Le pacte d’Emma – Nine Gorman

Je n’avais pas prévu de lire ce roman.  Il a atterri chez moi un peu par hasard et comme je suis que je suis difficile en terme de romance paranormale (surtout NA et YA), j’avais prévu passer mon tour.   L’auteure est une booktubeuse hyper connue (à qui je n’ai jamais parlé) et je me suis dit que si je n’aimais pas ça, j’allais me faire tomber dessus.   Bref, j’avais décidé de me tenir loin malgré les avis très positifs vus sur Youtube.

 

Sauf que j’ai vu qu’il y avait tout un article dans Lire.   Et je me suis dit que je manquais peut-être quelque chose.   Donc je l’ai lu.  Et heu… c’est ça?

 

Mais pitchons un peu.

Emma a 21 ans.  Depuis qu’elle a 16 ans, elle se sait atteinte de la maladie de Beckyngton (maladie qui n’existe pas, soit dit en passant), une maladie neurodégénérative qui attaque graduellement sa motricité et sa cognition.   Elle a vécu une adolescence très solitaire, n’a pas vécu les expériences considérées comme « normales » à l’adolescence.   Elle décide de partir à New York pour repartir à zéro, dans un endroit où elle ne sera pas définie par la maladie… et l’histoire va commencer avec un entretien pour Anderson Corporation pour un emploi d’assistante du PDG.  Mené par Andrew Anderson, homme magnifique, milliardaire et détestable.

 

Oui, je sais.  Ça fait 50 shades.  Un mélange de 50 shades et de Twilight, en fait.   C’est assumé, entendons-nous.  Mais c’est quand même un peu dérangeant. Tous les « tropes » du genre y sont.  Ceci dit, je m’attendais à ça et j’ai été agréablement surprise par la plume de l’auteure, qui est agréable et fluide.   L’idée de personnifier la maladie m’a beaucoup plu, entre autres.    Je trouvais aussi que la réaction de l’héroïne face à son destin était intéressante et crédible.   Puis la romance a commencé.  Et j’ai perdu tout intérêt.  Parce que je n’y ai pas cru une seconde et qu’à part face à sa maladie, je ne savais du tout qui était l’héroïne.   Vous me direz qu’elle non plus, étant donné le contexte… et je le comprends.  Mais quand tout le monde (surtout le beau monde riche et célèbre) l’adore instantanément et que les relations se tissent à la vitesse de l’éclair, c’est dérangeant.    Et les références un peu plaquées pour faire ressortir l’amour de la littérature… ça fait plaqué aussi.

 

Ajoutons à ça qu’on ne sait presque rien sur les deux intérêts masculins (l’un est super gentil et l’autre a décidé de perdre son humanité et d’être loin de toutes ses émotions… pauvre chou) et que j’avais vu venir le tout dès la première sortie en boîte (je suis un devin, même sans essayer… malédiction, je vous le dis)… ça vous donne une idée globale.  Le monde et la mythologie ne sont pas vraiment développés et j’avoue que bon, les pages de dialogues « romance »,  j’ai passé vite.  Oui, je sais, je sais.

 

Mon agacement principal, toutefois, est venu du traitement de la maladie.  Au départ, je croyais que c’était la maladie de Huntington mais pour en avoir connu plusieurs (yep… orthophoniste en maladies neurodégénératives et neuromusculaires… j’en ai vu trop à mon goût), l’évolution ne ressemble pas vraiment à ça.  En fait, je n’ai jamais vu une maladie neurodégénérative de comportant des troubles cognitifs se présenter comme ça.  Oui, c’est variable d’une personne à l’autre et je ne les connais pas toutes, loin de là.  (HEUREUSEMENT, direz-vous).  En fait, habituellement, ce sont les fonctions exécutives, planification, raisonnement, organisation, attention et (oui) mémoire, qui sont atteints en premier.   Tout ce qui peut nuire à une analyse marketing et finances détaillée, où il y a beaucoup de liens et de recherches à faire.  Je n’ai jamais vu de trous de mémoire aussi bien ciblés qui n’ont pas d’influence sur la vie de tous les jours.  Et je n’ai jamais vu de troubles moteurs qui vont et qui viennent à cette vitesse et qu’on peut cacher aussi longtemps et quotidiennement.  Oui, je sais, c’est une maladie imaginaire, impossible à prévoir, je sais.  Mais difficile pour moi d’y croire, vous comprenez?

