Phobos – 1 – Victor Dixen

On parle de cette série partout depuis des années.  J’ai déjà rencontré Victor Dixen à Montréal (ou Québec, je ne sais plus) l’an dernier et je lui avais dit que je ne pensais pas lire sa saga vu que bon, j’étais difficile en jeunesse et que le thème me faisait hyper peur (le concept sonnait beaucoup trop Occupation Double à mon goût).  Ça avait débouché à une discussion générale sur la littérature jeunesse.  Finalement, je l’ai emprunté en livre audio et dans l’état semi-comateux qui était le mien cette fin de semaine, j’ai décidé de le mettre en fond sonore.   Et bon, moins de 24 heures plus tard… j’ai fini le tome 2.  Oups!

 

Cette série est addictive.  C’est le premier mot qui me vient à l’esprit.  C’est la série parfaite quand on a besoin d’un bon divertissement sans se prendre la tête.  C’est très rythmé, on a alternance entre le point de vue de l’une des participantes, Léonor, celui de la caméra de téléréalité et un narrateur externe, l’action ne manque pas et on a hâte de savoir ce qui va arriver à ces « 6 prétendants, 6 prétendantes » qui ont « 6 minutes pour se rencontrer » et « l’éternité pour s’aimer ».

 

Mais je m’explique un peu.  Nous sommes aux États-Unis, dans un futur assez proche où la Nasa a été privatisé et où une société privé a décidé de faire la conquête de Mars,  Mais pour que la population s’intéresse au projet, on a organisé une vaste sélection de jeunes, tous beaux, mais qui sont prêts à tout laisser derrière eux pour aller vivre sur Mars et faire des bébés pour la peupler.   Ce jeu est animé par Serena McBee, psychiatre renommée et charismatique.  Toutefois, dès le début du roman, nous apprenons que les participants ne savent pas tout, mais alors vraiment pas.  On leur a caché des informations cruciales.

 

Ne fuyez pas!  Pas tout de suite.  Je dois vous avouer que les histoires d’amour ne m’ont que plus ou moins accrochée (ok, je serai franche, je m’en fichais pas mal des couples et des histoires d’amour) mais malgré l’accent mis sur les classements et les séances de speed dating, l’action, l’avancée de l’histoire et les vrais méchants m’ont bien plu.   Et à la fin… impossible de ne pas commencer le tome 2!

Débâcle – Lize Spit

Quelle noirceur dans ce roman!  À voir la couverture, je me doutais que ce ne serait pas que paillettes et licornes arc-en-ciel mais je ne m’attendais pas non plus à ce que ce soit si sombre et qu’il y ait si peu d’espoir entre ces pages.

 

C’est donc un récit à trois fils, qui nous baladent entre passé et présent.  Le premier, minute par minute – ou presque – ,  représente le présent de la protagoniste, Eva de Wolf.  Elle a reçu quelques semaines auparavant une invitation de Pim, un ami d’enfance et va revenir, après 13 ans, dans son petit village de Bovenmeer, avec une idée en tête.  Le frère de Pim, Jan, aurait eu 30 ans cette année-là et Pim veut en profiter pour faire le lancement de sa nouvelle production laitière.

 

Le second fil, le plus terrible, nous ramène à l’été 2002, celui où tout à changé.  En 1988, il n’est né que trois enfants dans le village. Pim, Laurens et Eva sont donc les trois mousquetaires.  Un pour tous et tous pour un.  Mais l’adolescence arrive et Eva se sent la troisième roue du carosse parce que fille, ce qui va la pousser à de nombreuses concessions.  Cet été, Pim et Laurens ont un plan : voir les plus jolies filles du quartier nues et plus si possible.  Eva, en tant que fille qui ne s’aime pas, est là pour être l’arbitre, mettre les autres filles en confiance, un peu contre son gré, pour préserver son amitié avec Pim et Laurens.  Bref, la situation en elle-même est horrible, le rôle que doit jouer Eva l’est tout autant.  Mais croyez-moi, ce n’est rien…

 

Puis, le troisième fil nous balade dans l’enfance d’Eva où elle grandit en compagnie d’une soeur fragile qu’il faut protéger, d’un frère qui fuit dans la science et de parents alcooliques et souvent violents.   Le contexte familial, que tout le village connaît mais qui se contente de juger sans rien faire, fait mal à voir.  Toute cette vie de village est aussi très bien rendue, avec ses ragots et ses petites trahisons. C’est noir, souvent glauque, aucune nostalgie de l’adolescence ici.  Les descriptions sont précises et ne nous épargnent pas.  Cette jeune fille qui s’efface fait mal à voir.  Mon seul reproche serait quelques longueurs, qui sont probablement dues au fait que j’avais anticipé plusieurs éléments de l’histoires… mais ça ne rend pas du tout les choses moins terribles au final.

