Je revenais de Chine. Je suis tombée sur cette BD. Of course, je l’ai lue. Parce que, vous savez, marcher sur la place Tian’anmen, c’est particulier comme expérience. Très chargé. Émouvant, même. C’est qu’on a tout vu. On a vu l’armée, les chars, les blessés, la déesse de la démocratie, les gens écrasés. Du coup, quand on y est, on ne peut s’empêcher de revoir, en superposé, ces images du passé qui surgissent parfois près du monument au héros du peuple, du mausolée de Mao ou de sa photo qui surplombe la cité interdite.
Si j’ai retrouvé un peu cette impression dans cette BD, j’en ressors mitigée et avec un sentiment d’inachevé, de vide. Un homme, Dario, se rend en Chine pour retrouver un amour de jeunesse sur cette énorme place et il y erre, passif. J’ai eu l’impression que ce fil n’était qu’un prétexte pour raconter l’histoire de ce 4 juin (ou 35 mai) 1989 (ou alors de là vient mon impression d’en avoir manqué un bon bout), dans un étrange mélange de faits didactiques et d’images fort poétiques, à l’encre de Chine, qui s’effacent graduellement. C’est que ce n’est pas un bon sujet, en Chine. On a fait taire les gens pendant des années. On a tenté de tout effacer, de diaboliser. Les événements, les vies brisées, les destins anéantis. Le côté symbolique m’a plu et porte à réfléchir mais il m’a manqué d’unité, d’une réelle histoire, qui ne me semblait pas « plaquée » là, pour mieux ressentir les événements.
Peut-être ma propre marche a-t-elle été simplement plus émouvante et plus personnelle… et celle-ci m’a peut-être empêchée d’apprécier réellement cet album.
2 Commentaires
Le sujet était intéressant, pourtant.
Auteur
Oui, il l’était. Du coup, j’ai été déçue de ne pas vraiment accrocher. Surtout qu’en fait, son expérience a un peu ressemblé à la mienne sur cette place.