 

Bon, maintenant que j’ai fini de bougonner, je dirai que la finale est intéressante et ouvre sur autre chose.  Je ne sais pas si je lirai la suite, n’étant pas super fan de romance paranormale (j’ai eu mon trip… mais il est passé) mais comme la plume me plaît, je retenterai tout de même le coup si l’autrice s’essaie à un autre genre.  Parce que ça se lit tout seul, qu’il y a un côté cinématographique et que c’est addictif comme style.  Et ça, de temps en temps, ça fait du bien!

 

(Bring on the hate, maintenant!)

Club Sandwich – Cinq histoires biscornues, mais néamoins amusantes – Zviane

Zviane est une bédéiste québécoise a une imagination de folie.  J’aime beaucoup les incursions de grand n’importe quoi dans ses oeuvres.  Du coup, quand j’ai pris connaissance de ces petites histoires, ces 24 planches à faire en 24h dans le cadre du festival de la BD d’Angoulème, je me suis laissée tenter.

 

C’est une lecture hyper rapide, qui nous entraîne super rapidement dans des univers toujours particuliers.  On y construit des igloos, y rencontre des sirènes et des toutous ainsi qu’une loutre qui devient bleue.   Le tout présenté comme si c’était d’une parfaite normalité.  Du coup, tout ne nous est pas expliqué et ça, j’adore.

 

Toutefois, c’est un peu inégal et je me suis surprise à dire, presque chaque fois : « qu’est-ce que ça aurait pu être si elle avait eu davantage de temps ».  Parce qu’elle nous entraîne assez loin, en très peu de temps.  Je me suis demandé si ça valait la peine d’en parler, mais ne serait-ce que pour parler de l’auteure… je pense que oui.  Et la preuve que ça m’a bien plu, j’ai réalisé qu’il y avait un autre recueil de ce genre de courtes BDs… et je le lirai fort probablement!

 

Taqawan – Eric Plamondon

De Plamondon, je vous ai déjà parlé de Hongrie-Hollywood Express et de Pomme S, des romans qui tournent autour d’une année avec un fil conducteur et beaucoup de fragments d’histoires qui se recoupent un peu ou beaucoup.  J’aime donc beaucoup son style,éclaté  sa façon d’aborder les sujets.  Et avec ce thème, ça a encore une fois fonctionné avec moi.  Je pense que je vais continuer à tout lire ce qu’il écrit, peu importe le sujet.  Parce que de base, une histoire de saumons, j’étais plus ou moins tentée.  Lucky me, l’auteur m’a convaincue au salon du livre en novembre.

 

L’histoire se déroule en juin 1981.  Les Mi’gmaq réagissent aux nouvelles lois québécoises régissant les droits de pêche et refusent de s’y conformer.  La police réagit de façon disons… musclée et ça va mener à des affrontements physiques et à une guerre d’opinions de toutes parts.  Yves Leclerc vit dans la forêt et exerce comme garde-chasse.  Un matin, alors qu’il partait à la pêche au saumon, il tombe sur une jeune fille de la réserve en très mauvais état, qui refuse de lui dire ce qui lui est arrivé et pourquoi elle ne veut pas retourner chez elle.

 

Ce roman nous raconte certes cette histoire-là, mais à travers elle, c’est celle de ce peuple, arrivé il y a des milliers d’années par le détroit du Béring et qui a vu arriver les blancs, qui les a vus s’installer, labourer la terre et les pousser de plus en plus loin dans les forêts.  Il a vu s’établir des lois venues d’ailleurs pour de régir sa façon de fonctionner.   Il a été forcé de « s’intégrer », avec force d’obligations et de punitions.  Bref, une situation très très difficile à circonscrire… et encore plus à améliorer, même de nos jours.

