Vous savez, il y a des jours où on est plus bougon? Où on fait du boudin, comme on dit chez nous? Ben aujourd’hui, c’était l’une de ces journées. C’est mardi, je m’étais levée du mauvais pied, il fait froid, il pleut de temps en temps et on est à Dijon. Pourtant, on a dormi dans un hôtel très bien, en pleine ville (le Jacquemart), situé dans un vieil immeuble du 17e, rue Verrerie (les noms de rues, à Dijon, c’est limite poétique) C’était mignon, confo et tout. J’aime être dans des vieux édifices.
(Petit aparté pour parler du Jacquemart, parce que je trouve ça drôle. Le Jacquemart est un petit paysan automate qui frappait l’angélus dans les champs. Ayant trouvé son célibat on peu lourd, on lui attribue une femme automate, Jacqueline, puis deux enfants, Jacquelinot et Jacquelinette, qui sonnent les quart d’heures… mignon, non!)
En fait, tout allait bien jusqu’à ce qu’on arrive à l’office de tourisme et qu’on nous dise qu’on est mardi et que donc, tout est fermé. Dans ma tête, il y a la moitié des musées fermés le mardi et l’autre moitié le lundi… mais en fait, c’est une histoire de musées nationaux et de musées de la ville… et à Dijon, il n’y a que des musées de la ville. Comme je voulais ab-so-lu-ment voir les tombeaux des ducs de Bourgogne, je suis grrrr. Mais vraiment. Bon, on positive, on attrape le parcours de la chouette (qu’on suit à l’envers, pour ne pas que le petit monstre mange le vœu que nous ferons à la chouette… merci Noémie… j’aurais été trop déçue sinon!) et on se dit qu’on va se rabattre sur les églises et les restos. Sauf qu’on a prévu de partir vers 14h… et TOUT est fermé entre midi et deux. Tout. Boutiques, églises… et comme c’est mardi, plein de restos sont fermés le midi. C’est un peu déprimant, j’avoue. Pour une Nord-Américaine, c’est incompréhensible, surtout… nous qui profitons de nos heures du midi (une heure, pas deux) pour faire nos courses!!
Dijon a connu la richesse surtout au règne des grands ducs de Bourgogne, au 14e et 15e siècle. Philippe le Hardi, Jean sans peur, Philippe le Bon, Charles le téméraire… Tous des noms bien connus. Autour du palais des ducs, les riches se font construire de magnifiques demeures. On voit encore très bien la tour de Philippe le Bon, en plein milieu.
On commence donc rue des Forges, o nous pouvons admirer des hôtels particuliers datant du 13e au 16e siècle. On apprend ce qu’est un « chou bourguignon » (et non, ça ne se mange pas) mais nous ne pouvons entrer nulle part pour voir les cours, comme on nous le suggère.
Aux halles, il y a le marché. En fait, il y a le marché partout. Les gens sont cool, nous offrent de goûter, et nous craquons pour des nonnettes et des pâtisseries. Un pain d’épice avec une ganache a conquis mon cœur, mais il n’y avait que des très grands formats. Pour les Français, les marchés, c’est normal. Mais pour nous, pas du tout. C’est une expérience à chaque fois. Jamais on ne verrait des poissons sur glace à l’extérieur au Saguenay!! Et entendre un mec dire « elle est belle, ma raie »… je ne m’habitue pas!
Les halles en soi datent fin 19e et la structure métallique a un charme particulier. Je me dis que les halles centrales, ça devait ressembler à ça, dans le temps… mais en x10!! Sur la Place Grangier, nous pouvons voir ce qu’un même architecte peut faire dans des contextes différents. Entre la poste et l’hôtel art nouveau, avec des pagodes à la place des toits, il y a une jolie différence, n’est-ce pas!!
On passe ensuite devant l’église Notre-Dame (fermée, of course, à notre arrivée) est très particulière. Sa façade est ornée d’un paquet de fausses gargouilles (en ce sens qu’elles ne servent à rien du tout, sinon à faire joli) qui donnent un point de vue super spécial quand on est en-dessous. Elles ont été refaites au 19e car on a détruit les originales du 13e car l’une d’entre elles aurait écrapouti un usurier venu pour se marier dans l’église. Ses confrères auraient obtenu leur démolition. Devant il y a aussi un diable aux yeux ehorbités et le symbole du Christ triomphant, l’orient.
