Je n’avais jamais lu Modiano. En grande nostalgique que je suis, j’ai choisi ce titre, qui me semblait très… rêveur. Si j’ai apprécié les descriptions de Paris, la sensation de flou et la recherche de points de repère, j’avoue être restée un peu extérieure au récit, à mon grand désarroi.
Le café de la jeunesse perdu, c’est le Condé. C’est un café un peu hors du temps où se retrouvent plusieurs habitués, tous un peu perdus, tous avec un avenir prétendument sombre. Quatre narrateurs vont nous parler, nous parler de Louki. Femme mystérieuse, elle est apparue un jour au Condé et le premier narrateur, un peu effacé, est fasciné par elle, par son aura de mystère. Nous allons la voir à travers les yeux de ces gens qui l’ont croisée ou aimée. Toujours fuyante, même pour elle-même, elle va marquer les gens, presque jusqu’à devenir un point fixe pour ceux qui l’ont cotoyée.
Modiano est reconnu – semble-t-il – pour ses ambiances nostalgiques et ses personnages flottants, en quête d’identité. C’est tout à fait le cas pour Louki, jeune femme ayant toujours erré le soir, alors que sa mère travaillait au Moulin Rouge. Que cherchait-elle? Qui est-elle?
Ce roman parle du passé et de sa recherche (mais en moins beau que Proust… je ne peux m’empêcher de comparer quand il s’agit temps perdu) et nous transporte du Paris des années 60 à celui, bien changé, d’aujourd’hui. On discute de matière sombre, de « zones neutres », ces endroits de transit, hors du monde ou du temps… et j’ai aimé ces parties. Mais peut-être était-ce trop bref, peut-être n’ai-je pas eu le temps de m’attacher aux personnages… et je suis passée un peu à côté. Pourtant tout était fait pour que ça me plaise: l’alternance passé-présent, cette recherche de points fixes, cette volonté de rendre vivant le passé…
… mais bon. Je réessarai avec autre chose parce que la plume est très belle (j’allais écrire « très fluide » mais je l’entends tellement à tous vents que je n’en peux plus de cette expression. Va falloir que je trouve l’équivalent) et que je sens que je pourrais être touchée, si j’en avais un peu plus.