1000 aventures petites et grandes pour son bucket list – Trécarré

Vous savez, les listes et moi, on est copains.  Listes de livres, de films… de destinations de voyages!  Quand j’ai vu passer ce livre sur l’insta de l’attachée de presse, j’ai craqué… et je l’ai demandé.  En fait, je ne demande presque plus de SPs depuis un moment mais c’est tout à fait le genre de truc que j’adore.  Et si vous me suivez sur instagram, vous avez pu réaliser que je l’ai lu au complet dans la soirée… et que vous avez eu la graaaaaande chance de me voir commenter presque chaque page.  Je remercie encore la quantité – impressionnante, je l’avoue – de personnes qui ont tout regardé… et qui m’ont parlé de leurs souvenirs et de leurs rêves de voyages.  Juste pour ça, ça valait le coup!

 

Nous avons donc presque 500 pages d’idées aventures et voyages, classés par latitude.  L’objet-livre est magnifique, avec des photos qui font rêver!  Chaque idée est décrire dans un tout petit paragraphe mais ces images sont magnifiques.  Si seulement je pouvais prendre des photos comme ça!

 

Les aventures vont des grandes folies comme de marcher du Mexique au Canada à pieds ou encore de faire la route de la soie ou du transsibérien aux petites choses comme prendre le thé de 4h à Londres, se balader à Amsterdam en vélo ou participer à la création de décorations de Noël typiques à Bergen.  Ah oui… on peut aussi sauter en bungee… nu!  Quand je vous dis qu’il y en a pour tous les goûts!

 

Sur les 1000, j’en ai fait 109 (dont l’Hogwarts Express en Écosse)!  J’ai pris tout plein de notes par contre… et je pense que je suis due soit pour le Maroc, la Jordanie, l’Islande et la Scandinavie.  Ça adonne bien, j’ai du temps l’an prochain!  J’ai déjà hâte!

 

Merci aux éditions du Trécarré!

Prochain épisode – Hubert Aquin

Des fois, il y a des livres qui nous mettent notre pouichitude dans la face.  C’est ce qui est arrivé avec ce roman.   Genre que je ne suis pas du tout, du tout certaine d’avoir tout saisi.  Ok, à la fin, je suis quand même moins dans la brume qu’après les premiers chapitres, mais je suis certaine, CERTAINE qu’il y a une grande part du roman qui m’est passée par dessus la tête.  Et ça m’énerve quand ça fait ça!

 

Le premier narrateur est donc emprisonné en asile psychiatrique.  Nous sommes dans les années 60 et notre homme a des idées révolutionnaires pour l’indépendance du Québec.  Il a été pris et dans son enfermement, il se plonge dans l’écriture d’un roman d’espionnage.  Pas un roman qui sera original, loin de là.  Un roman avec tous les codes du genre, avec un espion, en Suisse, un ennemi à abattre et, toujours, une femme, nommée K, pour laquelle il se meurt d’amour.

 

Bien entendu, impossible de ne pas faire le lien avec la vie d’Hubert Aquin, qui a aussi été impliqué dans le mouvement pour l’indépendance du Québec (je dirais le RIN… ou le FLQ… bref, oui, je sais, mon inculture québécoise est sans borne) et qui a été interné en hôpital psychiatrique.  Ce roman a d’ailleurs été amorcé à cette époque.  Nous nous baladons donc entre Montréal et Genève, entre réel et imaginaire, parfois sans transition évidente.  Le personnage principal de l’histoire d’espionnage semble être l’alter égo du premier narrateur, auquel il fait vivre sa vie fantasmée, mais qu’il parasite aussi de ses propres incertitudes et de ses hésitations.   Il y a de nombreux éléments mythologiques, des références littéraires et certainement un symbolisme élaboré… que je serais bien en peine de vous expliquer.  Je vous ai dit que je n’avais pas tout saisi hein…

 

Le roman commence lentement et m’a tout de suite embrouillée dans les histoires enchevêtrées et le monologue intérieur qui nous promène entre ici et son futur roman.  Le personnage du roman n’est finalement pas celui qu’il avait choisi  et nous avait présenté au départ, le contexte change aussi, on se demande où en s’en va, qui est la femme aimée (je me suis souvent demandé si elle ne se confondait pas avec ce pays rêvé, cette fuyante nation) et quelle est la part de folie dans tout ça.   Puis, le rythme s’accélère, le roman d’espionnage se met en place, mais l’évocation de la fameuse K ramène souvent le narrateur à son présent d’homme enfermé, le rendant soudain vulnérable.