 

Un roman qui dérange…  et qui sera ma participation au mois belge d’Anne et Mina.

Il entre aussi dans le défi de Madame Lit!

Intempérie – Javi Rey d’après le roman de Jesus Carrasco

Quand Aline, grande amatrice BD et attachée de presse à La Boîte de diffusion, m’a proposé cette BD, j’étais sceptique, j’avoue.   Mais la raison pour laquelle j’aime parler à Aline lors des salons, c’est justement ça.  La découverte.  Élargir mes horizons.  Et j’ai bien fait de suivre ses conseils car j’ai vraiment beaucoup aimé.

 

Intempérie est une adaptation BD d’un roman espagnol de Jesus Carrasco (que je n’ai jamais lu).  Il est question d’un jeune garçon d’une douzaine d’année qui, un jour, n’en peut plus.  Il décide donc de prendre la fuite, sans savoir ce qui l’attend dans cette Espagne desséchée.

 

Cette BD donne chaud et elle donne soif.  L’auteur réussit à transcrire en images et en peu de mots l’aridité du terrain, la mort qui rôde, la chaleur et l’épuisement des personnages.  C’est rude, c’est dur, les personnages sont taiseux mais leur souffrance passe très facilement.   On a peur pour eux, le suspense est maintenu et on se demande tout au long si le « petit » sera rattrapé par les hommes que son père a mis à ses trousses.

 

Le dessin m’a beaucoup plu… sauf les dents des personnages!  Je sais, je chipote.  Mais je ne serais pas moi-même si je ne gossais pas sur quelque chose, n’est-ce pas!  Ceci dit, la mise en page et les angles sont intéressants, le rythme graphique est enlevé et varié et le côté « roman d’apprentissage » m’a énormément touchée.

 

Mo et Un amour de BD ont aussi beaucoup aimé!

Et c’est Noukette qui nous reçoit pour cette BD de la semaine!

Les fameuses dents… ceux qui ont lu les comms comprendront!

 

Le nouveau nom – L’amie prodigieuse -Tome 2 – Elena Ferrante

J’ai lu le premier tome de la trilogie par curiosité et parce que mon amie Angéla Morelli le lisait.  Je suis une vilaine copieuse sans originalité, je sais!  J’ai beaucoup aimé rencontrer Lila et Elena pendant leur enfance et leur adolescence et j’ai tout de suite été soufflée par la profondeur des personnages ainsi que leur humanité.  Et que dire de l’atmosphère prégnante, lourde, presque suffocante de ce « quartier » jamais nommé.  Bref, j’avais envie de lire la suite mais ce n’est que maintenant que je m’y suis plongée.

 

Et savez-vous quoi?  J’ai encore préféré ce tome au premier.

ICI, JE RÉVÈLE CERTAINES CHOSES DU TOME 1.. .MAIS PAS TANT QUE ÇA, ÉTANT DONNÉ CE QUI EST DIT AU DÉBUT DU DIT TOME 1

Nous retrouvons Lenù et Lila (au fait, comment Rafaella a pu devenir Lila?  En passant par Rafaellina?  Je pense que je n’ai pas compris comment fonctionnaient les surnoms italiens) exactement au moment où nous les avions laissées.  Elena est au secondaire, toujours à Naples.  Elle est toujours en admiration devant Nino, de deux ans son aîné, qui lui paraît tellement séduisant et intelligent.  Comme toujours, elle se sent inférieure, pas assez, trop… bref, pas à sa place.  Lila, quant à elle, se marie à Stefano, l’épicier.  Il a de l’argent, le mariage est princier et Lila, à qui tout semble réussir, se pavane dans le quartier en étalant sa richesse, sans oublier de gâter ses amis de façon parfois instantatoire.