 

Ce roman, ce sont aussi les années 80 post-référendum où le peuple du Québec a voulu se séparer des anglais qui les avaient conquis.  Ça parle d’indentité, ce n’est pas manichéen, plusieurs points de vue sont soulevés, le tout à travers des vignettes parfois historiques, parfois politiques, mais aussi des scènes d’action où on se demande réellement ce qui va se passer pour les protagonistes.

 

Un roman qui se dévore, qui fait réfléchir et qui remet les choses en place, du moins certaines d’entre elles.  Je n’ai pas pu décrocher et j’ai adoré, vraiment.  Un véritable plaisir de lecture.

Keisha a aussi aimé,   ainsi que Marie-Claude de Hop sous la couette et Chinouk.

 

Ah oui!  Il est sorti en France aux éditions Quidam.  Je dis ça, je dis rien!  Mais pour ceux qui voudraient la version québécoise, c’est ici!

Thelma la licorne – Aaron Blabley

Une licorne, des paillettes et du rose

Ma nièce était hystérique.  Moi, moi aussi hein… un peu.  Mais ma nièce était VRAIMENT hystérique.   Et Charlou hystérique, croyez-moi, c’est quelque chose.  Ma nièce est THE drama queen par excellence.

 

C’est l’histoire de Thelma, une toute petite ponette qui veut à tout prix être une licorne.  Un jour, elle va avoir une bonne idée… et par un détour du hasard, elle va devenir aux yeux de tous la seule et unique licorne.  Rose bonbon à paillettes.  Oui, je sais on est toutes jalouses des paillettes, je sais.  Mais la célébrité n’a pas que des bons côtés.

 

Si c’est mignon comme tout, je dirais tout de même que l’histoire est assez prévisible et un peu preachy.  Je préfère Blabley un peu plus ironique.  L’album illustre la vie des gens riches et célèbres et rappelle avec le twist licorne la vie de ces célébrités qui n’ont absolument rien d’autres qu’elles-même – et leur célébrité – à offrir mais qui sont partout et qui suscitent autant d’amour que de méchanceté.  Il est intéressant de faire le parallèle et on a bien aimé trouver des photos du genre dans les revues ensuite.

 

Le mot final de ma nièce?  Pffff.. moi, j’aurais fait arrêter les pas fins et c’est tout parce que je serais célèbre et la plus belle!

 

Ok.  Fait croire que la morale ne fonctionne pas sur tout le monde!

Merci Scholastic!

Naufrage – Biz

Ce roman m’a laissée sur le cul.   En plein milieu, quand arrive le grand tournant de l’histoire, je suis restée sans voix.  Sans voix et en état de choc.  Mais littéralement.  J’ai écouté le livre en audio et je suis arrivée au travail virée de bord.  Ce roman est dur.  Terriblement dur.  Et le pire, c’est que je ne peux même pas vraiment vous dire pourquoi.   Je vais donc vous situer, vous dire qui est Frédérick Limoges, le personnage principal.  Et  vous dire de tenter le coup pour voir si vous pouvez le finir.

On rencontre Frédérick.  Il a 40 ans et travaille comme analyste au ministère.  Sauf que bon, l’austérité (que nous n’avons pas le droit de nommer ainsi) est de mise et ça coupe.  Ça coupe solide.  Un peu n’importe comment d’ailleurs.  Directives ministérielles.  Aucun mot à dire.  Et Frédérick, vu qu’il doit être sécuritaire d’emploi, se ramasse aux Archives.  Dégringolade totale.  Il devient inutile et toute façon, personne ne s’attend à ce qu’il fasse quoi que ce soit.  Ce serait drôle si ce n’était pas basé sur un fond de vérité.

 

Bref, au travail, c’est l’enfer.  Mais heureusement,  à la maison, c’est une bulle de bonheur avec sa femme Marieke et son fils Nestor, un an.   C’est la bouée à laquelle il se raccroche pour tenir vu qu’il est – positivement – en train de virer fou à la job.  Biz y est ici percutant et la vision qui nous est présentée est celle de Fred, qui arrive plein de conviction dans cet univers qui est pour lui incompréhensible.  Puis, ça va basculer…

 

Le naufrage, c’est celui de Fred.  C’est à travers ses yeux à lui, pari risqué, que nous voyons le monde qui se désagrège.  Les comparaisons peuvent sembler exagérées mais ce sont celles d’un homme en colère, qui ne comprend pas comment certaines choses sont possibles, On y traite aussi de culpabilité et de la multitude de personnes qui se croient apte à juger sans connaître tous les faits.   Un roman qui fait mal et qui nous amène à se questionner soi-même.

