Lola et les sauvages – Robert Maltais

Lola et les sauvagesQuand on m’a proposé ce roman, mon premier réflexe a été de dire non.   Puis, après en avoir parlé avec des gens l’ayant lu et apprécié, j’ai changé d’idée.  Je pense que je n’aurais pas dû car je n’étais clairement pas le public cible, pour plusieurs raisons.  Mais voyez-vous, j’étais curieuse.  L’auteur, pour moi, c’était la voix de Perlin dans ce Passe-Partout qui a rythmé mon enfance.  C’était aussi un acteur et un homme impliqué dans le milieu artistique.  Je ne savais rien de son passé de romancier.  J’aurais peut-être dû m’informer avant.  Et réaliser que ce roman était le 5e d’une série de romans compagnons qui mettaient en scène plusieurs des personnages principaux et secondaires auxquels on fait référence.  J’aurais peut-être davantage saisi les allusions et réussi à m’intéresser à l’histoire.    Parce que jusqu’à ce que je comprenne cela, je passais mon temps à me dire « Mais c’est de LUI que j’aimerais entendre parler… pas des personnages principaux! » ou encore « Mais POURQUOI le personnage principal est-il rendu là?  Il m’en manque un méchant bout pour le comprendre ».   Bref, c’était traité dans les tomes précédents.  Ceci explique sans doute une partie de cela.

 

D’abord l’histoire, qui se distingue en deux partie claires.  La première, en Europe, où nous rencontrons le Québécois Olivier Genest, fin cinquantaine et sa Vaudoise fin trentaine, Claire.  Il ne semble pas savoir où il en est, elle est femme d’action… et arrive Lola, petite pitchounette dont Olivier va s’occuper.  Il y a aussi Hugo, stagiaire de l’entreprise de Claire ainsi que les habitant de l’île d’Aix où Olivier habite au début du roman.    Olivier est orphelin et ressent en lui ce manque de passé, de racines.

 

La deuxième partie nous transporte au Québec, où habite un homme qui ressemble étrangement à Olivier.  Là, nous allons rencontrer un certain curé du Mile End, séparatiste qui est à la tête d’un mouvement pour l’indépendance du Québec.  Et d’autre personnages, les mousquetaires du Canada, qui veulent un Canada uni et qui sont prêts à lutter pour ça.  Aux trois quarts du roman, l’histoire d’origines se transforme en discours politique qui m’a semblé ma foi peu nuancé et souvent méprisant.  Pourtant, côté politique, je suis ouverte à la discussion et loin d’être radicale.  Mais un certain symbole m’a dérangée et j’ai trouvé que les représentants d’un côté étaient limite diabolisés… ou convertis.  Et ça m’a dérangée.  Beaucoup.  Vous aurez remarqué que je ne précise pas le côté!  Parce qu’une prise de position ou l’autre, dans ce contexte, m’aurait autant déplu.

 

Autre raison de mes difficultés avec le roman?  J’y ai trouvé de nombreuses répétitions et surtout, surtout, ce que moi j’appelle un tic d’écriture (mais au vu du propos par la suite, peut-être est-ce voulu???), la manie de nous redire le lieu d’origine d’un personnage à presque à toutes les fois qu’on en parle.  Le Québécois, la Vaudoise, le Trifluvien, la Beauceron, le Curé du Mile end…  sérieux, c’est répété souvent, souvent, souvent.  J’ai commencé à compter, pour vous donner une idée.  De plus, on nous rappelle souvent une caractéristique du personnage quand on le nomme.  La caractéristique varie mais au bout d’un moment, ça m’a insupportée.  Mais ça c’est moi… quand je commence à remarquer un mot ou une façon d’écrire qui me dérange, je ne vois plus que ça.  Pourtant, pour le reste, j’ai trouvé le texte plutôt bien tourné.

 

Sur une note plus positive, je noterai une réflexion intéressante sur la place des amérindiens dans notre société et surtout sur l’importance des racines, de comprendre d’où on vient pour savoir où l’on va.  On sent aussi que l’histoire s’inscrit dans un univers très bien construit et cohérent, où l’on sent l’omniprésence de la religion et l’influence de la foi.  De plus, en lisant la biographie de l’auteur (après ma lecture), je réalise que le personnage d’Olivier Genest a sans doute beaucoup à voir avec celui-ci, du moins par son cheminement.

 

Bref, un rendez-vous manqué pour moi.  J’ai cherché d’autres chroniques pour faire contrepoids mais je n’en ai pas trouvé…  si vous en avez écrit une, je me ferai un plaisir de rajouter les liens!

 

Si ça vous intéresse, une entrevue avec l’auteur à TVDL dans le cadre du salon du livre du Saguenay.

 

 

10 Commentaires

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  1. Je le lirai cet hiver, je te dirai…

    1. Hâte de voir ton avis alors. Vraiment, je suis curieuse.

  2. Je l’ai vu en librairie récemment. C’est un livre assez volumineux, quand même. Je crois que je vais passer mon tour pour celui-ci, mais je suis heureuse de savoir que ce comédien écrit des romans. Merci Karine 🙂

    1. En fait, je pense qu’il s’est inspiré de Zola pour tenter d’écrire des romans d’un même cycle… mais indépendant. L’oeuvre générale m’intrigue alors même si j’ai plus ou moins accroché, il se peut que j’en lise un autre. Plus court, peut-être.

  3. Bonsoir, je ne vais pas le noter. C’est la première fois que je vois ce titre.

    1. En fait, c’est une nouveauté québécoise. C’est un peu normal que ça ne soit pas encore dispo chez toi!

  4. Finalement non, tu ne me tentes pas.

    1. Ce roman, il n’était juste pas pour moi en fait. J’espère qu’il plaira davantage à d’autres.

  5. Toujours très admirative lorsqu’une personne lit jusqu’au bout un livre qu’elle aime moins que plus juste pour le sens de la justice.

    Merci et bravo de donner une chance au coureur… à l’auteur.

    1. Ben en fait oui, je veux donner la chance, vois où ça s’en va… des fois, la fin nous permet de comprendre les choix de l’auteur.

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