 

Mais ce n’est que le début d’une histoire qui nous balade pendant une période de presque 10 ans.   Toujours, au centre, il y a Elena et Lila.  Celle qui buche et celle qui a du génie.  Celle qui attend et celle qui prend.  Celle qui se cache et celle qui ose.   Leur amitié est houleuse, remplie de petites mesquineries, de trahisons, mais aussi de moments exaltants et d’une réelle affection sous-jacente.  Leurs personnalités sont fascinantes (surtout Lila) et parfaitement cohérentes.  Ses réactions sont souvent imprévisibles, parfois méchantes, mais la psychologie du personnage est parfaitement maîtrisée.  Du coup, ça passe.  De même, la narratrice est pleine de failles, elle est souvent agaçante, mais j’ai souvent eu de la peine pour elle, surtout pendant le fameux été à Ischia, celui qui aura une telle influence sur leurs vies.

 

Les gens du quartier sont aussi présents pendant une bonne partie du roman, alors qu’Elena veut à tout prix s’en sortir, vivre une autre vie.  On nous dépeint Naples, avec ses trafics, sa petite mafia vue par les yeux de Lenù qui les voit avec les yeux ce la jeune fille qui les connaît depuis toujours.  La violence est inhérente au quotidien, elle est normale, acceptée.  Et ça fait frissonner.  Ces gens sont aussi de vraies personnes, ils ne sont pas là que pour servir une partie de l’intrigue et on s’attache à tout ce beau monde.  Vous savez, c’est le genre de roman où il faut se rappeler constamment que ce n’est pas VRAI?    C’est tout à fait l’effet que ça m’a fait.

 

Allez… on y va pour le tome 3 en audiobook.  Ça me donne envie de partir au boulot le matin vu que je l’écoute en voiture!

Salon du livre de Québec… version 2018

Depuis 10 ans, je fais deux salons par année avec les copains blogueurs.  Oui, je sais, je suis vieille MAIS j’ai l’âge de connaître la réponse à la grande question sur la vie, l’univers et tout le reste.  Comprenne qui a les références!  Bref, encore une fois, Jules et moi étions parées pour arpenter les allées du salon.  Je suis arrivée un peu off, après avoir passé une semaine pas facile au bureau et en ayant failli oublier de mettre des culottes dans ma valise.  Encore.  Mais bon, cette fois, j’y ai pensé hein!  Du coup, je n’ai pas été obligée d’arpenter les rue en panique à 10h du soir et finir par aboutir dans un sexshop (le seul truc d’ouvert) et ainsi passer la journée du lendemain dans un micro-string rose transparent et à moitié mangeable…  Je ne vous avais pas raconté?  Ben voilà.  Considérez ça comme fait!

(J’ai l’air verte… et d’avoir 70 ans sur cette photo… désolée d’avance, j’ai eu l’air de ça toute la fin de semaine… j’avais pas de maquillage… en fait, j’ai pas de maquillage chez moi… mais bon, une autre histoire.) 

Bref, le salon!

Chaque année, les salon nous donnent un petit boost et nous rappellent pourquoi on blogue.  Certes, c’est pour lire, mais ça m’a tellement apporté au fil des années.  Je vais au salon pour les livres, certes, mais surtout pour les gens.  Les auteurs (of course), les blogueurs, les booktubers, les éditeurs et aussi les attachés de presse qui se font toujours un plaisir de répondre à mon éternelle question : « Bon… parlez-moi de vos derniers coups de coeur »!  Et c’est ce qui fait que les salons ne sont pas une librairie géante.   Donc merci Julie (je REFUSE que tu cesses de bloguer…  tu vas trop me manquer), Cat et sa gang,  Pascale, Max, Chloé et Jessica (dont je ne retrouve pas le blogue) pour les fous rires, les balades et tout le reste.

(Pour me trouver… cherchez l’alcool..)

Nous retiendrons donc…

… mon autographe sur un album des P’tites Poules.  J’était trop, trop contente et limite sautillante.   Genre que j’ai eu l’air complètement cinglée.

…le quasi-strip-tease de Max en pleine présentation de la collection Stéphane Marsan chez Brage pour nous montrer ses tattoos.

… la discussion complètement hilarante, complètement surréaliste et complètement à jeun avec Nathalie D, auteur de Gwada etc. chez Michel Lafon Canada et Christine, son attachée de presse.  Révélations fracassantes!