 

À tenter si vous avez le coeur bien accroché.

Whitehorse – Samuel Cantin

Je voulais le lire parce que Whitehorse, parce que Cold Winter Challenge.  Sauf que bon, s’il y a un lien, of course, on est à Montréal pendant toute cette partie de la BD et que ça n’a rien de froid.  Et là, je sens que je vais en frustrer plusieurs car cette BD a gagné le prix Bédélys en 2015 et a excellente réputation.  Et moi, j’ai aimé certains aspects mais d’autres m’ont laissée froide… bref, je suis mitigée.

 

C’est l’histoire d’Henri et de Laure.  Il est libraire à temps partiel et se trouve hyper spirituel.  Elle est aspirante actrice et sa carrière à elle semble être en bonne voie de décoller.  Contrairement à sa carrière à lui.  Quand elle se fait offrir un rôle dans un faux-documentaire sur les caribous à Whitehorse (le voilà, le lien), il panique.  Mais vraiment.

 

Disons-le d’emblée, même si les personnages sont super expressifs et que ça permet de bien embarquer dans l’ascenseur émotionnel des personnages, j’ai du mal avec le dessin.  Les nez m’énervent.  On dirait que je ne vois que ça et ça me déconcentre.  Du coup, j’ai eu du mal au départ.  Surtout que le monologue du départ m’a semblé é-ter-nel.  Et désagréable.  Mais je m’explique.

 

En fait, c’est la faute d’Henri.  Henri est détestable.  Vraiment.  Imbu de lui-même, il veut posséder sa blonde Laura plutôt que de l’aimer, et ça commence avec un interminable monologue de gars jaloux qui ne veut pas que sa blonde aille à un lunch avec THE réalisateur dans le vent et encensé.  Il est over the top, excessif… et même si ses monologues sont parfois drôle, on embarque moins quand on a déjà connu – même très brièvement – une personne égocentrée et désagréable comme ça.   Bref, il me tape.  Et à la place de sa blonde, je lui amanché une claque en quelque part…  non mais!

 

Le langage est hyper actuel, très « jargon de Montréal », mais pour ma part, j’aime bien.  Et oui, je sais que sa jalousie est surtout due au fait qu’elle, elle avance.  Et que lui, il ne sait pas du tout où il s’en va.  Mais peu importe le comment du pourquoi, il m’é-nar-ve!

 

Pourquoi je l’ai fini?  Pourquoi ai-je réservé la suite à la biblio?  Parce que la scène du party du réalisateur Sylvain Pastrami, le fameux réalisateur, c’est trop drôle.  Il est entouré de sa cour qui boit ses paroles et la satire du monde du cinéma est hilarante.  Disons-le d’emblée, je ne connais rien à ce milieu.  Mais ça m’a rappelé quelques soirées où je suis allée avec mes amis « artistes » alors que j’étais jeune adulte.   Alors juste pour ça, pour cet humour-là, je veux continuer l’histoire!

 

L’aube sera grandiose – Anne-Laure Bondoux

Ne me frappez pas, mais je n’avais jamais lu Anne-Laure Bondoux.  Du coup, je n’avais aucune attente particulière à propos de ce roman et je ne l’aurais probablement jamais lu sans la recommandation de Valérie de chez Gallimard Ltée.   Et ça a été une excellente découverte.

 

Un soir, en plein le soir de la fête de l’école, Titania embarque sa fille Nine dans la voiture et l’amène dans un chalet pour lui raconter une histoire.  Son histoire à elle.  Tatiana est auteure à succès et est surnommée « La fée du suspense ».  Nine a toujours pensé que c’était sa mère et elle contre le monde mais elle va découvrir, lors de cette nuit blanche, que sa mère lui a caché beaucoup de choses.

