Ce sont les billets enthousiastes de Mo et de Faelys qui m’ont convaincue d’emprunter cette BD. Je ne crois pas que le graphisme de la couverture m’aurait attirée sinon. Et je dois même avouer que même en refermant la dernière page, je ne suis toujours pas convaincue par le trait, trop lisse, trop sage pour moi. Puis, je me suis surprise à y repenser. Voire même à en rêver. C’est qu’il y a toute une histoire derrière ce dessin plutôt conventionnel.
Lubin a une vingtaine d’année. Il est bordélique au possible, remet tout au lendemain, a une copine qu’il adore et est acrobate avec ses meilleurs amis. Un jour, il tombe et se cogne la tête… et ne se réveille que 2 jours plus tard. Il croit que c’est une conséquence du coup à la tête mais ça se reproduit. Encore et encore. Il découvre donc que pendant ses absence, un autre lui prend sa place. Un Lubin beaucoup plus sérieux, ordonné, beaucoup plus « adulte ». Ils communiquent par film interposé et tentent de faire leur possible pour cohabiter dans le même corps. Sauf que l’Autre sera de plus en plus présent et que ses journées à lui se font de plus en plus rares.
Si ce n’est pas un coup de coeur comme pour les autres lectrices que je cite, j’ai beaucoup aimé le traitement du sujet et le fait que le tout reste assez ouvert aux interprétations. Psychose? Surnaturel? Symbolique du passage à l’âge adulte? Tout reste possible et sincèrement, ce n’est pas l’important dans cette BD. La dualité de l’âme a toujours été un thème très intrigant et très utilisé dans l’art et on le retrouve ici, avec tous les questionnements que ça implique. Qui est vraiment Lubin? L’un des deux? Une combinaison des deux? Et les autres? Comment vont-ils dealer?
La distribution des cases, qui varie avec l’évolution du récit, rend l’ensemble très prenant, très angoissant. Nous ressentons profondément le manque de temps et la perte graduelle de contrôle du héros, qui ne sait plus qui il est et qui est petit à petit dépossédé de sa vie. On voit aussi le temps passer, les technologies évoluer, les gens changer… et le lecteur réalise à quel point les choses changent au cours d’une vie. J’ai trouvé la finale un peu abrupte mais c’est beau et triste à la fois. Bref, à tenter, même pour ceux qui, comme moi, n’adhèrent pas parfaitement au dessin.
C’était ma BD de la semaine, et c’est Stephie qui nous accueille.