 

Bref, un roman complexe, avec un vocabulaire très élaboré (je ne voudrais pas lire ça si le français était ma langue seconde) et qui nous plonge dans le cerveau hyperactif d’un révolutionnaire.  Aussi, un roman qui m’a mis ma propre incompétence en pleine face… et je pense que pour ça, je lui en veux un peu.

Une soeur – Bastien Vivès

C’est l’histoire d’Antoine, 13 ans. Comme tous les étés, il va passer les vacances sur une île de Bretagne avec ses parents et son petit frère Titi. Cette année, par contre, suite à une fausse couche, l’amie de sa mère arrive avec Hélène, sa fille de 16 ans. Elle est très ado, adore transgresser les règles et pousser les limites un peu plus loin. Antoine, quant à lui, aime dessiner des Pokémons avec son frère et s’amuser sur la plage. Il aurait voulu une grande soeur, elle aurait aimé être dans une fratrie et pendant une bulle d’une semaine, ils vont vivre une relation particulière, un peu initiatique et fantasmée.

C’est une histoire de vacances, c’est l’éveil de la sexualité chez Antoine, mais c’est aussi ce moment particulier entre l’enfance et l’âge adulte, où les jeunes sont sur la corde raide. Il se crée en effet une relation « fraternelle » entre cette fille plus grande et le garçon plus jeune, une relation où ils sont confortables. Puis graduellement, les jeunes essaient certaines choses. Et la relation évolue un peu, sans changer complètement non plus, car le jeune Antoine voit une fille en vrai pour la première fois, ce qui, comme vous pouvez vous l’imaginer, le bouleverse!

J’ai bien aimé ce petit cocon qui rappelle les histoires de vacances. L’éveil à la sensualité, les premières expériences, les premiers attouchements, c’est hyper bien traité. Les ados ont en vu d’autres, certes, mais restent quand même assez naïfs face à leur propre personne. Le traitement est très cinématographique et on apprécie les différents cadrages et la création d’une ambiance particulière. Ça sonne vrai et, contrairement à plusieurs, je ne suis pas du tout sortie choquée de cette histoire.

Il me reste par contre un sentiment d’inachevé. Certes, c’est un peu le but, une bulle qui se termine comme ça, laissant plein de blancs et de fils pas noués. J’aurais juste aimé un petit quelque chose de plus à la fin… ceux qui ont lu comprendront peut-être pourquoi.

Lu pour le prix des libraires du Québec 2018

Et c’était ma BD de la semaine!  Et Stephie nous accueille aujourd’hui!

Lord of Shadows – The Dark Artifices – 2 – Cassandra Clare

Les romans de Cassandra Clare sont toujours hyper addictifs.  Bon, ok.  Une exception faite pour les tome 4-5 de The Mortal Instruments que j’avais trouvés looooongs.  Mais ces séries sont les séries typiques où je vois plein de trucs qui me gossent, mais que j’aime quand même.  Et que je lis quand même.  Même si je bougonne un peu parfois.  La fin de la série The infernal devices m’a fait pleurer ma vie, rien de moins.

 

Ceci est le deuxième tome de la trilogie The Dark Artifices.  Elle se passe 5 ans après la fin de The Mortal Instruments et nous sommes sur la côte ouest, aux côtés de la famille Blackthorn, dont les parents sont morts pendant la Dark War.  C’est Julian, alors âgé de 12 ans, qui s’est alors occupé de sa famille et à 17 ans, il semble souvent plus mature que son âge.  Pas le choix.    Emma Carstairs est sa parabataï et amie de toujours (on les avait rencontrés dans un tome précédent).