J’ai bien cherché la statue de Notre-Dame du bon espoir, appelée à tort Vierge Noire mais elle était en restauration… du coup, on a vu une copie. Elle a une toute petite bouche pour souligner l’intériorité de la parole, qui parle de cœur à cœur, selon le guide.
Tout près, la maison Millière, maison du 15e, avec un look encore très 15e justement. Elle est magnifique, avec son chat sur le toit (qui date de beaucoup plus tard). Paraît-il que la maison a servi de décor à Cyrano (oui, encore lui.. il faut vraiment que je revoie le film… Fab prends ça en note).
Juste à côté, la moutarderie Falot qui, selon les guides, est la seule fabriquée encore à Dijon. En tout cas, il était en train d’en faire pendant notre visite! Dedans, il y a des distributeurs à moutarde, des étalages de moutarde… bref, juste de la moutarde! J’ai fait ma bonne touriste et j’ai fait des dégustations de moutarde, of course. So prévisible, comme dit Phil!!
La moutarde qui est faite à Dion même… la seule, selon eux!
Distributeur de moutarde!
Puis, bien entendu, on va saluer la chouette pour faire un vœu. J’ai l’air full sérieuse sur la photo! Il faut la caresser avec la main du cœur et les dijonnais étaient dans tous leurs états quand on l’a brisée en 2001. Depuis, surveillance permanente! Ou presque!
On repasse par la rue Verrerie (sans le « de la »… ça fait weird), où on a dormi, quartier des antiquaires et très médiévale. Encore une fois, petit voyage dans le temps gratis! Arcades, encorbellements, colombages… il y en a partout! Les photos qui suivent ne sont pas toutes de cette rue… j’ai regroupé toutes mes photos de colombages… ça fait pas mal!
Puis, c’est le square d’Arcy (nom prédestiné… je le jure), premier jardin public de la ville, situé tout près de l’arc de Triomphe qui se trouvait avant dans les remparts.
(Un bébé autobus!!)
Plus loin, au centre, le square des ducs, tout près du palais des ducs et aussi le petit jardin aménagé pour Marguerite de Flandres, épouse de Philippe le bon dont on voit la statue. On se rapproche le plus possible des fameux tombeaux que nous ne verrons pas (because mardi) en passant dans l’hôtel de ville, tout près de la tour pour arriver place de la libération, une très belle place royale, très vaste. Paraît-il qu’il y avait là une statue de Louis XIV mais qu’elle a été fondue à la révolution.
Je n’ai aucune photo DROITE de cette place… je ne comprends pas pourquoi, en plus!
Ensuite, on finit un peu au pas de course car on veut aller à Beaune avant la fermeture, en passant devant la cathédrale (fermée…) et les augustines, qui abritent le musée d’art sacré (fermé aussi). « Fermé » aura été le mot clé de cette journée dijonnaise!
(J’adore ce meuble… j’en veux un pareil!)
Après avoir mangé au « Petit roi de la lune » un super bon filet de porc (on pensait que c’était du bœuf après avoir lu la carte… mais c’était délicieux quand même et acheté du pain d’épices chez Mulot et Petit Jean, supposément fabriqué selon la méthode artisanale, on avait un peu plus d’entrai pour partir à Beaune et visiter les fameux hospices, qui étaient l’un des incontournables du voyage pour maman et pour moi. La route était superbe, remplie de vignes.
L’hôtel-Dieu de Beaune a été fondé en 1443 (en vue du salut de son âme) par Nicolas Rolin, chancelier de Philippe le Bon, pour que les « pôvres » puissent avoir des soins de qualité et ce gratuitement. Il est le symbole de la Bourgogne, avec ses larges toits polychromes et son impressionnante cour autour de laquelle se trouvent les bâtiments. Rolin a épousé Guigone de Salins, de 27 ans sa cadette, sa troisième épouse et sa « seule étoile », comme en témoignent la devise inscrite dans les carreaux et les vitraux (N et G avec une branche d’olivier). Dans la visite guidée, ils sont tous les deux très présents.
Ce sont les sœurs hospitalières qui s’occupaient des malades, tous installés dans les lits de la grande salle, les uns près des autres. Il y avait aussi possibilité de fermer les rideaux pour que les soins soient plus privés. La salle des pôvres est magnifique, avec son toit de bois orné d’une frise de feuillages, d’engoulants ainsi que de têtes d’hommes et de bêtes. Bien entendu, il y a une chapelle aux alentours!