 

C’est une histoire de secrets de famille. Titania n’a pas toujours été Titania.  Elle est née Consolata, elle a vécu dans un squat des années 70 et est passée de maison en maison, dans une vieille fourgonnette Parhard où Rose-Aimée peut emballer toute sa vie en deux trois temps mouvements.  Elle va nous raconter son enfance avec ses frères, ses grandes désillusions et nous verrons, en arrière-plan, passer les années 70 et 80.  Mes années, quoi.    C’est une histoire à la fois lumineuse et déchirante, une histoire de femmes sur trois générations.

 

Pour ma part, j’ai mis quelques chapitres à entrer dans l’histoire.  Étant donné que je suis une vieille adulte, j’ai accroché au moment où Titania a commencé à parler, ce qui constitue le principal du roman.   Nine est le personnage qui m’a semblé le moins développé et, par le fait même, je me suis demandé si les lecteurs ados accrocheraient autant que moi.   Et j’avoue que la traqueuse de la répétitions que je suis a eu du mal avec l’expression « fée du suspense », que j’ai un peu trop récurrente.  Mais c’est un tout petit détail!

 

Un roman plein de douceur, avec des personnages hauts en couleurs, attachants et hors-norme.  On sent l’influence de la vie des générations précédentes sur les suivantes et ça passe super bien.  La simple est simple et fluide, les pages se tournent toutes seules et je l’ai en tête depuis que je l’ai refermé.

 

Je relirai l’auteure, à coup sûr.  Il paraît que ses thèmes sont habituellement plus complexes que ceux abordés ici et je suis très curieuse de voir ce qu’elle peut nous offrir d’autre!

 

Merci Gallimard.

À l’intérieur des gentils (pas si gentils) – Clotilde Perrin

J’ai une espèce de fascination pour les contes de fées.  Surtout les contes de fées super gore, en fait.  Mais bon, quand on lit les versions originales, on réalise qu’ils sont SOUVENT assez gore (et qu’il font frémir par rapport au statut de la femme mais bon, faut replacer dans l’époque) et que même ceux qui ont une fin dite « heureuse » font souvent freaker la femme du 21e siècle que je suis.  Du coup, quand j’ai vu ces grands albums (je dis « ces » parce qu’il y a un autre tome « à l’intérieur des méchants ») qui parlent des personnages typiques de contes de fées, je n’ai bien entendu pas résisté.

 

L’aspect visuel est magnifique.  Il est en format géant, et comporte trois grands portraits : le petit enfant, le prince et la princette et la fée.  Pour chacun d’entre eux, on nous présente leurs caractéristiques, un conte impliquant ce personnage type et finalement (et c’est ce qui est chouette), un personnage avec des rabats à soulever.  Et c’est ce que j’ai préféré.  Sous les rabats, il y a des références diverses et variées à plusieurs contes bien connus.  Certes, j’aurais aimé un côté un peu plus ironique, un plus grand développement du côté « pas si gentil », mais ça permet d’ouvrir la discussion.

 

Mais  le contenant… quel contenant!  Les enfants adorent soulever les rabats (sous surveillance… parce que je suis un peu freak sur mes livres) et se demander à quoi fait référence l’élément en question.  Ils ont surtout aimé « l’enfant », avec son imagination et ses idées folles qui fonctionnent tout le temps.  Toutefois, les bisous du prince et de la princesse, ça l’a un peu moins fait avec les neveux.  La nièce par contre, a failli swooner!

 

Un très bel objet livre!

Merci Dimedia!

Sonietchka – Ludmila Oulitskaïa

Je vois passer ce roman sur les blogs depuis des années et je crois que tous les avis sont positifs.  Du coup, je ne sais trop pourquoi, j’étais certaine en choissisant ce roman pour le défi de janvier de Madame Lit (littérature russe), j’allais lire THE roman.  En le récupérant dans la bibliothèque, j’ai réalisé que c’était plutôt une nouvelle.  Une longue nouvelle, soit, mais moi qui suis friande de longs romans russes, j’ai dû changer de perspective.  Et finalement, même si je trouve beaucoup de qualités à ce récit, il m’en reste un goût de trop peu… et je dois avouer que j’ai trouvé l’ensemble un peu plat.