 

Je ne vais pas trop révéler l’intrigue de ce tome car ce serait spoiler Lady Midnight (que j’avais trouvé pas mal mais qui est encensé par la plupart des amateurs de l’auteure), mais nous commençons ce tome peu après les événements qui ont marqué la fin du tome 1.   Il est toujours questions de la Cold Peace, des ravages qu’elle fait et de la colère qu’elle génère en faerie, royaume de pouvoirs et de revenches.   De plus, la question de « race » est très présente dans le roman et on craint les pertes de droit pour les Downworlders, surtout que la Cohorte, une faction de Shadowhunters qui ressemble fort à ce qu’ont dû être les nazis, qui sont pour la suprématie des Shadowhunters et la reconnaissance de leur supériorité sur tout le reste.

 

Comme toujours, c’est addictif.  Comme toujours, le monde me plaît.  Comme toujours, j’aime retrouver les liens entre les différents livres, les différents événements et chercher des indices.   J’ai adoré me balader en faerie, revisiter l’Institut de Londres, j’aime énormément les scènes de bataille, surtout quand elle sont dans des lieux que je connais, et j’ai lu le roman à toute vitesse.

 

Pourtant… je vous avoue que j’ai levé les yeux au ciel.  Souvent.  Certaines métaphores lyriques et, avouons-le, étranges, m’ont fait sourire.  Mais surtout, surtout… pourquoi tant d’histoires d’amour partout?  Pourquoi?  C’est la guerre, il n’y pas un jour sans bagarre, mais il y a de la romance à tous les coins de rue.  On a la nette impression que tout le monde va finir en couple avec l’un ou l’autre.  J’aurais, je l’avoue, de beaucoup préféré me concentrer sur l’action plutôt que sur toutes ces histoires hypothétiques qui m’ont zéro intéressée, à part une ou deux, les principales.   Ouais, j’aime les histoires d’amour tourmentées.

 

De plus, j’ai conscience de l’importance de la représentation dans les romans.  J’applaudis ces initiatives.  Mais sérieusement, parfois, ça fait plaqué.  Et ici, ça fait plaqué.  Bon, il semble qu’il n’y ait que moi qui trouve ça, mais j’espère que tous ces personnages ont bien un rôle dans l’histoire.   J’ai eu une impression de « je surfe sur la mode » à quelques occasions.  Sans compter certains personnages vraiment vraiment méchants.  J’aime un peu plus de tons de gris dans mes vilains (Zara, I’m looking at you).

 

Ceci dit, je vais lire la suite hein!  J’aime bien les finales de Cassandra Clare (je pense que c’est une trilogie mais je suis pas certaine) et en plus, je veux connaître le fin mot de l’histoire, du moins pour certaines des sous-intrigues.  Que je ne peux pas nommer ici. De plus, avec une telle fin (bien que bon… certains faits sont quand même assez particuliers, en particulier en ce qui concerne le déroulement du Council).  Si vous avez lu, n’hésitez pas à m’en jaser en privé!

 

Lulai Lis a pour sa part adoré.

Hop! Au lit! – Nicholas Oldland

Cet album partait super bien.  Des jolies illustrations, une grenouille super sympathique, PLEIN DE VERBES D’ACTION! (orthophoniste un jour, orthophonie toujours).   Sauf que je  suis arrivée à la fin… et que je n’ai pas vraiment compris pourquoi ça finissait comme ça.  Et ma nièce non plus.   Dans sa petite tête, c’était impossible que miss grenouille soit encore fatiguée!  Elle a  dû revenir là-dessus pendant 3 jours.

 

Bref, petite grenouille est toujours en mouvement.  Elle bondit, elle gigote, elle atterrit, elle gambade, elle s’élance.  Ce ne sont pas des verbes hyper courants mais justement, c’est super pour élargir le vocabulaire.  Il faut sortir du quotidien un moment donné.  Sauf que la nuit venue… il ne s’arrête pas.  Ça ne va pas bien n’est-ce pas.  Plusieurs parents reconnaîtront leur propre petite grenouille dans ces pages.  Parce que le lendemain matin, ça ne va pas fort.