… la gentillesse de Delphine chez Gallimard qui a jasé littérature jeunesse avec nous pendant un grand bout de temps alors qu’elle était assommée par une migraine-de-la-mort-qui-tue.

…  les séances de placotage au stand de La boîte de diffusion avec Séléna, Aline, Chloé Duval (avec qui ça m’a fait très plaisir de jaser) et toute la petite bande de joyeuses geekettes passionnées.  Non mais les albums Cthulu… c’est trop mignon mignon mignon!

… l’ampoule à… l’épaule pour cause de sacs trop lourds! Ouais, l’épaule.  On aura tout vu!

… les trois cretons de groupe scolaire qui ont – carrément – rampé entre mes deux jambes pour se sauver de la personne qui les surveillait.  On remercie les leggings dans ce temps-là!

… la traditionnelle discussion littéraire (et le selfie) avec Michel Jean. Mais cette fois, il ne m’a pas fait boire. Je suis limite déçue.

… la quantité de gens le samedi. Sérieux, c’était impressionnant.  On ne pouvait plus marcher.  À un moment, j’ai pris la fuite loin de la foule déchaînée… et je suis allée lire une BD assise par terre (en jupe, sinon c’est pas drôle) dans le fin fond du fond d’un corridor isolé.  C’est dire!

… la séance-placotage avec Catherine et sa gang de CatCritick, avec qui j’aurais aimé jaser plus longtemps littérature jeunesse et littérature tout court!

… les discussions chez Héliotrope, Hamac, L’instant même…

… la fois où j’ai reculé pour prendre une photo… et où je suis tombée assise sur les genoux d’un auteur qui n’en demandait pas tant.  J’étais tellement mal que j’ai viré rouge tomate et que j’ai littéralement VOLÉ hors du stand.

J’ai pu revoir Audrée Archambault (trop peu longtemps… elle était occupée) et entrecroiser MH la lectrice, avec qui j’aurais bien voulu jaser plus vu qu’elle me fait trop rire sur youtube.  Mais bon, je suis tellement pouiche pour rentrer en contact, des fois!  Bref, j’ai eu l’air complètement nouille!  J’ai croisé Mel Jannard mais j’ai pas osé dire bonjour vu qu’elle était en grande discussion avec ses story Instagram (pis que je suis socially awkward) mais j’ai complètement manqué Sophie Lit et Richard Migneault des lectures de Richard.

Je vous laisse donc sur les objets plats et rectangulaires qui ont repris le parc avec moi au retour… avec commentaires, of course!

Et on se voit à Montréal!

Le cadeau – Laure Monloubou

Imaginez un petit garçon qui a reçu un beauuuuu cadeau de sa grand-mère.  Imaginez aussi sa maman qui tente de l’OBLIGER à dire merci à la mamie en question.

 

Maintenant, imaginez que le dit cadeau est un chandail tricoté main.  Qui gratte!  Comment dire merci quand on a pas duuuu tout aimé le cadeau?

 

Il s’agit d’un petit album très court, avec très peu de mots par page.  Ici, on est dans l’humour et pas du tout dans la morale.   J’ai éclaté de rire au « merci » en question.  Les mimiques du personnage sont super drôles et « tout lui passe dans la face », comme on dit!  Bien entendu, ça permet d’ouvrir la porte à la discussion avec les enfants au sujet de la politesse et tout, mais pour moi, l’album sert surtout à rire avec les enfants et à passer un bon moment avec cette petite terreur ma foi très inventive.

 

Libération – Patrick Ness

De Patrick Ness, je n’ai lu que « La voix du couteau« , il y a plusieurs années. J’ai toutefois eu envie de lire ce roman, ayant beaucoup entendu parler de l’auteur récemment.  Mon avis?  En demi-teinte.  J’ai beaucoup aimé une partie de l’histoire, mais l’autre m’a laissée complètement de glace.  En fait, je pense que je n’ai pas compris pourquoi cette autre voix était là… mais je m’explique.

 

L’histoire se déroule sur une seule journée, celle d’Adam Thorn, un adolescent.  Il est gay, il l’assume, même s’il vient d’une famille très religieuse, avec un père prédicateur et un frère parfait.   On sait dès le départ que ce soir, c’est le départ d’Enzo, un garçon avec qui il a eu une relation qui a duré plusieurs mois.  Il a un nouveau petit copain, Linus, une meilleure amie, beaucoup de charisme… et cette journée va l’amener à se « libérer », d’une certaine façon.

