On m’appelle Demon Copperhead – Barbara Kingsolver

Une réécriture de David Copperfield? Of course yes. A big big yes!

De quoi ça parle

Damon est né tout seul. Sa mère n’était pas en état. Il va grandir dans une petite ville des Appalaches où le football est roi et où l’espérance de vie est courte. Barbara Kingsolver réécrit David Copperfield dans un monde très actuel et donne à son tour une voix à ces « ploucs » dont personne ne veut vraiment entendre l’histoire.

Mon avis

Non mais quelle réussite, ce roman! Entendons-nous. J’adore Dickens. J’adore David Copperfield. Et nous avons ici une VRAIE réécriture, avec les mêmes personnages faciles à reconnaître, mais hyper bien adaptés au propos de l’autrice et à la situation qu’elle veut dénoncer. C’est à la fois actuel et engagé, c’est bien fait, bien construit et j’ai adoré chaque minute de ma lecture. Sans blague.

Nous sommes donc avec une population pauvre et vulnérable, une population née dans des conditions difficiles. Les parents sont souvent drogués, trempent dans des affaires illicites (et doivent avoir une pancarte pro-Trump quelque part dans leur trailer park). Vous savez, ceux dont on lit les histoires et dont on se dit « non mais en fait, avec ces décisions, ils l’ont limite cherché »? Ce sont des petits caïds, des petits fraudeurs et même pour ceux qui veulent s’en sortir, ce n’est pas évident.

Damon était un bon garçon, en fait. Attachant, il voulait bien faire mais avec une mère junkie, un beau-père violent et les méandres des services sociaux, il était mal parti. Nous avons ici une critique très juste de cette société, ces « ploucs » et ces « rednecks » dont la fille un peu gaugauche que je suis a tendance à se ficher. C’était d’ailleurs un peu confrontant. Le récit est porté par la voix de Damon, un mélange de naïveté, de sarcasme, de tendresse, de mélancolie et de bienveillance. Il en a trop vu, trop tôt mais c’est la personnalité de ce jeune attachant qui vait que je suis restée scotchée à ces pages, à travers ces multiples événements et ces nombreuses pages. Certes, la vie de Damon est semée d’embuches mais le ton et la volonté de survivre de Damon effacent le côté « accumulation de pathos » qui aurait pu me déranger. Quoique bon… c’est David Copperfield! Il faut s’y attendre.

La critique sociale est bien réussie et pointe – parfois lourdement – les manques du système de santé, d’éducation et de la protection de la jeunesse alors que la population est prise dans la crise des opioïdes qui est en train de terrasser la région. C’est bien écrit, il y a souvent des fulgurances, une réinterprétation brillante… une totale réussite.

1 Commentaire

  1. J’aime beaucoup la plume de cette auteure que je n’ai pas lu depuis longtemps. Je note ce titre, prestigieux Prix Pulitzer qui plus est.

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