Plus ça va, plus j’aime Zola, je pense. Et celui-là m’a énormément plu, autant par la plume que par le thème. Nana, c’est la fille du couple principal de L’assommoir. Elle a été élevée dans un milieu difficile et a des valeurs disons… élastiques, tout en étant persuadée d’être une bonne fille. Du coup, il n’est pas surprenant de la retrouver cocotte à Paris, une cocotte dont la beauté remue (et ruine) tout Paris!
Comme les autres romans du cycle, celui-ci s’inscrit dans le courant naturaliste. Il explore ici le monde des demi-mondaines en tentant de comprendre certains aspects de la société avec une approche où sont intégrées les sciences sociales. Nous sommes à la fin du second empire et nous rencontrons Nana ainsi que son groupe d’actrices et cocottes. Nana est un peu embêtée financièrement et se prostitue pour nourrir son fils, même si elle est intallée dans un riche appartement par un amant russe. C’est que la demoiselle dégage une quantité phénoménale de phéromones… et la moitié des noceurs de Paris la suit, langue pendante, en espérant se ruiner pour combler ses – nombreux – caprices. Elle s’est fait connaître au théâtre en chantant comme une casserole et en gesticulant un peu n’importe comment. Sauf qu’elle joue Vénus, qu’elle est belle et qu’elle se montre presque nue.
Soyons francs, je me suis régalée.
À lire Zola, je réalise que la littérature classique n’est vraiment pas barrée et prude, dans certains cas. On étudie ici une micro-société en marge de la « bonne » société. L’auteur n’est tendre avec personne, que ce soit les actrices, leurs conjoints (temporaires ou pas) ou les noceurs qui les font vivre dans un luxe fou. Ils sont montrés dans toutes leurs laideurs et leurs bassesses mais parfois, on se surprend à ne pas trop les détester et à espérer que ça n’aille pas trop mal pour eux.
La vie de Nana est pleine de hauts et de bas. Elle n’est pas particulièrement intelligente. Pas particulièrement passionnée par les hommes qui la poursuivent langue pendante. Elle se fait avoir, autant par les domestique que par Satin, une prostituée de qui elle s’éprend (parce que oui, Nana est bisexuelle) et prend un tas de mauvaises décisions, gaspille et gâche presque tout ce qu’elle touche. Quant à ses amants… oh my… Mais elle en a dedans, cette Nana… et impossible de ne pas admirer son aplomb par moments.
En quelques années, ce sera la montée et la chute de Nana, dont la fin correspond aussi à la fin du second empire. J’ai adoré ce parallèle, qu’on sent en filigrane tout au long du roman. Le style de Zola me plait de plus en plus et il réussit à nous faire voir ces décors. On a l’impression d’y être, de se balader dans les coulisses des théâtres et des belles maisons de ces courrtisanes. Il a un talent particulier pour nous décrire l’envers du décor, nous faire voir les petits vices et la crasse cachés sous le glamour.
Et Nana… quel personnage, quand même! Quel personnage!
10 Commentaires
Passer au formulaire de commentaire
Hé oui, la fin, brrr!
Auteur
C’est fou hein… et ce parallèle avec l’époque. Zoola est un génie!
Beau billet Karine. Tu as raison, plus on lit Zola, plus on l’aime. En tout cas; c,est mon cas 😉 Des Rougon-Maquart, il me reste à lire les deux derniers du cycle.
Auteur
C’est ça! J’aime de plus en plus! J’en suis au milieu de l’Oeuvre. Le tome 14 je crois. Je crois bien finir cette année!
J4adore Zola mais avec l’assommoir, ce sont les deux univers les plus repoussants, les plus sordides qu’on puisse lire du cycle. Un livre dur mais le style est génial
Auteur
Je sors de Germinal… et j’avoue avoir eu limite du mal à respirer… Je mettrais les trois dans le même panier, je pense. Sordides.
Ce ne fut pas un coup de foudre avec l’auteur, mais plus un amour sur la durée.
Auteur
Tout pareil!!! J’ai eu besoin de temps mais là, je suis une fan finie!
Ah oui, ça avait été un de mes préférés de la série! Et la crudité de certains passages m’avait surprise, pour l’époque!
Auteur
N’est-ce pas que ça surprend! Un de mes préférés aussi!