 

Cette partie de l’histoire, j’ai beaucoup aimé.  La voix d’Adam est agréable, c’est un ado instrospectif et comme souvent, Patrick Ness sait parfaitement se glisser dans la tête d’un adolescent en plein questionnement.  Ça sonne vrai et c’est hyper agréable à lire.  Inoubliable?  Non, pas vraiment.  Mais agréable.

 

Mon problème, c’est l’autre histoire en parallèle… un personnage qui émerge d’un lac, un côté fantastique, une certaine Reine, un faune… Le tout m’a semblé très froid mais surtout plaqué.  Le roman aurait parfaitement pu s’en passer et je n’ai pas du tout compris ce que ça apportait au récit.  J’avoue que j’avais envie de sauter des pages mais que j’espèrais toujours une révélation… qui n’est pas vraiment venue.

 

On m’a conseillé « Quelques minutes après minuit » du même auteur… et je suis pas mal certaine que je le lirai bientôt!

La promesse de l’aube – Romain Gary

Je n’avais jamais lu Romain Gary et sans « Un certain monsieur Piékielny« , je ne sais pas si j’aurais tenté de lire cette autobiographie.   Je sais, d’habitude, les gens font l’inverse.  Mais j’ai trouvé tellement intéressante la façon qu’a Gary de réinventer sa vie, tellement fascinant le regard qu’il porte sur son passé que je n’ai pas su résister et que j’ai plongé dans La promesse de l’aube.

 

Et c’est un coup de coeur.  Un vrai de vrai.  Coup de coeur pour la plume, la façon de raconter et les images que nous propose Romain Gary.  C’est un livre que j’ai savouré et que j’ai lu petit à petit.  Contrairement à plusieurs, je n’ai eu aucune seconde d’ennui et j’en aurais pris davantage.  J’aurais passé plus de temps en compagnie de cet enfant qui devient un homme, j’aurais vu davantage le monde à travers son regard à la fois aiguisé, naïf et désillusionné.  Bref, c’est génial.

 

La promesse de l’aube, c’est une immense déclaration d’amour de Romain Gary à sa mère.  Sa mère avait eu une « carrière artistique » en Russie et nous les rencontrons en Pologne, entre deux guerres. Elle aime son fils passionnément, à la folie, et elle est persuadée que son fils deviendra l’un des grands de ce monde.  Elle a pour lui tout un plan de carrière (qui varie au fil du temps, en fonction des gaffes diverses et variées de son fils) et est prête à tout pour lui ouvrir la voie.  Disons que cette mère, c’est tout un personnage et que son amour pour Romain est incommensurable.  Après tant d’amour, après une telle promesse à l’aube de la vie, comment se contenter du reste, après?

 

On suivra donc Romain Gary jusqu’à la deuxième guerre mondiale, où il rejoindra de Gaulle en Angleterre.  Je sais, dit comme ça, ça semble lourd, mais il n’en est rien.  La plume est magnifique mais aussi facile d’accès, c’est souvent très drôle (j’ai éclaté de rire à plusieurs reprises) et rempli d’auto-dérision.  Bien entendu, on sait que Gary adore réinventer sa vie et se mettre en scène.  On sait aussi qu’il y a plusieurs versions de la plupart des événements de sa vie.  Mais qu’importe.  On a le goût d’y croire, à l’existence de cette mère plus grande que nature, prête à tout pour son fils.

 

Une magnifique découverte!

Paroles d’honneur – Leïla Slimani / Laetitia Coryn

J’ai repéré cette BD lors de précédentes « BD de la semaine ».   La culture macoraine en est une que je connais très peu, même si je rêve de visiter le pays (sait-on jamais, peut-être l’an prochain, pendant mon différé… on peut rêver).  Du coup, cette BD-documentaire traitant des femmes marocaines, en particulier de la sexualité des femmes marocaines m’a tout de suite interpelée.  J’imaginais bien qu’à travers ces regards de femmes, j’en apprendrais un peu plus sur ce pays et sa culture.

