendue de l’ignorance et de la naïveté de certains personnages, par la place de la famille et par la détresse de ces femmes qui ont du mal à concevoir ou à « garder leur enfant en vie ».   Une souffrance incroyable, une détresse tangible, une structure qui m’a énormément plu… et je peux à peine croire que ce soit un premier roman.

 

Non mais il FAUT qu’il soit traduit.  Il faut, il faut, il faut.

Coup de coeur!

Le manchot qui en avait marre d’être pris pour un pingouin – Nicolas Digard / Christine Roussey

C’est Steff de Pikiti Bouquine qui a en premier parlé de cet album et qui m’a donné envie de le lire.  Elle mentionnait dans la vidéo que les enfants adoraient.  Il ne m’en fallait pas plus, surtout que je suis une grande enfant.  Et je confirme, les enfants, grands et petits, aiment.

 

Pierrot Manchot habite Buenos Aires et il en a son voyage.  Tout le monde pense qu’il est un pingouin!  Et pourtant, à part la couleur, ils n’ont pas grand chose en commun.   C’est que c’est comme s’il n’existait pas, voysz-vous.  Du coup, il va prendre les choses en main et le clamer haut et fort.

 

Cet album est très drôle et les enfants ont trouvé le tout hilarant, même s’ils ne connaissaient pas les différences en question.  Tous ces animaux éplorés parce qu’on les confond toujours sont drôles et en plus, ça donne l’occasion d’expliquer aux enfants les différences en question, mais aussi les raisons pour lesquelles ils sont confondus en premier lieu.  Après avoir lu ce livre, impossible d’oublier qui est qui!

 

Bon, je travaille avec des cocos en difficulté de langage alors je ne sais pas si le mot vigogne soit l’un des premiers à travailler, mais pour les plus grands et pour les neveux, c’est génial.   Ça donne aussi envie d’en apprendre davantage sur ces animaux et de dire de la sainte colère de Pierrot Manchot!  En plus, quelle jolie finale!

 

J’aime!

(ps: a penguin, en anglais, c’est un manchot.  De là une partie de la confusion.  Un pingouin, c’est a razorbill… ou an auk.  Just sayin’)

Pour acheter cet album chez un libraire québécois indépendant, cliquez sur le lien!

Turtles all the way down (Tortues à l’infini) – John Green

Un nouveau John Green, c’est toujours un mini-événement.  Surtout quand on sait que les pensées du personnage principal sont inspirées de l’auteur lui-même.   Et que le personnage est très anxieux et hypocondriaque.  Bon, en fait, elle est obsessive compulsive.  Ce que je ne suis pas.  Mais hypocondriaque, par contre, je le suis.  C’est contrôlé, mais être persuadée que j’ai une maladie grave (je suis une multi-miraculée), disons que je connais.  Du coup, vous pouvez vous imaginer que ça me parle.

 

Aza habite donc avec sa mère.  Son père est décédé quand elle était petite.  Elle a une meilleure amie, Daisy, quelques copains.  Elle veut faire des études, veut réussir.   Sauf que son cerveau lui joue des tours et elle est souvent envahie par des pensées qu’elle ne contrôle pas et dont elle ne peut se débarrasser, ce qui lui rend la vie bien compliquée.   Puis, un millionnaire disparaît.  Aza a déjà connu son fils… Son petit monde routinier va donc changer un peu.

 

John Green réussit ici à décrire admirablement les méandres d’un cerveau hors-contrôle.  C’est tellement, mais tellement ça.  Cette sensation d’impuissance, de savoir qu’on déconne… mais de ne pas l’intégrer.  Cette sensation de se perdre soi-même, de perdre le contrôle.   Les personnages dérapent parfois.  Ils ne sont pas toujours parfaits.  Mais ils sont réels et sonnent vrai. Ben oui, les meilleurs copains déconnent des fois.  Il y a certes un peu d’amour mais le plus important est vraiment le combat d’Aza avec elle-même, pour arriver à vivre avec ses problèmes de santé mentale.  Des fois, c’est épuisant, on est limite essoufflé.  Et j’ai trouvé ça super bien fait.   En plus, la mère d’Aza est présente et a un vrai rôle dans l’histoire, ce qui me plaît énormément.  Je ne comprends pas tous ces jeunes laissés à eux-mêmes dans les romans.

 

L’intrigue, maintenant.  Ok.  J’aurais envie de dire… quelle intrigue?  Elle est très secondaire, plus ou moins plausible et donne l’impression comme écrin pour la personnalité d’Aza et son évolution, qui compose l’essentiel du roman.  Ce n’est clairement pas l’élément le plus réussi du roman.

 

Ah oui!  J’ai adoré la fin et la conclusion.  Je l’ai trouvée pafaite en fait.  Porteuse d’espoir, un peu nostalgique, mais aussi très réaliste.  Ces dernières pages sont définitivement un plus.