 

Avec les cocos, j’ai aussi utilisé l’album pour travailler « pendant que » avec une structure répétitive.  Et pour la fin, on a tenté de trouver une explication… et je peux vous dire que les enfants sont imaginatifs!

Ours brun blanc noir – Pascal Girard

C’est assez rare que je lis des albums informatifs.  Je serais probablement passée à côté de celui-ci s’il n’était pas arrivé dans ma boîte aux lettres, directement de chez La Pastèque (qui, pour moi, est un gage de qualité).  J’avais déjà lu Pascal Girard avec La collectionneuse  que j’avais beaucoup aimé et du coup, j’ai eu envie de voir ce que ça donnait dans ce format.

 

L’album est un bel objet-livre, avec des illustrations à la fois drôles et frappantes pour les cocos.  Il faut dire qu’au Québec, on a presque tous notre ‘histoire d’ours’.   Pour ma part, j’ai un souvenir assez ému d’avoir vu un mignon ourson d’un côté du sentier de rando… et la maman de l’autre!  Je me souviens aussi m’être fait envoyer promener par un touriste (je vous dirai pas d’où il venait) quand je lui ai dit que non, caresser l’ourson n’était pas forcément une bonne idée.  Bref, j’ai appelé Sardou à la rescousse pour le reste de la rando.  J’en connais plusieurs qui ne me remercient pas.

 

Mais revenons à l’album, que je trouve franchement hyper bien fait pour les jeunes (et aussi pour les moins jeunes).  On y parle des types d’ours, en mettant l’accent sur ceux qui se trouvent en amérique du nord.   Chaque ours a sa section, où l’on parle de ses moeurs et de son alimentation (je pensais, entre autres, que les grizzlys étaient beaucoup plus carnivores que ça).   C’est simple, clair et adapté à la clientèle.  Je n’aurais jamais pensé le lire avec intérêt, vu que les ours, pour moi, c’est « le plus loin possible » (même si les oursons sont mignons).   Le côté écologiste, pour protéger ces espèces, est aussi bien abordé, pas culpabilisant et accessible.

 

Je le conseillerais surtout aux enfants (et à leurs parents) mais je ne sais pas si je l’aurais pris à moi de moi en tant qu’adulte.  Même si l’ancêtre, l’Ursavus, avait l’air choupinou comme tout!  À voir selon vos intérêts!

Les envoûtés – Witold Gombrowicz

C’est ma copine Delphine qui m’a donné ce roman quand elle est venue au Québec la première fois.  C’était en quelle année, déjà?  Bref, assez longtemps pour que je ne sache plus trop c’était en quelle année.   Je ne trippe pas trop thrillers actuels mais des romans noirs old school, je suis fan.  J’adore à chaque fois.  Et ça n’a pas manqué ici aussi, j’ai beaucoup aimé ma lecture, que j’ai lue les soirs, tard, à la lueur de toutes petites lampes.  Parfait question ambiance.

 

D’emblée, je dois vous dire que si vous avez peur de lire un roman polonais écrit en 1939, oubliez ça.  C’est hyper facile à lire, on oscille entre le manoir hanté, matches de tennis et humour noir et j’ai passé un excellent moment.

 

L’histoire commence quand un jeune homme arrive à Polyka, un domaine polonais.  La famille Okholowska est ruinée et doit accueillir des hotes pour survivre.  Maya, la fille, a un nouvel entraîneur de tennis en la personne de Walczak, un jeune homme de son âge.  Très vite, ils sont fascinés l’un par l’autre et ressentent une répulsion particulière, alors que tout le monde remarque une étrange ressemblance entre eux.  Juste à côté, un vieux château isolé est habité par un Prince en train de perdre la raison et son secrétaire, le fiancé de Maya.