 

Sonietchka est surtout pour moi un portrait de personnage en URSS.  Sonia est une femme d’apparence ordinaire.  Elle a le nez en forme de poire et les fesse en forme de chaise.  Son univers, c’est celui des livres, dans lequel elle vit avec délices.  Puis, un jour, à la bibliothèque, elle va croiser la route de Robert Victorovitch.

 

Sonietchka est le roman d’une femme heureuse, sereine, qui est douée pour le bonheur.  Elle le veut le bien des siens et se réjouit pour eux. À travers ses yeux et ceux de ses proches, nous voyons évoluer, petit à petit, les mentalités de l’URSS, un monde où les décisions prises par le gouvernement sont indiscutables,  même si elles peuvent sembler illogiques.  Les descriptions du quotidien m’ont beaucoup plu puisque faites à travers les yeux d’une personne de qui c’est la vie.

 

Toutefois, j’avoue que le récit a pour moi manqué de relief.  Sonia est heureuse, certes, mais aussi terriblement hyporéactive face à ce qui lui arrive.  Je suis donc restée aussi « extérieure » qu’elle face aux événements.  Ce fut donc une lecture en demi-teinte pour moi.   Malgré tout, j’ai beaucoup aimé la plume… et je redonnerai volontiers une chance à l’auteur.

 

Lilly a aimé plus que moi.

Voyages – Stefan Zweig

J’ai reçu ce recueil de Zweig de la part de Caroline (depuis qu’elle ne blogue plus, j’ai oublié comment faire les machins qu’elle mettait dans son pseudo) il y a quelque chose comme 8 ans.  On avait fait un challenge « Ich liebe Zweig » ensemble, et c’était un petit in memoriam.  J’avais au départ choisi ce roman dans le cadre du Cold Winter Challenge parce qu’il va « chez les français du Canada » et que, forcément, ici, ya de la neige, mais sincèrement, je ne vais pas le compter.  C’est le seul endroit où le mot « neige » est mentionné!

 

J’ai lu – et adoré – « Le monde d’hier » de l’auteur.  Je sais à qui j’ai affaire, donc.  Zweig ne se prend pas pour n’importe qui, il faut le savoir.   Il a une idée bien définie (et très ancrée dans SON époque et SA culture) de ce qui est « supérieur ».  Et encore plus que « Le monde d’hier », il est important de situer ces courts récits dans leurs époques car certains propos font tiquer le lecteur d’aujourd’hui, en particulier quand il va dans le sud des États Unis ou même au Québec.  Il faut aussi savoir que les essais ont été écrites du début du siècle aux années 30 et que le ton, festif au départ, devient de plus en plus nostalgique à mesure que Zweig voit disparaître l’Europe « unie » que ce grand humaniste a connue au début du siècle.

 

Je suis fan de Zweig et de sa plume.  J’aime comment il nous emporte ailleurs avec un tourbillon de mots et j’aime être enveloppée par son écriture.  Chaque histoire nous fait jeter un autre oeil sur l’endroit qu’il décrit, de Florence au Québec en passant par Arles, Ostende et Avignon.  Et ce qui est très cool, ça a été de voir plusieurs endroits que j’ai visités à travers les yeux de Zweig.  Du coup, j’ai envie d’y retourner, mais c’est une autre histoire.   Ses réflexions sur l’essence du voyage sont aussi hyper intéressantes.  Bon, il y a certes un petit mélange Greenwich village /Greenfield village, mais on ne va pas pinailler pour si peu.

 

J’avoue avoir eu un peu de mal avec le premier récit, qui nous emmène dans les sous-terrains d’une banque à Paris.  J’ai eu peur de ne pas retrouver ce qui me plaît tant chez Zweig, cette soif de découvertes, cette vision des gens, ces grands émerveillements et ces grandes désillusions.  Mais le reste va ailleurs et ça m’a beaucoup plu.  Je conseille aussi d’aller vérifier pour chaque essai la date à laquelle il a été écrit… ce n’est pas nécessairement dans l’ordre!

 

Bref, j’ai envie de relire Zweig maintenant!