L’oeuvre est un tome des Rougon-Macquart que j’attendais particulièrement. En effet, il a été écrit dans les années 1880, peu après la montée de l’impressionnisme et on y retrouve à la fois l’exhubérance de l’époque, le fol espoir des « peintres du plein air » et l’étroitesse d’esprit de l’école et du salon annuel. Et ne serait-ce que pour le contexte, j’ai vraiment aimé ce roman.
L’Oeuvre, c’est l’histoire d’un homme Claude Lantier, qui se laisse dévorer par une oeuvre plus grande que lui. Claude est le fils de la Gervaise de l’Assomoir et nous l’avions aussi déjà croisé dans Le ventre de Paris. Au début du roman, nous le rencontrons, jeune, à Paris, jeune peintre passionné épris d’idées nouvelles (le plein air) et vénéré par ses pairs, qui le voient comme un précurseur, un futur maître. Mais son style choque tant le public que les Grands consacrés… et l’avenir ne sera pas rose pour ce jeune homme idéaliste.
Comme dans d’autres oeuvres, il y a une montée et une descente dans l’histoire. Même si ça semble moins cruel que dans d’autres romans, il est extrêmement triste et certaines scènes sur le deuil de la jeunesse et de l’amitié vont droit au coeur. Dans le groupe d’amis que nous suivons, les destins ne suivront pas toujours le chemin escompté et le succès ne a pas nécessairement au mérite. Zola a réussi à créer un groupe de gens très imparfaits mais très crédibles, très humains. Sandoz, qui a des ambitions fort semblables à Zola avec son projet de série de volumes qui parlera d’héridité et de société, est le plus « pur » de tous, le plus naïf aussi. Fagerolles, lui, sera celui qui verra le succès à coups de concessions. Quant aux autres, certains vont abandonner leurs rêves et d’autres s’y accrocher… bref, un groupe de d’artistes à un moment clé de l’histoire, dans un Paris foisonnant, coloré, vu par les yeux d’un artiste fasciné par les formes et les coloris. Vous pouvez vous imaginer les descriptions que ça occasionnent chez Zola. Et moi, j’adore. Ce n’est pas tout le monde qui adhère mais je suis de plus en plus fan.
La descente vers la folie de Claude est fascinante. Les descriptions des deux salons sont juste géniales et le dernier souper va droit au coeur. Bref, j’ai adoré. Mais j’avoue que le prochain, La Terre, me tente pas mal moins!
17 Commentaires
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Assez noir, mais bon souvenir de celui ci… On attend La terre! ^_^
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Le billet est écrit… et je suis en pause de Zola, là!
J’ai fait étudier deux ans de suite à mes élèves de Seconde, après l’avoir aussi lu et étudié moi-même en fac. J’aime beaucoup ce roman qui, comme tu le dis, montre Paris, l’univers des artistes, les salons, toute cette effervescence de l’art.
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C’est assez fou, quand on a lu un peu sur l’Époque. J’ai beaucoup aimé malgré le côté sombre. C’est l’un de ceux qui m’a marquée à date… mais bon, ye na plusieurs!
C’est sur « la terre » que j’ai calé ; d’ailleurs je ne l’ai pas terminé. J’attends ton futur billet avec beaucoup de curiosité.
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J’avoue que j’ai besoin d’un break. Et que j’avais une maudite hâte que ça se finisse!
On peut dire que tu sais susciter l’envie … !
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Gnak gnak!
c’est mon préféré, un immense coup de cœur, lu il y a déjà une bonne quinzaine d’années. Il faudrait que je le relise, tiens. Merci pour ce beau billet !
Auteur
J’aime aussi énormément. Je suis bien contente de m’être rendue jusque là dans la série!
Ah oui, j’avais beaucoup aimé sa description du milieu des Beaux-Arts parisien!
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C’est chouette hein! Un tourbillon qui nous emmène ailleurs.
Cet ouvrage nous entraîne dans le monde de l’art et des artistes, à travers le portrait d’un peintre maudit, Claude Lantier. Peu à peu, l’histoire se déroule doucement…
J’avais adoré cet opus des Rougon Macquart.
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Moi aussi!
Je suis venue repêcher ton avis… « Zola a réussi à créer un groupe de gens très imparfaits mais très crédibles, très humains » –> Mais oui, c’est tellement ça! Il est vraiment fort pour ça!
Auteur
Il est incroyable hein? Je trouve ça façon de réussir à parler de toutes les petites trahisons du quotidien, des failles grandes et petites. J’adore.