 

C’est à partir de rencontres réelles avec des femmes marocaines que Leila Slimani a bâti cette bande dessinée.  Il y a d’abord Nour, une femme célibataire, qui a voulu autre chose que de se plier aux coutumes et aux exigences de sa famille.   Dans la famille de Nour, il y a deux choix.  Soit tu est une femme bien et tu respectes les règles des hommes, tu t’habilles décemment, tu restes vierge et tu obéis, soit tu es une pute.   En plus des traditions,  les lois rendent l’égalité homme-femme très compliquée.  Ce sont donc plusieurs témoignages de femmes qui nous sont livrés.  Des femmes fortes, qui souhaitent faire changer les choses.  Des femmes qui souffrent aussi.

 

J’ai été particulièrement chamboulées par ces femmes qui ont les même désirs que moi, les mêmes envies que moi, mais qui vivent dans un endroit autre, où le contexte limite schizophrène les empêche de s’émanciper.   Le regard des autres et l’honneur prennent une place prépondérante dans ce récit et le secret, les cachettes sont fréquentes.  Trop fréquentes.   Un récit nécessaire, qui parle de la fausseté des rapports entraînée par la situation et la difficulté à nouer des relations qui en découle.

 

En tant qu’occidentale, j’ai parfois eu du mal à le croire.  Certaines lois, certains propos et pratiques viennent me chercher en plein dans ce en quoi je crois le plus.  Et ça ne bouge que beaucoup trop lentement.  C’est que le Coran « dit » bien des choses…  Du moins, on lui en fait dire.

 

Jéröme a aussi beaucoup aimé, ainsi que Moka, Pretty Books, l’étagère imaginaire et Liyah

Et c’était ma BD de la semaine.  Tous les billets chez Stephie!

Dans l’épaisseur de la chair – Jean-Marie Blas de Roblès

Je n’avais jamais lu Jean-Marie Blas de Roblès.  J’ai « Là où les tigres sont chez eux » depuis 2008 mais pour une raison étrange, il me fait hyper peur.  Du coup, quand j’ai vu que son nouveau roman était finaliste pour le Prix des libraires du Québec, je me suis dit que c’était l’occasion… et je l’ai lu.

 

Ce roman est l’hommage d’un fils à son père.  Le personnage principal est le fils de Manuel.  Quand le roman s’ouvre, ce dernier a 93 ans et il est vit en France.  Avec son fils, il partage un amour de la pêche, qui a rythmé son enfance.  Le narrateur est en visite chez ses parents quand son père lui lance cette insulte « Toi, de toute façon, tu n’as jamais été un vrai pied noir« .   Fâché, il part en mer et tombe accidentellement à l’eau.  Pendant ces heures où il ne sait pas s’il va s’en sortir, il revisite l’histoire de son père, né en Algérie, à Sidi bel Abbès.    Bien entendu, il revoit cette vie à travers les yeux d’un fils et le drame qui a été celui de sa famille (et le sien), cette chute et cette reconstruction sont vus avec beaucoup d’amour et de respect.  Il en résulte une histoire touchante, racontée par un homme à la dérive, dans tous les sens du terme.

 

La guerre d’Algérie, je ne connais pas vraiment.  Je n’avais pas réalisé qui étaient les pieds noirs.  Dans ma tête, c’était « la colonisation, c’est le mal » et je n’avais jamais pensé plus loin.  Du coup, cette lecture m’a surtout ouvert les yeux sur ce qui était arrivé à l’époque, ce qui a fait que ça m’a pris une éternité à finir le roman.  Oui, je tiens de ma mère pour ça.  Je lis tellement de documentation à côté que mes lectures s’éternisent!   Du coup, pour moi, ce roman a été marquant.  J’ai adoré l’écriture, le regard certes mélancolique mais aussi optimiste du père qui a toujours foncé droit devant malgré les écueils.

 

Un roman sur l’héritage familial, sur les origines mais aussi sur la guerre et ses horreurs.  Manuel, le père, est médecin dans l’armée pendant la seconde guerre mondiale et a aussi assisté aux massacres de Sétif (cet épisode est hor-ri-ble… rien de moins) sans trop réagir.  Le personnage n’est pas parfait nous apprenons à le connaître et à l’apprécier.

 

Un auteur que je relirai sans doute.  Ça m’a réellement plu, limite à ma grande surprise, vu que j’étais certaine de trouver le roman lourd.  je n’ai trouvé que l’avis d’Hélène, qui a aimé mais qui y a trouvé des longueurs.