On visite les cuisines, l’apothicairerie avec ses faïences, dont certaines très anciennes, ainsi qu’une expo de coffres en bois. Les tapisseries (dont celle de l’enfant prodigue) sont superbes et le polyptique du jugement dernier vaut la peine d’être vu.
C’était dans la cuisine et ça servait à bouger quelque chose… mais je ne sais plus quoi. Les soeurs avaient un ami!!
(Mortier, pour piler les médicaments)
L’hospice était destiné aux pauvres mais, of course, les riches ont voulu y aller. Ben eux, ils devaient payer. Les hospices (nommés ainsi seulement après la révolution) ont également du vin et des vignobles qui leur servent de revenu. C’est qu’elles ne sont pas données, ces bouteilles!
Autre petit coffre, à quatre côtés bien différents, qui représentaient des scènes païennes et pas chrétiennes, ce qui était une innovation pour l’époque.
Fauteuil roulant ancêtre… on ne s’en ennuiera pas hein!
Ensuite, on veut aller voir les tapisseries de la vie de la vierge à l’abbatiale Notre-Dame… l’une des dernières églises romanes, mais l’expo était fermée… nous avons dû regarder par les grilles!
Photo pouiche… mais la statue est belle et je veux m’en souvenir!
Beaune est une très belle ville. En fait, elle me semble plus jolie que Dijon, mais c’est probablement parce que j’étais fru contre Dijon, ce matin!! On fait une balade dans la vieille ville en admirant les bâtiments anciens et les remparts du 17e. Bon, nous ne voyons pas beaucoup la ville mais il y a des tours datant du 15e. Et moi quand c’est vieux, ça me plaît!
Après un souper au resto « Le carnot » (où on se régale, rien de moins… délicieux burgers à la moutarde de Dijon), on va à l’hôtel, qui est super beau, un bel appart et tout, avec piscine… SANS WIFI! Tout le monde bougonne. Sans Wi-Fi, la vie est finie, le soir, quand on doit réserver des hôtels pour le lendemain, n’est-ce pas!!!
Mais rassurez-vous, ça s’est arrangé! Et là, je suis de full bonne humeur!
(Les trois dernières photos sont la vue de notre chambre… celle où le Wi-Fi ne fonctionnait f… pas!)
A bientôt!
6 Commentaires
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moi aussi j’ai séjourné au Jaquemart ; c’était en 2008, il n’a pas changé ce charmant petit hôtel. Les églises étaient fermées aussi, on n’a pas de chance! le musée des Beaux-Arts était à moitié visitable, à cause des réfections. J’e crois que tu as vraiment vu tout ce qui était possible de contempler! Et mangé aussi… sauf peut-être boire un kir?
Quand j’ai visité les hospices de Beaune, c’était l’été et le moment du festival ; les gradins pour les spectateurs défiguraient complètement la cour, je n’ai pas pu faire de photos … j’étais furax. Sinon, c’était superbe et il faisait grand soleil ..
Les hospices de Beaune me font penser au film La grande vadrouille où s’y déroulaient des scènes ! 😀 Encore des endroits que je ne connais pas et qui sont très beaux.
Oh je comprends votre déception devant tous ces endroits fermés… Je ne suis jamais allée à Dijon mais mes beaux-parents en sont originaires et nous sommes invités à un mariage là-bas. Je me demande si ce n’est pas rue Verrerie justement. Je n’imaginais pas cette ville comme ça. Ca a l’air joli.
C’est amusant ce que tu dis au sujet des marchés. Je ne pensais pas que c’était si français ! 😀 J’adore les marchés.
Merci pour la visite guidée !
Et puis, la « vraie » moutarde de Dijon était-elle meilleure que les autres ? As-tu goûté à des saveurs étranges qu’on ne retrouve pas ici ?
Il y a des endroits parfois qui même s’ils sont censés nous rendre très heureux ne passent pas pour une raison ou une autre. J’ai eu une expérience semblable dans les Borders en Écosse. Un endroit supposément ex-tra-or-di-nai-re. Mais le charme n’a pas tout à fait opéré. Les astres n’étaient pas alignés cette journée-là.
« Fermé ! », comme tu dis, c’est la signature de cette journée où vous avez finalement pu voir quand même pas mal de paysages. D’autant plus frappant que vous avez terminé la journée sur une fermeture : le Wifi fermé ! Décidément …
Bravo d’avoir réussi à changer ton humeur en cours de route.