 

L’atmosphère a un côté très gothique et sombre.  Le château recèle plus d’un secret, dont une Vieille Cuisine où semble agir une entité malveillante.  Qui est Walczac?  Le double de Maya?  Est-il possédé?  Pourquoi cette relation amour-haine, ces tiraillements incompréhensibles?  Les personnages explorent leurs limites, leur côté noir.  On parle aussi de culpabilité, d’identité, de vieilles histoires de familles… et de fantômes.  Et c’est souvent drôle.   Pas drôle à se tordre de rire mais j’ai lu le tout avec un grand sourire, malgré le château plein de passages secrets, la forêt profonde et les moments où les personnages semblent se perdre eux-mêmes.

 

J’aurais peut-être aimé une autre fin mais définitivement, il faut que je relise l’auteur.  J’ai entendu parler de Ferdydurke (ou un truc comme ça)… et je sens que je vais me le procurer!

 

Un peu jubilatoire, quand même!

Lu dans le cadre du mois de l’Europe de l’est, un auteur polonais!

 

Les enfants de la Résistance – tomes 1 à 3 – Ers/Dugomier

J’ai spotté cette série de BD dans une précédente édition des BDs de la semaine et je n’ai pas pu résister à l’envie de la lire  En effet, une BD que tout le monde semblait aimer et qui avait pour sujet les débuts de la résistance pendant la 2e guerre mondiale, je ne pouvais pas résister.  Et j’ai drôlement bien fait parce que je suis, comme les autres, conquise par cette série et en attente du tome 4!

 

C’est l’histoire d’un petit village fictif, au sud de la zone occupée, en 1940.  François et Eusèbe ont 13 ans, beaucoup de courage et, surtout, ils refusent avec toute leur ferveur adolescente l’occupation allemande.  Puis arrive Lisa, réfugiée belge ayant perdu ses parents et à eux trois, avec les moyens qu’ils ont, ils vont tenter de dire « NON ».

 

C’est une série très intéressante, pleine d’action mais surtout très instructive.  On y voit naître la résistance, à petite échelle d’abord, puis les gens qui s’impliquent petit à petit.  On voit des gens fidèles à Pétain, d’autres qui se laissent convaincre par le nazisme et d’autres, encore, par l’idéologie communiste.  C’est bien structuré, c’est émouvant, parfois très triste, mais rempli de courage et de zones grises.   Les BDs sont truffées de moments pour ouvrir la discussion avec les jeunes et à travers les yeux de ces ados engagés, ils vont réaliser ce que ça implique et qu’il n’y a rarement une chose qui soit toute noire ou toute blanche.

 

Et, bien entendu, l’aventure du départ va prendre une folle ampleur, remplie de messages secrets, de missions et de vrais dangers.  J’ai dévoré ces trois tomes et je compte les faire découvrir à mon plus grand neveux.  Bon, je vais avertir son père avant hein… parce que disons que pour les petits québécois, qui ne connaissent pas beaucoup ce pan de l’histoire, ça surprend… et ça suscite des questions!

 

C’était ma BD de la semaine!  Et c’est chez Noukette cette semaine!

Une verrière sous le ciel – Lenka Hornakova-Civade

Il était une fois une jeune fille qui vient d’avoir 18 ans.  Ele est sur le quai de la gare de l’Est et au moment de prendre le train de retour pour la Prague communiste de 1988, elle dit NON.  Elle ne retournera pas vers ses parents, vers sa vie d’avant.  Elle va rester à Paris et tenter d’être libre.

 

Dès les premières pages, je suis tombée sous le charme de la plume de l’auteur… et j’y suis restée.   Roman sur l’exil, roman initiatique, conte de fées moderne, j’ai retrouvé dans ces 200 et quelques pages une réflexion lyrique sur l’art, les relations humaines, l’aimitié, l’amour et surtout la liberté.  Car cette liberté, ces possibles sont parfois lourds à porter, à assumer.  Peut-on être libre quand on vit entre deux mondes, entre deux langues?  Peut-on être libre en courant dans Paris la nuit, alors qu’une partie de notre coeur est resté bien malgré nous dans cette Prague fantasmagorique mais remplie d’interdits et de censure? Qui est-on, quand on est loin de ses racines et qu’on a décidé de se taire?  Peut-on inventer sa vie?

 

Plusieurs questions, des fragments de réponses.  Ana, à son arrivée, rencontre rapidement Grofka, femme énigmatique, qui apparaît et disparaît à sa guise.   C’est à Bernard, au café, qu’elle la confiera, sans jamais expliquer pourquoi.  Et dans ce refuge, elle va graduellement apprivoiser cette nouvelle vie, en croisant d’autres personnages plus ou moins cabossés, plus ou moins excentriques mais tous très attachants.

 

Et moi, comme lectrice, j’ai adoré.  Le ton du départ nous garde à distance, comme si comme Ana nous ne savions pas trop où nous en étions après avoir vécu toute notre vie avec une si faible marge de manoeuvre en Tchécoslovaquie communiste.   J’ai revu les rues de Paris et les rues de Prague, j’ai vécu à nouveau les histoires qu’on nous y a racontées sur cette période, quand tout était contrôlé.  La chaleur du café m’a gagnée petit à petit… et j’ai passé un excellent moment de lecture.

 

Très belle découverte!  Caroline et Leiloona ont aussi aimé, Aifelle a quelques réserves.

 

 

Homo Sapienne – Niviaq Korneliussen

Si je dis « Groenland », il se trouve toujours quelqu’un dans mon entourage pour me rétorquer : « Te souviens-tu de la fois où… ».  Oui.  Avant qu’ils ne le disent, je m’accuse d’emblée.  J’ai déjà confondu le Groenland avec un nuage lors d’un vol Paris-Lisbonne alors que je pensais – très sérieusement – que l’avion avait été détourné sur Nuuk pour nous prendre en otage.  Sans commentaire.

 

Donc, le Groenland.  Niviaq Korneliussen ne nous offre pas ici un roman rempli de neige, de traditions et de traîneaux à chiens.  C’est un ouvrage fort moderne qui nous entraîne dans la pensée de cinq jeunes Groenlandais urbains (sachant que la plus grande ville du pays fait moins de 20 000 habitants… et le pays 56 000) qui, comme de nombreuses personnes, sont à la recherche d’eux-mêmes.  Ils sortent, ils boivent, ils baisent, ont la gueulent de bois et surtout, ils se questionnent sur leurs désirs, leurs sentiments et leur place dans le monde.

 

Cinq voix.  Fia, qui n’arrive pas à être heureuse auprès de son amoureux parfait.  Inuk, exilé au Danemark, à la recherche d’un chez lui tout en détestant la part du Groenland qui est en lui.  Arnaq, bisexuelle et noyée dans l’alcool, que la vie a usée et qui considère que rien n’est de sa faute.  Ivik, qui aime les femmes mais qui ne supporte plus que son amie ne la touche.  Et Sara, nouvellement tante, qui se sent tellement noire qu’elle ne se voit rétablie qu’après un sacrifice.  Ces jeunes sont queer et la sexualité et l’identité sont au coeur du récit.  Toutefois, on ne se limite pas à ça et on sent une réelle critique de sa société où les jeunes trouvent difficilement leur place, pris entre le nationalisme, les traditions et les problèmes sociaux qui ne sont pas la priorité de tous.  Le roman est truffé de mots en anglais/groenlandais conversations, de textos, de hashtags et le tout sonne vrai.  On sent que des jeunes comme ça existent au Groenland, entre trois langues (groenlandais, danois, anglais) et un désir d’ouverture vers le monde et le futur.

 

Le récit d’Inuk est particulièrement touchant et poignant.  On sent son mal-être, sa difficulté à savoir qui il est et à accepter le fait d’être Groenlandais, avec tout le bagage historique que ça implique.  Ni chez lui à Nuuk, ni chez lui au Danemark, il est à cheval et cherche à se trouver un chez lui qui n’est pas défini par la langue ou encore le terre.  Son cri du coeur m’a terriblement touchée.

 

Un roman à lire, sans aucun doute!  J’ai beaucoup aimé.